Le 19 décembre 2022, la Commission spéciale chargée d’examiner l’État indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu’il convient d’y réserver, se terminait en queue de poisson en raison d’un désaccord sur les recommandations politiques à formuler.

Un an plus tard et à ce jour, une question demeure : pourquoi le Parlement fédéral n’a-t-il toujours pas publié le rapport final de la Commission comprenant le contenu des auditions menées ainsi que les rapports et conclusions des expert·e·s scientifiques nommé·e·s par ladite Commission parlementaire ?

Le rapport est en réalité terminé et a été traduit par les services de La Chambre depuis de nombreux mois. Pour être publié et disponible sur le site de la Chambre en tant que document parlementaire officiel, il doit être avalisé par les membres rapporteurs de la Commission. Or, il semble que le blocage se situe au niveau politique, deux députés (VB et MR) ayant décidé de ne pas l’avaliser. La présidence de la Chambre des représentant.es alertée à ce sujet, est restée sans réaction concrète en vue d’une publication officielle de ce rapport.

L’absence de publication officielle, par la Chambre, de ce rapport avant la fin de la législature en 2024, entraînerait sa disparition définitive et empêcherait par conséquent son utilisation dans de travaux futurs, qu’ils soient de nature politique ou non. Pourtant, la prise en compte officielle et donc la publication de ce rapport, au-delà d’éventuelles publications issues d’initiatives individuelles, nous paraît essentiel pour l’avancement d’un réel travail à l’échelle soci(ét)ale sur la colonisation belge et ses conséquences.

Cette Commission, faut-il le rappeler, a tout de même nécessité deux années de travail parlementaire, la mobilisation d’un collège d’expert·e·s chargé·e·s de rédiger rapports et conclusions mais aussi des centaines de consultations et d’auditions ayant mobilisé un nombre impressionnant de personnes de plusieurs pays. Ce travail a également engendré d’importantes dépenses publiques qu’il convient de valoriser et non de gaspiller.

Le blocage de ce rapport au sein du Parlement fédéral interpelle au vu de l’utilité soci(ét)ale d’un tel travail politique mais il interroge encore davantage sur la transparence démocratique que l’on attend d’une institution telle que la Chambre des représentants. La Commission spéciale « passé colonial » a bel et bien fonctionné et a rassemblé une quantité de savoirs et d’expertise. Les actrices et acteurs de ce processus méritent une trace de leur investissement, comme lors de tout travail parlementaire, et même si celui-ci n’a pas abouti sur un accord politique.

Devant ce blocage politique dû aux tenants d’un immobilisme opposé à la décolonisation de la société belge, et face au silence du président de la commission aujourd’hui déchargé, il appartient à la Présidente de la Chambre d’user de son autorité et d’exiger des services la publication de ce rapport. En effet, rien ne s’oppose à ce qu’une des personnes les plus importantes de ce pays puisse, d’autorité, faire publier ce rapport. C’est d’ailleurs ce que lui avait rappelé la Cour d’Appel de Bruxelles en octobre 2022, quand la Présidente de la Chambre avait obstinément refusé de remettre des archives de la commission d’enquête Lumumba aux juges d’instructions en charge du dossier dans le cadre de l’assassinat du Premier ministre congolais.

Pour le bon fonctionnement de notre démocratie et le devoir de transparence qui est dû aux citoyen·ne·s, nous demandons à la Présidente de la Chambre d’agir, afin que le rapport final de la Commission soit enfin publié officiellement par la Chambre et rendu accessible à tou·te·s.

La liste complète des signataires :
_{Romain⁠ ⁠Landmeters (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), Geneviève Kaninda Co-coordinatrice Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations, Yves Kodjo Lodonou, (Président du CA du MRAX), Julien Truddaïu (Auteur), Gillian Mathys (Ghent University), Laurent Licata (ULB), Alexis Deswaef (Ligue des droits humains / LDH & Fédération internationale pour les droits humains – FIDH), Bérengère Piret (UCLouvain / Archives de l’État, Moïse Essoh (militant décolonial et antiraciste), Chantal Kesteloot (Cegesoma/Archives de l’Etat), Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations, Jacinthe Mazzochetti (UCLouvain), Juliette Nijimbere (ASBL Ibirezi Vy’UBurundi), Aymar Nyenyezi Bisoka (Université de Mons), Ludo de Witte (Auteur), Pitcho Womba Konga (Skinfama / Congolisation), Lucas Catherine (Auteur), Jean Omasombo (Africa Museum/ Université de Kinshasa), Nathalie Tousignant (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), Guy Vanthemsche (VUB), Collectif Ekolo (Kinshasa), Patrick Mudekereza (Centre d’Art Waza -Lubumbashi), Gioia Frolli (Joy Slam), Mohammed Ouachen (Diversité et équité sur scènes), Teddy Mazina (Studio Clan-Destin), Modi Ntambwe (PAD Belgium Observatory ASBL), Jaco Van Dormael (Cinéaste).
Ayawo Adanhou (Bamko asbl), Koffi Agbenou (Manssa), Kenny Agboton (Cercle du Libre Examen), Celestin Akpahlin (Bamko ASBL), CEBAPH ASBL, Laurent Daniel Assoumou, Pierrot Babete (Babetto), Sarah Bahja (Zin tv), Anne Bambynek, Denise Bentrovato (KULeuven), Berber Bevernage (Universiteit Gent), Marnix Beyen (Universiteit Antwerpen), Tracy Bibo Tansia, Le bloc des féministes antiracistes racisées, Christine Bluard (AfricaMuseum), Koen Bogaert (Universiteit Gent), Kasper Bosmans, Aline Bosuma (Sambie’Pad – Belgïk MoJaïk), Audrey Boucksom, Ridwan Boukari (BAMKO ASBL), Aziza Maria Braekevelt (Consultante en développement), Daan Broos, Christoph Brüll (Université du Luxembourg), Raphaëlle Bruneau (Comédienne), Karen Buscher (UGent), Tony Busselen, Elias Cafmeyer, Michiel Ceulers, Maia Chauvier, Achraf Chffar (Bamko asbl), Asma Chounani (CEC Le Chant des Rues), Véronique Clette-Gakuba (ULB), Code Cameroun, Collectif des des Organisations Patriotiques et Démocratiques de la Diaspora Camerounaise, Collectif Ekolo Mémoire & Héritage, Stephanie Collingwoode Williams, Jeanne Coppens (KU Leuven), Serge Aimé Coulibaly (Faso Danse Théâtre), Olivier Coyette, Tama d’Haen, Filip De Boeck (KU Leuven), Marie-Sophie De Clippele (UCLouvain Saint-Louis – Bruxelles), Matthias De Groof (Université d’Anvers), Katia Debert, Iadine Degryse, Louis Marcelino Dellis (Back To Soil Basics), Sarah Demart (Observatoire du sida et des sexualités – ULB), Marc Depaepe (KULeuven/University of Latvia), Estelle Depris (sansblancderien), Sarah Desmedt, Jozef Devillé (Filmmaker), Nsuka-Damali Diansiku, Géorgine Dibua (Bakushinta et Fédération des Congolais de Bruxelles), Marie du Chastel, Julia Eberlen (ULB), Lomomba Emongo, Joëlle Evita, Tomaso Ferrando (IOB – UAntwerpen), Mars Florkin, Vincent Focquet, Fondation Moumié, Joseph Gahama (East African University Rwanda), Laura Ganza, Céline Gaza (Mindfulness by Céline), Anouchka Germys (Respublik ASBl), Nicole Gesche-Koning (Réseau des Musées de l’ULB), Antoine Giet (Artiste), Dirk Gillebert, Dominique Gillerot (CEC), Eric Gillet, Annabelle Giudice, Idesbald Goddeeris (KU Leuven), Jacqui Goegebeur (MiXed2020), Matthieu Goeury, Jonas Gomes, Axel Mudahemuka, Axel Gossiaux (Université de Liège), Pauline Grippa (Université libre de Bruxelles), Jean-Jacques Grodent (als burger), Marta Guerreiro Bernardino (UCLouvain), Cecile Guypen, Jacques Habyalimana, Julia Harnoncourt, Maarten Hendriks (Conflict Research Group), Jean Illi (ULB), Laetitia Ingabire, Benoîte Iradukunda, Paulette Jacobs (Sankayi), Astrid Jamar (Universiteit Antwerpen), Julie Jaroszewski, Serge Jaumain (Université Libre de Bruxelles), Jean-Baptiste Maxime, Johanna Couvée (UGent / TiNWwP), Renaud Juste (Coopération Education Culture -CEC), Sese Kabanyegeye (Connexions terrestres asbl) Patrick Kalas, Jean Kalombo Mulimbi (Université Libre de Bruxelles – Université de Lubumbashi), Sibo Kanobana (UGent), Dady Kawaya (IncluVision SRL), Chantal Kesteloot (Cegesoma/Archives de l’Etat), Sindani Kiangu (Université de Kinshasa/UNIKIN), Emmanuel Klimis (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), Laurent Kumba (Sud Antenne Radio Télévision Presse), Débora Laurent (Université Libre de Bruxelles) Delphine Lauwers (Archives de l’État), Yann Legall (Technische Universität Berlin – Institut für Kunstwissenschaft), Nicholas Lewis (auteur), Ferdinand Leys (Dekoloniseer Halle), Arnaud Lismond-Mertes (Collectif solidarité contre l’exclusion), Manon Locht, Reuben Loffman (Queen Mary University of London), Stef Lories (Dekoloniseer Halle), Leslie-Yosra Lukamba (I See You) Margot Luyckfasseel (Vrije Universiteit Brussel), Valérie Maione (Back2SoilBasics), Caddy4Palestine, William Makanga (Medecins du Monde Belgique) Djia Mambu, Babin Mamy (ASBL AFRIQHOPE), Germain Manzekele Bin Kitoko (Université de Kinshasa), Nat Maz (Citoyenne Afro Belge), Doumdéoudjé Memde (Présences Noires), François Makanga (Bamko-Cran/Afropean project), Brune Mercier, Eline Mestdagh (Ghent University) Lieven Miguel Kandolo (Hand in Hand tegen Racisme), Lola Mokonzi Tassin, Patrick Mudekereza (Centre d’art Waza / Lubumbashi), Mukendy Munda Bakambila (Femme d’action & Bien être santé Kasaï asbl), Placide Mumbembele (Université de Kinshasa), Angelina Nackaerts, Patricia Naftali (Centre de droit public et social – ULB), Virginia Napoli (MEMISA), Elise Neirinck, Alexander Newell (ULB), Anneke Newman (UGent/ULB), Enika Ngongo (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), Dimitri Nicolaïdis, Reine Elisabeth Nkiambote (What’s Up With – Reine ?), Nadia Nsayi (Politologue & Autrice), Jean-Luc Nsengiyumva (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), Laura Nsengiyumva (Kask/UGent), Anne Ntibansekeye (RZM – Rwanda en zo veel meer), Liberat Ntibashirakandi, Nathalie Nyst (Réseau des Musées de l’ULB), Alexandra Oancă (KU Leuven), Gaspard Okitadjonga, Pierre Okondjo (Professeur), Alana Osbourne (ULB / Radboud), Nadege Ouedraogo (Comédienne), Diese owawa diese (Afrika Anders vzw), Stephan Parmentier (KU Leuven), Patrick Pasture (KU Leuven), Ya bengele Pelendo, Joël Phalip (RCN Justice & Démocratie), Claire Poinas (Employée secteur culturel), Paula Andrea, Polanco Palacio (Intal – Globalize Solidarity), Thomas Prédour (Artisan culturel), Katrien Pype (KU Leuven), Tijs Quartier, Lova Randrianasolo (Université Libre de Bruxelles), Mouhad Reghif (Bruxelles Panthères), Milady Renoir (Poétesse alliée de la lutte antiraciste), Koen Reynaerts (Bond Beter Leefmilieu), Hilde Rooselaer (Dekoloniseer Halle), Coste Rumuri (Comité Ujamaa), Theoneste Ruzindana, Christelle Ruzindana Sano (Bamko asbl), Nordine Saidi (Bruxelles Panthères), Linda Salamé, Mehdi Salhi (Intal Globalize), Jean-Paul Sanderson, Gashonga Sandrine (Lëtz Rise Up), Martien Schotsmans (Expert herstelmaatregelen en transitional justice), Julia Seibert (GIZ), Sous L’Arbre à Palabres, Fatou Sow, Andreas Stynen (KU Leuven), Pap Ulrich, Sudi Abuke (Université de Kinshasa), Anouchka Susu (Collectif susu), Bert Suykens (Universiteit Gent), Sara Tassi (ULB), Michel Thill (Indépendant), Toine Thys, Daniel Tödt (Universität Konstanz), Oceane Toukam (Racism search COCAD), Roch Tran, Laurine Tribolet, Alexis Tronchet, Charles Tshimanga-Kashama (University of Nevada), Mark Uwimana Marcel (RZM), Muriel Vaccari, Sarah Van Beurden (Ohio State University), Marie Van Eeckenrode (Archives de l’État et UCLouvain), Uwi Van Hauwermeiren, Gert Van Hecken, (Universiteit Antwerpen), Sarah van Lamsweerde, Tre Tigri, Gaetan Van Landewyck (Free Palestine), Isabelle Van Loo (AfricaMuseum), Karel Van Nieuwenhuyse (KU Leuven), Reinout Vander Hulst (Algemeen Rijksarchief), Hein Vanhee (Koninklijk Museum voor Midden-Afrika), Reisele Verhoeven, Benjamin Verhoeven, Pierre Vincke, Bernadette Vivuya (Journaliste et réalisatrice indépendante), Jasper Walgrave, Irene Watakaklassou (Bamko asbl), Thomas Weyts (SAP-Antikapitalisten – Stand Up tegen fascisme), Eva Willems (UGent), Stefaan Willems, Kaat Wils (KU Leuven), Yasmina Zian (Université de Luxembourg).}