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Trafic et répression : les habitant·es des quartiers populaires visé·es

Trafic et répression : les habitant·es des quartiers populaires visé·es

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie
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Au début du mois de février 2024, une série de fusillades, probablement liées au trafic de drogue, ont eu lieu dans les rues de la capitale. Celles-ci se sont déroulées dans plusieurs communes de Bruxelles : Saint-Gilles, Anderlecht, Saint-Josse et Laeken. Le jeudi 27 juin, une nouvelle fusillade à Saint-Gilles a coûté la vie à deux personnes. Le vendredi 28 juin, une violente interpellation par des policiers non-identifiés (ce qui est illégal), a eu lieu dans le bas de Saint-Gilles, au Square Jacques Franck. La brutalité de cette interpellation illustre les conditions policières imposées au quartier depuis quelques mois.

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Les responsables politiques et les cabinets de bourgmestres, notamment à Saint-Gilles, ont instrumentalisé ces fusillades et un sentiment d’insécurité pour justifier une politique d’occupation policière violente dans les quartiers populaires. Un choix sécuritaire présenté comme une action nécessaire, mais qui ne fait que déplacer les violences sans les résoudre. Le 23 février, le conseil communal de Saint-Gilles (PS (majorité) – Ecolo – PTBMR) a adopté une ordonnance qui permettait les contrôles d’identité systématiques dans certains quartiers de la commune de Saint-Gilles. Selon le Conseil Communal, ces contrôles systématiques visent à endiguer le trafic de drogue dans ces quartiers. La mesure était effective jusqu’au 23 avril.

Pendant cette période, la police locale, la BAA (brigade anti-agression), la police fédérale et la brigade canine ont multiplié les patrouilles entre la Porte de Hal et la Place Bethléem, gazeuses, matraques et flash-balls en main. Les interventions policières violentes sont quotidiennes dans le bas de Saint-Gilles. A de nombreuses reprises, la police a violemment dispersé des groupes de jeunes rassemblés à côté du terrain de foot, en bas des tours, en fin d’après-midi après la sortie des classes. Les forces de l’ordre ont également procédé à des arrestations quotidiennes, parfois de dealers et le plus souvent, de jeunes qui n’ont rien fait d’autre qu’être là.

Ces campagnes d’arrestations massives et d’opérations violentes ont ressemblé à une campagne de punition collective. La légitimation des contrôles systématiques (qui existaient par ailleurs informellement avant que le Conseil Communal n’applique l’ordonnance) permet aux agent·es de police de suspecter et contrôler n’importe quel·le jeune qui aurait le malheur de « traîner » dans une des zones délimitées par cette ordonnance. Cette stratégie favorise donc les contacts de répressions violentes des jeunes par des policier·es. De plus, ces opérations de nettoyage autour de la gare du Midi ont seulement déplacé les trafics et la violence. Les criminologues s’accordent à dire que la répression policière ne résout pas les problèmes de trafic et de consommation de drogue, mais sert plutôt à montrer que les autorités agissent.

Les différentes autorités se renvoient la responsabilité et demandent plus de moyens. Les communes et la Région interpellent le fédéral, tandis que les policier·es accusent les magistrat·es de relâcher trop vite les « délinquant·es », et tou·tes réclament davantage de ressources malgré la crise budgétaire. La Région, bien qu’elle n’ait pas tous les leviers sécuritaires, est compétente en matière de social, de santé et de logement, des domaines cruciaux pour aider les consommateurs à sortir de la dépendance. Le crack affecte particulièrement les populations vulnérables et sans-abris, qui ont triplé en quinze ans à Bruxelles.

Les récentes fusillades et les interventions policières violentes à Bruxelles mettent en lumière les défis persistants liés au trafic de drogue et à la gestion de la sécurité publique. La majorité des voix médiatiques sur le sujet restent enfermées dans un paradigme sécuritaire. Cette approche privilégie la gestion de la sécurité en surface et l’aménagement des espaces publics, surtout en période électorale, sans répondre aux besoins fondamentaux. Des mesures sociales, de santé et de logement, pourrait offrir des solutions plus pérennes pour les populations vulnérables et contribuer à une véritable réduction des violences urbaines. Cela soulève la question de savoir si c’est l’insécurité publique qui augmente ou bien l’inefficacité des politiques publiques.

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

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