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La marche sur le patron

La marche sur le patron

La marche sur le patron est une tactique essentielle dans le syndicalisme dit de solidarité et nous l’enseignons dans la formation OT101 des organisateur·ices de l’IWW. C’est une arme pratique à avoir dans son arsenal parce qu’elle crée une confrontation directe avec le patron et qu’elle peut être réalisée avec un petit nombre de participant·es. En tant que telle, elle laisse beaucoup de place aux tactiques d’escalade si votre demande n’est pas satisfaite.

Bruxelles | Ailleurs | sur https://stuut.info | Collectif : IWW Bruxelles

Article traduit par les IWW Bruxelles
Écrit en anglais par Jean-Carl Elliott et publié sur Industrial Worker

En tant que formateur pour le syndicat, j’ai assisté à des dizaines de jeux de rôle de la marche sur le patron et j’ai participé à quelques-uns d’entre eux sur mon propre lieu de travail. Bien qu’il y ait de la place pour la créativité, il y a certains aspects qui doivent être bien faits, sinon les choses peuvent mal tourner. Avant de tenter une marche sur le patron, je vous recommande de suivre le cours OT101 pour connaître tous les détails, mais pour les besoins de cet article, je veux parler de ce qui le rend efficace et pourquoi.

Qu’est-ce qu’une marche sur le patron ?

En termes simples, une marche sur le patron est une action menée par un groupe de travailleur·euses à l’occasion d’une réunion avec un patron ou un membre de la direction. Les travailleur·euses témoignent de leurs conditions de travail, présentent une revendication et quittent les lieux. Parfois, cela se passe dans un cadre plus privé, comme le bureau du patron, mais parfois aussi dans un endroit plus visible, comme la salle à manger d’un restaurant d’entreprise ou le milieu de l’atelier d’un entrepôt.

Pourquoi est-ce efficace ?

Au sein de l’OT101, nous utilisons constamment l’expression « modifier l’équilibre des pouvoirs » lorsque nous parlons d’organisation. Sur notre lieu de travail, tous les aspects du travail sont organisés par le patron et, à mesure que nous franchissons les étapes d’une campagne, nous réduisons lentement ce contrôle et commençons à nous approprier une partie du pouvoir du patron. Dans des circonstances normales, la communication sur le lieu de travail part du sommet : les patrons programment des réunions aux heures qu’ils désignent, ils fixent l’ordre du jour et décident qui peut prendre la parole et à quel moment.

Une marche réussie sur le patron utilise l’élément de surprise pour lui retirer ce pouvoir. Nous ne prévenons pas le patron qu’une réunion va avoir lieu, la réunion se déroule à l’improviste. Nous entrons, nous disons ce que nous avons à dire et nous sortons rapidement. Ce faisant, nous contrôlons le moment de la réunion, nous contrôlons ce qui est dit et par qui, et nous contrôlons la fin de la réunion. Elle peut ne durer que deux ou trois minutes, mais pendant ce laps de temps, les travailleur·euses contrôlent ce qui se passe sur le lieu de travail :

La réunion d’entreprise
Le patron fixe la date et l’heure de la réunion
Le patron établit l’ordre du jour
Le chef s’occupe de la plupart, voire de la totalité, des interventions.
Le chef présente les politiques nouvelles et mises à jour
Le chef clôt la réunion

La marche sur le patron
Les travailleur·euses fixent la date et l’heure de la réunion
Les travailleur·euses établissent l’ordre du jour
Les travailleur·euses prennent la plupart, voire la totalité, des décisions.
Les travailleur·euses présentent leurs revendications
Les travailleur·euses mettent fin à la réunion

Comment procéder efficacement

Il est important de se rappeler que le but d’une marche sur le patron n’est pas d’avoir une discussion, mais de modifier l’équilibre des pouvoirs de telle sorte que le comité affirme sa domination et place ainsi le patron dans une position de soumission. En donnant au patron l’occasion de s’exprimer, on égalise les chances en sa faveur, ce que nous ne voulons pas. Nous prenons le pouvoir pour un court laps de temps plutôt que d’avoir une longue discussion ou un débat.

Pour ce faire, nous devons définir clairement les rôles de chacun·e. Il doit y avoir des membres du comité qui signalent quand commencer et quand finir, un·e autre qui déclare la demande, quelqu’un·e qui interrompt le patron lorsqu’il essaie d’intervenir, et un donneur·euse de témoignage qui explique pourquoi il ou elle est personnellement affecté·e par la question et qui ajoute une certaine pression émotionnelle à l’action. Et surtout, il faut faire des jeux de rôle, des jeux de rôle, des jeux de rôle ! Toutes sortes de choses inattendues peuvent se produire au cours d’une marche sur le patron, il est donc important de synchroniser tous nos éléments mobiles avant de passer à l’action.

Quelques autres points à prendre en considération

Lorsque je m’organisais syndicalement au restaurant « Moby Dick », nous avons organisé une marche sur le patron et présenté une liste de revendications. Le patron a suivi en capitulant sur certaines de ces revendications, en nous rejoignant en partie sur d’autres, et en refusant catégoriquement les autres. Cette situation a semé la confusion au sein du comité, car les travailleur·euses n’avaient pas tou·tes les mêmes sentiments à l’égard de chaque question, et il était donc difficile de revenir en arrière et de remotiver tout le monde. Cela a également rendu l’escalade difficile, car certaines tactiques ont du sens pour certaines revendications et pas pour d’autres. Nous avons tout de même revendiqué la victoire sur les acquis, mais avec le recul, nous aurions pu faire plus si nous avions été plus concentré·es. Rétrospectivement, je pense que nous aurions dû élaborer à l’avance un meilleur plan d’escalade et assortir chaque demande individuelle d’une tactique particulière dans le cadre de ce plan. Une partie de ce sujet est abordée dans la formation OT101, mais nous allons plus en profondeur dans l’OT102, d’ailleurs vous devriez suivre cette formation dès que possible !

Le management nous demande d’assister à toutes sortes de réunions. Sur le lieu de travail, il y a des réunions avant le travail, des réunions quotidiennes, des réunions mensuelles, des réunions de service, des réunions en personne, des réunions en ligne et tout autre type de réunion imaginable. Souvent, les travailleur·euses veulent planifier des actions lors de l’une de ces réunions. Je ne peux pas faire de déclaration universelle sur l’efficacité de ces actions, mais il est important de souligner qu’un facteur clé de la puissance d’une marche sur le patron est l’élément de surprise. Ainsi, perturber une réunion d’entreprise peut avoir ses mérites, mais pour modifier pleinement l’équilibre des pouvoirs, nous devons faire en sorte que l’action se déroule selon nos propres conditions, y compris en ce qui concerne la personne qui en est à l’origine. [En cela, faire une marche sur le patron, en dehors des moments de réunion déjà planifiés, a l’avantage de surprendre votre chef]

Conclusion

La marche sur le patron est une excellente tactique pour donner un coup de fouet à votre campagne et peut constituer un point de départ efficace pour une campagne d’escalade et de recrutement. Mais cet article ne vous préparera pas complètement. Assurez-vous de suivre les formations OT101 et OT102 de l’IWW aussi souvent que possible, faites des jeux de rôle avec les membres de votre section et de votre comité, et assurez-vous de planifier vos prochaines étapes à l’avance afin d’avoir toujours plusieurs longueurs d’avance sur le patron !

Contactez l’IWW dès aujourd’hui si vous souhaitez commencer à vous organiser sur votre lieu de travail.

Voir en ligne : IWW Bruxelles

Notes

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