Le 14 octobre une mobilisation historique contre l’Arizona a eu lieu à Bruxelles. Plus de 140 000 personnes ont rejoint la manifestation nationale. Des blocages autonomes ont eu lieu tôt le matin et des manifestations sauvages ont duré jusqu’en soirée, ponctuées d’affrontements avec la police. Globalement, sur la journée de mobilisation, les forces de l’ordre ont été tout à fait dépassées et incapables d’endiguer la colère des manifestant·es, hormis en quelques points ou des moyens considérables ont été mis en place.
Sur le parcours de la manifestation, une série de lieux symboliques, représentants des institutions de l’Etat ou du capitalisme et de la bourgeoisie, ont été visés par des manifestant·es. Mais pourquoi des dégradations ont-elles eu lieu en particulier contre l’Office des Étrangers et l’hôtel de luxe Hilton ?
Au début du parcours de la manifestation, sur le boulevard Pacheco, l’Office des Étrangers a été ciblé par un groupe de manifestant·es. Une centaine de personnes s’en est prise au bâtiment, tagué des messages politiques sur les murs, comme « Free Gaza« , des collages avaient eu lieu précédemment pour dénoncer la politique migratoire belge.
L’Office des Étrangers organise et incarne la politique migratoire raciste belge. C’est cette institution qui met chaque année des centaines de personnes – y compris parfois des enfants – en centre de détention, sans aucune forme de procès et qui en déporte et expulse autant. Ce, tout simplement car ils et elles ne sont pas belges et qu’ils et elles souhaitent vivre dignement sur le territoire belge. D’un point de vue légal, la Belgique a été condamnée des centaines de fois pour sa politique migratoire inhumaine. [1,2]
Depuis début septembre, une série de rafles policières ont visé la communauté palestinienne impliquée dans le mouvement de contestation contre le génocide. Ces rafles sont organisées par la police en collaboration avec l’Office des Étrangers, sous la supervision des pouvoirs politiques. Mahmoud, un réfugié palestinien détenu depuis plusieurs mois, est décédé entre la nuit du 6 au 7 octobre, en centre fermé à cause des conditions inhumaines. Sa mort a suscité une grande colère, dans les centres fermés comme en dehors. Lors de la manifestation, les manifestant·es criaient « Justice pour Mahmoud« , avant de prendre pour cible l’Office des Étrangers.
Au niveau de la Gare Centrale, c’est l’Hôtel de luxe Hilton – une multinationale états-unienne et un symbole de la bourgeoisie à l’échelle mondiale – qui a été visé par des manifestant·es. Plusieurs dizaines de manifestant·es sont rentré·es à l’intérieur de l’hôtel de luxe et s’en sont pris au mobilier, tout en se saisissant de la nourriture de l’hôtel, avant que la police arrive sur place. Selon nos informations, la nourriture saisie aurait été redistribuée. Des affrontements ont alors eu lieu avec les forces de l’ordre qui ont dû se réfugier à l’intérieur de l’hôtel, sous la pression des manifestant·es.
Cette action spontanée avait des allures “d’autoréduction populaire”, une pratique notamment issue des luttes italiennes dans les années 70’, où les ouvrièr·es “récupéraient leur dû” en organisant collectivement des “vols” dans les grandes surfaces pour ensuite redistribuer elles et eux-mêmes la nourriture et les biens “volés”.
Le long du parcours le siège du Parti Socialiste – et de Vooruit, a également été pris à partie. Les vitres du siège ont été endommagées et des graffitis ont été faits sur la vitrine. On peut lire notamment « social-traître ». Vooruit, le pendant néerlandophone du PS, appartient à la coalition gouvernementale de l’Arizona contre laquelle la manifestation avait lieu.
Selon nos informations, l’ONEM*, aurait été également été prise pour cible près de la Gare Centrale. Nous n’avons pas pu retrouver d’autres informations que celles qui nous ont été directement communiquées à ce sujet. Toujours est-il que ce lieu symbolise pour beaucoup les réformes antisociales liées au travail. La coalition gouvernementale de droite radicale Arizona mène, notamment, des réformes du chômage qui vont exclure jusqu’à 281 000 personnes du chômage et les jeter dans la précarité. Avec la réforme des pensions, c’est une des mesures du gouvernement fédéral qui met le feu aux poudres. Cet ensemble de réformes visent à toujours plus exploiter les travailleur·ses.
Que comprendre de ces actions qui apparaissent autant ciblées que spontanées ? Quoi qu’on en pense, elles semblent exprimer une conscience politique qui souhaite s’en prendre à ce qu’elle identifie comme les responsables de la casse sociale en cours : les institutions de l’État belge, responsables mises en détention de personnes en centre fermé et de leur mort. Mais aussi contre les institutions de l’État qui organisent la précarité et la misère, et contre la bourgeoisie, le patronat, qui en tire le profit direct.
Une nouvelle journée de mobilisation et de grève est appelée par la CGSP le 25 novembre contre l’Arizona.
Légende :
- ONEM est l’Office Nationale de l’Emploi, en charge du système d’assurance-chômage ainsi que certaines mesures pour l’emploi.
Sources :




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