Le 16 mai 2018, Mawda Shawri, deux ans, a été tuée par une balle de la police belge. Cette fillette a été victime d’un système où la violence d’État, la gestion des frontières et la répression des migrant·es se croisent et se nourrissent mutuellement. Mawda n’est pas un cas isolé, mais le visage humain d’une politique meurtrière qui, sous couvert de « sécurité », multiplie les drames.
Ce soir-là, une patrouille repère une fourgonnette avec 30 migrant·es kurdes, fuyant la guerre et la misère pour rejoindre la France. L’État belge, dans sa volonté de contrôler, de chasser, de tuer les espoirs, engage une course-poursuite sur l’autoroute. Quand la violence policière ne s’arrête pas, quand elle se joue de la vie des plus vulnérables, c’est une vie qui s’éteint. La balle tirée dans la tête de Mawda est un acte politique : il n’y a pas de hasard dans ces morts-là. L’État protège ses institutions et ses « frontières » à n’importe quel prix, quitte à tuer des innocents.
Cinq ans après la tragédie, le réalisateur s’associe au collectif La voix des sans papiers pour organiser une lecture collective de documents relatifs à l’affaire, exposant les violences policières en Belgique et les mensonges des institutions. Parallèlement, à travers une approche à la fois sensible, poétique et militant, il filme les lieux du crime, marqués par une sérénité glaçante qui contraste avec l’horreur des événements.
Cette tragédie parmi tant d’autres est loin d’être une simple affaire judiciaire. C’est le symptôme d’une machine répressive qui broie des vies pour maintenir son ordre. La mort de Mawda est une conséquence directe de cette logique sécuritaire qui nie l’humanité des migrant·es, les réduit à des chiffres, à des ennemis, à des objets à contrôler. Cette violence n’est pas un dérapage, elle est la norme. Et derrière les « faits divers », il y a des mécanismes bien huilés : les mensonges des autorités, l’impunité de ceux qui exercent cette violence, l’indifférence de ceux qui ferment les yeux.
Aujourd’hui, il est urgent de remettre en question cette logique et de faire entendre les voix de ceux et celles qu’on essaie de faire taire. Car Mawda ne doit pas devenir un oubli, elle doit devenir un symbole de résistance. Un cri contre l’injustice d’un système où les vies des migrant·es ne comptent pas. La lutte contre la violence d’État et la politique des frontières doit continuer, et elle doit se nourrir de l’histoire de chaque vie volée.
« Hold on to her » , au Festival de documentaires engagés En Ville !
Le mercredi 29 janvier 2025 à 18:30 au Cinéma Galeries
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