Le vendredi 19 janvier, le gouvernement belge a annoncé qu’il participerait à la coalition occidentale menée par les Etats-Unis en Mer Rouge. La Belgique a indiqué qu’elle enverrait une frégate dans la cadre de la mission européenne de « protection de la liberté de navigation », alors que les régions du Proche et du Moyen-Orient sont au seuil d’une escalade inédite. Depuis le 3 décembre, les Houthis bloquent les navires israéliens, ou ceux amenant du matériel en Israël en passant par la Mer Rouge. En solidarité avec le peuple palestinien et sa résistance, les Houthis ne s’attaquent qu’aux navires liés à Israël et laissent passer les autres. Leurs opérations n’ont jusqu’ici fait aucun mort.

Les Houthis, de leur vrai nom AnsarAllah (les partisans de Dieu), sont un groupe politique et armé de la minorité Chiite, du courant Zaïdisme, au Yémen. Ils se sont fondés en 1994 à la suite de la réunification du Yémen pour défendre les aspirations culturelles des Zaïdistes au sein du pays à majorité Sunnite.En 2004, les Houthis sont entrésen insurrection armée avec le régime autoritaire de la république du Yémen. A l’issue de la guerre civile qui a commencé en 2014 après la révolution populaire yéménite dans le sillage des Printemps Arabes, les Houthis ont pris le contrôle d’une large partie de l’Ouest du Yémen, dont la capitale Sanaa.

Depuis début décembre, les Houthis ont mené plusieurs dizaines d’attaques contre des navires israéliens en solidarité avec la Palestine. Par ces actions militaires, les Houthis entravent le transport de marchandises, ce qui provoque des pertes économiques importantes pour Israël. Les Houthis ont bloqué et attaqué des navires israéliens passant par le détroit de Bab el-Mandeb, une zone importante pour le trafic maritime mondial, où transite 12% du commerce maritime. Leurs actions remettent également en cause la domination maritime occidentale en Mer Rouge.

Le 23 janvier 2024, la résistance irakienne a annoncé rejoindre les Houthis dans le blocage maritime. Elle a par ailleurs indiqué que ses actions militaires ne s’arrêteraient pas avant « […] que le siège injuste de la bande de Gaza soit levé et que l’horrible massacre du sionisme à l’encontre des habitants de Gaza cesse. » Déclaration du secrétaire général, Abu Ala al-Walaei, des Brigades Sayyid al-Shuhada, impliquées dans la résistance irakienne.

Fin décembre, une coalition internationale menée par les États-Unis a été mise sur pieds : les « Gardiens de la prospérité ». Ses objectifs ? Empêcher les Houthis d’avoir un impact sur Israël, sa guerre, mais aussi sur le commerce maritime mondial. Cette coalition internationale sert pleinement les intérêts impérialistes de l’Occident qui, en plus de soutenir le génocide en cours, souhaite pouvoir continuer le business as usual. Si une coalition internationale a été montée si rapidement, c’est précisément parce que l’action des Houthis a un impact économique et géopolitique réel.

A la mi-décembre, plusieurs multinationales du transport maritime avaient annoncé ne plus envoyer de navire en Mer Rouge. Depuis la fin décembre et la mise en place de la coalition, des bateaux et cargos ont repris leurs trajets en Mer Rouge. Le transit dans la région reste sérieusement impacté.

Le trafic par le détroit de Bab el-Mandeb a chuté de 70%. Ceci a une implication sur de nombreux pans de l’industrie occidentale. En provoquant des retards et des blocages, les attaques entraînent des pénuries dans certains secteurs. Tesla, Ikea, Volvo, … : autant d’entreprises qui ont annoncé des arrêts de productions et/ou des retards à cause de la situation en Mer Rouge. Cela provoque un surcoût de 60% pour le transport maritime, dont 20% pour le carburant (à cause des détours à opérer) [1].

Le vendredi 12 janvier, alors que le Yémen a une situation humanitaire des plus difficile, des bombardements y ont été menés par les États-Unis et l’Angleterre, avec le soutien du Canada. Interpellé au sujet de ces bombardements et sur leur efficacité, Biden, le président des États-Unis, a répondu « Est-ce qu’elles arrêtent les Houthis ? Non. Est-ce qu’elles vont continuer ? Oui  » . Ces attaques ont déjà tué plusieurs personnes. Ce 23 janvier, la coalition menait de nouveaux bombardements.

Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable des Houthis, a déclaré à ce sujet : « L’agression américano-britannique ne fera qu’accroître la détermination du peuple yéménite à assumer ses responsabilités morales et humanitaires envers les opprimés de Gaza. Chaque partie ou individu dans ce monde est confronté à ce choix : soit préserver son humanité et se tenir aux côtés du Yémen, soit perdre son humanité et se tenir aux côtés de l’alliance américano-britannique. »

Depuis le 7 octobre, la situation géopolitique mondiale se transforme, sur la question palestinienne, mais aussi sur l’influence politique, économique et militaire de l’Occident au Proche et Moyen-Orient. Aujourd’hui, la Palestine n’est pas seule à résister au colonialisme et à l’impérialisme occidental au Proche-Orient.

L’Axe de la Résistance* ainsi que le développement de l’influence des impérialismes russe et chinois sont des facteurs qui entraînent le recul de l’Occident au Proche et Moyen-Orient. De son côté, la Belgique a choisi son camp en intervenant militairement en Mer Rouge. Soutenir la guerre et le génocide israélien ainsi que les intérêts globaux occidentaux, contre le reste du monde.

Par ailleurs, notre premier ministre Alexander De Croo déclarait récemment dans les médias « Je ne vois pas de quelle manière cela nous engagerait sur ce qui se passe à l’intérieur du Yémen » . Comment ne pas voir où est le problème lorsque les plus grandes puissances du monde s’attaquent au Yémen qui s’oppose aux massacres perpétrés par Israël ? Comment ne pas voir où est le problème et la responsabilité de la Belgique alors qu’elle a vendu pour des millions d’euros d’armes à l’Arabie Saoudite. Ces armes ont servi et servent à tuer des civils par centaines de milliers au Yémen. On estimait, à la fin de l’année 2021, que plus de 377 000 personnes étaient des victimes directes et indirectes du conflitau Yémen, conflit favorisé et mené en partie par l’Arabie Saoudite [2].

En Belgique, l’avocate Selma Benkhelifa a initié une pétition appelant le gouvernement belge à se retirer de la coalition en Mer Rouge. Vous pouvez la retrouver ici !

« Madame Hadja Labib,

La participation de la Belgique à cette guerre est inadmissible. »

La pétition en cliquant ici !

Légende :
L’Axe de la résistance désigne le nom de l’alliance entre l’Iran, la Syrie et d’autres organisations politiques et armés comme le H@mas, le Hezbollah, les Ansarallah (Houthis), au Moyen et Proche-Orient. Ces organisations et ces Etats s’allient autour de leur résistance à l’impérialisme occidental au Moyen et Proche-Orient.

Sources :

Les chiffres et les estimations sur les impactes sur commerce maritime sont issus de cet article :

1. https://www.europe1.fr/economie/att...
2. https://www.lemonde.fr/internationa...

• https://www.rtbf.be/article/la-belg...
• https://www.rtbf.be/article/plusieu...
• https://www.rtbf.be/article/la-belg...
• https://www.rtbf.be/article/droit-d...
• https://www.rtbf.be/article/l-arabi...
• https://new.thecradle.co/articles/i...
• https://www.rtbf.be/article/attaque...
• https://www.rtbf.be/article/attaque...
• https://www.bbc.com/afrique/article...
• https://www.bbc.com/afrique/article...
• https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerr...
• https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%...
• https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerr...