stuut.info

Témoignage audio depuis un centre fermé “Ils sont venus me faire une piqûre de force ” –

Témoignage audio depuis un centre fermé “Ils sont venus me faire une piqûre de force ” –

Belgique | sur https://stuut.info | Collectif : Getting The Voice Out

« They came to forcibly give me an injection »
“Ze kwamen me met geweld een injectie geven”

4 juillet 2024

Un homme se trouve dans un centre de détention depuis plusieurs mois et souhaite dénoncer la violence systémique qui y règne par le biais d’un enregistrement audio.

Témoignage audio à écouter ici :

Transcription du témoignage :

Depuis que je suis venu au centre fermé ici, je suis venu il y a cinq jours, je suis resté calme. Je voulais qu’ils m’envoient dans une bonne équipe où je pourrais rester tranquille mais ils n’ont pas voulu du fait de la discrimination ici. Je suis venu, j’ai reçu cinq jours tranquille.

Quand on m’a appris que je suis maintenant en prison, j’ai commencé à crier, à insulter tout le monde. Après quelques temps ils m’ont pris, ils m’ont envoyé en isolement. Après ils m’ont piqué, ils m’ont fait une piqûre. Ils sont venus me piquer avec 7, 8 personnes. Ils m’ont piqué. Ils m’ont piqué avec la force. Ils m’ont donné des claques, des gifles. Ils m’ont pas beaucoup frappé mais ils m’ont pas raté aussi, parce qu’ils m’ont frappé un peu puis ils m’ont piqué. Ils ont couru, ils sont sortis, ils m’ont laissé là–bas tout seul. Après je suis resté là–bas, ça fait longtemps ils m’ont rien emmené à manger, rien du tout. Après lorsqu‘ils ont su que j’étais intelligent un peu, j’ai commencé à raconter, à expliquer à tout le monde, jusqu’à ce qu’ils sachent ce qu’ils ont fait. Après ils m’ont emmené dans un centre normal où je peux rester tranquille. Mais toujours ça n’allait pas car ils m’ont obligé à prendre des médicaments, que je voulais pas les prendre. Ils me les donnent pour que j’oublie ce qu’ils m’ont fait.

Mais toujours je n’arrive pas à oublier. Parce que chaque jour, ils essayent d’écouter un peu après ils me disent “oui oui, c’est bon j’ai compris” alors qu’ils n’ont pas compris. Ils m’ont pas changé de chambre. Quand j’appelle quelqu’un pour lui expliquer, il m’écoute pas. Il me dit “ok j’ai compris” après il part, il revient pas, il me regarde même pas, il me calcule pas.

Du coup, tout ça je voulais expliquer, en plus pour le fait qu’ils m’ont piqué, je voulais porter plainte. Jusqu’à ce que… parce qu’ici c’est néerlandais, je comprends pas le néérlandais.

Ils m’ont fait signer des papiers que je sais pas du tout pour que je rentre chez moi j’ai dit “ok y’a pas de souci“, je rentre chez moi, c’est pas chez quelqu’un. Quand je rentre là–bas, j’ai plein d’avenir au lieu de rester ici et de devenir fou ou de faire n’importe quoi ici que je veux pas, que j’ai pas envie de faire. Vaut mieux qu’ils me ramènent chez moi pour pas me garder très longtemps.

Mais toujours, ça continue à me garder ici, ça me garde ici. Quand j’ai envie de parler de quelque chose, personne ne m’écoute. Ils me laissent que dans ma cellule. C’est moi qui suis en train de tout forcer pour rentrer chez moi. Parce que eux, tout ce qu’ils veulent, c’est me garder ici des mois ou des années pour que je devienne fou.

Je pète les plombs, j’ai pas envie de péter les plombs, j’ai plein d’avenir, pleins de rêves devant moi. J’ai envie d’approfondir ça. Que de rester ici où il y a des problèmes, il y a du souci, il y a du stress que je peux pas assumer des fois. Je parle, je sors un peu, j’insulte. Mais personne me répond parce que je parle tout seul. Je parle pas à quelqu’un, personne ne me calcule. Du coup, tout ça, ça va pas. Chaque jour c’est de la discrimination. Chaque jour que je me réveille… j’ai trop de problèmes et trop de soucis ici. J’ai pas envie qu’ils me gardent trop longtemps ici. S’ils ont envie de me garder très longtemps, ça c’est si j’étais en procédure pour sortir d’ici. Ça ils peuvent me garder autant qu’ils veulent, ils me libèrent. Mais du coup j’ai pas envie de rester ici très longtemps c’est pour ça, ils m’ont fait signer les documents. J’ai signé pour faire le retour volontaire. Mais jusqu’à présent ça dure. J’ai pas envie qu’ils me gardent quatre mois, cinq mois ici comme ils ont fait à d’autres gens pour qu’après ils me disent, “ouais il faut rentrer chez toi maintenant“. Alors que j’ai un petit espoir.

C’est pas ça que je veux. Moi ce que je veux... Même sur mes documents c’est écrit : si c’est pour rentrer, c’est immédiatement, tu dois même pas rester ici 24h. Ça c’est écrit sur mes documents, j’ai les documents ici. En plus aussi… Pourquoi je suis venu ici ?

J’ai plein de choses à faire dans ma vie. Tout ce qu’ils ont fait c’est d’écrire ce qu’ils veulent sur le document pour me garder ici très longtemps. Ils croient que c’est vrai alors que ça ne l’est pas. Ils peuvent me garder ici autant qu’ils veulent. Quand je demande “ouais vous avez signé avec l’ambassade ?”. Ils me disent non, ils me racontent ce qu’ils veulent. Ils te disent pas clairement ce qui se passe. Tout ça c’est pas aimable, c’est pas facile à vivre […]

C’est pour ça que j’ai décidé de témoigner. pour parler de ce qu’ils m’ont fait, et de ce qu’ils continuent de faire toujours.

Voir en ligne : Getting The Voice Out

Notes

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Extrême-droite / Antifascisme

Los Angeles contre l’ICE : Un reportage à chaud sur les affrontement du 6 juin

Le 3 juin, une foule chassait des agents fédéraux qui procédaient à une descente dans une taqueria de Minneapolis. Le 4 juin, des affrontements éclataient contre des agents de l’ICE [Immigration and Customs Enforcement] lors de raids à Chicago et à Grand Rapids. Et c’est à Los Angeles deux jours plus tard, que la ville s’est embrasée en réaction à une énième rafle de sans-papiers. Les affrontements, d’abord sporadiques, se sont ensuite étendus au reste de la mégalopole californienne. Ils sont encore en cours . Dans le récit qui suit, des participants racontent comment les habitants se sont organisés pour empêcher autant qu’ils le peuvent la police fédérale de kidnapper des gens de leur communauté. Tom Homan, le « tsar des frontières » de Donald Trump, vient d’annoncer qu’il allait riposter en envoyant la Garde nationale à Los Angeles. Si la situation se propage dans le pays, nous pourrions assister à un mouvement qui s’annonce comme la suite directe du soulèvement suivant la mort de George Floyd en 2020 . En arrêtant David Huerta , président de la section californienne du syndicat des employés de service (SEIU) en marge d’une descente contre les habitants de Los Angeles, l’ICE et les diverses agences fédérales venues en renfort ont fortement attisé les tensions dans la ville au moment même où la révolte s’amorce. Bien que l’administration Trump ait commencé par s’attaquer aux immigrés - avec ou sans papiers – il ne s’agit que d’une première étape vers l’établissement d’une autocratie. Le pouvoir fédéral s’en prend d’abord aux immigrés, les considérant comme la cible la plus vulnérable , mais leur objectif global est d’habituer la population à la passivité face à la violence brutale de l’État, en brisant les liens fondamentaux de solidarité reliant les communautés humaines. Aussi, il doit être clair pour tout le monde, même pour les centristes les plus modérés, que l’issue du conflit qui s’intensifie actuellement déterminera les perspectives de toutes les autres cibles que Trump a alignées dans son programme, de l’université d’Harvard au pouvoir d’achat des américains. Premier Acte, midi Sur les réseaux sociaux, la nouvelle s’est rapidement répandue : l’ICE mène des descentes dans plusieurs endroits du centre-ville de Los Angeles, de Highland Park et de MacArthur Park. Les agents avaient commencé à perquisitionner un bâtiment dans le marché aux fleurs1 lorsqu’une foule les a spontanément piégés à l’intérieur. Toutes les entrées et sorties du bâtiment ont été bloquées par la foule, de manière à ce que les agents ne puissent plus en ressortir. Alors qu’ils avaient déjà interpelé de nombreuses personnes, les agents fédéraux ne s’attendaient pas à ce qu’une horde de 50 à 100 « angelinos » les prenne au piège. Les agents s’imaginaient pouvoir rafler des personnes au hasard en plein milieu de Los Angeles sans que les gens du quartier ne réagissent. De toute évidence, ils se sont trompés. Parmi les six lieux qu’ils ont visé ce (...)

Ailleurs Ailleurs |

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info