Ce jeudi 26 juin, le tribunal correctionnel de Bruxelles rendait son verdict dans l’affaire Ibrahima,décédé dans le commissariat de police de la Gare du Nord début 2021. Deux policiers ont été reconnus coupables pour ne pas avoir porté secours à Ibrahima pendant et après son malaise cardiaque, survenu dans les cellules du commissariat. Ils ont écopé de 7 mois de prison avec sursis. Un troisième policier a été reconnu coupable de coups et blessures sur Ibrahima ; il est condamné à 1 mois de prison avec sursis. Ces peines légères ne reconnaissent donc pas de lien entre les coups portés sur Ibrahima dans la cellule et son décès.
Rappelons que peu avant son décès, le jeune homme aurait manifesté des signes de malaise dans la salle de fouille avant de perdre connaissance. Des images vidéos montrent qu’il est resté étendu au sol pendant cinq à sept minutes, menotté, sans recevoir aucune assistance. Des sources policières, relayées par plusieurs médias, ont alors laissé entendre qu’Ibrahima aurait été sous l’emprise de drogues au moment de son arrestation. Cependant, l’autopsie réalisée par la suite a réfuté ces allégations, ne décelant aucune trace de substances illicites. Selon Me Deswaef, l’avocat de la famille, l’autopsie a révélé une anomalie cardiaque, mais le rapport médical souligne que cette anomalie ne suffit pas à elle seule à expliquer la cause du décès. Ainsi, les coups et les blessures pourraient avoir joué rôle dans le décès du jeune homme, connu pour ses aptitudes sportives.
Par ailleurs, à l’époque, l’annonce du décès d’Ibrahima n’était parvenue à ses parents qu’à 2h30 du matin, soit six heures après le drame. Dans un premier temps, ils sont informés que leur fils a été arrêté pour violation du couvre-feu en vigueur à l’époque à Bruxelles (de 22 heures à 6 heures). C’est seulement plus tard qu’ils apprennent l’heure exacte du décès, survenu à 20h22, ce qui met en lumière le mensonge des forces de l’ordre concernant les raisons de l’arrestation d’Ibrahima : s’il est décédé dans un commissariat avant 22h, il n’a pas pu être arrêté pour non-respect du couvre-feu.
Les proches d’Ibrahima ont dû attendre plus de trois ans avant qu’un verdict ne soit rendu. Ils et elles ont dû faire face à des mensonges policiers et à l’opacité du système judiciaire. Comme dans la récente affaire de Sabrina et Ouassim, les policiers ont été condamnés à des peines légères, qu’ils ne passeront pas derrière les barreaux puisqu’ils sont en sursis. Ce jugement évite donc pour une fois le non-lieu, que les policiers reçoivent souvent dans les procès où ils sont impliqués, comme cela a été le cas cette année pour le procès concernant les décès d’Adil et de Mehdi. Pourtant, ces peines, trop maigres, laissent percevoir le fonctionnement raciste et classiste du système judiciaire et des forces de l’ordres.
Affaire Ibrahima Barrie : les policiers passent en procès ce vendredi 10 mai
Mort-dibrahima-deux-policiers-reconnus-coupables-de-non-assistance (Le Soir)
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