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Gluegang : Des affiches en rue pour « crier en silence »

Gluegang : Des affiches en rue pour « crier en silence »

Nous avons proposé au Gluegang, collectif de colleuses et colleurs de Liège, de présenter leur démarche. Et de décrire la manière dont le collage d’affiches reprenant leurs slogans s’incluait dans leurs luttes.

Wallonie | sur https://stuut.info

Le Gluegang est un collectif militant Liégeois composé de colleurs et colleuses de rue. Nous nous organisons en mixité choisie sans hommes cisgenres [1]. Le collectif est né en 2019 à la suite du mouvement de collages sur les féminicides en France. D’ailleurs à ses débuts le collectif se nommait « collages féminicides Liège ». Par la suite nous avons décidé de changer de nom afin de marquer notre opposition à la mouvance transphobe notamment portée par Marguerite Stern (activiste Française, proche de l’extrême droite revendiquant la maternité des collages féministes).

Depuis 2020, nous ne collons plus uniquement sur le thème des féminicides, bien que nous continuions de les énumérer. Nos messages sont pluriels et politiques. Cela est dû à nos liens forts avec les mouvements antifascistes, queers, féministes, pro-tds [2], antiracistes, anticarcéralistes, etc.

Le principe de nos actions repose sur des collages sauvages en rues, de slogans en lettres noires sur feuilles A4 blanches. Par la suite, nos collages sont postés sur le compte Instagram @gluegang afin de toucher un plus grand nombre de personnes.

UN OUTIL POLITIQUE EFFICACE

Les groupes de collages que l’on perçoit actuellement sont nés avec l’envie de mettre des mots sur l’horreur des féminicides ; « de compter nos mortes ». Les chiffres glacent le sang et il devenait urgent de mettre en lumière ces meurtres trop souvent classés comme des « crimes passionnels ».

Ce moyen de communication est apparu comme très impactant, avec des slogans forts, parfois choquants, à l’instar de la banalisation des évènements qu’on dénonce.

L’intérêt de coller dans l’espace public est multiple. Tout d’abord il permet d’interpeller sur un sujet, de mettre en exergue ce qui a trop tendance à être passé sous silence, ignoré. C’est un peu une manière de « crier en silence ». Le collage en rue crée une forme de dialogue ; il a l’avantage, bien que très temporaire, de véhiculer un message en dehors des cercles militants et de leurs proches.

L’esthétique est simple. Des lettres noires sur un fond blanc. Ce style est très vite associé aux mouvements féministes, mais les messages peuvent être très variés. La seule limite c’est la taille de la phrase, on doit se restreindre dans le nombre de caractères pour coller rapidement. C’est pour cela que le taff des colleur·euses est souvent un travail de soutien auprès de collectifs ou d’individus, militants au quotidien sur le terrain.

LE COLLAGE, UN MOMENT JOYEUX

On le répète souvent mais le collage, la technique, n’appartient à personne. Chacun·e est libre de se l’approprier. C’est un médium qui existe depuis des années, et qui continuera d’exister de manière autonome. Ce qu’on peut faire cependant pour aider d’autres individus/collectifs liégeois à aller coller, c’est leur prêter le matériel que l’on a déjà et partager nos astuces.

En effet, le collage en rue, même si illégal, reste un médium relativement accessible. Bien-sûr les personnes qui peuvent prendre ce risque reste des personnes bénéficiant d’un certain privilège dans l’espace public (de classe, de race, avec papier, valide, …) mais une grande partie du processus pré-collage se fait de manière sécurisé et privé. Le moment où l’on peint les slogans est aussi un moment d’échange et de rencontre entre les membres du collectif, un moment calme et posé, qui permet à plus de monde de s’investir.

Un autre intérêt du collage en rue, en mixité choisie, comme pratiqué avec le Gluegang, c’est qu’en tant que femmes et minorités de genre, coller en soirée dans les rues, ce n’est pas anodin. On nous répète tout au long de notre existence que la rue, c’est pas trop pour nous, qu’on ne doit pas sortir seul·es, qu’on est menacé·es à tout moment. Quand on s’approprie la rue, quelques heures la nuit, en groupe, ça donne de la force et ça peut aider à se (re)donner confiance. On se sent de remballer les relou·es qui nous accostent, nous insultent, et ça fait du bien.

Le collage de slogan en lui-même, c’est une balade généralement joyeuse en ville avec des copain·e·s et ça peut être une entrée vers d’autres luttes et/ou forme de militantisme.

Voir en ligne : Agir Par La Culture

Notes

[1Cisgenre : Personne qui se reconnait dans le genre qu’on lui a assigné à la naissance

[2TDS : travailleuses et travailleurs du sexe

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