Carte blanche signée par 227 personnes individuelles et 21 collectifs, dont la Campagne ROSA (la liste des collectifs suit le texte). La Campagne ROSA avait également précédemment réagi par un communiqué commun avec le collectif Serhildan.
La répression policière inédite ne s’est cependant pas limitée aux colleur·euse·s. La présence policière semblait démultipliée lors de cette marche : tout au long du cortège, des policier·e·s en civil surveillaient les manifestant·e·s, les prenaient en photo. Des personnes ayant quitté le cortège de la manifestation ont été sommées de cacher leurs pancartes porteuses de slogans « féministes ». Le bloc de soutien au peuple palestinien a également été pris pour cible : les manifestant·e·s ont été bloqué·e·s en milieu de parcours par les policier·e·s, qui les ont violemment poussé·e·s et aspergé·e·s. de gaz lacrymogène. Ces actions policières ont entrainé une réaction forte du cortège, permettant la désescalade de la violence.
En fin de marche, des personnes présentes ont été encerclées par une dizaine de policiers, dans la confusion générale Certaines d’entre-elles ont été interpellées sans explication, plaquées contre un mur, fouillées et leurs identités ont été contrôlées.
Au cours de cette manifestation, vingt-et-une personnes ont été placées en détention et relâchées en début de soirée. D’après les explications floues fournies par la police, il s’agissait d’une action préventive.
La loi encadre les moyens d’action de la police, notamment les fouilles, les contrôles d’identité ou les arrestations. Le danger réside dans l’application de ces dispositions qui est soumise au libre arbitre des policier·e·s. Ce·lle·ux-ci ont la faculté de décider si les actions auxquelles iels procèdent sont proportionnelles et nécessaires. Il en va de même pour l’usage de la force qui ne doit être mobilisé qu’en cas d’absolue nécessité et, en principe, avec un avertissement préalable. Nous estimons que les interventions du 26 novembre n’étaient ni légalement motivées, ni proportionnelles aux agissements des manifestant·e·s visé·e·s. Un sticker ou des pinceaux dans un sac ne devraient pas constituer des motifs suffisants pour estimer qu’une personne est dangereuse et mérite une privation de liberté.
A l’évidence, les événements du 26 novembre constituent des atteintes réelles à la liberté d’expression et au droit de manifester, témoignant d’un tournant répressif et liberticide à l’échelle sociétale. Il s’illustre de manière inquiétante dans la gestion et le maintien de l’ordre, qui, en Belgique, semblent largement s’inspirer de méthodes en usage en France, où l’interdiction de manifestations en soutien à la Palestine représente la dernière d’une longue série de mesures autoritaires. En Belgique, nous ne sommes pas non plus en reste, en témoigne le traitement des personnes demandeuses d’asile à Bruxelles, vis-à-vis desquelles la violence policière se banalise.
De plus, ces événements s’inscrivent dans un contexte politique qui légitime cette répression policière. Ce dimanche, l’ordre de prendre pour cible les colleur·euse·s aurait été donné par Philippe Close (PS), bourgmestre de la ville de Bruxelles. C’est d’ailleurs ce dernier qui a donné l’impulsion nécessaire à la mise en place du projet de loi de l’ex-Ministre de la Justice (OpenVLD) à l’échelle nationale. Surnommée loi « anti-casseurs », le projet prévoit notamment une privation du droit de manifester pendant trois ans pour toute personne ayant fait usage de violence ou causé des dommages lors d’un rassemblement. Ces initiatives politiques témoignent, de part et d’autre de l’échiquier politique, d’une volonté de restreindre les droits des manifestant·e·s et plus globalement des citoyen·ne·s, tout en banalisant, dans un contexte pré-électoral, les violences envers les manifestant·e·s.
Au vu des actions excessives menées par les forces de l’ordre ce dimanche, il est capital de réitérer l’importance d’une réévaluation des pratiques de maintien de l’ordre par la police.
Il est aussi nécessaire de réaffirmer que les combats féministes s’étendent au-delà des frontières et que notre solidarité se doit d’inclure les femmes du monde entier. En temps de conflit armé, les violences patriarcales, notamment les violences sexuelles, sont des armes de guerre. Nous exprimons notre soutien aux femmes victimes de violences, indifféremment de leur religion ou origine. Ainsi, la présence de militant·e·s en soutien de la Palestine, au côté des militant·e·s féministes, n’est ni un « incident » ni une « intrusion » dans la marche de dimanche mais l’incarnation d’une véritable convergence dans nos luttes. Le combat pour l’émancipation des femmes n’est entier que dans la lutte pour l’émancipation de tous les peuples opprimés. Nous dénonçons et condamnons donc la répression, d’autant plus ferme, à laquelle iels ont dû faire face ce dimanche.
C’est par l’union de nos forces et l’organisation que nous parviendrons à lutter efficacement contre toutes les formes de violences sexistes partout dans le monde. Ensemble, construisons un mouvement féministe fort, unitaire, auto-organisé et combatif.
*Nous entendons par « femme », toutes les personnes qui se reconnaissent comme telles et/ou subissent le patriarcat.
227 personnes individuelles, 21 collectifs :
- Legal Team Collective
- Ligue des droits humains
- À nous la Nuit
- Réseau ADES
- Irruption
- Feministische collages Gent
- Collages Féministes Etudiant.es
- Collages Féministes Bruxelles
- HOTM
- PLUJ
- Campagne ROSA
- Front Antifasciste 2.0
- Mutinerie montoise
- Cercle Féministe Ulb
- Collective FRiDA
- Prenons La Une Junior
- Ligue des droits humains
- Collectif 8 maars Bruxelles
- Collages féministes étudiant.es
- JOC Mons – Borinage
- Let’s talk about non-binary
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