Ce 2 octobre 2022, une cinquantaine de manifestant·e·s se sont rassemblé·e·s devant les centres fermés Caricole et 127bis à Steenokkerzeel pour témoigner leur solidarité aux personnes enfermées.
En effet, derrière les murs et les barbelés sont retenues plus de 200 personnes, parfois depuis plusieurs mois. Est reproché à ces personnes le simple fait de ne pas être en situation administrative "régulière", alors même que c’est l’Etat belge qui crée cette situation en leur refusant l’asile ou la régularisation.
La menace d’une tentative d’expulsion pèse à chaque instant sur les détenu·e·s.
Encore récemment, nous avons eu échos du cas de Aisha*, une jeune femme iranienne qui avait fui un mariage forcé et s’était retrouvée enfermée au centre Caricole depuis le mois de juillet. L’Office des Etrangers a fait preuve d’un acharnement particulier à son égard en enchainant les tentatives d’expulsion forcée. Aisha a réussi à résister aux trois premières tentatives et à rencontrer suffisamment de soutien des passager·e·s dans l’avion. Mais la gradation de la violence et la détermination de l’Etat belge à l’expulser étaient telles que lors de la quatrième tentative (effectuée quelques heures à peine après la troisième), l’expulsion n’a pas pu être évitée. La RTBF a par la suite diffusé une vidéo dans laquelle Aisha montre de nombreux hématomes sur son corps qui témoignent des violences physiques qu’elle a subi de la part des policiers l’ayant expulsée.
Dans les vidéos prises par les passager·e·s lors de la deuxième tentative d’expulsion, on peut entendre Aisha crier « I just fight for my life, please leave me alone, I’m just a refugee, they want to force me to return back, please do something ! All of you I’m begging you, do something. I don’t want to die, I’m just 20 years old, I don’t want to die ».
La violente expulsion d’Aisha de ce 23 septembre 2022 rappelle tristement le sort de Semira Adamu, jeune femme de 20 ans étouffée par les gendarmes alors en charge de sa sixième tentative d’expulsion vers le Nigeria, le 22 septembre 1998, il y a 24 ans jour pour jour.
Si le cas de Aisha a atteint l’opinion publique, il ne fait cependant pas office d’exception. En effet, tous les jours, des personnes subissent un sort similaire : violences policières, pressions et harcèlement par le personnel des centres fermés, tentatives d’expulsion à répétition... La liste est longue.
Une fois la personne déportée, elle se retrouve dans des situations à risque, sans que la Belgique ne s’en préoccupe.
Au contraire, le gouvernement a annoncé la construction de 3 nouveaux centres fermés en Belgique : l’un situé à Jumet (Charleroi, 200 places), un à Zandvliet (Anvers, 144 places), et un à Jabbeke (devant remplacer celui de Bruges). Ce "masterplan" prévoit donc une forte extension de la capacité de déportation, allant totalement à l’encontre des droits les plus élémentaires des personnes concernées.
Les manifestant·e·s présent·e·s ce jour à Steenokkerzeel devant les centres fermés 127bis et Caricole dénoncent fermement la politique migratoire en place, la criminalisation des personnes sans-papiers et leur enfermement. Ils et elles revendiquent l’abolition de tous les centres fermés et la fin de toutes les expulsions. Comme on peut l’entendre durant la manifestation : « ni frontière, ni nation, liberté de circulation ! ».
* nom d’emprunt
complements article
Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!
Proposer un complément d'info