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Prise de parole devant les bureaux du CGRA

Prise de parole devant les bureaux du CGRA

Face au blocage des droits d’asiles des palestinien.nes sur le territoire belge

Bruxelles | sur https://stuut.info

Honorables fonctionnaires, Nous nous tenons devant vous aujourd’hui parce que les mots ne suffisent plus,

parce que le silence n’est plus possible,
parce que la blessure palestinienne saigne dans les rues d’Europe comme dans les rues de Gaza.

Nous, Palestiniens,
nous ne sommes pas de simples numéros sur les dossiers de demandes d’asile.
Nous ne sommes pas des cas temporaires dans des systèmes d’attente lents.
Nous sommes un peuple déplacé depuis plus de sept décennies et qui continue de l’être encore aujourd’hui.
Nous sommes les enfants de villages détruits, de quartiers rasés et de familles anéanties sous les décombres.

Nous vous demandons aujourd’hui :
Comment un Palestinien fuyant la mort peut-il être refoulé ?
Par quelle logique dit-on à cette personne : « Tu as un permis de séjour en Grèce, retournes-y »

Le génocide se déroule sous nos yeux à tous, vous voyez les images, vous entendez l’horreur, vous avez connaissance de la situation de laquelle nous parlons depuis des semaines, des mois, des dizaines d’année.

Nous le disons clairement et d’une voix ferme :
Le permis de séjour en Grèce n’est pas une protection.
C’est un document qui ne fournit ni abri, ni nourriture, ni soins, ni une vie décente.
C’est une acceptation de la personne sur le territoire physique, mais qui maintient les gens en marge, sans espoir, sans stabilité et sans avenir.

La Belgique le sait bien. Vous le savez, mais vous refusez de le voir.
Ce document met-il fin aux souffrances de ceux qui ont vu leurs enfants être retirés de sous les décombres ?
Suffit-il à échapper au souvenir des bombardements, au choc de la survie et à la mort de tous ceux que nous aimons ?
Nous offre-t-il une éducation, un emploi digne, ou même un lit dans un abri en sécurité ?

Nous ne demandons pas de privilèges. Rien d’extravagant.
Nous demandons seulement à être traités comme de véritables victimes de systèmes violents et coloniaux, à être reconnus comme des réfugiés fuyant l’enfer.

Aujourd’hui, nous exigeons un certain nombre de droits fondamentaux :

1. Mettre fin au rejet collectif et systématique des demandes d’asile déposées en Belgique par les Palestiniens, notamment ceux de la bande de Gaza.

2. Abolir le recours aux permis de séjour grecs comme prétexte pour rejeter la demande d’asile, tant que ces papiers ne garantissent pas une vie digne ou une véritable stabilité.

3. Accélérer les procédures bureaucratiques qui maintiennent des centaines de familles palestiniennes dans l’incertitude, dans des centres d’accueil inhumains.

4. Ouvrir une véritable enquête sur les raisons du rejet répété et systématique des dossiers palestiniens, et revoir les politiques qui les privent de leurs droits.


Aujourd’hui, nous nous adressons à la conscience de l’Europe :

Si l’Europe se proclame comme la terre de la liberté, qu’elle commence par le droit à la vie.

Si la Belgique prétend respecter le droit international, qu’elle l’applique aux Palestiniens comme elle l’applique aux autres.
Si des slogans en faveur des droits humains sont affichés sur les bâtiments des institutions belges, qu’elle descende un instant dans la rue et voit les visages des réfugiés qui attendent à leurs portes, privés de dignité et d’espoir.

De Gaza à Bruxelles…

Un voyage pour la survie, sans en voir le bout du tunnel. Un voyage qui ne peut être accompli que par une véritable justice.

Nous sommes réfugiés parce que nous avons tout perdu.
Ne nous privez pas du droit de rester.

Nous sommes réfugiés, ce n’est pas par choix, c’est parce que le monde nous a abandonnés.

Ne soyez pas un autre visage de cet abandon. Prenez vos responsabilités et retrouvez votre humanité.

Anas Khaled, Shaker Fuoda, Mohammed Khatib, Marie Monfils

EN

Honorable Officials, We stand before you today because words are no longer enough,

because silence is no longer possible, because the Palestinian wound is bleeding in the streets of Europe as it is in the streets of Gaza.

We Palestinians,
we are not just numbers on asylum files.
We are not temporary cases in slow waiting systems.
We are a people who have been displaced for more than seven decades and continue to be displaced to this very moment.
We are the children of villages that were destroyed, neighborhoods that were razed to the ground, and families that were wiped out under the rubble.

We ask you today :
How can a Palestinian fleeing death be rejected ?
By what logic is it said to him, "You have residency in Greece, go back there ?"

We say it clearly and in a voice that does not tremble :
Residency in Greece is not protection.
It is a document that provides no shelter, no food, no treatment, and no decent life.
It is a residency that keeps people on the margins, without hope, without stability, and without a future.

Belgium knows this well. You know, but you refuse to see.

Does this paper end the suffering of those who saw their children pulled from the rubble ?
Is it enough to escape the memory of the bombing, the shock of survival, and the death of everyone we love ?
Does it provide us with an education, a job, or even a bed in a safe shelter ?

We are not asking for privileges.
We are only asking to be treated as real victims,
to be recognized as refugees fleeing hell.

Today, we demand a number of basic rights :

1. End the collective and systematic rejection of asylum applications submitted by Palestinians, especially from the Gaza Strip.

2. Abolish reliance on Greek residency permits as a pretext for rejecting asylum, as long as they do not guarantee a dignified life or real stability.

3. Expedite the bureaucratic procedures that keep hundreds of Palestinian families in limbo, inside inhumane reception centers.

4. Open a genuine investigation into the reasons for the repeated and systematic rejection of Palestinian cases, and review the policies that deprive them of their rights.

Today, we address the conscience of Europe :
If Europe has decided to be the land of freedom, let it begin with the right to life.
If Belgium claims to respect international law, let it apply it to the Palestinians as it applies to others.
If human rights slogans are raised on the buildings of institutions, let it take to the streets a little while and see the faces of the refugees waiting at your doors, without dignity or hope.

From Gaza to Brussels...
An endless journey of survival, but it can only be completed with true justice.

We are refugees because the world has abandoned us.
Do not be another face of this abandonment.

We are refugees because we have lost everything.
Do not strip us of even the right to remain.

Anas Khaled, Shaker Fuoda, Mohammed Khatib, Marie Monfils

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