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Centres fermés en Belgique : décès et conditions inhumaines sous silence

Centres fermés en Belgique : décès et conditions inhumaines sous silence

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Le dimanche 22 septembre à 14h, une manifestation a lieu à Charleroi pour dénoncer l’enfermement des personnes sans-papiers et la construction d’un nouveau centre fermé à Jumet. Cet événement intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par d’importantes infestation de punaises de lit dans plusieurs centres fermés et le décès d’un détenu au centre fermé de Vottem.

Selon le collectif Getting The Voice Out, un homme géorgien, diabétique, arrivé au centre une semaine avant, aurait cessé de s’alimenter pendant cinq jours, sans recevoir les soins nécessaires. Le 2 septembre, il aurait fait un malaise et aurait été transféré à l’aile médicale du centre. Le 5 septembre, les gardiens ont annoncé son décès, officiellement attribué à une crise cardiaque. Une rhétorique classique développée par les directions des centres fermés afin d’expliquer les décès des détenus. La direction du centre de Vottem aurait alors menacé celles et ceux qui oseraient parler : « Celui qui en parle va directement au cachot. »

Depuis 2023, on décompte désormais 4 décès dans les centres fermés en Belgique : Tamazi Rasoian à Merksplas en février 2023, un suicide dans ce même centre en décembre 2023, et un autre au 127bis en mars 2024.

Par ailleurs, le centre fermé 127bis à Steenokkerzeel est en proie à une infestation de punaises de lit depuis juillet, touchant à la fois les chambres et les espaces de vie des détenu·es. Les mesures mises en place pour contenir la situation sont inadéquates : les détenu·es sont simplement déplacé·es d’une aile à l’autre, sans qu’une solution globale soit envisagée pour éradiquer les nuisibles. Pire, les détenus sont privés de droits élémentaires : suspension des visites, coupures internet, accès restreint aux toilettes… Cette situation a conduit une partie du personnel du centre à se mettre en grève la semaine dernière, tandis que des détenu·es ont même passé la nuit du 8 au 9 septembre à l’extérieur en signe de protestation.

La situation à 127bis n’est malheureusement pas un cas isolé. Des conditions similaires ont été signalées dans d’autres centres fermés, notamment à Merksplas et à Bruges. Mais au-delà des conditions de détention désastreuses, c’est l’existence même de ces centres fermés qui est dénoncée. En Belgique, entre 6 000 et 8 500 personnes sont détenues chaque année dans l’un des six centres fermés déjà existants. Au lieu d’octroyer à ces personnes un titre de séjour et de leur garantir des droits fondamentaux, l’État belge préfère investir dans des infrastructures privatives de liberté, renforçant ainsi le contrôle sur les personnes sans-papiers. Ces centres, construits sur le modèle carcéral, participent à la criminalisation des migrant·es et légitiment les discours racistes et sécuritaires à leur égard. Entourés de grillages, équipés de caméras de surveillance et surveillés par des gardiens, les centres fermés fonctionnent comme des prisons, avec des règles strictes et des sanctions disciplinaires telles que l’isolement cellulaire.

La construction d’un nouveau centre fermé à Jumet s’inscrit dans le cadre du « Masterplan Centres Fermés », un projet gouvernemental approuvé en 2022 sous l’impulsion de Nicole De Moor, secrétaire d’État à l’Asile et la Migration. Ce plan prévoit la création de trois nouveaux centres fermés et d’un centre de départ, avec l’objectif d’ajouter environ 500 places supplémentaires pour le retour forcé des personnes en séjour irrégulier. L’investissement prévu dépasse les 100 millions d’euros, et pourrait ainsi presque doubler la capacité d’accueil des centres fermés en Belgique.

La manifestation du 22 septembre s’inscrit non seulement dans une opposition à l’enfermement des personnes sans-papiers, mais aussi contre une politique migratoire répressive qui renforce un climat de peur et de discrimination à l’égard de ces personnes. Cette date revêt également une signification symbolique importante : elle marque la commémoration du meurtre de Semira Adamu, une jeune nigériane de 20 ans, tuée en 1998 lors de la sixième tentative d’expulsion forcée de Belgique. Étouffée avec un coussin par les gendarmes belges, sa mort est devenue un symbole tragique des violences infligées aux migrant·es et de l’inhumanité des politiques d’expulsion.

Un départ collectif est organisé de Bruxelles-Nord à 12h55, Bruxelles-Central à 13h et Bruxelles-midi à 13h07

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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