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Les travailleur·ses du sexe marchent contre les violences à Bruxelles

Les travailleur·ses du sexe marchent contre les violences à Bruxelles

Belgique | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

A l’approche de la journée internationale contre les violences faites au travailleur·ses du sexe (TdS), une marche commémorative est organisée ce vendredi 15 décembre dans le quartier nord. Elle partira à 17h30 devant le Théâtre Océan Nord à Schaerbeek, afin de dénoncer les violences faites aux TdS et de commémorer les victimes, en Belgique et partout dans le monde.

Depuis 2003, la journée internationale contre les violences faites au travailleur·ses du sexe a lieu le 17 décembre. Créée en réponse à la série de meurtres commis par Gary Ridgway à Seattle, elle vise à mettre en lumière les crimes et violences subies par les TdS. Lorsque G. Ridgway confesse avoir tué plus de 49 prostituées car « personne ne le remarquerait », c’est un problème structurel que soulève ces actes meurtriers [1]. L’absence de droits et la stigmatisation créent les conditions de ces violences.

Le 18 mars 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen à décriminaliser le travail du sexe. Si la décriminalisation est une première étape dans l’accès aux droits des TdS, des dispositions supplémentaires sont nécessaires pour une meilleure protection, et plus particulièrement pour les TdS les plus précarisé·es [2].

En effet, UTSOPI (Union des Travailleur·ses du Sexe Organisé·es pour l’Indépendance) rappelle que les situations d’exploitation persistent en partie car il reste encore impossible pour « les personnes en situation administrative irrégulière, d’accéder à certaines conditions élémentaires comme un permis de travail, une domiciliation officielle, un compte en banque ou encore un espace de travail safe ». Ainsi, signaler des faits de violence ou d’exploitation reste irréalisable lorsque les TdS sans-papiers risquent l’enfermement voire l’expulsion au contact de la police.

La décriminalisation n’a évidemment pas mis fin à la stigmatisation du travail du sexe. Sous couvert de protéger les femmes et mettre fin au « problème » de la prostitution, les bourgmestres socialistes Philipe Close et Emir Kir tentent de chasser le travail du sexe de leur commune. Mais ces politiques répondent davantage à des enjeux électoralistes et économiques, sous la pression du Comité Alhambra qui, sous fond de gentrification, mène un combat contre tout ce qu’il considère comme « indésirable » et « nuisible » dans le quartier Yser [3].

Là se trouve tout le problème de l’abolition de la prostitution, dans lequel la gauche s’inscrit encore largement. Confondre les questions d’exploitation sexuelle avec des relations sexuelles tarifées et consenties, ne fait qu’accentuer plus qu’il ne résout les violences auxquelles sont quotidiennement exposé.es les TdS. Les organisations belges UTSOPI et Espace P rappellent que c’est par l’acquisition de droits fondamentaux et la reconnaissance d’un statut de travail que l’on pourra justement lutter contre les violences et améliorer les conditions de travail des TdS. Souhaiter abolir le travail du sexe, c’est avant tout criminaliser le secteur qui lui, continuera de s’exercer dans la clandestinité et dont les violences seront d’autant plus invisibilisées.

UTSOPI le rappelle, ces violences ne sont ni des faits divers, ni de simples « risques du métier », mais sont de l’ordre de violences structurelles. Elles s’inscrivent dans un système raciste, classiste, sexiste et transphobe qui, à travers la stigmatisation et la criminalisation, ne fait qu’hypocritement invisibiliser ces violences et précariser les conditions du travail sexuel. Le plus souvent considéré·es comme des victimes ou un danger, les TdS représentent systématiquement un problème. Plutôt que de donner des droits et écouter leur voix, cette représentation incite a toujours plus contrôler leur corps et leur choix4.

Lutter contre les violences faites aux travailleur·ses du sexe, c’est donc lutter contre l’exploitation et la stigmatisation. « Tant qu’il sera honteux de se dire publiquement TdS, ou de se dire publiquement parent, enfant, ou amant·e de TdS, tant que le faire exposera à la haine ou au mépris social, la lutte contre les violences devra se mener sans relâche pour que la valeur de tous les membres de sa société soit fièrement reconnue »1. Les luttes des TdS sont donc à l’intersection de nombreuses luttes contre les oppressions, et l’affaire de tous·tes.

Comptes à suivre :

  • @utsopi.be
  • @klou_bagarre

Sources supplémentaires :

Voir en ligne : BXL Dévie

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