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Droits sociaux : le gouvernement wallon s’attaque à un pilier de la protection sociale

Droits sociaux : le gouvernement wallon s’attaque à un pilier de la protection sociale

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie | Collectif : Bruxelles Dévie

Après les chômeurs et les malades, voilà maintenant les enfants et les familles dans le viseur

Le gouvernement wallon MR-Engagés poursuit sa politique d’austérité en s’attaquant cette fois à l’un des fondements de notre modèle social : les allocations familiales. Après avoir durci les conditions d’accès au chômage et menacé les droits des personnes en incapacité de travail, c’est désormais au tour des familles et de leurs enfants de payer la facture de la politique budgétaire du gouvernement Arizona.

Les allocations familiales constituent un pilier de notre système de solidarité depuis plus de cent ans, accompagnant la Belgique dans son développement social. Conçues initialement par les employeurs pour soutenir leurs salariés, elles ont progressivement évolué vers un système universel de soutien à la parentalité.

En Wallonie, ce système représente 3 milliards d’euros sur un budget total de 22 milliards, soit plus de 13% des dépenses régionales. Chaque parent bénéficie actuellement d’une allocation de base de 192 euros par enfant et par mois, indexée sur l’évolution du coût de la vie.

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Le gouvernement wallon a mis plusieurs scénarios sur la table, chacun plus problématique que l’autre.

Premier scénario : la guillotine du quatrième enfant.

Cette mesure radicale supprimerait brutalement les allocations familiales à partir du quatrième enfant par famille. L’impact serait immédiat : 32.568 enfants wallons privés d’allocations, représentant 23.268 ménages touchés. L’analyse de l’économiste Philippe Defeyt est accablante : 63% des enfants pénalisés appartiennent à des familles bénéficiant déjà de suppléments sociaux, soit les ménages les plus précaires. Cette mesure constituerait donc une double peine pour celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Deuxième scénario : le gel de l’indexation.

Plus sournoise, cette mesure consisterait à bloquer l’adaptation des allocations au coût de la vie, provoquant un appauvrissement progressif de toutes les familles. Pour rappel, les indexations de 2022 lors de la crise énergétique ont coûté plus de 500 millions d’euros au budget régional, mais ont permis aux familles de maintenir leur pouvoir d’achat. Supprimer ce mécanisme revient à transférer la charge de l’inflation des prix sur les ménages, et donc à ce que l’État n’accompagne plus les familles lorsque le coût de la vie augmente. Ce qui revient en somme à les abandonner à leur sort face à la hausse inéluctable des prix …

Pendant que les ministres jonglent avec les chiffres, la réalité des familles wallonnes s’aggrave. Le baromètre 2024 de la Ligue des Familles dessine un tableau social alarmant : 25% des parents ont des difficultés à payer les frais médicaux 50% peinent à financer lunettes, semelles orthopédiques ou appareils dentaires Deux tiers des parents sont en difficulté face aux frais scolaires et aux activités extrascolaires

Madeleine Guyot, directrice de la Ligue des Familles, dénonce le « total décalage entre les besoins des familles et les mesures envisagées ». Elle rappelle que ces allocations ne compensent qu’une « infime partie des frais à payer pour une famille ».

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Cette offensive économique s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie idéologique du MR et de GLB : déconstruire méthodiquement l’État social en culpabilisant ses bénéficiaires. Après avoir stigmatisé les chômeurs comme des « profiteurs » et les malades en incapacité comme des « simulateurs« , voilà maintenant les familles nombreuses pointées du doigt comme des « irresponsables » qui font peser leurs « choix personnels » sur la collectivité.

Le MR de Bouchez pousse cette logique antisociale et n’hésite pas à lui ajouter du racisme, en ciblant explicitement certaines communautés. Car derrière les discours policés sur la « responsabilité budgétaire« , se profile une réalité statistique : les mesures envisagées toucheraient de manière disproportionnée les familles issues de l’immigration, traditionnellement plus nombreuses. Cette « coincidence » interroge sur les véritables motivations d’un parti qui n’hésite plus du tout à surfer sur les préjugés racistes pour faire accepter ses réformes antisociales.

Cette offensive contre les allocations familiales s’inscrit dans une logique politique parfaitement cohérente avec la ligne libérale. Après avoir accordé des réductions d’impôts massives (droits d’enregistrement, droits de succession), le gouvernement cherche maintenant les financements alternatifs. Les familles populaires et les classes moyennes font les frais de cette redistribution à l’envers.

Le cynisme de ces mesures atteint son paroxysme quand on sait que les économies réalisées sur le dos des enfants serviront à financer les cadeaux fiscaux accordés aux plus aisés. Une politique de classe donc assumée qui ne cherche même plus à se dissimuler.

La mobilisation du 14 octobre prochain sera l’occasion de rappeler au gouvernement que nos droits sociaux ne sont pas négociables. Les allocations familiales sont un acquis centenaire qu’aucune logique d’austérité gouvernementale ne devrait pouvoir remettre en cause.

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

27 novembre - 10h00 - Bruxelles

Prendre soin de nos corps en lutte – outils et pratiques somatiques

Les questions autour des pratiques du soin sont aujourd’hui centrales dans la majorité des collectifs du réseau Mycélium. Militer est un acte qui nous expose, nous éprouve, nous confronte aux violences de la société. Quand et comment prenons-nous le temps pour nous déposer ? De calmer notre système nerveux, de respirer ? Que peut-on faire avec son corps pour aller mieux ? Face au sentiment d’urgence ou d’impuissance, face aux violences subies et à l’épuisement qui guette bon nombre d’entre nous, prendre le temps de prendre soin est essentiel pour nos équilibres et pérenniser nos luttes. Il existe souvent une polarité entre les mondes associatifs et militants, et les mondes du soin. Comment amener des ressources somatiques dans les lieux en lutte ? Comment politiser et relier ces espaces ? Prendre soin, c’est à la fois comprendre les systèmes d’oppressions qui nous entourent, comprendre les dynamiques de pouvoir internes et externes, apprendre à envisager le conflit comme un symptôme qui nous permet d’apprendre tout en écoutant nos besoins. C’est politiser nos vécus individuels, et mettre en place des pratiques d’écoute, de soutien, et de présence. Ce sera l’axe de ces deux jours : il est politique d’apprendre à écouter nos corps et prendre soin de nous. C’est donc pour s’offrir des outils de ressources somatiques accessibles à toustes que Mycélium organise deux jours de travail somatique, autour de techniques de respirations, de médiation, de retour à soi, de connexion à ses sensations, etc. L’objectif étant de nous outiller, de nous sentir mieux, d’offrir un accès aux ressources que l’on possède et accessibles à tout le monde. Pour s’inscrire : https://cloud.mycelium.cc/apps/forms/s/pjQWNq7oGzsPiT2bgGCjopmJ Venez avec des vêtements confortables et de quoi prendre note. Participation libre et consciente individuelle (prix conseillé : 75 euros pour les deux jours) Participation consciente via organisation (prix conseillé 150 euros pour les deux jours) L’argent ne doit en aucun cas être un frein à votre participation, si tel est le cas n’hésitez pas à nous contacter. Intervenant·es : Lise Mernier (chargée de projets chez Corps écrits, thérapeute en psycho-corporel et facilitatrice en intelligence collective ) et Jean Berrewaerts (Facilitateur en intelligence collective, facilitateur pour Mycélium autour des pratiques de soin dans les collectifs et thérapeute en psycho-corporel) .

Bruxelles Bruxelles | Santé / Soins |

4 décembre - 18h30 - cinéma Vendôme

[projection] À NOTRE SANTÉ

À NOTRE SANTÉ Tama­ra Pier­no, Veró­ni­ca Ortiz, Mari­nette Mor­mont, Soraya Soussi Face aux vio­lences médi­cales, Vic­to­riae, Sarah et Sophie s’évertuent à faire bou­ger les lignes. Actions com­mu­nau­taires, ate­liers d’autodéfense ou dénon­cia­tion des dis­cri­mi­na­tions : elles explorent d’autres manières de prendre soin et luttent en faveur d’une san­té glo­bale, res­pec­tueuse et inclu­sive pour toutes les femmes*. Dans le sillage de Pas sans elles, pre­mier film de ce groupe de réa­li­sa­trices, A notre san­té (54 minutes) pro­pose d’accueillir les récits de ces femmes qui subissent ces vio­lences de plein fouet en rai­son de leur poids, leur cou­leur de peau, leur iden­ti­té de genre ou encore des stig­mates asso­ciés aux per­sonnes sans chez-soi ou usa­gères de sub­stances psy­cho-actives. Ce film est une invi­ta­tion à nous unir dans le com­bat pour le droit à la san­té pour toutes* et à par­ti­ci­per à la quête de pra­tiques de soins alternatives. Le film est dis­po­nible en fran­çais avec sous-titres sourds et mal­en­ten­dants (SME) Avant pre­mière : Jeu­di 4 décembre 2025 à 18h30 au ciné­ma Ven­dôme — chaus­sée de Wavre 18, 1050 Bruxelles (réser­va­tion souhaitée) Entrée prix libre le film sera éga­le­ment pro­je­té au Centre Cultu­rel de Jette le 30/01/26 à 13h30 et à 19h, sui­vi d’un échange avec les pro­ta­go­nistes du film. Pour orga­ni­ser une pro­jec­tion, vous pou­vez adres­ser une demande à l’a­dresse diffusion@zintv.org Réa­li­sa­trices : Tama­ra Pier­no, Veró­ni­ca Ortiz, Mari­nette Mor­mont, Soraya Soussi Avec la par­ti­ci­pa­tion de : Sarah Tshin­gu­ta Mus­senge, Sophie Godenne, Vic­to­riæ Pildaer Image : Tama­ra Pier­no, Veró­ni­ca Ortiz Son : Tama­ra Pier­no, Veró­ni­ca Ortiz, Mari­nette Mor­mont, Soraya Soussi Mon­tage : Nina Alexan­dra­ki, Valen­tin Fayet Mon­tage son et Mixage : Lola Ciosek Musique : Tho­mas Michel Eta­lon­nage : Arshia Davari Une pro­duc­tion ZIN TV Avec le sou­tien du Centre du Ciné­ma et de l’Audiovisuel de la Fédé­ra­tion Wallonie-Bruxelles

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