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Paroles de révoltés

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Préface

Le 1er février 2017 après plusieurs semaines de protestations individuelles et collectives infructueuses contre leurs conditions de détentions, quelques prisonniers de la prison James T. Vaughn (James T. Vaughn Correctional Center) dans l’état du Delaware aux États-Unis se révoltent. Au matin ils prennent contrôle du bâtiment C et s’y barricadent avec les autres détenus et des otages, 3 matons et une travailleuse sociale. Ils demandent à être mis en contact avec le gouverneur du Delaware et les médias pour faire part de leurs revendications sur leurs conditions de détention. Après un siège de 19 heures, les flics de la prison assistés d’une unité tactique et d’un tractopelle reprennent possession du bâtiment. Ils y retrouvent un des matons mort.

18 des prisonniers seront poursuivis pour cette révolte et le meurtre du maton (une partie des détenus dans le bâtiment ayant décidé de ne pas prendre part à la mutinerie). Durant la révolte les émeutiers étaient masqués, le bâtiment a été inondé et de nombreux objets et vêtements ont été brûlés ou aspergés d’eau de javel. À l’exception d’un des inculpés qui a tourné balance en choisissant de collaborer avec l’accusation, les 17 de Vaughn (‘Vaughn 17’) ont toujours tenu un défense solidaire et revendicative. Face à cette détermination et malgré ses meilleurs efforts et les différentes poukaveries [1] l’accusation n’obtiendra que deux condamnations. Les deux condamnés qui ont revendiqué la révolte et en ont accepté la responsabilité étaient déjà sous le coup de peines de perpétuité qui ne leur laissaient aucun espoir que l’institution judiciaire leur rende un jour leur liberté. En plus d’avoir mis à mal la toute puissance de la prison les 17 de Vaughn ont ridiculisé la justice et sa répression, réduisant son pouvoir de punition à une sanction symbolique d’enfant vexé.

Si les juges et les procureurs ont échoué à exercer la fureur vengeresse de l’état sur les révoltés qui ont eu l’audace de s’attaquer à l’autorité, les matons eux ne se sont pas privés de rappeler, à chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion, que l’état tolère mal que l’on ose rendre des coups. Des 17, un est sorti, un s’est suicidé [2], les 15 autres ont été dispersés dans différentes prisons où administration et matons s’évertuent à faire de leur détention un enfer. Isolement, restriction des parloirs et des appels à leurs proches, fouilles, harcèlement et tabassage sont la punition sournoise d’un état et d’un système carcéral blessés dans leur orgueil et leur prétendue toute puissance.

Ce qui frappe quand on découvre l’histoire de cette révolte et de ses suites, c’est l’unité et la détermination qui habitent ses protagonistes. Que dans les prisons étasuniennes où la ségrégation sociale et raciale de la société et sa répression sont exacerbées, des prisonniers aux passés et aux assignations différentes se retrouvent liés si solidement par un désir de ne pas se laisser faire et de garder la tête haute, est un témoignage éloquent du potentiel de la révolte à réunir des individualités que tout cherche à atomiser. Qu’en plus ce désir se soit transformé en un projet dans lequel des détenus, considérés comme dangereux, affligés de longues peines et traités en conséquence par la taule, se soient rendus maîtres, ne serait-ce que quelques heures, des murs au sein desquels ils avaient été soumis aux abus de leur geôliers, nous rappelle que les structures de contrôle, même dans leurs formes les plus répressives, sont souvent plus fragiles qu’on se l’imagine. Qu’enfin face aux pressions, aux représailles et à la menace de finir leur vie dans une cellule, ces mêmes prisonniers aient fait front en se soutenant les uns et les autres et en continuant aujourd’hui encore à revendiquer fièrement l’émeute à laquelle ils ont pris part, démontre encore une fois qu’il est non seulement possible mais nécessaire d’assumer la révolte quand la répression semble être à son plus fort.

Les textes qui suivent sont des traductions des paroles des 17 de Vaughn d’abord rassemblées dans deux brochures en anglais Live from the Trenches (2018) et United We Stood (2021). La première compile des lettres écrites à peu près un an après la révolte et avant que les différents procès n’aient eu lieu tandis que dans la seconde les révoltés s’expriment alors qu’ils ne sont plus menacés par les suites judiciaires de la mutinerie. Plutôt que de suivre un ordre chronologique strict le choix a été ici de rassembler les contributions par personnes lorsque celles-ci ont participé aux deux brochures.

Traduire c’est déformer, cette brochure n’y échappe pas. Malgré ses meilleurs efforts la.e traducteur.rice injecte forcément un peu de son langage et de sa subjectivité, c’est encore plus vrai ici où un dizaine de voix différentes passent toutes par l’entonnoir de l’esprit d’un.e seul.e traducteur.rice. Malgré la volonté de rester fidèle au ton de chaque lettre, une partie de ce que la langue porte de références explicites ou non se sera malheureusement perdue en route. L’ambition de cette brochure étant de tout de même réussir à retranscrire l’esprit de révolte et de défi qui n’a jamais cessé d’animer les paroles des 17 de Vaughn.

Il a été décidé de traduire et de publier l’intégralité des contributions écrites aux deux brochures en anglais sans faire de tri ou de sélection. Cela se fait au détriment de l’émergence d’un message ou d’une analyse claire et cohérente mais au profit de la représentation d’un projet collectif où les individualités se rejoignent mais ne s’uniformisent pas pour autant. Tous les textes ne résonneront sûrement pas avec la même intensité à la lecture. Les idées et les perspectives des personnes qui les écrivent proviennent évidemment de vécus et des réflexions différentes et parfois divergentes. On ne se sentira donc sans doute pas la même affinité avec tous mais il semblait plus juste d’en restituer la totalité. Parce que la révolte n’a pas qu’une seule source qui serait pure et infaillible, parce qu’elle peut se trouver partout et qu’elle n’appartient pas à un camp ou à une idéologie. La diversité des idées et des personnes qui se sont retrouvées pour mettre en échec la machine carcérale le 1 février 2017 à la prison James T. Vaughn en est la preuve.

D’ailleurs il est important de préciser que si ici certaines de ces personnes s’expriment et sont, de fait, mises en avant en leur nom, ce n’est pas avec les individus que l’on voudrait voir la solidarité s’exprimer mais avec leur acte. Comme l’un d’entre eux le rappelle : « je se ne suis qu’un homme et je galère comme n’importe quel autre ». Même si, l’on peut trouver de l’inspiration dans cette révolte, on se tromperait à vouloir en faire des héros ou des sujets révolutionnaires parfaits, d’autant plus qu’eux même réfutent ce statut. La volonté de cette traduction n’est pas d’ajouter à la liste des martyrs ou des histoires révolutionnaires vitrifiées par le temps et la distance mais de partager un exemple, à la première personne et au présent, du potentiel ouvert par la complicité des révoltés.

Abednego Baynes

Tiré de Live from the trenches

13 Janvier 2018

Comment ça va ? De mon côté, je vais bien et je travaille dur pour me préparer à mon procès et être sûr que je fais tout ce que je peux pour me prémunir des injustices auxquelles je risque de faire face. Je voudrais vous remercier vous et tou.te.s celleux qui bossent avec vous pour envoyer de l’amour et du soutien à tou.te.s celleux qui en ont besoin. Ce monde que vous imaginez pourrait un jour devenir notre réalité. Dans l’espoir que chaque personne qui a déjà été opprimée puisse trouver sa force et garder la tête haute. N’hésitez pas à m’écrire encore, c’est un geste que je respecte beaucoup et que j’apprécie encore plus.

Avec toute ma solidarité, mon soutien et mon respect.

Aux activistes – Beans (Abednego Baynes)

Tiré de United We Stood

Je ne suis pas ici pour parler de mes galères en tant que personne incarcérée ; sachez juste que si vous ne galérez pas c’est que vous ne luttez pas. Je suis ici pour parler d’un problème plus important qui est dur à regarder et encore plus dur à comprendre. Pourquoi les activistes symboliques se sentent si légitimes et meilleur.e.s que tout le monde ? On ne se bat pour la même chose. Iels se battent pour s’intégrer et les gens comme nous qui prenons des risques et faisons des sacrifices nous battons pour mettre un terme à ces institutions oppressives. Notre guide n’est pas une personne, c’est le désir d’un changement significatif et durable. Qui leur a donné l’autorité pour nous dire comment nous devrions ou ne devrions pas obtenir des résultats !? Nous sommes en guerre et iels resteront toujours dans la péroraison. Ce n’est pas une relation interdépendante, nous n’avons pas besoin de soutien symbolique et de langue de bois parce que nous ne recherchons pas de voie de sortie ou de compromis. Nous n’aspirons à rien de moins que la libération totale et la chute de ces institutions et de celleux qui les maintiennent. Si vous vous opposez à nous, nos efforts ou les manières par lesquelles nous obtenons nos résultats alors vous faites partie de l’opposition. Je me demande souvent si iels comprennent qui leur a construit et offert leur plateforme ; si ce n’est pas le cas le peux leur dire : ce sont celleux qu’iels condamnent pour fayoter auprès de leurs oppresseur.euse.s à chaque fois qu’une caméra apparaît ou qu’on leur colle un micro devant la bouche. Sans nous iels n’existeraient pas, mais même sans elleux nous serons toujours là. Nous ne sommes pas derrière des micros parce que nous avons encore des choses à dire, il n’y a pas de compromis. C’est tout ou rien, et rien c’est rien tant que nous n’avons pas tout !

Beans

Kevin Berry

Tiré de Live from the trenches

24 Mai 2018

J’espère que cette lettre vous trouvera dans la meilleure des formes. Quand à moi, je me porte plutôt bien. Je voudrais m’excuser d’avoir mis autant de temps à répondre. Il s’est passé plein de choses dans cette affaire sur lesquelles j’avais besoin de me concentrer. Comme le fait que le procureur ait décidé de rendre les déclarations des témoins dans l’affaires secrètes jusqu’au procès. (SMH [3]). Nos avocat.e.s auront accès aux déclarations mais iels ne pourront pas nous les lire, nous les envoyer ou nous en dire quoique ce soit jusqu’au procès. Toute l’affaire repose sur ces déclarations donc nous en priver c’est de la connerie. Les avocat.e.s qui nous ont été donné.e.s par l’état n’en foutent pas une pour nous. J’ai fait une demande pour renvoyer mon avocat.e mais elle a été refusée par le juge. On nous force à travailler avec ces avocat.e.s. Je suis aussi en train d’écrire des trucs destinés à être publiés dans la brochure « Innocent 18 » [4]. Au fait, l’un d’entre nous a décidé de devenir un indic (SMH). J’en parle dans la lettre que j’envoie pour la brochure.

Oui, toute cette affaire c’est de la merde, ils sont vraiment en train se préparer à nous faire plonger (SMH). En plus on est opprimés au quotidien par les gardes et on est enfermés 23 heures par jour depuis qu’on a été mis en examen. Les lettres et les brochures qu’on reçoit de groupes comme le vôtre nous aident beaucoup en ces temps difficiles. Ça nous touche beaucoup. Aussi, si il y a quoique ce soit dans les lettres que je vous écrit qui vous paraît pertinent pour la brochure, vous avez ma permission de le publier et vous pouvez utiliser mon nom. Je n’ai rien à cacher…

Amour et Solidarité

Kevin

11 juin 2018

Je voudrais poser une question à tou.te.s celleux qui lisent cette brochure. Cette question est surtout destinée aux personnes noires, mais quelque soit la couleur vous savez de quoi je parle. Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui les noir.e.s continuent à être des nègres de maison ? Ma définition de nègre de maison c’est : une personne noir.e (homme ou femme) qui opprime et agresse (mentalement, physiquement et sexuellement) sa propre communauté pour apaiser son maître (l’esclavagiste). Au bout du compte le nègre de maison sera toujours traité par ses maîtres comme les autres nègres de la plantation. Il n’y a donc aucun bénéfice à être un nègre de maison.

Alors pourquoi des noir.e.s sont iels devenu.e.s des nègres de maison si il n’y a aucun bénéfice à en tirer ? J’ai toujours du mal à comprendre. Est-ce qu’iels agressent et oppressent les leurs pour leur propre bénéfice ou pour leur plaisir ? Dans le dernier cas c’est triste. Oui les nègres de maison existent encore. Vous en croisez probablement tous les jours. Que vous le sachiez ou non, ils sont là. On les appelle balances, poukaves, mouchards, flics, etc. Ce sont les nègres de maison des temps modernes. Ils vont livrer les leurs pour rien. (SMH). Des types deviennent des poukaves sans raison. Ils mentent pour charger d’autres gars et échapper à la taule pour leurs affaires de tarés, ensuite ils rentrent chez eux, puis ils retournent en prison, ils deviennent addicts, ils continuent à balancer pour rester en liberté ou alors ils se font tuer dans la rue comme ils le méritent. Tout ça ne vaut pas le coup d’envoyer des gars innocents en prison, de les enfermer, de les arracher à leur famille et de les envoyer dans ces plantations des temps modernes où ils seront brutalisés, mentalement et physiquement par les flics. Pourquoi est-ce que les noir.e.s – et en fait tout le monde – continuent à se faire ça les un.e.s aux autres pour apaiser l’homme blanc (juge, procureur, policier ou maton) qui veut nous maintenir enchaînés.

Je parle de tout ça parce que je vois bien ce qu’il se passe. Combien est-ce que tu connais de bon gars qui sont enfermés parce qu’une balance a décidé de faire le boulot de l’homme blanc à sa place ? On se met nous même dedans – et on continue à s’entre-tuer – pour quoi ? À tous les frères qui me lisent, il faut qu’on arrête de s’opprimer les uns les autres pour apaiser l’homme blanc. Ces plantations ne seraient pas si pleines si nous arrêtions de nous y mettre nous même, si on laissait les flics faire leur boulot sans les aider. Réfléchis : Est-ce que t’en serais là si ce n’était pas à cause d’une balance ? Non, pas vrai ? Y a plein de bon gars qui n’y seraient pas non plus.

Je dis aussi ça parce qu’il y a un nègre de maison des temps modernes dans les “Innocent 18”. Il faut que vous sachiez ce qu’il se passe dans notre affaire. Si vous n’êtes pas encore au courant voilà l’histoire. On est 18 types à être poursuivis pour la révolte, ou l’émeute qui a eu lieu dans le Delaware en 2017. Un maton a été tué et plusieurs autres blessés. Si on parle d’innocence dans « Innocent 18 » c’est parce que nous le sommes. Sauf qu’un des gars (Royal Downs) a décidé de devenir une balance, une poukave, un indic, et un nègre de maison des temps modernes. Ce qui est fou c’est que c’est un grand garçon de 50 ans avec une peine de perpétuité. Au lieu de tenir ses couilles comme un homme, il préfère aider l’homme blanc à descendre les siens, alors qu’il les sait innocents. Mais comme il s’est bêtement chargé lui-même, il a menti pour nous charger aussi, sauf que cet abruti est quand même poursuivi au final. Il ne s’est pas juste mis dans la merde lui-même mais il a menti pour en entraîner d’autres dans sa chute – des innocents en plus (SMH). Il a dit aux procs qu’il veut juste être transféré dans une autre prison ! Quoi !? Il ment et met nos vies en danger juste pour un transfert. Il préfère continuer à mentir et menacer des types qui sont proches de la fin de leur peine au risque de les replonger dans la plantation à vie. Mais ça n’arrivera pas. On va se battre parce qu’on est innocents.

Kevin Berry

PS : Aux 17 innocents restants, gardez la tête haute et soyez forts. Amour, loyauté et solidarité. Souvenez-vous : Les vrais renois tiennent bon et résistent. Les baltringues plient et fuient.

11 juin 2018

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Je vous écris ce petit mot parce que je veux vous donner de mes nouvelles et expliquer pourquoi cette lettre n’est pas partie à temps. J’espère qu’elle n’arrivera pas trop tard pour la brochure. Le dessin avec est aussi pour la brochure. En fait j’avais la lettre prête à être envoyée mais avant que je puisse l’envoyer je me suis fait embrouiller par un maton et j’ai fini par me faire tirer dessus, électrocuter par un bouclier anti-émeute [5] et tabasser par les matons deux fois. Depuis je me soigne et j’essaye de me remettre sur pieds. Je suis en grève de la faim depuis six jours maintenant. Je ne compte pas m’arrêter tant que je n’obtiens ce à quoi j’ai droit. Je me suis fait tabasser le sept et le huit juin. Je vous tiendrai au courant. Pour le moment ça va. Je suis toujours dans la lutte. Mon esprit est plus fort que mon corps donc j’ai la volonté pour tenir encore un long moment. Je suis encore désolé d’avoir mis de temps à répondre. Je n’ai pu récupérer mes affaires qu’aujourd’hui et je suis encore au trou à l’heure où je vous parle. Je voulais être sûr que vous ayez ma réponse. J’espère avoir de vos nouvelles. Prenez soin de vous.

Solidarité, amour et loyauté.

Kevin Berry

PS : Il y a des frères qui cherchent des avocat.e.s pour s’occuper de leur affaire pro bono [6]. Certains d’entre nous – moi y compris – avons décidé de nous défendre nous même. C’est parce qu’on refuse d’utiliser les avocat.e.s qui sont fourni.e.s par l’état parce qu’iels bossent contre nous. [...]

Quelques questions aux abolitionnistes (Kevin Berry)

Tiré de United We Stood

J’entends qu’il y a des gens qui voudrait un monde sans gouvernement. Moi aussi je suis de ces gens qui voudraient voir un monde sans gouvernement ni police. Mais la majorité de ces gens ne sont pas honnêtes avec elleux même et n’ont pas une vision d’ensemble.

Demandez-vous simplement : est-ce qu’un.e citoyen.ne ordinaire pourrait survivre dans un tel monde ? Je crois que les personnes qui ont traversé des épreuves dans leur vie, qui ont grandi sans rien, dans la rue, pourraient survivre dans un monde sans gouvernement ni police, parce qu’iels ont déjà vécu et survécu dans un monde sans ces choses là. Quelle serait la solution pour les individus qui violent ou violentent des femmes et des enfants, comment seraient-ils gérés dans ce monde ? Les gens sont-iels prêt.e.s à employer la violence physique pour gérer des cas comme ça ?

Quant à se débarrasser du gouvernement ma suggestion serait que les gens devraient créer un nouvel ensemble d’accords entre elleux. Un ensemble qui corresponde à notre époque. On vit actuellement sous une constitution qui a été écrite le 04/07/1776 par une bande d’esclavagistes européens. Cette constitution n’a donc pas été créée en prenant en compte les personnes de couleur, c’est une constitution qui a été créée pour protéger les blanc.he.s, c’est une constitution qui considère les gens de couleur comme une fraction de personne. Pourquoi donc les noir.e.s et les populations indigènes continuent à vivre selon une constitution qui les considère moins qu’une personne.

Aujourd’hui on se demande partout pourquoi le monde est comme il est pour les gens de couleur. Et si nous nous débarrassions totalement du gouvernement, comment est-ce que tu survivrais dans ce monde ? Est-ce que ta famille et tes proches survivraient dans ce monde ? Si en lisant tu penses que je suis en train de vriller, pose-toi et pense aux citoyen.ne.s ordinaires comme ta famille et tes proches, pourraient-iels survivre dans un monde pareil ? Je sais, sans aucun doute, que les miens en seraient capables, est-ce que tu peux en dire autant ?

J’ai la haine contre n’importe quelle forme d’autorité donc s’il te plaît ne confond pas ce que je dis avec une défense du gouvernement, ce n’est clairement pas le cas. Qu’est-ce que t’es prêt.e à faire et de quelles compétences tu as besoin pour y arriver ? Je suis juste honnête...

John Bramble

Tiré de Live from the trenches

17 janvier 2018

Comment ça va ? Je viens juste de recevoir votre lettre aujourd’hui et ça fait du bien de savoir que je ne suis pas seul. Vous savez dans des moments comme ça j’ai besoin de tout le soutien que je peux avoir. Je suis sûr que vous savez déjà que certains de mes camarades ont déjà reçu des lettres de l’ABC [7] et j’étais justement en train de vous écrire quand j’ai reçu ce courrier aujourd’hui. J’ai lu votre guide pratique de 2018 et je crois qu’on partage pas mal des mêmes idées. Dans le guide je cherchais quelque chose qui parlait de John Brown [8]. Je n’ai rien trouvé donc si vous pouviez m’envoyer des trucs sur lui. Pour le moment je ne peux pas parler de la révolte parce que l’affaire est toujours en cours. J’espère que vous pourrez le comprendre. Mais j’aimerais quand même vous donner un aperçu de ce que nous traversons en ce moment.

Du coup, ils ont séparés les 18 que nous étions en deux groupes de 9. Chaque groupe est dans une prison différente. Ils ont complètement vidé un bloc juste pour nous. Ils sont en train d’installer 10 nouvelles caméras. Chaque caméra est pointée sur l’une de nos 9 cellules. On pense qu’elles ne font pas que de la prise d’image mais qu’elles enregistrent l’audio également. Ils veulent voir et entendre tout ce que nous faisons. Ils ont écrit un nouveau règlement juste pour nous, notre bloc a ses propres règles qui ne sont pas celles du reste de la prison. En plus de ça il faut qu’on gère avec les matons qui disent de la merde et qui nous ciblent à chaque fois qu’ils en ont la chance. Ça les fout vraiment en rogne de voir qu’on se sert les coudes et qu’on fait front ensemble, ils ne le supportent pas. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour nous séparer mais ils n’y arrivent pas. Tout ça ne fait que me rendre plus fort. J’occupe mon temps à faire du sport, étudier et dessiner. Et une fois de temps en temps déconner un peu avec les gars. C’est à peu près tout. Il n’y a ni télé, ni radio et on a le droit qu’à un coup de fil par semaine donc autant me dire que c’est une occasion de travailler sur moi-même non ? Mais peu importe ce que je me dis la réalité fini toujours par revenir et c’est dans ces moments que je pense à toutes les personnes qui nous ont contacté et montré leur amour et leur soutien, alors je comprends que ce n’est pas fini ! Donc merci ! S’il vous plaît passez mes infos à n’importe qui qui voudrait m’écrire. Et n’hésitez pas à me répondre. D’ici la prochaine fois, gardez la tête haute, et faites attention à vous car le combat n’est pas fini.

En solidarité

Johnny

Il faut que quelque chose cède ! (John Bramble)

Tiré de United We Stood

J’écris en 2020, année d’élection et de loin la plus agitée que je n’ai jamais vu. Que ce soit Trump qui tweet des incitations à l’insurrection, le covid-19 ou un énième flic tuant un noir désarmé, 2020 a continué à souligner un système de deux poids, deux mesures, et nous a encore fait la démonstration de la nécessité de s’en débarrasser. On se retrouve avec des gens de tous horizons qui descendent ensemble dans la rue pour réclamer le changement.

Comme tou.te.s ceux dehors qui se bougent, moi aussi j’ai envie de changement. Je ne vois juste pas le rapport entre le vote et ce changement. Comment un nouveau président va-t-il mettre fin aux meurtres commis par les flics ou offrir une égalité réelle à tout le monde ? On vit dans un état capitalisme qui a littéralement besoin d’une communauté opprimée pour prospérer. Ma question pourrait laisser penser que je me satisfait d’avoir Trump comme président, rien n’est moins vrai. Je veux juste montrer que peu importe qui est au pouvoir, le système continuera à fonctionner exactement comme il est censé le faire.

Tu vois, c’est une de ces vérités difficiles que les gens refusent d’accepter. Que ça nous plaise ou non ce système dans lequel on vit n’est pas déréglé. Au contraire, il tourne parfaitement aux yeux de ses créateurs. Ceux là même qui sont idolâtrés par les personnes pour lesquelles on est censé.e.s voter.

Que ce soit le droit de vote, l’éducation, la déségrégation ou tout ce pourquoi les gens se sont battu.e.s et sont mort.e.s, ces changements n’existent que sur le papier. Par exemple, même si tout le monde a le droit de vote il y a des lois spécifiquement faites pour cibler une certaine catégorie de citoyen.ne.s américain.e.s qui, une fois condamné.e.s sont empêché.e.s de voter ; et rien ne change vraiment.

Puis il y a la ségrégation raciale. Même si ils disent que c’est illégal, est-ce que ça l’est vraiment ? Pense-y, qu’elles soient géographiques, économiques ou institutionnelles, les oppresseur.euse.s ont tracés des lignes très claires. Mais pourquoi ? Je veux dire, ces lignes sont indéniables, on ne peut honnêtement croire que c’est une coïncidence. Évidemment pas, c’est intentionnel, notre système carcéral les reproduit et notre département de la justice est structuré autour de ces lignes. Ils enferment et jugent ouvertement les gens selon leur race. Tout dans le DOJ et le DOC [9] en dépend. L’Amérique blanche se met enfin à reconnaître que c’est un fait et que le racisme systémique est bien réel. On parle partout de réforme de la police à cause de ces vidéos de violences ou de meurtres policiers qui sont sorties. Tu sais ça me fait marrer quand je vois tous ces ‘gens important.e.s’ faire comme s’iels étaient choqué.e.s de ce que montre les vidéos, comme si iels n’en savaient rien alors qu’iels travaillent au côté de la police depuis des années. Ce n’est que parce que c’est filmé qu’iels reconnaissent que quelque chose ne va pas.

Si je parle de tout ça c’est parce que je veux illustrer ce qui se passe dans nos systèmes carcéraux. On voit bien que c’est grâce aux images que les agissements des porcs sont remis en question. Pas vrai ? Parce que, soyons francs, sans ça les tabassages et les meurtres sont complètement ‘justifiés’ parce que personne ne contredit les flics. La vérité devient ce qu’iels en racontent.

En taule c’est la même chose en dix fois pire. Les porcs font ce qu’iels veulent quand iels veulent sans aucune forme de conséquence ou de répercussion pour leurs actions. Il n’y a personne ici pour filmer ou remettre en question, et même si c’était le cas, les ‘gens important.e.s ’ qui dirigent ici ont commencé en bas de l’échelle, il y a toutes les chances qu’iels aient fait la même chose à l’époque ou qu’iels approuvent ce genre d’agissements. Les prisons n’ont pas seulement été conçues pour nous isoler mais pour dissimuler ce qui nous arrive à l’intérieur. Le manque de transparence vis-à-vis du public n’est pas un accident mais un élément intentionnel de ce à quoi les prisons servent. C’est comme s’iels avaient carte blanche pour faire ce qu’iels veulent. Iels se servent de cette réalité pour justifier leurs tactiques de torture sadiques. Simplement parce qu’iels savent qu’iels ne risquent rien. Mais c’est nous, les prisonnier.ère.s qui sommes présenté.e.s comme des monstres et des sauvages.

C’est pour ça que ces institutions doivent être détruites. Ce que je veux dire c’est que le système qui nous gouverne est conçu pour ne pas faillir. Il a une façon de s’auto-corriger quand quelque chose est altéré d’une manière qui ne sert pas sa survie. De là, nous affrontons un système qui n’a absolument aucune envie de perdre, et qui attend de nous que nous le combattions avec les armes qu’il daigne nous autoriser. Il faut que quelque chose cède, parce que les vrais monstres ne nous donneront pas les outils nécessaires pour les détruire. D’ici à ce que le collectif trouve une voie, continuez à tenir bon et à vous éduquez. À la prochaine !!!

Sacrifice – Capo

Tiré de United We Stood

Tant que celleux qui luttent contre le fascisme sont anti-violent.e.s le fascisme gagnera toujours. Je crois fermement que les révolutions naissent dans le sang. Tu ne peux pas avoir de renouveau, de renaissance, sans la mort. Le modèle actuel de la civilisation telle qu’on la connaît doit mourir avant de pouvoir changer. Tant que nous laissons les marionnettes des législateurs nous tuer impunément, nous ne pouvons pas gagner. Pour chaque personne que les keufs tuent nous devons tuer deux des leurs. La guerre civile ça fait peur. Mais, sans elle, aucun changement, réel et durable, n’aura lieu.

Les gens parlent comme si l’incarcération de ces porcs meurtriers allait apporter la justice à nos mort.e.s. Ces victimes ne reviendront pas. Leurs familles devront toujours supporter la douleur d’avoir perdu quelqu’un.e qu’elles aiment. Et iels continueront à mourir tant que les meurtriers n’auront pas à faire face aux conséquences réelles de leurs actions. Vous pensez que Chauvin [10] en chie ? Au moins lui il est encore en vie. Moi je sais qu’un flic hésitera plus à appuyer sur la détente si il sait que sa vie est en jeu plutôt que celle de la personne sur laquelle il tire.

Il y a beaucoup de gens qui essayent de faire ‘évoluer’ ce pays en quelque chose de mieux. Je pense que cet état d’esprit est défaillant. Quand il y a des mauvaises herbes dans un jardin on ne les arrache pas simplement. On les déterre à la racine. Dans ce cas les racines de ce pays c’est la constitution. N’importe quelle école de pensée qui divise les personnes en fractions est dysfonctionnelle. Rien de pur ne se développera tant que c’est planté dans ce jardin. Il faut que nous réécrivions la constitution de sorte qu’elle nous unifie et qu’elle nous apporte l’égalité à tou.te.s. Il nous faut un nouveau jardin. Et on ne peut pas leur laisser le choix.

Sacrifice. Un mot qui porte le poids du monde. Jusqu’à ce que nous soyons prêt.e.s à tout sacrifier, y compris nos vies, pour obtenir un changement, un monde meilleur pour nos enfants, rien ne changera pour de bon. La conscientisation, le militantisme et les manifestations apportent de la clarté à des choses qui sont intentionnellement laissées obscures. Mais ce ne sont qu’une ÉTAPE vers le changement. Il faut que nous déterrions les mauvaises herbes. Qu’est-ce qu’il faudra pour tu sois prêt.e à te sacrifier pour le futur ?

Capo

L’importance de l’amour dans la lutte – Luis

Tiré de United We Stood

“We need to love each other on purpose.” - Assata Shakur

« Nous devons choisir de nous aimer les un.e.s les autres »

Cher.ère.s camarades,

Pour celleux qui ne le savent pas déjà les mots de cette citation nous viennent de la grande révolutionnaire et ancienne Black Panther, Assata Shakur. Si je veux partager cette citation c’est pour souligner l’importance d’apprendre à nous aimer mutuellement plutôt qu’à nous haïr. Non seulement nous devons apprendre à nous aimer comme nous le dit Assata mais nous devons aussi apprendre à nous aimer pour pouvoir initier un changement permanent. Si on y pense, qui nous a même appris à nous haïr au départ ?

Pour moi la haine s’apprend d’abord à la maison puis elle s’intensifie avec le temps, l’ignorance et la pratique. Si nous voulons changer en tant que peuple, il faut que l’on remplace la haine par de l’amour et les malentendus entre nous par de la communication. Plus on communique, plus on se comprend.

Plus on se comprend et plus on a de chances d’apprendre à nous aimer les un.e.s les autres. Plus on apprend à s’aimer et plus on a de chances de s’unir. Plus on s’unit, plus on a de chances d’obtenir des résultats ensemble. Plus on accomplit de choses ensemble, plus on fera de progrès ensemble. Et le meilleur pour la fin, plus on fera de progrès ensemble, plus le changement sera rapide et puissant. Malgré nos origines ethniques et nos différences futiles, il n’y a pas d’ingrédient plus puissant que l’amour. Tout ce que je demande c’est donc que nous nous rassemblions et que nous confrontions nos oppresseurs avec des nombres qu’ils n’ont jamais vu. Au final nous partageons tou.te.s un même objectif, celui de l’égalité, de la liberté et de la justice pour tou.te.s. Et quelle meilleure stratégie pour y arriver que de se rassembler ? Exactement, il n’y en a pas.

Malcolm X a dit : « Le nombre fait la force . » Le moment est venu camarades. Restez militant.e.s ! Restez motivé.e.s ! Soyez Inspiré.e.s ! Aimez plus ! Et le plus important, restez éveillé.e.s ! Tout le pouvoir au peuple !

Luis

Robert Hernandez

Tiré de Live from the trenches

25 janvier 2018

Je préfère mourir en homme libre en prison que comme un esclave brisé dans des États-Unis qui sombrent, divisés par la race, la couleur et la classe. Ce n’est que ce que je ressens personnellement. James Baldwin a écrit : “Les gens qui ferment leurs yeux à la réalité ne font qu’inviter leur propre destruction, et celui qui insiste à rester dans un état d’innocence bien après que l’innocence soit morte devient un monstre.” Je l’écris ici pour le DOC, les forces de l’ordre et le soi disant gouvernement de l’Amérikkke [11] continuent à victimiser, brutaliser et condamner les gens comme moi. Vous m’avez créé, maintenant vous allez devoir faire avec. Si vous me tuez vous deviendrez ce que vous avez créé.

Le nuage qui annonce la tempête

La peur est le momentum qui façonne notre ambition

Entraîné par le mépris, la tromperie et le tourment

Je ne trouve aucun refuge vers lequel fuir et me cacher

Car le vent souffle puissamment et avec lui vient la purification

Dans mes pires moments de faiblesse j’ai trouvé la force

À travers la douleur, l’abandon et l’isolement.

Les morceaux les plus intimes et fragiles de ma pensée

Déformés par l’obscurité de mes geôliers

Arrachant même ma respiration à mes poumons

Je suis la muse de votre duplicité

Au delà de votre contrôle

Le ciel bleu a perdu ses

Rayons d’innocence et de lumière

L’obscurité en a consumé la vision et

Maintenant vient le début de la tempête

Les outils même de votre force destructrice ont donné

Vie à une nouvelle réalité la Peur est devenue colère

L’isolement a couvé l’insensibilité

Et une pure haine alimente son pouvoir

Les nuages de la tempête ont éclos

L’éclair dans sa beauté

Nous consume maintenant tou.te.s

Par cela personne n’est pardonné

Événement de la beauté naturelle

Nous ne sommes que ses pions

Dans l’obscurité

Fais attention aux portes que tu ouvres

Et à ce que tu recherches

Parce que même le plus humble

Peut te toucher

Après tout ce n’est pas ce que tu

Vois dans la lumière

C’est ce à quoi tu ne fais pas attention

Qui dans l’obscurité va

Te hanter

1er mars 2018

Je me bats actuellement pour ma vie dans le Delaware. Cette expérience m’a complètement changé. Je ressens tellement de choses en moi que je veux les exprimer ici et juste parler à quelqu’un qui peut se retrouver dans ma lutte. Je viens de la rue. Je suis né à Tolare en Californie. J’ai vécu à El Paso, Texas, Albuquerque et Las Cruces, Nouveau Mexique. Pendant la majeure partie de ma vie je passais la plupart de mes week-ends à Juarez au Mexique.

Ma vie a été folle depuis le premier jour mais je n’ai jamais compris jusqu’à aujourd’hui la réalité de l’oppression, du racisme et ce pays de dingue ! Je suis Xicano, je ne me considère ni mexicain ni américain, je suis ma propre espèce. Mon ethnie c’est la minorité, si vous voyez ce que je veux dire. Je suis en train de lire vos textes sur l’abolition de la police à Oakland. Je considère ma vie comme anarchiste. J’ai un symbole de l’anarchie tatoué sur l’omoplate gauche depuis que je suis jeune. Sans comprendre vraiment la guerre dans laquelle nous sommes, j’ai été introduit par un système judiciaire qui est loin d’être juste et par une incarcération pleine de préjudice, de haine et de violence. Je ne suis pas parfait, j’ai fait des saloperies, mais ce que j’ai fini par réaliser c’est que je me battais pour les raisons et les conflits qui ne menaient à rien d’autre qu’à la destruction de ma propre existence...

Je me sens plus conscient maintenant et je sais que peu importe ma vie consiste en une incarcération à perpétuité ou une liberté dans la rue, mon objectif reste le même. Je crois en l’égalité et en un monde sans frontières et sans statuts, une vie qui vaut le coup d’être vécue sans les mensonges et les tromperies d’un gouvernement formé sur le suprémacisme blanc, le pouvoir, l’avarice et qui nous apprend à nous satisfaire de l’illusion de liberté ! Je suis fatigué d’être stéréotypé, vu comme un étranger illégal, un membre de cartel, un violeur ou un membre de gang. C’est la question qu’on me pose tout le temps et je ne suis pas membre d’un cartel. Je suis né en Californie je n’ai jamais violé personne et je ne le ferai jamais, je refuse le viol et de quoi j’aurais l’air à 36 ans à mouiller dans les gang ?

Mes ancêtres, ma culture, ma famille ont été violé.e.s et torturé.e.s (génocide), abusé.e.s de toutes les façons possibles par l’Espagne, l’Europe, les pèlerins blancs qui sont venus dans ce pays et ont amené l’esclavage, l’avarice et la destruction des native.f.s américain.e.s, les mêmes blancs supérieurs qui ont envahi l’Afrique et ramené sa population dans ce pays en tant qu’esclaves. Je ne regarde pas la couleur de la peau ou le genre, je regarde la personne ! Parce que c’est ce que nous sommes, un peuple ambitieux, déterminé à se faire une place et à vivre nos vies. Je ne hais pas les blanc.he.s j’suis pas hypocrite, j’accueillerai blanc.he, noir.e, chinois.e, petit.e, grand.e, avec amour pourvu que tu te battes pour les mêmes choses que moi. Je n’accueillerai ni homme ni femme qui me méprise ou qui prêche le racisme comme Trump et les nationalistes de droite au dehors qui recrutent et qui s’arment contre moi !

Je veux vivre pour bien plus, me battre pour bien plus. Je ne me tourne pas vers Dieu pour qu’il me sauve, je puise les forces en moi ! Aidez moi à comprendre et à apprendre pour que je puisse m’armer mentalement. Je veux apprendre et étudier. Cette prison ne m’apprend que dalle si ce n’est une chose : ne jamais se rendre, abandonner ou tomber. Je sais que ces porcs veulent me voir mourir et souffrir. Je sens leur haine, je la vois dans leurs yeux. Je m’en fous de détester ces connards de flics, ils me détestent ! Ils tuent continuellement et s’en tirent parce qu’ils portent un badge. Ils en ressortent avec des parades, des mémoriaux, et des plaques commémoratives mais nous n’avons rien ! On nous jette dans un trou et ciao ! J’ai entendu qu’un gamin de 20 ou 21 ans a été tué par la police à Las Cruces, ils ont traîné son corps comme un déchet ! C’est comme ça que l’Amérikkke me voit, comme un déchet, avec ma famille et mes enfants. Je préfère passer l’éternité dans une cage pour ce qui est juste que de vivre (libre) dans un monde qui cherche à me tuer ou à faire passer mon enfermement pour un acte digne. Je suis déjà libre dans ma tête de toute façon, mon esprit prend son envol même lorsque je suis enfermé en cellule. Vous pouvez prendre ma vie mais vous ne prendrez pas ma voix !

J’ai écrit ça il y a quelque mois :

Je ne peux pas trouver de refuge

Je ne peux pas trouver de refuge, ou ressentir l’amour,

Je ne vois que la douleur et j’essaye de voir au delà

Suis-je oublié peut-on me retrouver

Est-ce que dieu est un mystère est-ce que le salut est là

Je ne veux pas mourir, mais il est dur de vivre

Le diable est sur le seuil et il ne me reste rien à donner

J’ai tout donné

Juste pour un moment

Dieu m’entends-tu, peux tu me libérer

De ce tourment

Apprendre à éviter toutes les tentations

L’âme veut s’envoler

Et pourtant mon corps est prêt à mourir.

Je suis Mexica

Je suis Mexica fier de ma culture

Peau brune, yeux bruns, fierté brune

Esprit guerrier lié au jaguar

Humble mais courageusement libre par volonté

Je ne me laisserai pas esclavagiser

Olmeca Tolteca nous sommes une race ancienne

Leur monde blanc a tenté de tou.te.s nous détruire

De trahir mon peuple, de détruire nos foyers

De nous appeler disgrâce

Que Huitzilopochihi hante vos pensées

Que Quetzcoatl dévore votre monde

Aztlan est mon paradis Aztlan est mon foyer

Des paradis au dessus aux enfers en dessous

Faites le savoir

Je suis Mexica

17 mars 2018

Laissez moi vous racontez ce qu’il est en train de se passer. 18 d’entre nous ont été inculpés le 17 octobre 2017. Il y a beaucoup de propagande qui est sortie de la presse locale. (Vous avez ma bénédiction pour utiliser ce que je vous envoie. Si vous pensez que ça peut aider, servez vous en.) Nos avocat.e.s se sont plaint.e.s qu’iels ne sont payé.e.s que 70$ de l’heure pour nous représentez donc nous nous retrouvons avec la plus nulle des défenses. Mon avocat était procureur avant donc il n’y pas moyen que je parle à ce type, ou que je fasse confiance à quoique que ce soit qu’il puisse dire ou faire. Ça fait plus d’un an qu’ils sont censés construire notre dossier et rien. Les autres prévenus et moi n’avons aucune idée de ce qu’il se passe. L’état refuse de nous fournir autre chose que des excuses bidons [pour ne pas fournir les dossier]. Je n’ai pas senti l’air frais ou les rayons du soleil depuis le 17 octobre 2017. Nous sommes traités très différemment. On est fouillés deux fois par jour et nos affaires sont détruites ou volées. C’est triste parce que ces flics n’en n’ont rien à foutre du maton [qui a été tué pendant la révolte] ; c’est juste une performance théâtrale pour toucher leur salaire. Iels ont ça mais les autres n’ont rien. Si vous lisez la presse locale ou écoutez la radio du coin c’est taré comment ça continue à se passer, la corruption à son apogée. La haine ne vient pas de la mort d’un homme mais du stéréotype, du fait que nous sommes vus comme des incarcérés, un autre mot pour dire esclave.

Je sais que mes jours sont comptés parce que je fais partie de la race de l’unité, de la puissance. J’ai une voix et je sais que nombreu.x.ses sont celleux qui voudraient la faire taire. Les trou du culs voudraient me voir sous contrôle, mais la révolte fait partie de mon identité. Soyez fort.e.s et courageu.ses.x dans cette guerre, parce que c’est pour la vie et le droit de vivre, libre, que nous nous battons.

Je veux que le monde sache que tant qu’existeront la prison, le capitalisme, la présidence de Donald Trump, le racisme, la violence policière, l’oppression, il y aura de la révolte dans les quelque un.e.s qui se sont libéré.e.s.

Je voudrais lire des livres à propos d’histoire, de culture et d’éducation. Je veux vraiment lire les livres de Che Guevara etc. J’ai besoin d’alimenter mon esprit et d’aiguiser la lame qu’est ma langue. Les mots sont affûtés et je veux pouvoir éduquer et libérer autant de gens que possible, façon Billy Graham [12].

Quant à la question de notre défense dans ce dossier, elle est plus politique qu’autre chose. On est des agneaux sacrificiels conduits à l’abattoir. Il n’y a pas de preuves, pas de rapport d’autopsie ou d’élément nouveau, juste un soi-disant témoin qui raconte une fausse histoire pour soutenir le Dept. of Corruptions [13]. Je voulais vous demander si vous pouviez trouver des livres écrits par Carlos Castaneda.

Je cherche aussi des personnes qui auraient les mêmes convictions et idées que moi avec lesquelles correspondre. Plus on est de fous plus on rit. Parmi les 18 que nous étions il y en a un qui est un informateur confidentiel, il n’est plus avec nous. Royal Diamonds Down. Ce lâche a fait six déclarations mensongères particulièrement remarquables et qui ont des conséquences dévastatrices, pourtant il n’y a aucune excuse pour sa faiblesse et son attitude destructrice. C’était quelqu’un que je considérais comme un allié avec lequel j’avais une forte camaraderie. Malgré tout il reste 17 frères militants ici. Quoiqu’il se prépare pour nous il y a de la force dans l’unité, il y a de la loyauté et de l’honneur dans l’altruisme et le sacrifice si petit soit-il. Je vous remercie sincèrement pour votre camaraderie et pour avoir parler de “bad ass”, en réalité je ne suis qu’un homme et je galère comme n’importe quel autre. Nous sommes très ambitieux et déterminés à nous battre pour ce qui est juste, nous sommes égaux et apparemment on partage cet identité.

Nous étions six à être éligibles à une sortie dans les trois ans et ces bâtards nous agitent cette liberté sous les nez comme à des chiens dans un chenil. Il peuvent se la garder, j’ai beau être enfermé et enterré physiquement, mentalement et spirituellement je suis libre. Notre lutte est réelle et on entend toujours que ces connards veulent se venger et blablabla ! Je me fous de comment ils se sentent ou de ce qu’ils veulent parce qu’un jour la vérité sera vue et entendue par tou.te.s, un jour ce qui est dissimulé surgira à la lumière et les gens sauront que nous, 17 individus accusés et critiqués à tort, continuons à tenir bon. J’y crois sincèrement et j’espère que l’on me comprend. Merci encore pour votre soutien qui est particulièrement apprécié et ressenti derrière ces murs.

16 avril 2018

Deux fois par jour on est menottés et enchaînés juste pour qu’ils inspectent nos fenêtres. Ça prend trois fois plus de temps de nous “sécuriser” que de faire la vérification. On est constamment forcés à interrompre nos appels téléphoniques pré-payés pour que “l’équipe de sécurité” puisse nous fouiller. DEUX FOIS PAR JOUR. On est complètement isolés du reste des détenus. Nous n’avons aucune contrebande !

On est menottés pour que les surveillants de base puisse venir vérifier nos fenêtres. Mais on n’a pas besoin d’être menottés pendant les période de récréation où ils sont là. C’est absurde. On n’a pas le droit de sortir alors qu’il y a une cour de promenade pour notre unité où ils viennent d’installer des caméras mais où on ne peut quand même pas aller.

À plusieurs reprises les chefs de la sécurité : le lieutenant Kruetz, le capitaine Hernandez et le major Holinsworth ont fait preuve de préjudice envers nous et ont conduit des agressions de représailles :

1) Ils ont coupé l’eau dans nos cellules parce que nous refusions de manger.

2) Ils sont entrés dans la cellule d’un détenu sans caméra et avec une arme qu’ils lui ont braqué sur le visage à bout portant (un fusil de paintball qui tire des minutions incapacitantes)

3) Des matons ont recouvert nos fenêtres avec des caches aimantés pour nous empêcher d’être témoins des abus commis par le DOC.

4) Ils ont menacé de nous lâcher les chiens de l’équipe cynophile dessus pendant que nous étions enchaînés.

Ce ne sont que quelques uns des incidents. C’est une histoire quotidienne, ils nous antagonisent dans l’espoir que l’on réagisse pour qu’ils puissent s’en prendre à nous. Par exemple, le maton de l’équipe cynophile se balade en chantant agressivement le générique de “Cops” [14] et laissant son chien sauter et aboyer sur nos fenêtres.

Sur les huit que nous sommes trois se sont pris un assaut des équipes d’interventions spéciales, gazés, battus et privés de tout droits. Aussi bien leur droits constitutionnels que ceux obtenus par le CLASI [15]. Nous subissons du harcèlement depuis qu’on est poursuivis sans raison pour avoir participé à la révolte de Smyrna [16] le 01/02/2017. On est constamment harcelés. La sécurité se ramène avec un bouclier à décharge électrique et un flingue de paintball pour une simple fouille. Mes affaires ont été détruites de nombreuses fois.Mon courrier est lu, perdu ou détruit. J’ai vu un des chefs du DOC en mai qui m’a dit “mes agents ont le feu vert pour faire ce qu’il faut si tu ne te tiens pas à carreau.” Puis on m’a dit que “les agents avaient le droit de m’éliminer parce que je suis un suspect à ce niveau.”

Je me réveille tous les jours ne sachant pas si je vais être sérieusement blessé ou tué. Je sais que tous mes co-inculpés se sentent pareil. C’est pour ça qu’on a besoin de soutien dans cette affaire. Il faut que le plus de gens possible appellent et révèlent au grand jour que nous sommes 17 à subir une quantité incroyable de représailles. Il faut que les gens appellent, se plaignent, posent des questions et parle aux antennes des médias nationaux dans le Delaware.

Merci

29 mai 2018

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Cela fait 14 ans que je suis incarcéré, au fil de ces années j’ai vécu plus de trucs que je ne pourrais en raconter. J’étais un gamin quand je suis rentré, depuis j’ai gagné en maturité… mentale, spirituelle et physique. Derrière ces murs existe un autre monde que beaucoup ne peuvent pas comprendre. C’est un monde de ségrégation, d’oppression et de corruption. Ce monde se nourrit de la haine, de la supériorité et du racisme. C’est une tanière de souffrance construite sur l’écrasement des esprits et des cœurs des hommes. Ces prisons ne sont pas faites pour réhabiliter mais pour briser l’esprit, contrôler et assurer la richesse d’un petit nombre. Ce périple à travers le tourment a éveillé mon esprit et mon cœur à chercher le but de mon existence… une raison de corriger mes erreurs, car désormais je peux voir le débordement d’injustice, l’importance de la compréhension révolutionnaire et de la propagation dans le monde extérieur de l’importance du changement et de la vérité. À cellui qui prête attention une seconde, et à celleux qui voient les épreuves, les difficultés et les sacrifices de tant d’autres qui sont passé.e.s avant nous. Celleux qui n’ont pas succombé à la bête et qui ont libéré tant d’esprits, nous ont inspiré à l’altruisme, à la fraternité et à l’égalité.

Je choisis de faire mieux pour moi-même, pour ma famille et pour l’humanité. Il y a tellement d’hommes et des femmes qui entrent dans ces institutions [carcérales] corrompues par la drogue, les gangs, les biens matériels, et beaucoup trop d’entre elleux sont assailli.e.s par la pauvreté (bien qu’il ne soit vraiment pas nécessaire d’être en prison pour être emprisonné.e). Sans réhabilitation, éducation ou une réelle chance de surpasser ces épreuves, comment peut-on sincèrement imaginer éliminer le facteur criminel. Ces murs de pierre sont devenus une deuxième maison, un cocon de sécurité pour tant de personnes qui ne peuvent plus tenir le rythme effréné du monde extérieur. Les problèmes de santé mentale viennent des prisons, on y crée plus de chaos que de changement. La prison est le royaume de la maladie mentale cachée, et il est tellement dur de demander de l’aide au système qui vous oppresse ! Le taux d’incarcération aux États-Unis est à son plus haut, il en fait les champions du monde en termes d’incarcération de ses propres citoyen.ne.s. C’est ça le monde libre ? Ça coûte plus cher de maintenir tant de gens enfermé.e.s, pourquoi est-ce que vous continuez à le faire ? Maintenant la présidence réfléchit à enfermer les sans-papiers. Iels ont construit un mur pour maintenir ces personnes à l’extérieur, tou.te.s celleux qui cherchent une opportunité de soutenir leurs familles. Est-ce que tout le monde est un criminel ? Il y a forcément mieux à faire. Les murs de prison ne font que créer et manufacturer plus de crime, de violence et de haine. Ce cœur est vivant et il a faim ! Il est temps de se réveiller, il est temps de faire mieux et montrer la voie pour que les autres suivent.

29 mai 2018

J’en viens à croire que les pensées des hommes ont récolté de nombreuses intentions au fil du temps. Elles ont fleuri, grandi et semé dans d’autres cœurs et esprits, par leurs actions, leurs mots et leur héritage. Elles laissent derrière elles une façon de vivre, des traditions, et les traditions de nos ancêtres qui ont survécu qu’elles soient bonnes ou mauvaises, justes ou iniques, ont été transmises à travers toute l’humanité. L’oppression, la haine et le racisme sont bien ancrées dans les traditions américaines. Ces caractéristiques sont toujours bien vivantes et elles se cachent aujourd’hui derrière le rêve américain, pourtant pour trop d’entre nous ce n’est pas un rêve mais un cauchemar. Tu vois il y a trop de gens qui sont prêt.e.s à pointer du doigt en critiquant les choix et les directions des un.e.s et des autres. C’est parfois justifié cependant nous sommes tou.te.s humain.e.s et nous faisons tou.te.s des erreurs. On peut échouer et perdre. Nous pouvons faire ces choses de manière naturelle. Ça ne veut pas dire que je ne devrais pas avoir accès à l’opportunité de corriger ces erreurs, chaque personne, homme ou femme, mérite cette chance. Qui que tu sois, quoi que tu crois, quelque soit ton apparence. On peut corriger, apprendre et évoluer. On peut s’améliorer, nous, nos communautés et notre monde. A-t-ton vraiment besoin de reproduire tant de ces traditions ? Ces pensées qui ont empoisonné notre environnement depuis si longtemps ? Que l’idéalisme du passé ne façonne pas notre futur. Il est temps de choisir de faire mieux, de questionner et défaire les doctrines de ségrégation, de supériorité, de classe et de valeur ou de bénéfice financier. Nous n’avons pas besoin de vivre en égoïstes mais de choisir de vivre en altruistes.

Je ne suis ni docteur, ni professeur, ni politicien, ni homme bien instruit. Aux yeux de ce système mis en place par le gouvernement des États-Unis je suis un détenu, un criminel, je ne suis qu’un prisonnier dans un monde d’injustice débordante. J’ai un GED [17] que j’ai obtenu en prison. Il y a beaucoup de personnalités au pouvoir qui ne pensent pas que je mérite plus d’éducation, de réhabilitation ou de formation professionnelle. Je passe mon temps en cellule, vingt-deux heures par jour. Je n’ai pas de stabilité financière ou de famille riche. Je n’ai même pas de pot pour pisser ou de fenêtre par laquelle la jeter. Mon esprit ne peut pas être confiné ou contrôlé, j’ai la capacité d’apprendre, de comprendre, de lutter et de surmonter les épreuves et les obstacles de ma vie. Je crois en la fraternité et l’égalité pour tou.te.s. Je veux transmettre une nouvelle tradition, un idéalisme meilleur, par mes actions, ma personnalité et mes mots. Les mots sont puissants, affûtés comme n’importe quelle épée, et ils tranchent profondément. Les hommes échoueront, passeront le relais, mourront et nous laisserons quelque chose derrière nous. Qu’est ce que ce sera ? Est-ce que ce sera bénéfique ou nuisible ? Je laisse des mots qui, je l’espère, pourront inspirer et parler aux cœurs pour les pousser vers l’altruisme. Les pousser à faire mieux. Le rêve que je veux réaliser est celui de la fraternité, du travailler ensemble et de l’unité. Un jour peut-être. Je crois en une chose, si se puede, yes we can ! À bas les murs qui nous divisent mentalement, spirituellement, et physiquement.

Lawrence L. Michaels

Tiré de Live from the trenches

18 janvier 2018

D’abord je voudrais vous remercier pour le soin et l’attention que vous avez montrés par vos actions et vos mots. Je vous transmets ce sentiment de ma part et de celle de mes camarades. Personnellement je me suis préparé mentalement à une bataille longue et solitaire. Une bataille contre un système habitué à utiliser tous les moyens pour détruire les individus comme moi. C’est la démonstration de classisme et d’oppression la plus claire que je n’ai jamais vécue. Honnêtement j’ai fini par réaliser que ce n’est qu’en acceptant de faire face à ce scénario du pire que je pourrais me défendre librement. Vous êtes dans le mille quand vous parler de “l’enfer” qu’on traverse en ce moment. Je pense que c’est un euphémisme. Où que nous allions on est accompagnés de quatre gardes avec un chien ou un fusil de paintball. Ça fait du bien de voir que dehors il y a des gens qui se mobilisent. Parfois on peut se sentir seul et sans soutien. Mais une simple lettre ou une carte postale peut rendre un environnement pollué plus puissant d’air frais. Votre lettre a aéré mon environnement. Pour le moment je ne peux pas raconter grand chose parce que l’affaire est toujours en cours mais dès que j’aurais eu accès au dossier (ce qui devrait arriver d’ici un mois), je vous en enverrai des copies pour que vous puissiez voir par vous même ce qu’ils ont contre nous et que vous puissiez le partager avec d’autres groupes du pays/monde. Quant à moi j’ai 31 ans, je viens de Philadelphie Nord ou j’ai vécu toute ma vie. Mon père et ma mère ont été tué.e.s (à des moments différents) quand j’étais jeune. J’ai passé un peu plus de la moitié de ma vie dans ce système [carcéral], du coup j’ai été enfermé de mon adolescence jusqu’à ma vie d’adulte. Je n’ai JAMAIS pu profiter de ce qu’on appelle la vie, mais si dieu le permet je serai blanchi de ces accusations tarées et je pourrai enfin sortir libre quand j’aurai fini les 5 ans et demi qu’il me reste à tirer. À part ça j’adore lire, écrire et apprendre de nouvelles choses. J’essaie de bosser sur les compétences de communication qui me font défaut. Mais correspondre avec de nouvelles personnes maintenant m’aide à progresser. Ça me ferait plaisir que nous continuions à correspondre… Merci encore de prendre ce temps dans votre vie pour me contacter. Ça me touche beaucoup. Traverser tout ça et apprendre juste là, que l’état veut le retour de la peine de mort avant notre procès. Ils ont divisé les procès en cinq groupes. Le premier procès commence en octobre de cette année. Je suis dans le deuxième groupe qui commence en janvier 2019. Mais s’il vous plaît n’hésitez pas à écrire si vous en avez le temps. Jusqu’à la prochaine fois faites attention à vous et restez droits.

Paix et solidarité.

L’union fait la force – Smoke, Lawrence Michaels

Tiré de United We Stood

Il est des moments dans la vie où l’on doit s’unir avec des individus ou des groupes avec lesquels on ne s’entend pas, simplement pour atteindre les objectifs qui nous feront avancer. Les 17 de Vaughn se sont fixés comme premier objectif l’unité. Un objectif de construire l’unité derrière ces murs. Nous devions nous souvenir de ce qui était important, définir nos principes et comprendre qui nous combattions et pour qui nous le faisions. Pas juste pour nous mais pour les personnes opprimé.e.s de ce monde.

L’appel au changement tirait sa substance des réalités avec lesquelles nous vivions. Tout a commencé avec l’idée d’un camarade et a fini avec les actions de gens qui avaient faim. Faim de libération. Voilà des hommes qui ne sacrifiaient pas juste leur liberté mais qui sacrifiaient leur vie, juste pou

Voir en ligne : Infokiosques

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