Pas moins de « 2000 policiers et gendarmes seront déployés ce soir en banlieue parisienne », a annoncé Gérard Darmanin. La nuit dernière, ils étaient 1200 à surveiller les quartiers populaires de banlieue parisienne, dans la crainte d’un embrasement et 31 interpellations ont eu lieu. Après la mort du jeune Nahel (17 ans), victime d’un tir policier, ce mardi 27 juin au matin à Nanterre, le gouvernement impose sa chape de plomb à la banlieue parisienne.
En cause : la peur des confrontations entre des habitants des quartiers populaires et les forces de l’ordre. Dans l’urgence, le gouvernement revoit son planning. À la demande d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur a annulé son déplacement hors de Paris prévu aujourd’hui et a convoqué une réunion d’urgence à 14 heures.
Pas suffisant pour faire cesser la colère. Mounia, la mère du jeune Nahel a appelé à une marche blanche à 14h jeudi 29 juin devant la préfecture de Nanterre. « C’est une révolte s’il vous plaît, pour mon fils », a-t-elle déclaré dans une vidéo diffusée sur Tik tok. Divers rassemblements sont organisés à partir d’initiatives locales, comme dans le quartier de la Reynerie à Toulouse, ce soir, ou encore à Lyon, place de l’Hôtel de ville ce vendredi 29 juin. Le collectif Les Soulèvements de la Terre, visé par une procédure de dissolution émanant du ministère de l’intérieur, a également apporté son soutien à la famille de la victime, rappelant que « les exécutions sont régulières et leur fréquence s’est accélérée depuis 2017 avec l’article L435 qui a élargi le cadre juridique de la légitime défense ». Pour la seule année 2022, 13 personnes ont été tuées pour un refus d’obtempérer.
Des affrontements partout en France
Dans la nuit de mardi à mercredi (et y compris dès l’après-midi), des affrontements ont débuté à Nanterre, où des barricades enflammées ont été érigées et des policiers pris à partie avec des feux d’artifice. Des affrontements se sont également déroulés dans d’autres villes de banlieue parisienne environnantes. D’abord dans les Hauts-de-Seine, comme à Asnières, Colombes ou Suresnes, mais également à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. A Mantes-la-Jolie (Yvelines), ville de l’ouest de l’Ile-de-France, une annexe de la mairie située dans le quartier du Val-Fourré a été incendiée dans la nuit de mardi à mercredi.
Les affrontements se sont aussi propagés en dehors d’Île-de-France : dans le quartier des Aubiers et de Lormont, à Bordeaux, mais aussi à Floirac (ville de la banlieue bordelaise), des feux de poubelles ont été allumés, du mobilier urbain a été dégradé et les policiers visées par des jets de projectiles, selon la préfecture de Gironde. A Roubaix, et à Hem, en banlieue Lilloise, des confrontations ont eu lieu et des voitures ont été brûlées. Des événements du même type se sont aussi déroulés dans des villes plus petites, comme Colmar.
Nahel et tant d’autres
Nahel est mort par balle pour un refus d’obtempérer alors qu’il était au volant d’une voiture. Les deux policiers ayant procédé à l’intervention ont d’abord prétexté avoir tiré en état de légitime défense. Mais rapidement, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a contredit la version policière. Sur cette dernière, les policiers sont situés sur le côté du véhicule et ne sont aucunement menacés par le véhicule lorsque celui-ci démarre. Le conducteur, Nahel, est en revanche déjà en joue lorsqu’il décide d’avancer.
Le policier qui est présumé être à l’origine du tir a été placé en garde-à-vue. Cette dernière a été prolongée au bout de 24h. Les avocats de la famille de Nahel ont déclaré dans un communiqué qu’ils porteraient plainte contre le policier auteur du tir pour « homicide volontaire » et contre son collègue pour « complicité d’homicide volontaire ». « Une seconde plainte pour « faux en écriture publique sera déposée à l’encontre des policiers ».
Si, cette fois, la vidéo accable les policiers, la mort de Nahel rappelle de nombreux autres cas de personnes tuées par la police, parfois dans un silence absolu. Entre 1977 et 2020, le média indépendant Basta a comptabilisé 746 morts suite à l’action des forces de l’ordre (dont 26 ont été tués lors d’opérations anti-terroristes et 78 par un agent hors de son service). Quatre cent quarante quatre ont été tués par arme à feu (60%). La moitié des morts recensés avaient moins de 26 ans.
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