Article publié par Médor
Textes : Sang-Sang Wu
Quand un jeune étranger arrive en Belgique sans parent (ou sans tuteur légal), se dit mineur et souhaite demander l’asile, il doit passer par la case « Petit-Château ». C’est le centre d’arrivée où tous les exilés s’enregistrent pour demander l’asile. Zico, ancien mineur étranger non accompagné (Mena), en garde un souvenir douloureux. « On m’a fait un examen pour voir si j’avais la tuberculose, on m’a pris en photo, j’ai dû mettre mes empreintes et répondre à des questions pendant des heures. » Il sort de là avec une Annexe 26, un accusé de réception faisant office de carte d’identité temporaire. Le Service des tutelles est alors immédiatement informé de son inscription et, si le jeune est reconnu comme mineur – ce qui n’est pas toujours le cas –, il désigne un tuteur qui deviendra son représentant légal. Cet organisme attaché au SPF Justice doit aussi lui offrir un accompagnement légal, un accès à l’éducation, un hébergement dans une structure distincte de celles réservées aux adultes.
« Les tables de maturation qui sont utilisées en Belgique [pour les tests osseux] reposent sur la base d’une population blanche occidentale. » Centre de référence en santé mentale
Par contre, si un doute est émis quant à la minorité du jeune, par le Service des tutelles ou toute autre autorité comme la police ou l’Office des étrangers, un triple test osseux (radiographie du poignet, de la clavicule et de la dentition) est effectué pour vérifier son âge. Un chauffeur du Service des tutelles vient le chercher et le conduit dans un des quatre hôpitaux habilités à effectuer ces tests. [1] Il s’agit d’une étape critique pour plusieurs raisons. D’abord, c’est un traumatisme supplémentaire pour celui qui se dit mineur. Marcelline Cols, tutrice, se souvient d’un jeune à qui on avait coupé trois doigts, qui avait été abusé sexuellement et avait vu son papa se faire exécuter. « Il s’est fait traiter de menteur, les autorités se sont acharnées sur lui. J’en ai été malade, je l’ai vu se taper la tête contre le mur et ne plus pouvoir dormir. »
Par ailleurs, de nombreux experts médicaux, le Parlement européen et même l’Ordre des médecins remettent en cause la fiabilité de ce triple test. « L’utilisation de radiographies permet de donner un âge à un squelette, qui ne correspond pas nécessairement à l’âge civil. Faire correspondre ces deux âges relève d’une appréciation de diagnostic qui est faillible. D’autant plus que les tables de maturation qui sont utilisées en Belgique reposent sur la base d’une population blanche occidentale. Les origines ethniques, le niveau socio-économique et l’alimentation d’un individu influencent sa croissance, et donc l’âge de son squelette », documente le Centre de référence en santé mentale. [2]
complements article
Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!
Proposer un complément d'info