stuut.info

Mettre en place une politique d’extrême droite pour s’assurer de son élection prochaine ?

Mettre en place une politique d’extrême droite pour s’assurer de son élection prochaine ?

Ailleurs | sur https://stuut.info | Collectif : Front Antifasciste de Liège 2.0 | Collectif : Front Antifasciste de Liège 2.0

Les chancelleries européennes jubilent : enfin, après des mois de négociations intenses, menées sous les pressions des pays méditerranéens et de ceux faisant partie de la route dite des Balkans Occidentaux (Belgique, Pays-Bas, Autriche, etc.), un accord a finalement été trouvé sur la question de la migration, scellé en un Pacte qui devra être voté dans les mois à venir.1 La même musique est ressassée depuis plusieurs années, à quelques variations près, à savoir des politiques migratoires « humaines mais fermes ». Ou parfois dans l’autre sens. Quoique plus le temps avance, plus la dimension « humaine », qui a toujours été hypocrite, se fait proprement inexistante.

Si la politique européenne est souvent incompréhensible pour ne pas dire risible, nous venons d’en atteindre un sommet. Après avoir fait de multiples accords avec les « très démocratiques » Lybie et Tunisie pour faire de la rétention de personnes en exil à leurs frontières – politiques dont l’effectivité et l’efficacité sont de notoriété publique – le Pacte venant d’être adopté va tout simplement ériger plus de murs encore aux frontières européennes, offrir des mannes de financement pléthoriques aux entreprises de surveillance et de sécurité en leur permettant de déployer leur technologies de surveillance pour « trier » les « bons » des « mauvais » migrants, « accélérer » les retours des personnes ne pouvant prétendre à des titres de séjours, et financer la pérennité du système de mise à mort industrielle qu’est devenue la frontière nord de la mer Méditerranée. D’ailleurs, les enfants qui ont réussi à survivre à la traversée jusqu’en Europe pourront être plus facilement enfermés dans les « centres de rétention », camps d’enfermement et de parcage contre lesquels l’Europe s’était, dans un temps qui semble maintenant totalement révolu, mise en place, en disant à tous vents, « plus jamais ça »… Soulignons que le Conseil européen a insisté pour que ces mesures concernent également les familles comprenant des enfants de moins de douze ans… Quand le cynisme et l’opportunisme politiciens confinent à la responsabilité de crime contre l’humanité…

Mais, bonnes gens, rassurez vous : « nos » frontières seront désormais protégées des hordes de sauvages migrants venues nous envahir afin d’y accomplir de sombres desseins… non non, ceci n’est pas une rhétorique xénophobe, raciste et d’extrême droite, au contraire, ce Pacte est précisément mis en place pour contrer la montée desdits populismes et des partis réactionnaires… En effet, dans les couloirs de Bruxelles, il se dit depuis plusieurs mois que la montée inédite des différents partis (néo)fascistes ou illibéraux appelle des mesures politiques proportionnées, en particulier sur le dossier migratoire.

Stratégie politique qui s’avèrera payante, sans aucun doute : si les partis se catégorisant eux-mêmes « démocratiques » mettent d’ores et déjà en place des politiques que mêmes les partis populistes n’auraient pas rêvé possibles il y a de cela quelques années encore, ils pourront ainsi se présenter comme des adversaires valables face au renouveau des fascismes en Europe lors du prochain scrutin électoral de juin… mais, au-delà de ces choix démontrant le vide des mantras européens sur le « pouvoir normatif » et les valeurs communes, ce Pacte – parmi d’autres mesures – est au contraire l’assurance pour l’extrême droite de dominer sans partage les thématiques des futures élections européennes… Mais n’en demandons toutefois pas trop : sans nos gardiens de la démocratie, cela serait assurément pire…

La mobilisation des différentes composantes de la société civile restent, encore et toujours, la garante de notre commune humanité, et la possibilité d’un avenir viable pour le plus grand nombre.

Sur le Pacte, voir :
a) https://www.euractiv.fr/section/immigration/news/pacte-sur-la-migration-et-lasile-les-institutions-de-lue-parviennent-a-un-accord/
b) https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/accord-pacte-europeen-migration-causera-augmentation-souffrances
Pour en consulter le texte (en anglais) : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/statement_23_6708 & https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/12/20/the-council-and-the-european-parliament-reach-breakthrough-in-reform-of-eu-asylum-and-migration-system/ ↩︎

Voir en ligne : Mettre en place une politique d’extrême droite pour s’assurer de son élection prochaine ?

Notes

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Santé / Soins

Visite au centre fermé de Steenokerzeel (127 bis)

Compte rendu d’une visite au centre fermé de Steenokkerzeel Par Youri Lou Vertongen – 31 octobre J’ai été sollicité, il y a quelques jours, pour rendre visite à un jeune exilé palestinien détenu depuis un mois au centre fermé de Steenokkerzeel (127 bis), après avoir été arrêté à la sortie d’un rassemblement en soutien à la Palestine sur la place de la Bourse, en plein centre de Bruxelles. Cette demande m’a explicitement été adressée en tant que chercheur en sciences sociales travaillant sur les dispositifs (anti-)migratoires. La visite visait à documenter non seulement son parcours et les raisons de son arrestation, mais aussi les conditions concrètes de détention dans l’un des espaces centraux de la politique de contrôle des étrangers en Belgique. Le centre 127 bis de Steenokkerzeel n’est pas simplement une architecture carcérale, il est littéralement un dispositif, c’est-à-dire un agencement de pratiques, de discours et de techniques destiné à rendre visible, contrôlable et gouvernable une certaine population – les étrangers, les sans-papiers, les indésirables. Posé au milieu de nulle part, implanté en lisière de l’aéroport de Zaventem, le complexe est pris en étau entre le tarmac, la nationale et les champs vides. Le va-et-vient des avions qui décollent et atterrissent rythme en continu le paysage sonore, rappel ironique d’une liberté de circuler réservée à d’autres, mais aussi écho permanent de la menace d’une expulsion imminente. Je connais évidemment ces espaces depuis plusieurs années, en tous cas en théorie : je les ai étudiés, analysés dans certaines de mes recherches. J’y ai aussi manifesté des dizaines de fois, crié ma rage devant leurs grilles, attendu avec d’autres que des silhouettes apparaissent aux fenêtres. Il y a une quinzaine d’années, lors d’une manifestation devant le centre de Vottem, la lourde porte métallique verte s’était ce jour-là laissée enjamber, tandis que la grille intérieure avait cédé sous la pression collective, laissant entrevoir, l’espace de quelques minutes, l’intérieur de la cour et les visages derrière les barreaux. Cet instant d’effraction, arraché à la logique du contrôle, portait une intensité subversive : celle d’un contact, d’un échange de regards à travers la frontière. On avait envahi la cour, échangé quelques mots, quelques gestes avec les détenus, avant d’être arrêtés en bloc. C’était un moment de rupture, presque de fête pour le jeune activiste que j’étais, une irruption collective dans un espace que l’État s’emploie d’ordinaire à tenir hors de vue, une brèche ouverte dans un dispositif d’enfermement pensé pour ne jamais être traversé. Aujourd’hui, c’est la version inverse que j’ai expérimentée : le dedans sous contrôle, l’accès administré, l’hospitalité encadrée. J’ai donc pénétré pour la première fois « légalement » dans un centre fermé. J’hésite à dire « entrer » tant ce terme prend en ce lieu précisément conçu pour empêcher toute sortie, une tonalité cynique. On n’entre pas...

Belgique Belgique |

22 novembre - 17h30 - Rockin’ Squat

Repression beyond borders, transnational response (benefit event)

Imagining transnational tools : collective responses to the new European authoritarian turn (français en dessous) Is it possible to envision new transnational strategies of solidarity and complicity ? Can we imagine forms of internationalism that not only respond to repression but also, in practical terms, open new horizons of liberation ? For decades, the Italian NO TAV movement has resisted against the building of a useless high-speed train network, which threatens to destroy the communities and the environment of a whole mountain valley, enduring a violent state repression. On November 22, we’re coming together for a day of solidarity and fundraising to support comrades facing fines and sanctions. In the face of the growing right-wing shift across Europe and beyond, we will meet with political groups who have experienced (and continue to experience) state repression. Together, we’ll share experiences and strategies to strengthen our collective resistance through a public debate, followed by a party. Join us for a day of solidarity, exchange, and shared struggle : 📌 17.30 Debate (in English) 📌 20.00 Community dinner (vegetarian and vegan) 📌 22.00 DJ night 💶 Bring cash FR Imaginer des outils transnationaux : réponses collectives au nouveau tournant autoritaire européen Est-il possible d’envisager de nouvelles stratégies transnationales de solidarité et de complicité ? Pouvons-nous imaginer des formes d’internationalisme qui non seulement répondent à la répression, mais ouvrent aussi, concrètement, de nouveaux horizons de libération ? Depuis des décennies, le mouvement italien NO TAV résiste à la construction d’un réseau ferroviaire à grande vitesse inutile, qui menace de détruire les communautés et l’environnement de toute une vallée montagneuse, subissant une violente répression étatique. Le 22 novembre, nous nous réunissons pour une journée de solidarité et de collecte de fonds afin de soutenir nos camarades confrontés à des amendes et des sanctions. Face à la montée de l’extrême droite en Europe et au-delà, nous rencontrerons des groupes politiques qui ont subi (et continuent de subir) la répression étatique. Ensemble, nous partagerons nos expériences et nos stratégies afin de renforcer notre résistance collective à travers un débat public, suivi d’une fête. Rejoignez-nous pour une journée de solidarité, d’échange et de lutte commune : 📌 17h30 Débat (en anglais) 📌 20h00 Dîner communautaire (végétarien et végétalien) 📌 22h00 Soirée DJ 💶 Apportez du cash

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info