Alors que la contraception thermique dite "masculine" [1] a été inventée par des non-spécialistes qui visaient à l’émanicpation sociale et mettaient en cause le patriarcat, elle est aujourd’hui en voie d’être prise en main par le monde médical.
Ce n’est pas la première fois que le pouvoir cherche à s’approprier et à normaliser une pratique qui lui échappait jusque-là pour la faire entrer dans ses cadres. Pas la première fois non plus qu’il cherche à s’appuyer sur des acteurs de terrain consentants pour asseoir son autorité.
Il nous a donc semblé intéressant de revenir sur l’histoire pour prendre le temps de réfléchir à des questions que d’autres se sont posées avant nous. Parmi celles-ci, celle de notre dépossession par les spécialistes de tout poil.
À cette occasion, Lucile Ruault viendra nous parler du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) et plus précisément des groupes qu’elle a nommés « MLAC dissidents ». Ces femmes actives au sein d’un large mouvement multi-forme ont avorté en-dehors du cadre médical des centaines de personnes au cours des années 70. Prise de conscience de la condition collective faite aux femmes, auto-formation, partage de savoirs, élargissement des questions féministes à la sphère des soins, remise en cause du pouvoir médical… c’est dans la lutte que ce sont créées des pratiques radicales qui n’avaient rien à envier aux médecins. Pourtant, c’est bien à eux et à personne d’autre que la loi a décerné le droit de pratiquer l’avortement en toute légalité. Cette « avancée » a eu pour effet secondaire de marquer un coup d’arrêt aux pratiques autonomes et la pratique de l’avortement par aspiration par des « profanes » s’est lentement éteinte.
Toute proportion gardée, nous aimerions faire des liens entre ces deux moments.
La contraception appartient-elle au monde de la médecine ? Sa délégation à un corps spécialisé est-elle inéluctable ? Comment l’institutionnalisation nous rend-elle dépendant.e.s des bonnes volontés de l’État ? Ne sommes-nous pas capables de nous prendre en main et de faire face à nos besoins ?
Tant de questions que nous vous invitons à débattre.
Jeudi 8 décembre
19h30
242, chaussée de Louvain - 1000 Bruxelles
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