
Ces militantes du MR cherchaient à provoquer et susciter des réactions. Elles se sont ensuite présentées comme des victimes, pour capter l’attention médiatique et imposer leur narratif. Résultat : on parle davantage d’elles que du véritable combat féministe dont il était question à l’occasion de cette manifestation : lutter contre les discriminations faites aux femmes et minorités de genre, en particulier celles portées par le projet politique de la coalition Arizona, dont le MR fait partie.
LES FAITS : plusieurs provocations et violences
Un groupe de militant·es du MR était rassemblé devant la scène principale de la place Albertine, brandissant des pancartes défendant l’IVG alors que leur parti a voté contre l’allongement du délai à 18 mois, arborant des slogans tels que « féminisme universaliste » – une rhétorique invisibilisant les oppressions croisées et servant souvent d’écran à des discours racistes – ou encore un t-shirt avec un message transphobe, affirmant que « les femmes sont une réalité biologique » ( mettre l’image du t shirt de magali). Rapidement, des manifestant·es les ont encerclé, scandant des slogans comme « MR, raciste, hors de la manif ! » ou encore « MR, dégage ! ».
Les militantes du MR affirment avoir été agressées. Toutefois, plusieurs vidéos disponibles montrent une réalité plus nuancée : si des manifestant·es ont cherché à les écarter, les représentantes du MR ont eu des gestes agressifs envers la foule. Par exemple, Melissa Amirkhizy (Conseillère communale à Ganshoren) multiplie les gestes obscènes, adressant plusieurs doigts d’honneur aux manifestant·es, tandis que d’autres s’en prennent verbalement à la foule.

Les pancartes des militant·es du MR vont finir par être arrachées et jetées au sol. C’est à ce moment que Magali Cornelissen (échevine sortante de Ganshoren), fonce sur la foule, semblant vouloir frapper les manifestant·es*. Sur d’autres images, on aperçoit Melissa Amirkhizy, furieuse et agressive, hurlant sur les manifestant·es.
Les militantes du MR ont poursuivi leur offensive sur les réseaux sociaux, publiant des photos de leurs prétendus agresseurs et encourageant à les retrouver. Certaines vont jusqu’à insulter et harceler des militant·es féministes ayant dénoncé leur présence.


ACCAPARER L’ATTENTION MÉDIATIQUE : UNE STRATÉGIE DE L’EXTRÊME-DROITE
Par leurs publications provocatrices, ces membres du MR focalisent une attention médiatique, en se plaçant en victime et en occultant leur propre comportement violent, ainsi que la violence de leur projet politique. Cette stratégie est caractéristique de l’extrême-droite : faire parler, faire réagir, sans analyser ce qu’il y a derrière ces évènements, pour occuper une place de plus en plus grande dans l’espace médiatique avec pour objectif d’occuper l’espace médiatique et d’en définir l’agenda.

Magali Cornelissen et Melissa Amirkhizy ont déposé plainte pour coups et blessures, calomnie et diffamation, tout en continuant à alimenter la polémique. En se posant en victimes, elles parviennent à faire oublier à la fois leur propre violence et celle de leur projet politique.
Créer la controverse pour mieux s’imposer dans le débat
Les publications des militantes du MR qui ont été écartées de la manifestations illustrent bien la violence dont peut faire preuve un prétendu féminisme libéral.
La veille de la manifestation, Magali Cornelissen, affirmait dans une vidéo sur son compte Instagram que :
« Pour les femmes libérales, il est temps de remettre les femmes au milieu du débat du féminisme. Le féminisme intersectionnel et la théorie du genre n’ont qu’une seule conséquence, celle de remettre les femmes derrière d’autre débats, celui du racisme, d’une pseudo identité du genre […] »
Nous avions déjà commenté les publications de Melissa Amirkhizy dans un précédent post. Elle multiplie les publications racistes et provocatrices sur ses réseaux sociaux, sans avoir été jusqu’ici condamnée par le parti du MR.
Amirkhizy dénonçait ainsi dans une interview sur 21 News :
« Je croyais avoir fui ce genre de brutalité en quittant mon pays natal. Mais ce 8 mars, j’ai eu le sentiment d’être de retour dans les rues de Téhéran, là où la république islamique et les Mollah tabassent les femmes pour leur manière de penser, de s’exprimer, d’exister. »
« Comme le dit Caroline Fourest dans une carte blanche ce dimanche dans La Tribune : « Au nom de l’indigénisme et d’une prétendue intersectionnalité, ou par pur esprit partisan, un féminisme totalitaire tend à s’imposer et à parler au nom de toutes ».«
La rhétorique des militantes du MR s’inscrit pleinement dans l’offensive anti-féministe de la droite et de l’extrême droite, cherchant à vider le féminisme de sa substance politique pour le ramener à leur vision idéologique.
UNE SOLIDARTIÉ DEMANDÉE, MAIS PAS APPLIQUÉE
Après la manifestation, des personnalités politiques ont dénoncé une supposée violence dont auraient été victimes les militantes MR, relayant largement leur version des faits et appelant à une « solidarité entre femmes ». Une solidarité à sens unique, puisqu’elle ne se soucie guère des violences systémiques que subissent les femmes racisées, précaires, trans, non-binaires ou en situation de handicap. Que ce soit par des déclarations publiques ou par les politiques qu’elles portent, les personnalités du MR sont loin d’être solidaires envers toutes les femmes et minorités de genre. Au contraire, le MR représente menacent leurs droits, leurs libertés fondamentales, jusqu’à parfois remettre leur existence en question.
L’INCOMPATIBILITÉ DU MR ET DES MOUVEMENTS SOCIAUX
Ce n’est pas la présence des individus qui pose problème, mais celle de représentant·es d’un parti qui, sous couvert d’un féminisme libéral, ne défendent en réalité que les femmes blanches d’une certaine classe sociale.
S’il est indéniable que plusieurs courants féministes coexistent, il est aussi compréhensible que des militant·es féministes souhaitent exclure des partis dont les revendications vont à l’encontre de la réduction des inégalités. Le projet de société porté par le MR est fondamentalement incompatible avec un féminisme qui vise à combattre les discriminations systémiques. Le parti accepte des figures d’extrême droite dans ses rangs, bloque la réforme de la loi sur l’avortement et soutient des mesures qui précarisent encore davantage les femmes et minorités de genre, notamment en matière de droit du travail.
Au-delà de la seule présence du MR, cette polémique pose une question plus large : peut-on accepter la récupération politique d’un mouvement social comme le féminisme ?
La manifestation du 8 mars était clairement axée sur la dénonciation des politiques de la coalition Arizona, dont fait partie le MR. Or, pour qu’un parti puisse défiler aux côtés de militant·es féministes, un socle de valeurs communes doit exister. Les partis politiques cherchent souvent à instrumentaliser ces mobilisations pour séduire un certain électorat, sans pour autant partager réellement les luttes des mouvements sociaux. Les militantes du MR n’ont pas seulement voulu instrumentaliser la mobilisation, mais aussi provoquer, par leur présence et leurs idées, pour occuper l’espace médiatique par la suite.

Avec l’engouement médiatique autour de cette altercation, le véritable message de la manifestation a été éclipsé : la nécessité, encore aujourd’hui, de lutter pour les droits de toutes les femmes et minorités de genre face aux politiques discriminantes portées par le MR et ses alliés. Une diversion parfaitement orchestrée, qui prouve une fois de plus que pour le MR, le féminisme n’est qu’un outil opportuniste, et non un engagement sincère.

Légende :
*selon les témoignages
Sources :
- Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales (CVFE). Féminisation de l’extrême droite : la comprendre pour mieux la combattre. https://www.cvfe.be/publications/analyses/450-feminisation-de-l-extreme-droite-la-comprendre-pour-mieux-la-combattre .
- « Après mon agression à la journée du 8 mars : un sentiment de peur et de révolte » (Carte blanche). 21 News https://www.21news.be/apres-mon-agression-a-la-journee-du-8-mars-un-sentiment-de-peur-et-de-revolte-carte-blanche/ .
- RTBF. « Manifestation pour les droits des femmes à Bruxelles : Hadja Lahbib et Bernard Quintin pris à partie, ont dû quitter la manifestation. » https://www.rtbf.be/article/manifestation-pour-les-droits-des-femmes-a-bruxelles-hadja-lahbib-et-bernard-quintin-pris-a-partie-ont-du-quitter-la-manifestation-11514700 .
- RTBF. « IVG, stupeur et renoncement. » RTBF, 24 sept. 2024, https://www.rtbf.be/article/ivg-stupeur-et-renoncement-11439434 .
- X (anciennement Twitter) https://x.com/michelhenrion/status/1898694710748692721 . https://www.instagram.com/p/DG5FtkcInkk/?utm_source=ig_embed&utm_campaign=loading" s View this post on Instagram
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