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Sur la révolte en cours au Bangladesh

Sur la révolte en cours au Bangladesh

Le pouvoir, les gouvernements, l’Etat.. favorisent les tyrans et, via l’armée et la police, tuent les peuples en révolte. Nouvelle illustration au Bangladesh, où des étudiants et autres rebelles bravent les balles, après avoir été poussé à l’insurrection par l’intransigeance et la brutalité du pouvoir.

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Les manifestations étudiantes au Bangladesh ont rapidement fait irruption dans l’actualité mondiale suite à la tournure émeutière prise par celles-ci le 15 juillet, et d’autres événements notables telles que les nombreuses images de policiers mis en difficulté, une évasion massive provoquée dans une prison du pays, ou le nombre monstre de manifestant.e.s dans la rue malgré une répression déjà meurtrière. Petit tour de vue par rapport à ce que l’on a pu trouver dans la presse et sur les réseaux, au soir du 21 juillet…
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Les manifestations ont tourné à l’émeute à partir du lundi 15 juillet. Dans de nombreuses universités du pays, des étudiant.e.s de la Ligue Chhatra, aile étudiant du parti au pouvoir la Ligue Awami, ont attaqué les étudiant.e.s anti-quota, souvent avec la collaboration de la police. Des affrontements ont eu lieu un peu partout à coup de jets de pierres, de bâtons et de barres de fer, les étudiant.e.s anti-quota usant du nombre pour repousser les attaquant.e.s. A la suite, les affrontements ont continué un peu partout dans la capitale : les manifestant.e.s y ont par exemple bloqué un axe majeur pendant plus de quatre heures, près de l’ambassade des États-Unis, y affrontant les forces de police – un bilan donnera plus de 15 flics blessé.e.s dans la seule capitale, 6 manifestant.e.s tué.e.s et plus de 500 autres blessé.e.s.
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A de nombreuses reprises, les manifestant.e.s ont pu prendre le dessus sur les policiers, poursuivant ceux-ci dans les rues jusqu’à les faire retourner au poulailler, faisant de nombreux blessés parmi leurs rangs. On décompterait ainsi 15 flics blessés le mardi 16 (dont un mort à Rangpur), 104 policiers blessés le jeudi 18, 150 envoyés à l’hôpital le vendredi 19 (et 150 autres légèrement blessés). Deux flics auraient été battus à mort le vendredi. Samedi 20 juillet, la police de Dacca annonce un flic mort et 267 autres blessés. Le lendemain, 4 nouveaux policiers sont tués à Narsingdi et plus de 70 blessés.
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On décompte aussi 50 kiosques de polices (des points de contrôle pour la circulation) incendiés rien que le jeudi et de nombreux autres à chaque manifestation successive, de nombreux véhicules de flics vandalisés voir incendiés, plusieurs postes de police incendiés ou vandalisés. Des blindés des flics et paramilitaires sont attaqués de toute part, forcés de fuir. L’un est incendié quelques minutes après que des dizaines de flics s’en soient échappés le jeudi 18. Le même jour, un véhicule de police qui venait de foncer dans la foule est complètement ravagé de tous les côtés, le policier à l’intérieur est tabassé et caillassé.
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Le samedi 20, un ancien maire de Gazipur appartenant au parti au pouvoir est attaqué par des manifestant.e.s, gravement blessés tandis que son garde du corps succombe de ses blessures. Deux autres leaders du parti au pouvoir ont aussi été attaqués, l’un des deux tués. Un local de la section jeunesse du parti au pouvoir est incendié le 17 juillet, ainsi que de nombreux bâtiments gouvernementaux dans les jours qui viennent, tel qu’un bâtiment du ministre des transports le jeudi, les bâtiments de la Bangladesh Road Transport Authority (d’après un témoin, par des enfants de 14/15 ans) et de 4 autres bâtiments gouvernementaux ainsi que du Setu (une ONG) le vendredi, ou celui de la City Corporation (le gouvernement local de la ville de Dacca) le samedi. Des domiciles de politiciens ont aussi été attaqués, tandis que samedi on voyait apparaître les premières nouvelles de magasins pillés (qui ont continué dans la journée de dimanche, au milieu d’affrontements avec la police), la vandalisation d’une Banque de Dacca, ou l’incendie de deux camions de pompier le vendredi.
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Suite à la radicalisation des manifestations, la réponse du gouvernement a été une répression à grande échelle. La première ministre Hasina a rapidement envoyé la police et des forces paramilitaires attaquer les manifestations, soutenues par la Ligue Chhatra. Elle déploie désormais l’armée dans tout le pays, installant un état d’urgence à l’aide d’un couvre-feu total et à durée indéfinie dès le 19 juillet, jour où la police a aussi interdit toute manifestation. Le gouvernement a coupé internet, les réseaux sociaux et les moyens de communication ; empêchant nombre d’informations de sortir du pays ainsi que la coordination des étudiant.e.s, qui passait grandement par Facebook et WhatsApp. Cette répression est inédite sur deux aspects : c’est la première fois que Hasina déploie l’armée contre une révolte de ses 15 ans au pouvoir, et c’est aussi la première révolte dans l’histoire récente du Bangladesh où un mouvement de contestation se poursuit en dépit du déploiement et des attaques des forces de l’ordre.
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Ainsi, lorsque le dimanche 21 juillet, la Cour Suprême est revenue sur la réforme, descendant les quotas à 5% pour les descendants des héros de la guerre d’indépendance (ce qui donnerait une répartition de 93% au mérite 5% descendants 2% pour les personnes handicapées, les personnes trans et les minorités ethniques), la coordination des étudiant.e.s a immédiatement refusé de s’arrêter là, sortant de nouveau dans la rue malgré le couvre-feu et la présence de l’armée. Les étudiant.e.s demandent justice pour toutes les morts dans les manifestations, une protection contre une future répression de tout.e manifestant.e (que ce soit par l’administration des universités ou par la justice), que la première ministre prenne la responsabilité de la répression, et d’autres mesures dans cette direction. De nombreux partis politiques et organisations étudiantes ont, au soir du 21 juillet, revendiqué une seule chose : la démission de la première ministre Sheikh Hasina et de tout son gouvernement.
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Tout au long de la semaine, des sites officiels ont été hackés par un groupe appelé THE R3SISTANC3 : le site de la banque centrale, de la première ministre, de la police nationale, du parti au pouvoir ou encore de la Ligue Chhatra. Ces sites, dont certains sont encore hors-ligne, affichaient notamment un message indiquant d’« Arrêtez de tuer les étudiant.e.s. Ce ne sont plus des manifestations. C’est désormais une guerre. » L’Alliance des Etudiant.e.s des Universités Privées du Bangladesh (PUSAB, qui se revendique comme la plus grande organisation étudiante du pays) a appelé au soir du 21 juillet à une révolte de masse, sous le slogan « Now or Never, Do or Die« , indiquant que ce serait son dernier communiqué jusqu’à la révolte (parlant du « premier jour de l’indépendance » en référence à la chute du gouvernement). Au fil des jours, les manifestations prennent un ton bien plus anti-gouvernemental, faisant monter la revendication de démission d’Hasini, décrite comme une dictatrice autoritaire.

Au 18 juillet, des affrontements auraient eu lieu dans au moins 26 des 64 districts du pays. Au 19 juillet, ceux-ci s’étaient déjà étendus à 47 districts. Ce dimanche 21 juillet, de nouveaux pans de la population continuent de rejoindre la révolte tandis que celle-ci se poursuit avec de nouveaux affrontements dans plusieurs villes du pays, dans lesquelles des journalistes à Dacca affirment que les manifestant.e.s ne reculent plus même devant les tirs à balles réelles.
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Sur la révolte en cours au Bangladesh

Autres infos provenant du compte de J Chastaing :

Vidéo de l’exécution de sang-froid d’un manifestant blessé par un policier au Bangladesh
C’est glaçant mais c’est malheureusement pas la pire des vidéos qu’on peut commencer à voir sur les massacres à huis-clos de ces derniers jours au Bangladesh depuis que le blocage d’internet s’est très légèrement levé
Il a été recensé 202 morts, 4 500 blessés et 2 500 arrestations mais certains parlent de milliers de morts et de plus de 10 000 blessés en seulement 6 jours

https://www.facebook.com/100011245150235/videos/498110676030768

24 juillet :

BANGLADESH : LES AFFRONTEMENTS CONTINUENT
Blocus de l’autoroute Dhaka-Chittagong depuis trois jours dans la région de Jatrabari, district de la capitale Dhaka, et affrontements avec la police qui utilise des blindés des casques bleus pour mener sa répression sanglante tandis que le pouvoir vient d’y envoyer d’importantes forces militaires avec blindés et hélicoptères pour tenter de faire reculer les insurgés ;
Par ailleurs, les journalistes de la presse écrite ont manifesté aujourd’hui 24 juillet pour dénoncer la mort du fait de la police de 4 journalistes et de 200 blessés dans leurs rangs. Ils dénoncent également le fait non seulement qu’internet est bloqué mais qu’il leur est aussi interdit à la presse écrite de publier des photos illustrant les violences policières. Ils ont aussi expliqué que la population était descendue en nombre aux côtés des étudiants et que si le gouvernement continuait sa politique de répression où on n’avait jamais vu autant de violence en aussi peu de temps depuis la guerre contre le Pakistan, il allait connaître pire qu’au Sri Lanka avec le siège et l’incendie de tous ses bâtiments officiels.

LE MOUVEMENT INSURRECTIONNEL ETUDIANT CONTINUE AU BANGLADESH
193 morts, 4 500 blessés selon le journal Prothom Alo dont la version papier paraît toujours alors qu’internet est coupé depuis 6 jours, mais probablement beaucoup plus selon de nombreux témoignages dont la coordination étudiante elle-même qui parle de 300 étudiants tués.
Le mouvement étudiant anti-discrimination a appelé à continuer la lutte dans une déclaration écrite « Etudiants-Public » étant donné l’engagement de la population qui va bien au delà des étudiants, signée par 56 coordinateurs dans la nuit du 23 au 24 juillet. Ils ont appelé à ce qu’à partir de mercredi, les étudiants tiendront la rue en portant des tissus noirs et des vêtements noirs sur leur visage.
Après avoir gagné sur la question des quota, le mouvement exige maintenant la démission du Premier ministre Cheikh Hasina pour les meurtres des étudiants ainsi que celles des ministres de l’Intérieur Asaduzzaman Khan Kamal, du ministre des Transports routiers et des Ponts Obaidul Qader, du ministre de l’Éducation Mahibul Hasan Chowdhury Naufel et du ministre de la loi Anisul Haque.
Ils demandent également la suspension des chefs de la police, des commissaires de police et des supers dirigeants de police impliqués dans les attaque violentes et meurtrières contre les manifestants. Ils exigent que les membres de la police et les travailleurs de la ligue Chhatra-Yub League qui ont tiré sur les manifestants soient arrêtés et poursuivis pour meurtre.
Ils exigent également l’interdiction du parti politique de la jeunesse étudiante du pouvoir, ligue Chhatra. Il veulent enfin la libération de tous les prisonniers politiques et l’indemnisation des familles de victimes.
Ils ont déclaré également que plus de trois cents étudiants ont déjà été tués.

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