Histoire / Archives

[Brochure] Dieu et l’État
Trois éléments ou trois principes fondamentaux constituent dans l’histoire les conditions essentielles de tout développement humain, collectif ou individuel : 1) l’animalité humaine ; 2) la pensée ; 3) la révolte. À la première correspond proprement l’économie sociale et privée ; à la seconde, la science ; à la troisième, la liberté. Les idéalistes de toutes les écoles, aristocrates et bourgeois, théologiens et métaphysiciens, politiciens et moralistes, religieux, philosophes ou poètes, sans oublier les économistes libéraux, adorateurs effrénés de l’idéal, comme on sait, s’offensent beaucoup, lorsqu’on leur dit que l’homme, avec son intelligence magnifique, ses idées sublimes et ses aspirations infinies, n’est, comme tout ce qui existe dans le monde, qu’un produit de la vile matière. Nous pourrions leur répondre que la matière dont parlent les matérialistes, matière spontanément, éternellement mobile, active, productive, la matière chimiquement ou organiquement déterminée et manifestée par les propriétés ou les forces mécaniques, physiques, animales et intelligentes, qui lui sont forcément inhérentes, que cette matière n’a rien de commun avec la vile matière des idéalistes. Cette dernière, produit de leur fausse abstraction, est effectivement une chose stupide, inanimée, immobile, incapable de donner naissance au moindre produit, un caput mortuum, une vilaine imagination opposée à cette belle imagination qu’ils appellent Dieu ; vis-à-vis de l’Être suprême, la matière, leur matière à eux, dépouillée par eux-mêmes de tout ce qui en constitue la nature réelle, représente nécessairement le suprême néant. Ils ont enlevé à la matière l’intelligence, la vie, toutes les qualités déterminantes, les rapports actifs ou les forces, le mouvement même, sans lequel la matière ne serait pas même pesante, ne lui laissant rien que l’impénétrabilité et l’immobilité absolue dans l’espace ; ils ont attribué toutes ces forces, propriétés et manifestations naturelles, à l’être imaginaire créé par leur fantaisie abstractive ; puis, intervertissant les rôles, ils ont appelé ce produit de leur imagination, ce fantôme, ce Dieu qui est le néant, « Être suprême » ; et, par une conséquence nécessaire, ils ont déclaré que l’Être réel, la matière, le monde, était le néant. Après quoi, ils viennent nous dire gravement que cette matière est incapable de rien produire, ni même de se mettre en mouvement par elle-même, et que par conséquent elle a dû être créée par leur Dieu. Qui a raison, les idéalistes ou les matérialistes ? Une fois la question posée, l’hésitation devient impossible. Sans doute, les idéalistes ont tort et les matérialistes ont raison. Oui, les faits priment les idées ; oui, l’idéal comme l’a dit Proudhon, n’est qu’une fleur, dont les conditions matérielles d’existence constituent la racine. Oui, toute l’histoire intellectuelle et morale, politique et sociale de l’humanité est un reflet de son histoire économique. Toutes les branches de la science...

François Besse, un flamboyant rebelle si discret
Bandit d’honneur, Robin des Bois moderne, nouvel Arsène Lupin, ennemi public n°1 français, Roi de la cavale, Lieutenant de Mesrine, les surnoms et superlatifs n’ont pas manqué pour qualifier François Besse au parcours unique dans le grand banditisme. S’il fait partie des hors-la-loi les plus célèbres du XXe siècle, son parcours, tel qu’il est généralement relaté, se cantonne bien souvent à certains moments marquants et laisse de côté ses révoltes, ses inspirations et ses aspirations libertaires, ses combats contre les QHS, sa solidarité avec les prisonniers en lutte, sa haine de la société et de ses injustices. C’est tout un versant politique implicitement présent ou explicitement revendiqué qui est oublié. Or, c’est celui-ci qui donne tout son sens et une dimension à ses incroyables exploits, lorsqu’il a maintes fois défié la police, l’État et les banques. Afin de mettre en valeur l’aspect révolutionnaire dans la pensée et la vie de François Besse, nous sommes notamment partis de ses deux récits de vie. Le premier, assez rare, Je suis un bandit d’honneur, est rédigé dans la prison de Carabanchel à Madrid peu avant sa sixième évasion. Le manuscrit a été remis en 1984 à l’éditeur par Noëlle Besse, sa sœur qui est, tout du long de ses aventures, un soutien et une complice inestimable. Le second, Cavales, est paru en 2019, après la dernière sortie de prison de François. Nous nous sommes aussi appuyés sur les autobiographies de Noëlle, de Jacques Mesrine ainsi que de sa dernière compagne, Sylvia Jeanjacquot. Bien que les récits soient forcément orientés et que les autobiographies omettent volontairement des informations afin de ne pas révéler certains secrets et mettre en danger d’autres personnes, nous avons cherché à restituer, dans l’ordre chronologique et avec une certaine exhaustivité, le parcours de révolté de François Besse. François Besse est né à Cognac le 26 juillet 1944. Son père est espagnol, originaire de Murcia, réfugié en France après sa condamnation à mort par Franco pour délits politiques en 1939. Il a dû laisser son épouse et ses enfants en Espagne. Sa mère, française, est veuve de guerre. Chaque fin de semaine, les compagnons de lutte de son père viennent à la maison sous prétexte de jouer au Mus, jeu de cartes traditionnel basque. Les odeurs de tabac, de « vino tinto » se mêlent aux récits de combats et aux célébrations « Por la Libertad ! ». C’est dès son enfance et du fait de sa situation familiale que François forge sa haine du système, qui va l’accompagner toute sa vie : « C’est au nom de cette liberté, au nom de cette lutte contre l’injustice, l’inégalité, la répression, que je suis devenu, pour les autorités françaises, un homme à abattre pour avoir osé refuser leur justice, qui me condamnait en tant que fils d’émigré en butte au racisme et à la pauvreté, pour des délits dont j’étais innocent ». François Besse, Mardi Gras de 1955, déguisé en indien, déjà à affronter les cowboys. Il éprouve de (...)

[Brochure] Microfissures - Le nucléaire en Belgique
Le fanzine Microfissures dresse un état des lieux sur le nucléaire en Belgique. Actuellement la Belgique compte deux centrales nucléaires, quelques missiles états-uniens, et elle projette d’enfouir des déchets radioactifs pour 500 000 ans. Elle abroge la loi de sortie du nucléaire tout en investissant dans des projets de recherches.... On est un petit groupe d’antinuke, non-spécialistes, qui pensons qu’à l’heure de Trump et de la montée du fascisme en Europe et dans le monde, il serait temps de faire savoir ce qu’il se passe ici ! Comprendre l’histoire de la nucléarisation belge, ses acteur·ices principaux·les ainsi que son lien avec l’histoire coloniale et l’extractivisme impérialiste est aujourd’hui essentiel. Le fanzine est disponible dans quelques lieux et on organisera des soirées pour continuer de le diffuser - mais en voici le PDF : microfissures-le_nucleaire_en_belgique-brochure_a5.pdf

Université d’été du QG décolonial
Pensé le pouvoir et l’hégémonie avec Fanon et Gramsci VENDREDI SOIR Soirée d’ouverture 19-23h : Le choix des ancêtres Samy Manga (Artiste) – La dent de (l’ancêtre) Lumumba Louisa Yousfi (QG décolonial) – Des ancêtres et des fantômes Michèle Sibony (Porte-parole UJFP) – Héritiers sans testament Françoise Vergès (Militante, autrice) – Devenir ancêtre Olivier Marboeuf (Artiste, auteur et producteur de cinéma) – Sortir de la marchandisation des ancêtres et apprendre à lutter avec les morts Noureddine Aoussat (Imam) – Récuser le manichéisme et concilier universalité et ancestralisme Anina Ciuciu (avocate, porte-parole du collectif Zor) – Redonner leur dignité à nos ancêtres Houria Bouteldja (QG décolonial) – Et si les Gaulois étaient vraiment nos ancêtres ? Animée par Samir et Sabrina SAMEDI Plénière 10-12h – Négrophobie, antitsiganisme, islamophobie, antisémitisme : unité, singularité, priorité Nathane Haim-Teicher et Adam Mitelberg (Militants Tsedek) – L’antisémitisme à l’heure du philosémitisme. C’est quoi votre problème avec les juifs ? Olivier Marboeuf (Artiste, auteur et producteur de cinéma) – Au-delà du narcissisme et de l’exceptionnalisme, penser un projet radical noir au cœur des racismes en France Henri Braun (Avocat) – L’antitsiganisme : permanence et actualité d’un racisme méconnu Lila Mouhoubi (Militante décoloniale) – L’islamophobie comme pierre angulaire de la contre-révolution coloniale Animée par Samir Plénière 13-15h – Combattre le progressisme libéral Wissam Bengherbi (QG décolonial) – Les hommes non blancs sont-ils des Hommes ? Houria Bouteldja (QG décolonial) – Bye Bye Jane Fonda Morgane Merteuil (Féministe) – Le féminisme, un progressisme ? Animée par Louisa Plénière16-18h – État, hégémonie, pouvoir avec Fanon et Gramsci Stathis Kouvélakis (Philosophe, membre de la rédaction de Contretemps) – Briser la subalternité avec Gramsci et Fanon Wissam Benguerbi (QG décolonial) – Corriger Gramsci avec Fanon et affronter l’Etat racial intégral Panagiotis Sotiris (Philosophe, membre du comité de rédaction de Historical Materialism) – Repenser l’hégémonie et la possibilité d’un nouveau bloc historique avec Gramsci Animée par Houria Discussion plénière 19-21h – « Nous » (En cours d’élaboration) Animée par Mariam et Sabrina DIMANCHE Plénière 10-12h – Dérèglement climatique ou la vengeance des ancêtres : que peut l’écologie décoloniale ? Jojo (Soulèvements de la terre) – « Terre des damnés » : libération paysanne et écologie anti-impérialiste Khalil Khalsi (Chercheur) – Pourquoi la pensée du « vivant » est raciste Nordine Saidi (Militant décolonial, membre de Bruxelles Panthères ) – Ma mère est plus écolo que vos COP ! Animée par Hicham Atelier 13-15h – Municipales : Prendre le pouvoir Yassine Benyettou (Secrétaire national de RED Jeunes) – La conquête du pouvoir : ancrage local, stratégie du temps long et dignité Saïd Bouamama (Sociologue, membre du FUIQP) – Prendre le pouvoir pour...

[Allemagne] Le tribunal annule l’accusation de tentative de meurtre portée contre Daniela Klette
L’ancienne membre de la RAF, Daniela Klette, est en détention provisoire depuis 2024 suite à son arrestation le 27 février de la même année après 30 ans de clandestinité (voir notre article ). Lors du 20e jour de son procès pour 13 opérations de financement, l’audience s’est arrêtée par un verdict provisoire et important : le chef d’accusation le plus grave — tentative de meurtre — est abandonné. La décision concerne une action près de Brême en juin 2015 qui avait pour but de financer sa clandestinité ainsi que celle de ses camarades Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg toujours en fuite. Plusieurs coups de feu avaient été tirés, dont deux avaient pénétré la cabine du conducteur qui n’a pas été touché.
[USA/France] Mobilisations en soutien à Mumia Abu Jamal
Le 4 juillet 1982, l’ancien membre du Black Panther Party et journaliste Mumia Abu Jamal était condamné à mort (voir notre dossier ). Récemment, la plus haute juridiction de Pennsylvanie a refusé d’examiner les ultimes recours de sa défense prouvant la partialité et l’inconduite des magistrats lors de son procès grâce à la découverte d’archives ces dernières années (voir notre article ). Cette décision condamne Mumia Abu Jamal à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Pour commémorer l’anniversaire de sa condamnation injuste en 1982 et exiger sa libération immédiate, plusieurs initiatives sont organisées ce samedi 5 juillet, parmi lesquelles une marche à Philadelphie ainsi qu’un rassemblement place de la Concorde à Paris dès 18H.

Kimpa Vita, une femme prophétique
Kimpa Vita, une femme prophétique Aujourd’hui encore, elle est considérée comme l’une des premières révolutionnaires anticoloniales d’Afrique. Après avoir lu l’histoire de Kimpa Vita, vous n’oublierez jamais son nom, son engagement envers son peuple et son courage sans faille. Kimpa Vita n’était qu’une adolescente lorsqu’elle a commencé à défier les pouvoirs qui dirigeaient son monde. Née en 1684 au royaume du Kongo, Kimpa Vita grandit dans l’ombre grandissante de la dévastation coloniale. Autrefois puissant royaume africain, le Kongo que son peuple connaissait avait été déchiré par l’invasion européenne et la traite transatlantique des esclaves. Les envahisseurs portugais avaient alimenté les guerres civiles, dressé les dirigeants contre leur propre peuple et transformé le royaume en champ de bataille. Mais Kimpa Vita voyait un avenir différent. Formée aux pratiques spirituelles traditionnelles du Kongo en tant que guérisseuse et médium, Kimpa Vita tomba un jour gravement malade ; et alors qu’elle était allongée sur son lit de mort, elle eut une vision profonde : un Kongo unifié, libre de la guerre et du contrôle étranger . Une fois remise de sa maladie, elle se proclama prophétesse et fonda le Mouvement Antonien , un puissant soulèvement religieux et politique. Kimpa Vita prêcha que le peuple du Kongo était divinement élu, que le Christ n’était pas une figure européenne mais africaine, et que le royaume devait se libérer de la domination européenne et reconquérir sa souveraineté pour préserver son avenir et la sécurité de son peuple. Par ses enseignements, Kimpa Vita a réinterprété le christianisme d’un point de vue africain, rejetant la version de la foi des missionnaires européens qui justifiait l’esclavage et la domination européenne. Son message se répandit comme une traînée de poudre. En quelques années, des milliers de personnes, dont des soldats et des dirigeants exilés, suivirent son appel. Elle ramena ses fidèles à leur capitale abandonnée, São Salvador, et entreprit de reconstruire ce que les Portugais avaient détruit. Mais sa résistance eut un prix. Qualifiée d’hérétique et de rebelle par les autorités catholiques européennes, elle fut capturée par l’élite dirigeante du Kongo, alliée aux Portugais, et brûlée vive en 1706. Elle n’avait que 22 ans. Son exécution était censée éteindre son mouvement, mais son héritage a perduré. Plus de trois siècles plus tard, le combat qu’elle incarnait se poursuit. Aujourd’hui, les femmes congolaises mènent des mouvements pour la justice, l’autodétermination et la libération des forces modernes de l’impérialisme – les entreprises, les puissances étrangères et les élites locales qui exploitent encore les richesses apparemment inépuisables du Congo. Kimpa Vita est une prophétesse africaine, figure de la résistance à la colonisation portugaise dans l’actuel Angola au 18e siècle. Kimpa Vita serait née vers 1684 dans une famille noble...

Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect
Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect Patrice Emery Lumumba (né le 2 juillet 1925) aura été une étoile filante dans le ciel de l’Afrique à peine indépendante. Élu Premier ministre en 1960, destitué quatre mois plus tard, il est assassiné le 17 janvier 1961, suite à un complot mêlant la puissance coloniale belge, la CIA et les services secrets français. Ce que toutes ces puissances ne lui pardonnaient pas, c’était de vouloir rompre avec le colonialisme qui, au Congo, fut particulièrement féroce. Patrice Lumumba a scellé son destin le jour même de l’Indépendance, par son discours, non prévu. En disant la vérité du colonialisme, il se condamnait à mort. Discours du 30 Juin 1960, jour de l’indépendance du Congo Le 30 juin 1960, jour de l’indépendance du Congo, le Palais de la Nation à Léopoldville (l’actuelle Kinshasa) reçoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des représentants du gouvernement belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour célébrer cette nouvelle ère pour le Congo. L’évènement est radiodiffusé dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s’amasse devant le Palais de la Nation pour assister à un évènement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le président Kasavubu fassent un discours pour l’indépendance du Congo mais le Premier ministre Lumumba élu par le parlement ne l’entendit pas de cette oreille. Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de légitimation de la colonisation, une véritable apologie de l’œuvre du roi Léopold II. « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique ». Il sonnait aux oreilles des nationalistes congolais comme une insulte à la mémoire des millions de morts générés par la politique monstrueuse du roi Lépold II, grand-oncle du roi Baudoin. « Pour caractériser le colonialisme léopoldien, les sources les plus diverses utilisaient les notions et les concepts les plus évocateurs pour l’époque, curse (« malédiction »), slave state (« Etat esclavagiste »), rubber slavery (« esclavage du caoutchouc »), crime, pillage…Aujourd’hui on n’hésite plus à parler de génocide et d’holocauste » (Elikia M’Bokolo, Le livre noir du colonialisme. XVIè-XXIè siècle : de l’extermination à la repentance, p.434). On peut d’ailleurs pour évaluer l’ampleur de la monstruosité coloniale au Congo sous Léopold II consulter de nombreuses références*. Un documentaire britannique intitulé « Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire » réalisé par Mark Dummett et produit par la BBC a suscité les foudres de la maison royale et du ministre des affaires étrangères Louis Michel lors de sa diffusion sur la RTBF le 8 avril 2004. Le passage incriminé était un commentaire faisant le parallèle entre la colonisation de Léopold II et...

Sortie episode #7 podcast juif decolonial et diasporiste
Emission « Trèfle à 4 Feuj » sur Radio Air Libre en libre telechargement Au Menu : L’actualite juive antisioniste en Belgique rapportee avec un regard decolonial 1) Qu’est ce qui s’est passe ce mois-ci ? Action du 5/6, festival Resistance, Manif fil rouge, eveil des sionistes de gauche + musique : ’’Eili eili’’ de Johnny Mathis ’’Narische Tsienitsn" de The Unternational 2) Qu’est ce qui va se passer ? Premiere du documentaire de Sterre Volders à Anvers 80 ans de l’UPJB + musique ’’Hija Mia"’ de Amina Alaoui 3) Lecture extraits de ’’La civilisation Judeo chretienne : anatomie d’une imposture’’ de Sophie Bessis EPISODE EN LIBRE TELECHARGEMENT ( AINSI QUE LES 6 PRECEDENTS) : https://radioairlibre.net/emissions/trefle-a-4-feuj/episode-7-trefle-a-4-feuj/

Les cantines végétaliennes : un positionnement politique
Introduction Au moment où ce texte est écrit, la majorité des cantines dans les espaces de luttes anarchistes ou autonomes en fRance sont végétaliennes. C’est-à-dire qu’ielles ne servent pas de produits d’origines animales (viande, lait, œuf, miel…). Cette situation pourrait amener à croire qu’il s’agit d’une certaine forme de « victoire » ou en tout cas d’une reconnaissance des théories et des luttes du mouvement antispéciste au sein des espaces anarchistes, autonomes ou de la « gauche radicale ». Ce n’est pourtant pas le cas. Les cantines végétaliennes sont des outils de lutte historique du mouvement antispéciste (comme le sabotage et les libérations). Elles s’inscrivent dans une stratégie de propagande par l’exemple. Ils s’agit de montrer que l’on peut avoir accès à une alimentation équilibrée, agréable et accessible sans utiliser de produits issus directement de l’exploitation d’animaux non-humains. Pourquoi cet outil de diffusion ne semble pas fonctionner au sein des espaces radicaux ? Une dépolitisation du choix de l’alimentation végétale Cet échec est profondément lié au fait que la mise en place des cantines végétaliennes au sein des espaces radicaux s’est faite par la dépolitisation du contenu théorique et la disparition des idées antispécistes pourtant à l’origine des cantines végétaliennes. Revenons sur quelques pratiques de dépolitisation courantes. Absence de communication sur le sujet De nombreux lieux ou espaces n’indiquent pas explicitement que les cantines sont végétales dans leur communication. Parfois même en justifiant que le dire explicitement amènerait certaines personnes à ne pas venir. Cette prétendue ouverture envers des personnes imaginaires permet donc de faire disparaître les positionnements et des choix politiques (ou leur absence) dans l’alimentation. De même, il est exceptionnel de voir des flyers antispécistes sur les tables de ces cantines. Pourtant le choix de l’alimentation végétalienne, comme celui du prix libre ou encore de l’auto-gestion sont des choix politiques. Il s’agit d’essayer de créer ici et maintenant le monde futur. Le faux argument de l’inclusion Lorsqu’il s’agit de justifier le choix de l’alimentation végétale, un argument qui ressort souvent, c’est qu’il s’agit d’un mode d’alimentation collective qui permet de respecter les contraintes alimentaires les plus courantes des personnes qui viennent se nourrir à la cantine : hallal, casher, vegan… Cet argument conduit à mettre sur le même pied l’adhésion à des croyances religieuses que des positionnements s’opposant à l’exploitation et au massacre continuel de milliards d’animaux. Pourtant, les arguments antispécistes ne sont pas issus de règles absurdes et contradictoires édictées par des figures d’autorités, mais des choix basés sur des connaissances et analyses scientifiques et émancipatrices. Si l’inclusion est un faux argument, c’est bien parce que peu d’efforts, sont réellement déployés concernant l’inclusion...

Notre morale est notre révolution. Extrait d’un recueil de textes de George Habash
Nous publions un extrait du livre Rien n’est plus précieux que la liberté, récemment paru aux éditions Premiers matins de novembre. Il s’agit d’un recueil de textes et d’entretiens avec George Habash, l’un des fondateurs du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation anticolonialiste, marxiste et révolutionnaire. L’extrait publié ici est un discours qui a été prononcé par George Habash à l’Hôtel international de Jordanie d’Amman, le 12 juin 1970, à 5 heures du matin. Habash s’adressait aux otages retenus lors du quadruple détournement d’avions mené par le FPLP face aux attaques du régime jordanien contre la révolution palestinienne. Ce discours fut d’abord publié par le Département d’information du FPLP, sous ce titre. Mesdames et messieurs, Il me semble qu’il en va de mon devoir de vous expliquer pourquoi nous avons fait ce que nous avons fait. Bien sûr, d’un point de vue « libéral », je suis désolé de ce qui vous est arrivé́, et je suis désolé́ que nous vous ayons causé du souci durant les deux ou trois derniers jours. Mais en mettant tout cela de côté, j’espère que vous comprendrez, ou au moins essaierez de comprendre, les raisons de notre action. Il sera peut-être difficile pour vous de comprendre notre point de vue. Des personnes vivant dans différentes circonstances pensent différemment. Elles ne peuvent pas penser de la même manière, et pour nous, le peuple palestinien, les conditions dans lesquelles nous vivons depuis un bon nombre d’années, toutes ces conditions ont déterminé notre façon de penser. Nous ne pouvons pas faire autrement. Vous ne pourrez comprendre notre point de vue une fois qu’en prenant en compte un fait très basique. Nous, Palestiniens, vivons dans des camps et dans des tentes depuis 22 ans. Nous avons été chassés de notre pays, de nos maisons, de nos terres, chassés comme des moutons et parqués dans des camps de réfugiés, dans des conditions inhumaines. Cela fait vingt-deux ans que notre peuple attend de voir ses droits respectés, mais rien ne se passe. Il y a trois ans1, les circonstances nous ont permis de prendre les armes et de défendre notre cause, de se battre pour nos droits, de retourner dans notre pays et de le libérer. Après vingt-deux ans d’injustice, d’inhumanité, de vie dans des camps, sans personne pour nous protéger, nous estimons avoir pleinement le droit de prendre la défense de notre révolution. Notre morale est guidée par notre révolution. Ce qui la sauve, ce qui l’aide, ce qui la protège, est bon, correct, honorable et beau, parce que notre révolution signifie la justice, le droit au retour – un objectif juste et honorable. Vous devez prendre cela en considération. Si vous voulez d’une façon ou d’une autre, vous montrer coopératifs, vous devez essayer de comprendre notre point de vue. Nous ne nous réveillons pas le matin avec une tasse de Nescafé, ni ne passons une demie heure devant le miroir en réfléchissant à prendre l’avion pour la Suisse...
[France/Jura] appel à dons pour l’ouverture d’une bibliothèque libertaire
Une bibliothèque libertaire, La Comédie noire, va ouvrir prochainement à Lons-le-Saunier. C’est le projet d’un lieu de diffusion des idées anarchistes, un endroit où se retrouver, lire, échanger, conspirer… Un vieux canapé, une table et quelques chaises, un petit bar, un coin cuisine pour que l’expérience démarre. Tout ça, c’est chouette, mais une des bases du fonctionnement sera le prêt de livres. Et pour l’instant, les étagères sont un peu vides. Pour pouvoir lancer le projet et faire connaître tous.tes les auteur.e.s qu’on adore, il nous faut des livres. Donc on fait appel à votre générosité et à vos bons plans pour en obtenir. En attendant qu’on mette en place quelques points de dépôt, nous contacter. (lacomedienoire[@]riseup.net) [Publié en mai 2025 sur Rabasse .]

« Cet hôtel est un centre de rétention » : Un témoignage du front de la lutte contre les expulsions en France, 1999
Ce récit reprend là où le précédent article sur le Collectif contre les expulsions s’est arrêté, en relatant des scènes du mouvement contre les expulsions à Paris à la fin des années 1990. Alors que Donald Trump cherche à consacrer 45 milliards de dollars à l’expansion d’un système de goulag pour détention d’immigrés aux États-Unis, il est crucial d’apprendre comment les habitants d’autres pays ont résisté à la violence de l’État contre les sans-papiers dans un passé récent. Cette histoire vraie est adaptée des mémoires à paraître dans Another War Is Possible (Une autre guerre est possible), un récit du mouvement mondial contre le fascisme et le capitalisme au tournant du siècle. Vous pouvez le soutenir sur Kickstarter jusqu’au 11 avril et suivre l’auteur ici . Le Collectif Anti-Expulsions a explicitement indiqué que notre soutien aux sans-papiers est intrinsèquement lié à nos principes anarchistes. Nous avons souligné que nos intérêts étaient liés aux leurs dans notre désir d’abolir les états et les frontières, de mettre fin à l’exploitation capitaliste du travail, pour la liberté et l’autonomie des êtres humains. En même temps, nous avons travaillé main dans la main avec les collectifs de sans-papiers qui étaient largement autonomes par rapport aux structures des partis ou des ONG et qui accueillaient très favorablement la solidarité sous la forme d’actions directes. Hôtel Ibis de l’aéroport Charles de Gaulle, 23 janvier 1999, midi L’hôtel Ibis de l’aéroport Charles de Gaulle à Paris est à peu près ce que l’on attend d’un hôtel deux ou trois étoiles, accolé à un aéroport. Extérieur terne et architecture de bureau peu spectaculaire, intérieur composé d’hommes d’affaires à l’air maussade et de familles stressées stéréotypées avec 2 ou 3 enfants qui courent dans le hall. Le hall est la seule et unique particularité architecturale de l’établissement. Il s’agit d’une structure de plain-pied avec un toit plat qui relie les bâtiments beaucoup plus hauts où se trouvent les chambres d’hôtel. Ce qui rend cet hôtel unique se trouve à l’intérieur. Et c’est ce qui s’y trouve qui fait la raison pour laquelle deux cents personnes s’apprêtent à franchir les portes principales, à accéder à l’une des tours (avec l’aide d’un camarade entré incognito pour tenir ouverte une porte d’accès stratégiquement importante), à monter les escaliers, à briser une fenêtre et à prendre le contrôle du toit qui surplombe le hall d’entrée. Ce qui rend cet hôtel unique, c’est qu’il témoigne de la nature banale de l’oppression dans la société de consommation capitaliste. Dans cet hôtel, à côté de l’agitation des hommes d’affaires et de la joie des familles européennes blanches en vacances, il y a le désespoir d’autres êtres humains qui sont retenus ici contre leur volonté. Une aile entière de cet hôtel Ibis est une prison, où les sans-papiers sont détenus avant leur expulsion définitive dans un avion d’Air Afrique ou d’Air France. Une prison rendue possible...