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François Besse, un flamboyant rebelle si discret
Bandit d’honneur, Robin des Bois moderne, nouvel Arsène Lupin, ennemi public n°1 français, Roi de la cavale, Lieutenant de Mesrine, les surnoms et superlatifs n’ont pas manqué pour qualifier François Besse au parcours unique dans le grand banditisme. S’il fait partie des hors-la-loi les plus célèbres du XXe siècle, son parcours, tel qu’il est généralement relaté, se cantonne bien souvent à certains moments marquants et laisse de côté ses révoltes, ses inspirations et ses aspirations libertaires, ses combats contre les QHS, sa solidarité avec les prisonniers en lutte, sa haine de la société et de ses injustices.
C’est tout un versant politique implicitement présent ou explicitement revendiqué qui est oublié. Or, c’est celui-ci qui donne tout son sens et une dimension à ses incroyables exploits, lorsqu’il a maintes fois défié la police, l’État et les banques. Afin de mettre en valeur l’aspect révolutionnaire dans la pensée et la vie de François Besse, nous sommes notamment partis de ses deux récits de vie. Le premier, assez rare, Je suis un bandit d’honneur, est rédigé dans la prison de Carabanchel à Madrid peu avant sa sixième évasion. Le manuscrit a été remis en 1984 à l’éditeur par Noëlle Besse, sa sœur qui est, tout du long de ses aventures, un soutien et une complice inestimable. Le second, Cavales, est paru en 2019, après la dernière sortie de prison de François. Nous nous sommes aussi appuyés sur les autobiographies de Noëlle, de Jacques Mesrine ainsi que de sa dernière compagne, Sylvia Jeanjacquot. Bien que les récits soient forcément orientés et que les autobiographies omettent volontairement des informations afin de ne pas révéler certains secrets et mettre en danger d’autres personnes, nous avons cherché à restituer, dans l’ordre chronologique et avec une certaine exhaustivité, le parcours de révolté de François Besse.
François Besse est né à Cognac le 26 juillet 1944. Son père est espagnol, originaire de Murcia, réfugié en France après sa condamnation à mort par Franco pour délits politiques en 1939. Il a dû laisser son épouse et ses enfants en Espagne. Sa mère, française, est veuve de guerre. Chaque fin de semaine, les compagnons de lutte de son père viennent à la maison sous prétexte de jouer au Mus, jeu de cartes traditionnel basque. Les odeurs de tabac, de « vino tinto » se mêlent aux récits de combats et aux célébrations « Por la Libertad ! ».
C’est dès son enfance et du fait de sa situation familiale que François forge sa haine du système, qui va l’accompagner toute sa vie : « C’est au nom de cette liberté, au nom de cette lutte contre l’injustice, l’inégalité, la répression, que je suis devenu, pour les autorités françaises, un homme à abattre pour avoir osé refuser leur justice, qui me condamnait en tant que fils d’émigré en butte au racisme et à la pauvreté, pour des délits dont j’étais innocent ».
François Besse, Mardi Gras de 1955, déguisé en indien, déjà à affronter les cowboys.
Il éprouve de (...)