15 novembre - 17h00 à 01h00 - Manifesten
Soirée de soutien pour des collectifs luttant à la frontière italo-française
À Vintimille, à la frontière entre l’Italie et la France, l’absence totale de structures d’accueil et la fermeture des lieux d’information s’inscrivent dans une logique de dissuasion cynique. Il ne s’agit pas d’un manque de moyens, mais d’une volonté politique de rendre le passage impossible, ou du moins insupportable. Face à ça, on s’organise à Marseille pour donner de la force et des sous à plusieurs initiatives et collectifs.
Vintimille : l’abandon comme stratégie politique en Italie
À Vintimille, à la frontière entre l’Italie et la France, l’absence totale de structures d’accueil et la fermeture des lieux d’information s’inscrivent dans une logique de dissuasion cynique. Il ne s’agit pas d’un manque de moyens, mais d’une volonté politique de rendre le passage impossible, ou du moins insupportable.
Une frontière dans la ville : entre affluence et exclusion
Dans cette petite ville de Ligurie (nord de l’Italie) qui compte moins de 60’ 000 habitant·es, le vendredi, c’est jour de marché. Il s’étend, tentaculaire et pullulant, à travers le centre-ville, s’étire de rue en rue jusqu’aux bords directs de la mer Méditerranée. C’est le vendredi que l’on peut croiser le plus grand nombre de touristes et frontalier·es, venant avec leur grosse voiture acheter des aliments moins chers, des vêtements avec imprimé chat psychédélique, des jupes amples et des joggings, ou des ustensiles de cuisine dits high-tech.
Le front de mer est coupé en deux par la Roya qui vient s’y jeter depuis le col de Tende, dans les Alpes Maritimes (France). Sous les ponts qui le surplombent, des sangliers, des cygnes, des mouettes s’y prélassent. Le bruit du marché couvre complètement ceux qu’ils émettent. On n’entend pas non plus les gens qui s’y baignent, y nettoient leurs vêtements, dorment juste à côté sous une tente d’occasion donnée par des bénévoles. La plupart des gens ignorent – ou font semblant de ne pas voir – que leurs emplettes du vendredi matin se déroulent devant un public captif, réduit au statut de spectateur de ce grand manège hebdomadaire et prisonnier de situations administratives labyrinthiques. Bloqué·es par une frontière presque infranchissable, sans ressource ni soutien pour s’installer durablement en Italie, sans perspective, ce sont les ponts, les angles morts de la ville, en fait : les interstices sombres et puants, qui leur reviennent comme seuls espaces pour exister.
L’ironie a voulu qu’une soixantaine de personnes se retrouvent sous le pont qui mène directement à l’autoroute pour la France (première ironie), et que la rue qui borde ce pont, dans le quartier Gianchette, s’appelle Via Tenda, ce qui veut dire, la rue de la tente… Sous le pont, il n’y avait en effet que ça. Des tentes de camping parfois dans un état douteux, ou dans le meilleur des cas suffisamment de grands tissus et de bâches en plastique pour créer une sorte de pièce fermée, à l’intérieur de laquelle quelques tentes étaient collées les unes aux autres, plus fortes...