Réseau Solidaire des Travailleur·euses
Le Réseau de solidarité entre travailleur·euses est un réseau de solidarité entre travailleur·euses, indépendamment du métier, du statut, du secteurs d’activité.
Le RST est ouvert à tou·tes les travailleur·euses : salarié·es, chômeur·ses, travailleur·euses indépendant·es, étudiant·es, pensionné·es, personnes exerçant des professions informelles ou dans l’incapacité de travailler…
Notre objectif est de renforcer l’auto-organisation, la combativité, la capacité à agir directement et collectivement des travailleur·euses, dans le but de remporter des revendications et de construire notre pouvoir collectif.
Être membre du RST signifie faire partie d’un réseau de travailleur·euses solidaires, se renforcer mutuellement, bénéficier du soutien, des conseils d’organisation et de l’accompagnement d’autres membres du RST
Nous proposons également des formations régulières afin de permette à toute personne de maitriser les outils d’organisation, être automne dans la construction de son rapport de force et gagner des revendications concrètes. Vous voulez vous former, ainsi que vos collègues ? Contactez-nous !
La solidarité est notre arme !
Siteweb :
www.reseausolidaire.be

[Manifestation] Forges de Clabecq : la lutte continue !
Manifestation le dimanche 2 juin à Vilvorde Les Forges de Clabecq étaient une usine sidérurgique, située à Clabecq, dans la commune de Tubize. La lutte des ouvriers des Forges dans les années ’90 a été un concentré d’expériences de travail et mobilisation syndicales. Deux générations de délégations syndicales avaient fait des Forges un bastion du mouvement ouvrier et anticapitaliste. Les années 1996 et 1997 sont marquées par des mouvements contre une faillite accompagnée par la région wallonne. Au-delà des images connues des ouvriers des Forges dégageant au bulldozer des camions pleins de gendarmes et des dizaines de milliers de manifestants solidaires affluant vers Tubize, l’expérience de Clabecq a aussi été une politique systématique de solidarisation des luttes sociales et de connexion avec les forces vives de la région. Cette lutte, sa radicalité et l’immense solidarité qu’elle a recueillie a provoqué une réaction « en bloc » du système qui mérite aussi d’être étudiée, allant du lynchage médiatique aux poursuites judiciaires. 30 ans plus tard, les anciens travailleurs de Clabecq sont toujours confrontés au mépris et à l’hostilité des institutions. Ils attendent encore les 20 millions d’euros auxquels ils ont droit depuis la faillite des Forges. Le terrain de l’ancienne cokerie de Vilvorde, qui appartenait aux Forges, doit être valorisé en collaboration avec la commune de Vilvorde et la région flamande. L’État, qui s’était porté garant des prêts bancaires faits aux Forges, a déjà revendiqué le produit du terrain en se déclarant prioritaire sur les ouvriers. Nous appelons à une large mobilisation autour du terrain de Vilvorde : primo pour que la richesse revienne à ceux qui l’ont créée, et que l’argent récupéré par la curatelle rembourse les travailleurs en priorité ; secundo pour ce que vaste et beau terrain soit consacré à des projets dont la population puisse profiter, et non livré à la spéculation. Manifestation le dimanche 2 juin à 17H, slachthuisstraat, à Vilvorde organisée par "Ceux de Clabecq" avec le soutien de Classe contre classe, du réseau ADES, du comité bruxellois des Soulèvements de la Terre, du Front d’action révolutionnaire, d’Occupons le Terrain et l’IWW Bruxelles. Contact : ceuxdeclabecq@gmail.com

Le syndicalisme d’action directe : Une approche différente de l’activité syndicale
Revenir à un syndicalisme d’action directe, analyse depuis le contexte États-uniens. par Allan Hansen, publié sur Industrial Worker, traduit par les IWW Bruxelles Ce n’est un secret pour personne que la force des syndicats américains s’est affaiblie ces dernières années. La représentation syndicale sur le marché du travail a atteint un niveau historiquement bas, les lois du travail sont de plus en plus rédigées en faveur des employeurs plutôt que des travailleurs-ses, et les activités antisyndicales menées par les employeurs ont toutes conduit à l’affaiblissement de nos syndicats et à leur incapacité à défendre les droits des travailleur·ses sur le lieu de travail. Malgré ces faiblesses, la plupart des gens soutiennent les syndicats en principe, et nous devons donc discuter de la manière de faire progresser le mouvement syndical face à ces défis. Le syndicalisme d’action directe est l’un des outils dont disposent les travailleur·ses pour mener une telle action. Lorsque la plupart des gens parlent du syndicalisme, ils et elles ont tendance à l’envisager d’une manière très conventionnelle et bureaucratique, et c’est en grande partie ainsi que les syndicats fonctionnent aujourd’hui. L’activité syndicale se concentre sur l’élection des représentant·es syndicaux·ales et la signature d’accords. Cette conception du syndicalisme se heurte à plusieurs limites. Tout d’abord, l’accent étant mis sur la négociation collective, le renouvellement des conventions est souvent un processus de longue haleine, et les changements ne peuvent être mis en œuvre qu’au moment des négociations collectives, qui durent généralement plusieurs années. Comme les patrons savent quand la convention prend fin et quand les négociations doivent avoir lieu, ils savent également quand s’attendre à une recrudescence de l’organisation et de l’activité syndicales, ce qui diminue le pouvoir de négociation des travailleur·ses. Si des abus surviennent alors que le contrat ne prévoit aucune politique en la matière, le syndicat ne peut généralement pas faire grand-chose pour régler le problème ou demander réparation à l’employeur. Le mieux que le syndicat puisse faire dans ce cas est de se battre pour obtenir une telle protection lors de la prochaine négociation de la convention collective. L’importance de l’élection des représentant·es syndicaux·ales présente également quelques problèmes potentiels dans la défense des revendications syndicales. Bien qu’il y ait de nombreuses personnes honnêtes et travailleuses impliquées dans les syndicats, il faut reconnaître que nos dirigeant·es syndicaux·ales ne sont pas infaillibles. Nombre d’entre elleux gagnent des sommes astronomiques, supérieures à celles des travailleur·ses qu’ils et elles représentent. Cela ne veut pas dire que les dirigeant·es syndicaux·ales ne font pas du bon travail, mais plus ils et elles s’éloignent des travailleur·ses qu’ils et elles représentent, plus ils et elles courent le risque de s’éloigner des réalités (...)

Ça commence sur ton lieu de travail
Rasmus Hästbacka, du syndicat suédois SAC, suggère comment organiser des lieux de travail grands et complexes, en prenant l’exemple d’une université. Article traduit de l’anglais par les IWW Bruxelles. Une version différente de cet article a été publiée précédemment en suédois. Rasmus Hästbacka est avocat et membre de la section locale d’Umeå du SAC depuis 1997. Les travailleur·ses suédois·es [européen·nes] et américain·nes sont confronté·es à des problèmes très différents, mais en même temps très similaires. Le problème aux États-Unis est que la plupart des travailleur·ses n’appartiennent pas à des syndicats et ne peuvent donc pas utiliser les syndicats comme ressource et outil pour défendre leurs intérêts. En Suède, le problème est que la plupart des travailleur·ses appartiennent à des syndicats qui sont tellement dysfonctionnels qu’il est difficile, voire impossible, de les utiliser comme ressource et outil. J’ai déjà écrit un article sur les raisons pour lesquelles les syndicats suédois sont nuls, je ne vais donc pas me répéter ici. En Suède comme aux États-Unis, je pense que nous pouvons donner un nouveau souffle au mouvement syndical en formant davantage d’organisateur·ices qui ont une idée claire de ce qu’ils et elles peuvent faire sur le lieu de travail, chaque semaine, mois après mois. Pour moi, l’organisation consiste à ce que les collègues de travail développent et utilisent leur force collective de manière systématique. En s’inspirant du livre Secrets of a Successful Organizer de Labor Notes, un tel plan peut être divisé en quatre phases comme suit : 1. Cartographie et conversations personnelles 2. Élaboration d’un plan d’action 3. Action collective 4. Évaluation Cartographie et conversations en tête à tête La première phase consiste à cartographier le plus grand nombre possible de départements et d’unités et à avoir des conversations en tête-à-tête avec ses collègues. Ces entretiens sont réalisés par les membres qui travaillent dans les unités, et non par des organisateur·ices externes. En fin de compte, vous avez besoin d’une liste de tou·tes les employé·es de l’unité à organiser. Organisez des réunions pendant votre temps libre. S’il faut du temps pour passer en revue le personnel, prenez le temps qu’il faut. L’objectif est de trouver de bonnes questions d’organisation dans chaque endroit et de trouver des leaders informel·les ou naturel·les. Il s’agit d’employé·es qui ont de l’influence parce qu’ils et elles jouissent de la confiance de leurs collègues. Les auteur·ices de Secrets of a Successful Organizer définissent les caractéristiques d’une bonne question d’organisation : L’ampleur : la question intéresse de nombreux employé·es ; La profondeur : la question les engage fortement ; La question peut être gagnée grâce à la pression exercée par les travailleur·euses ; ET L’action collective prévue a de bonnes chances de rendre le collectif encore plus fort. Notez les questions relatives au lieu de...

L’organisation ce n’est pas convaincre des personnes à adopter des idées radicales
Il existe une idée fausse en matière d’organisation, notamment sur le lieu de travail, qui est responsable de plus de confusion et d’impasses que toute autre. Elle se manifeste de plusieurs façons, mais elle se résume à ceci : « La façon dont je me suis radicalisé et dont je me suis impliqué dans le syndicalisme [ou la militance] est la façon dont tout le monde se radicalise et s’implique dans le syndicalisme [ou la militance] ». Cet article fait partie d’une série « les conversations en tête-à-tête » initialement publiée en anglais sur le blog firewithfire.blog d’un membre de l’IWW (Industrial Workers of the World) et traduit par les IWW Bruxelles. Le plus souvent, les personnes qui découvrent l’organisation et la politique radicale essaient de montrer aux autres leurs propres idées nouvelles, alors qu’en réalité ces mêmes idées se manifestent très différemment selon les expériences très diverses de chacun·e. Le plus souvent, les gens n’adhèrent pas immédiatement aux idées auxquelles vous adhérez. Cela conduit souvent les nouvelleaux organisateur·ices à être exaspéré·es et confus·e : « Pourquoi personne d’autre ne se radicalise lorsque je leur montre les choses qui m’ont radicalisées ? » L’organisation ne consiste pas seulement à montrer vos idées à d’autres personnes. Il s’agit d’établir des relations et une compréhension commune des conditions partagées qui constituent le terreau fertile à partir duquel les idées radicales peuvent se développer. Plus que de montrer, il s’agit d’écouter et de poser des questions. Bien sûr, les organisateur·ices ne sont pas seulement passif·ves dans ce processus, mais iels s’assurent d’introduire tous ces différents éléments dans la conversation et, ce faisant, de créer un espace pour que les gens puissent explorer et changer. Dans cet article, je montre comment les idées, les relations et les conditions sont liées à l’organisation. Je raconte comment j’ai été politisé sur chacune de ces lignes au fil des années, y compris comment j’ai fait toutes les erreurs que la plupart des organisateur·ices font, et comment cela m’a aidé à voir plus clairement comment tout cela fonctionne. Le rôle des idées dans l’organisation Lorsque les gens me demandent comment je me suis politisé, la réponse la plus courte est que j’ai commencé à regarder des vidéos de Noam Chomsky sur YouTube en 2008. Je n’avais jamais eu d’ami·e ou de membre de ma famille qui se soit identifié·e comme socialiste, anticapitaliste ou radical·e, et c’est donc la première fois que j’ai été exposé à ces idées de manière exhaustive. J’ai eu un déclic presque immédiat et j’ai dévoré tout ce que je pouvais. Pendant longtemps, j’ai supposé que tout le monde était radicalisé·e comme je l’ai été, c’est-à-dire par l’exposition à des idées abstraites sur la façon dont la société pourrait être structurée. J’ai passé beaucoup de temps à parler avec mes ami·s de ces idées nouvelles pour moi, et j’ai essayé de faire du militantisme en...

Le problème avec la stratégie unique de la grève
Alors que se termine la onzième journée de grève contre la réforme des retraites en France, pendant que les médias lancent leurs habituelles rengaines sur les violences, qu’il faudrait absolument condamner, et le nombre de manifestant·es en baisse (ou pas) prenons le temps deux minutes pour analyser les conséquences des mots d’ordre venus d’en haut et le recours systématique à la grève comme seul mode d’action. TOU·TES EN GREVE ? Il est évident qu’aujourd’hui en France des blocages et des sabotages ont lieux par endroit, mais force est de constater que la dynamique de grève est omniprésente et qu’elle semble, aux yeux des syndicats majoritaires, être le seul moyen de faire plier le gouvernement. Mais celle-ci à des limites qui ne sont pas négligeables. Tout d’abord elle nous crame en tant que travailleur·euses car beaucoup d’efforts reposent sur peu de personne. La dynamique syndicale est ainsi faite en France que l’organisation de lutte repose sur peu. Du coup, le burn-out militant nous guette autant que la répression macroniste. Ensuite économiquement. Face à la stratégie de pourrissement du camp d’en face il semble difficile à croire que nos collègues et camarades les plus précaires puissent tenir la grève dans la durée. On s’entend, une solidarité et des caisses de grèves s’organisent mais est-ce que cela suffira ? Enfin les "autres". Nous savons qu’une opinion très favorable existe en faveur de la lutte contre la réforme des retraites et ceci n’est pas du tout négligeable. Mais que fait cette ”majorité silencieuse" ? Pas la grève en tout cas. En effet, tout le monde ne peut pas faire grève, parce que ça coute, parce qu’on a peur des représailles patronales ou de la violence de la police, ou pour tout pleins d’autres raisons qui nous sont propres. Si la grève ne convient pas à ces personnes, comment pouvons-nous quand même faire pression ensemble ? Nous devons trouver des techniques de lutte qui n’excluent pas de base une partie de la population et qui peut avoir un effet global contre la stratégie politique de la macronie. L’idée que tou·tes les travailleur·euses se sentant concerné·es puissent participer dans les limites de leurs moyens à une lutte à laquelle iels croient devrait être un objectif prioritaire ! FAIRE PARTICIPER TOUJOURS PLUS DE MONDE, DIVERSIFIER LA LUTTE ! Si les formations d’organisateur·trice (OT101) de l’IWW nous ont appris une chose c’est que l’histoire syndicale regorge d’exemples et de méthodes d’action directe qui ont fait plier le patronat. En gros, les moyens de lutte sont aussi divers et variés qu’il y a de lieu de travail, d’idées ou de personnes. Et c’est un des avantages que nous travailleur·euses et organisateur·ices devons prendre en mains pour augmenter notre rapport de force. Et non, le travail de créer un rapport de force n’est pas une chose délégable à une poignée de militant·es syndicau·ales, pour, en partie, les raisons que nous avons vues plus haut. Une phrase lue ou...

L’organisation basée sur les relations : Une introduction
Qu’est ce que s’organiser ? Nous entendons souvent qu’il faudrait s’organiser, mais comment ? Avec qui ? Et surtout quelle méthode pour le faire ? Est-ce organique ? Suffit il de se retrouver ensemble pour être "organisé·es" ? Éléments de réponse par les Industrial Workers of the World, syndicat fondé en 1905, connu pour ses règles démocratiques, sa transparence, son internationalisme et son usage actif de l’action directe des travailleurs et des travailleuses. Cet article fait partie d’une série « L’organisation basée sur les relations » initialement publiée en anglais sur le blog firewithfire.blog d’un membre de l’IWW (Industrial Workers of the World) et traduit par les IWW Bruxelles. Le refrain le plus courant en matière d’organisation est que « tout est question de relations ». Cette phrase sonne suffisamment juste pour que tout le monde l’accepte en surface, mais elle est suffisamment vague pour que chacun·e l’interprète en fonction de ses propres croyances et des besoins du moment. Sous les mots de cette phrase se cachent des conceptions éloignées et souvent contradictoires de ce qu’est réellement l’organisation. Quel rôle les relations jouent-elles dans l’organisation ? Quel genre de relations voulons-nous alors que nous luttons les un·es à côté des autres pour un monde meilleur ? Grâce à ma propre expérience d’organisation sur le lieu de travail et au développement d’idées avec des collègues organisateurices, j’ai réalisé que les relations jouent un rôle bien différent de ce que l’on pense généralement, de ce que l’on discute dans les livres et articles sur l’organisation et de ce que l’on enseigne dans les formations sur l’organisation. Le rôle des relations dans la plupart des approches d’organisation est souvent instrumentalisé d’une manière qui contraste fortement avec ce que je considère maintenant comme une organisation de base, solide. J’en suis arrivé à la conclusion que le pouvoir d’organiser et d’entreprendre des actions collectives émerge des relations entre les personnes sur leur lieu de travail et dans leur communauté. La relation est elle-même la substance primordiale d’où émergent le pouvoir et l’action. Ce n’est pas l’idée, ni le sentiment, ni le niveau d’organisation formelle, ni les conditions matérielles. Ou plutôt, les idées, les sentiments, l’organisation et les conditions matérielles prennent un sens et un rôle dans la construction et l’exercice du pouvoir des travailleureuses dans la mesure où ces aspects font partie des relations sociales humaines. La relation est primordiale ! « L’organisation basée sur les relations » [Relationship-based organizing] est le terme que j’ai fini par utiliser pour résumer toutes ces idées. L’organisation basée sur les relations n’est pas un ensemble spécifique de techniques, de stratégies, d’objectifs, d’analyses du pouvoir ou de programmes politiques. C’est une lentille à travers laquelle on peut voir et se rapporter à toutes ces choses. Pour distiller...