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14 octobre 2025. Il est 5 heures. Le ciel pâlit et les ombres s’enfuient. Il est 5 heures, Bruxelles s’éveille. Je me lève rempli d’excitation et de frousse, pour une journée de mobilisation qui s’annonce massive.
Début 2025, les manifs et grèves contre le gouvernement avaient déjà surpris par leur combativité. La manifestation nationale du 13 février et ses débordements annoncaient un basculement. 100 000 personnes avaient alors battu le pavé. Du zbeul devant les sièges des Engagés et du Mouvement Réformateur. La paix sociale fissurée. On ne s’y était pas préparé et on attendait avec impatience la suite. Mais les syndicats ne manquèrent pas d’éteindre le feu. La suite du mouvement fut diluée dans une série de grèves sectorielles inoffensives, désaccordées et sans horizon.
La mobilisation nationale du 14 octobre contre l’austérité semble donc rouvrir une fenêtre de possibles. Le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre en France a insufflé des idées. Et ces dernières semaines la Gen Z a soudainement propagé un vent insurrectionnel au quatre coins du monde, du Népal à Madagascar, en passant par l’Indonésie, le Maroc, les Philippines, ou encore le Pérou. Partout, les gouvernements tremblent. Et ici, on est déterminé.e à pousser la journée du 14 hors des sentiers battus de la contestation pacifique voulue par le pouvoir...
Premières flammes
6h30. J’arrive au rendez-vous quai du Commerce avec quelques copaines, où une centaine de personnes se sont réunies pour une action de blocage éclair de la petite ceinture. Sous les cagoules, je retrouve des visages familiers et inconnus. La rue est calme, mais il y a du désordre dans l’air. Alors que mes yeux collent encore, un fumi s’allume et marque le départ de l’action ! Une horde noire se met en mouvement. En traversant le chantier autour de la place de l’Yser, chacun.e se munit de matos pour bloquer le grand carrefour un peu plus loin, qui permet l’entrée dans le centre de Bruxelles. Barrières nadar, palettes de bois, tuyaux et toute sortes d’objets inflammables sont transportés jusqu’au milieu de la route, où les voitures sont contraintes de s’arrêter.
Je surmonte ma peur de la circulation et rapidement les premières barricades sont érigées et des feux s’allument. Des passant.e.s s’arrêtent effaré.e.s, quelques conducteur.ice.s tentent encore vite de forcer le passsage, mais la pluspart acceptent d’être retenu.e.s sur leur route vers cette misère journalière qu’est le travail. La grève doit être générale ! Ça aurait toutefois été chouette d’avoir un tract à leur donner, d’envisager des équipes de gens pour partager les motifs de notre action. En l’espace de quelques minutes la circulation entre le square Sainctelette, le boulevard Baudouin, et le boulevard d’Anvers est paralysée, le carrefour est bloqué !
On continue, chacun.e se trouve une mission à accomplir. Une détermination silencieuse règne sur tous nos gestes. Les groupes affinitaires se coordonnent et poursuivent les allers-retours entre le chantier et le carrefour pour ramener toujours plus de matériel. Quelques tags effleurent. Alors qu’une fumée noire commence à envahir le ciel, un groupe décide de s’aventurer plus loin et étend le blocage au tunnel Anny Cordie, qui permet l’entrée dans le centre-ville depuis le ring. La tension monte. Des automobilistes claxonnent, certains sortent de leur voiture et tentent de démonter les barricades mais c’est peine perdue. Personne ne peut nous arrêter et la police n’est pas près d’arriver !
Pendant plus d’une demi-heure, on se livre frénétiquement au renforcement du blocage et à l’agrandissement des bouchons. Les seules personnes qui nous font chier sont les nombreux.es photographes « militant.e.s » en quête d’images. Certain.e.s en profitent même pour poser devant les flammes avec leurs appareils... Ca mériterait de plus amples discussions mais dans ce genre de moments, difficile de ne pas les percevoir comme un simple danger pour nos mouvements.
Les premier schtroumpfs finissent seulement par arriver vers 7h15 depuis la sortie du tunnel. Directement, iels sont pris d’assaut par une pluie de projectiles ! Mais plutôt que de chercher l’affrontement, la décision est prise de se disperser pour éviter les arrestations. Au milieu de la confusion du départ, on est plusieur.e.s à se demander si on ne pourrait pas poursuivre ailleurs ? On est tellement nombreux.ses... et les flics semblent tellement peu préparé.e.s ! Mais tout ça aurait dû etre réfléchi à l’avance et la circulation est de toute façon déjà bien paralysée dans toute une partie de la ville. Finalement, on décide d’aller boire un café avec quelques ami.e.s pour se reposer. On apprend au passage qu’un autre blocage est en cours sur l’avenue de la Couronne. Quel magnifique début de journée ! On se donne rendez-vous au départ de la manif pour la suite des hostilités.
Collé.e.s serré.e.s
Je débarque vers 10h à la place Rogier. C’est noir de monde. Compact.
D’une part des milliers de gens qui essayent se rassembler dans un bloc sans étiquette syndicale, d’autre part des milliers de manifestants syndicaux qui forcent le passage sans comprendre la démarche des premiers.
Je rejoins l’énorme foule éclectique et statique de manifestant.e.s qui ne portent pas de chasubles syndicaux. À vue de nez : des groupes divers et variés du milieu associatif et culturel, des collectifs militants et des groupes autonomes. C’est dans cette foule qui continue à se densifier qu’un bloc autonome peine à se former. Faire quelques mètres devient vite pénible. Et puis l’attente, interminable. Pendant près de 2h on fait du surplace, on pietinne dans cette masse qui n’avance pas. Malgré la taille énorme du boulevard, les gens sont comprimés les un.e.s contre les autres, y’a de quoi faire une crise d’angoisse...
Aux marges de cette multitude, en marche depuis la gare du nord (point de départ officiel de la manif) un flot continu de manifestant.e.s syndicaux désorienté.e.s, se frayent tant bien que mal un chemin dans le sens de la manifestation. On a appris par la suite que cette inertie étouffante a amené plusieurs groupes de syndicalistes à sortir du parcours et à manifester en déambulant joyeusement dans le centre-ville.
Retrospectivement, on se dit que les manifestant.e.s mobilisé.e.s par les centrales syndicales semblent plus habitué.e.s à se balader avec leur section sur le parcours de la manif qu’à prendre part à un cortège au sein de blocs bien définis. Un des facteurs pourrait être un manque d’intêret stratégique à se tenir en bloc au vu de l’absence de conflictualité habituelle.
Enfin, très doucement, ça se met en marche vers 11h30. Une banderole renforcée est de sortie. Des gens bien équipés commencent à se regrouper. Une session photo assez malaisante du black bloc derrière la banderole s’improvise. Et puis des gros pétards pètent au milieu de la foule, peut être pour éloigner les photographes. Des personnes prennent leurs distances, une tension est de plus en plus palpable dans l’air. Les gens sont saoulés de faire du surplace. En 15 minutes on a fait 50 mètres. Des groupes de totos essayent de se rejoindre tant bien que mal, et pour certain.e.s sans succès.
Du zbeul d’office
Au niveau de l’hôpital St. Jean, on se met en mouvement, un peu plus sérieusement.
On a en tête qu’on va passer devant l’office des étrangers, qui fait le coin avec le prochain axe du parcours.
On a en tête la répression des mobilisations pour la Palestine, et les arrestations de camarades palestiniens, leur emprisonnement en centres fermés.
On a en tête Mahmoud. Un camarade gazaoui qui a été poussé au suicide il y a quelques jours alors qu’il était détenu en centre fermé.
On a en tête que l’office des étrangers descend directement de la police coloniale de l’Etat belge. Que cette institution applique des politiques migratoires toujours plus réactionnaires, gère les taules pour sans-papiers appelées centres fermés. Qu’elle trie, enferme et déporte des gens, tous les jours.
On a en tête que l’office des étrangers est un rouage incontournable de cette société raciste qu’on a envie d’abattre.
Le bloc déter se décale sur le trottoir, pour longer le mur une centaine de mètres avant de tourner sur le boulevard Pachéco. Tour à tour, des personnes préviennent de la présence de flics en civil, armés de bouts de bois, qui nous attendent postés au coin de la rue. Plus loin, des robocops seraient cachés dans le parking souterrain de l’office des étrangers. À la banderole, les gens acceuillent sereinement les infos. “On est assez et on a ce qu’il faut”. Des tags fleurissent sur la face du batiment coté petite ceinture. Au coin du bâtiment ; changement radical d’ambiance. Des feux d’artifice sont tirés en direction des flics en civil pour les faire reculer. Ces derniers détalent. La façade de l’office est prise d’assaut. Les vitrines sont méthodiquement fracassées au marteau. Beaucoup de tags. Plus loin une sono balance du rap, telle la bande-son de l’émeute, on se croirait dans un film. Des cris de joie fusent. Pendant ce temps, des centaines de personnes assistent à la scène depuis le parvis de la tour des finances qui tient lieu de gradin.
On n’était visiblement pas les seul.e.s à avoir fait de l’office des étrangers un point stratégique : un gros dispositif repressif, visiblement bien préparé, se referme rapidement sur nous. Une ligne de flics sort du parking et nous barre la route. Une autopompe et des flics, probablement planqués rue Royale, déboulent en quelques secondes. D’autres flics encore arrivent d’on-ne-sait-où et forment rapidement un cordon pour empêcher les gens de s’enfuir au niveau de la sortie du tunel Pacheco. C’est la débandade. Mouvement de foule et de panique, les gens se ruent entre des bus garés le long de la rembarde du tunnel. Les keufs resserent, poussent, compriment les gens, toujours plus.
J’arrive à m’échapper in extremis avec quelques copaines, alors que beaucoup de camarades et de manifestant.e.s sont violemment nassés. Les coups pleuvent, plusieurs personnes ont le crâne ouvert. Ça tape dans le tas. Des gens se font malmenés en essayant de s’enfuire.
Quelques personnes en noir sortent soudainement un brassar.
Des flics en civil étaient dans le bloc depuis le départ.
La coupe est pleine
Autour de la nasse, du monde s’agglutine devant les cordons des policiers. Ça gonfle au fil des minutes. On voit des gens colsonné.e.s, se faire trainer, la tête en sang, escorté.e.s un.e par un.e dans le parking de l’office. Ca fait froid dans le dos.
Ça dure longtemps, la foule se densifie, la pression monte. Slogans anti-flic, appel à libérer les camarades. Une partie du cortège syndical crie des slogans en soutien aux personnes nassées, beaucoup de monde assiste toujours aux évènements depuis les gradins. Quelques projectiles fusent. Appels à dispersion. Arrivée de l’autopompe. Jet d’eau et gazage. On se réfugie derrière une structure gonflable syndicale, une drôle d’allégorie de ces organisations. Charges et encore plus de gaz, ça picote ! Nous sommes repoussé en direction de la gare Centrale. Les lacrymos continuent de pleuvoir, tirés de loin au lance-grenade. On apprendra plus tard qu’un groupe de personnes est parti en manif sauvage vers la place des Martyrs avant de se rabattre sur le boulevard Pacheco. L’euphorie nous gagne. La manifestation déborde, les flics sont dépassés. On apprend que la grande majorité des gens de la nasse ont été libéré.e.s, on est refait.e ! À ce moment là, il n’y a plus vraiment de cortège compact, mais toujours pleins de gens déter !
En arrivant à la gare Centrale on voit des gens qui caillassent la terrasse d’un bar qui surplombe le boulevard : un syndicaliste agitait un drapeau nationaliste flamand pour provoquer les passant.e.s, il s’est visiblement bien fait calmer.
Plus loin, un Soudsystem sur remorque à velo envoie de la techno, ambiance rave sur le carrefour de l’Europe, devant l’entrée de la gare Centrale grillagée. Je m’étonne de voir le carrefour encore intact quand soudain, une centaine de personnes déboulent à contre sens depuis le Mont des Arts. On entend un “auto-réduc au Hilton ! Let’s go !!”. Les gens envahissent le hall d’entrée, rapidement des gens sortent avec des paquets de chips (paprika !). Maigre butin mais délicieux amuses-bouche ! On se tape des barres la bouche pleine de chips quand 3 flics à vélo arrivent en trombe et nous arrosent à coup de gazeuse familiale. Les gens sortent de l’hotel en courant, la foule reflue, les flics tentent de bloquer l’entrée. Ni une, ni deux, la terrasse du café adjascent finit sur le coin de la gueule des flics. Les verres et bouteilles, puis bientôt les chaises et les tables volent ! La flicaille se retranche dans l’hôtel. On aurait bien aimé faire un tour sur leurs vélos mais ils les ont pris avec à l’interieur :’(
A peine le temps de savourer le moment et une charge de keufs avec autopompe rapplique depuis le Mont des Arts. Les gens tiennent la rue, c’est le zbeul et la grande joie ! Nous on se tire. On contourne la gare puis on se dirige tranquillement vers le siège du PS.
Depuis le passage à l’office des étrangers, pénurie de marteaux. Dès lors, il faudra faire preuve de polyvalence et de flexibilité pour exprimer notre passion pour le verre pilé. Et ça tombe bien, la flexibilité c’est tout ce que demandent ces crevard.e.s de chasseurs de chômeurs de l’ONEM, dont l’entrée du siège est amochée !
Quelques mètres plus loin, ce sont les vitrines du PS qui sont consencieusement fracassées à coups de tout ce qui passe par la main des gens.
Les flics surgissent au trot depuis la rue des Alexiens, toujours avec un temps de retard ! On est une grosse centaine à galloper vers le quartier du Sablon. On croise la route de 3 flics qui font la circulation : 2 scooters et une voiture. Un appel à attaquer les flics finit sans suite et on reçoit une grenade lacrymo dans les pattes. On redescend vers la place de la Chapelle, renversant vélos électriques et trotinettes en travers de la chaussée. On entend du zbeul au loin : plusieurs manifs sauvages sont en cours dans le quartier !
Place de la Chapelle un combi de flic bloque l’entrée de la rue Haute. Plutot que d’appeler à l’attaque quelqu’un prend l’initiative. Le combi se mange un panneau de stationnement et là s’ensuit un élan collectif. Le combi est pris à parti, caillassé et fait marche arrière. Un petit temps de latence et on s’engage dans la rue Blaes avec les robocops qui arrivent depuis le PS.
On remonte la rue au pas de course, l’autopompe et les flics au cul. Des poubelles poussées sur la route les ralentissent un instant. Arrivé place du Jeu de Balle, c’est la confusion. Quand certain.e.s proposent de se faire le comico sur le coin de la place, d’autres veulent aller au siège du MR, bunkerisé depuis l’aube. Aucun consensus n’émerge. Les flics et l’autopompe débarquent sur la place et chargent. Les gens se dispersent. On se nachav et on atterit à la gare du Midi.
On y retrouve peu de monde. Des petits groupes ici et là, une ambiance de fin de manif. Mais sans prévenir une centaine de personnes pointent leur nez sur l’avenue Fonsny en criant des slogans. Et c’est reparti ! Le croisement qui fait le coin de la gare est bloqué, un petit feu est allumé. Des citoyens réfractaires à la cause ramassent des vélos électriques qui font office de barricade, ça commence à s’embrouiller.
Un petit groupe de keufs en civils, les mêmes qui étaient équipés de bâtons à l’office des étrangers, sortent de nulle part et s’avancent rapidement vers nous pour chopper quelqu’un.e. Ils sont veners. Coups de matraques, coups de gazeuses. Ils se déchènent, une personne finit au sol. Les gens leurs mettent la pression et rappliquent par des jets de pétards et de bouteilles.
Soudainement une ligne de flics et autopompe approchent depuis Lemonnier. On décale dans le tunnel de la STIB, chargé par l’autopompe en action qui nous colle au basques. Plusieurs dizaines de personnes s’engouffrent dans la gare... Quelle idée !
Arrivé.e.s de l’autre côté, l’esplanade de l’Europe (point officiel d’arrivée de la manif) est complètement vide ! On apprendra plus tard que la manif a été officiellement arrêtée par la police quelques heures plus tôt : la plupart des manifestant.e.s mobilisées par les syndicats ne sont jamais arrivé.e.s jusqu’ici.
Encore sonné.e.s de cette épopée, on pense que notre journée se termine là. On décide de se poser au parvis de St.Gilles, où on arrive aux alentours de 16h. Le soundsystem à pédales est posé devant le Verschu. Les terrasses sont remplies de jeunes gauchistes.
Quand y’en a plus, y’en a encore
Une petite heure plus tard, un nuage de gaz lacrymos qui ne tardera pas à nous piquoter les narines, apparaît au niveau de la porte de Hal. Du monde commence à refluer depuis le bas de la chaussée de Waterloo, sans doute repoussé par des charges de flics. Le temps de se demander ce qu’on fout, un énorme feu de joie prend place sur la chaussée. Palettes et poubelles partent en fumée. La circulaiton est bloquée. Ça chauffe tellement qu’on peut plus s’approcher de la barricade !
Les flics ne tardent pas à arriver depuis la Barrière avec l’autopompe, qui éteint immédiatement la barricade. C’est beau tous ces gens déter qui ne lâchent pas l’affaire ! L’hélico bourdonne au dessus de nos têtes. La foule se replie sur le parvis, puis sur le carré de Moscou apès des charges successives. Des flics en civil y mettent la main sur au moins une personne. Plusieur.e.s ont été tabassé.e.s. Certain.e.s se donnent rdv à la bourse à 19h. Nous on décale.
On apprend que la soirée s’est aussi poursuivie à la place du Jeu de Balle. C’était prévisible : les condés sont venus troubler la fête avec toute l’armada. De notre coté on est rentré.e, comme shooté.e. par l’intensité de la journée, pour se retrouver, se raconter nos aventures du jour et conspirer pour de prochaines.
En avant vers où ? Comment ?
Ce 14 octobre, un niveau de conflictualité a été franchi dans le mouvement social et ça réchauffe nos petits coeurs ! Malgré la taille, la planification et la violence du dispositif policier, ce dernier a pu être débordé par le nombre et la détermination des gens dans la rue. C’était beau de voir autant de monde prendre part à la révolte, et on se dit que le nombre de jeunes personnes mobilisées a sans doute pesé dans le rapport de force tout au long de la journée.
Bien sûr, on n’oublie pas toutes les personnes qui ont subit la violence déchaînée de l’appareil répressif. On leur souhaite de tout coeur d’être bien entouré.e.s, force à elleux. Au moment où on écrit, une personne arrêtée mardi est toujours détenue au centre fermé d’Holsbeek, on pense à elle. On est convaincu que savoir prendre soin de nous collectivement et individuellement, particulièrement dans ces moments-là, c’est quelque chose de primoridal. Pour pouvoir envisager nos luttes sur le long terme. Pour plus d’endurances et de résiliences dans nos résistances.
Sans surprise, les bureaucraties syndicales et les partis « de gauche » se sont unanimement désolidarisés des actions de la journée, prenant ainsi lâchement part au déchaînement médiatique réactionnaire. Cela vient juste nous rappeler que nous n’avons rien à attendre de ces ordures.
C’est fort probable que dans de prochaines mobilisations, les flics et les syndicats tenteront de nous encadrer, de nous isoler, de nous mater. Pour ne pas tomber dans leurs griffes, des pistes pourraient être de continuer sur la voie de ce 14 octobre : ne pas tout miser sur le moment de la manifestation officielle en décentralisant dans le temps et l’espace nos actions.
Pourquoi ne pas développer l’approche défensive de ces camarades qui ont eu l’audace de ramener une banderole renforcée ? Pourquoi ne pas se permettre d’imaginer la possibilité de briser une nasse ? Parce que ce jour-là, à l’office des étrangers, avec quelques banderoles de plus, des gens déters pour les tenir et un peu de coordination, on a envie de croire que nous aurions eu nos chance de percer la ligne de flics qui nous a barré la route.
Pourquoi ne pas se donner d’autres rendez-vous ? En marge des appels officiels, avant ou après le moment de manifestation ? Pour se retrouver et inventer ensemble des suites.
Avoir vécu cette journée nous donne envie de continuer dans cette direction. De venir, seul.e ou à pleins, toujours équipé.e.s et préparé.e.s, mentalement et pourquoi pas matériellement. Pour toujours plus se réapproprier la rue. Pour toujours mieux esquiver la flicaille et la répression.
De notre côté, on a bien conscience que l’émeute n’est pas une fin en soi. Mais on se plaît à envisager ces moments comme des espaces joyeux d’autodétermination collective.
Des espaces de reprise de pouvoir, éphémères mais ô combien thérapeutiques, contre cette société de merde. Parce que montrer les dents à l’Etat et ses keufs, aux bourgeois et aux fachos, qu’est-ce que ça fait du bien !
Et enfin, pourquoi pas envisager ces moments de débordements comme des espaces de mise en pratique d’un rapport de force révolutionnaire, où nous pouvons nous compter et nous rencontrer, briser l’isolement et le cloisennement de cette société ; et prendre part à un mouvement collectif de résistance.
Et quoi, on remet ça le 25 novembre ? C’est dans longtemps et c’est rageant de se plier à l’agenda syndical mais n’empêche que la date est là. Alors on croise les doigts pour que des initiatives téméraires voient le jours d’ici-là. Pour maintenir cette savoureuse pression sociale sur toutes les raclures qui tentent de nous gouverner.
Aux convulsions de cette société agonisante,
aux brêches, aux fissures
de ce vieux monde en décrepitude,
restons attentif.ve.s
et prêt.e.s pour la suite !




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