Sommaire
- Une crise qui a laissé des traces
- La voix des citoyens
- Votre fournisseur d’énergie vous gonfle ?
- Signez notre pétition !
- Les points forts d’un fournisseur public d’énergie
- Parce que la crise énergétique est loin d’être stabilisée, parce que les problèmes liés à l’énergie sont nombreux, sans que l’État ne prenne ses responsabilités, parce qu’il est injuste et illégitime que des entreprises privées tirent des profits faramineux de cette situation, les Equipes Populaires adressent une pétition pour un fournisseur public d’énergie, premier pas vers la sortie de la libéralisation du marché énergétique -
Une crise qui a laissé des traces
30% des ménages subissent de plein fouet la précarité énergétique, c’est-à-dire une situation dans laquelle une ou des personnes rencontrent des difficultés particulières dans leur logement à satisfaire leurs besoins élémentaires en énergie1. Les ménages consacrent une part trop importante de leur revenu aux factures d’énergie, et le reste à vivre diminue de façon compliquée. Mais la précarité énergétique peut aussi être « cachée », cette dernière se trahissant par une facture énergétique anormalement basse qui signifie que les personnes se privent elles-mêmes de chauffer correctement leur logement. L’énergie, qui devrait être un bien commun, un droit de base pour assurer une vie digne à chacun, est devenue un simple produit de consommation soumis aux lois du marché, à la spéculation et où le consommateur n’est qu’un payeur. L’an dernier, nous sommes allés à la rencontre des citoyens, dans l’espace public, afin de porter ce message : l’État a fait fausse route dans la décision de libéraliser le marché de l’énergie en 2017, et aujourd’hui le consommateur paye la note : services de piètre qualité, tarifs en augmentation, monopole des grosses entreprises qui font d’énormes profits sur le dos des ménages… Comme on peut le lire dans le mémorandum du Rwadé : « La libéralisation des marchés de l’énergie n’a pas offert aux ménages et aux entreprises un tarif abordable pour tous et un service de qualité. Elle n’a pas permis d’apporter de réponse aux défis du droit d’accès à l’énergie et de la précarité énergétique. Elle n’a pas non plus assuré une transition basée sur la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables2 ».
La voix des citoyens
Lors de notre campagne 2023 qui dénonçait donc cette libéralisation, nous avons discuté avec beaucoup de gens sur nos stands, et nous avons constaté à quel point la relation de confiance était rompue avec les fournisseurs d’énergie. En cause ? Des factures compliquées et illisibles, des heures d’attente au téléphone pour ne pas recevoir d’aide concrète, l’imposition de compteurs à budget, du démarchage agressif, des plaintes qui n’aboutissent pas… sans oublier de nombreuses pratiques déloyales, comme cet exemple fourni par Énergie Info Wallonie : « Il y a environ 3000 ménages qui vont se voir couper leur accès à l’énergie par leur fournisseur dans les mois qui viennent, et certains n’en sont même pas conscients car l’annonce de résiliation est écrite en tout petit sur leur dernière facture. La raison ? Le Décret « Juge de paix ». En effet, depuis janvier 2023 la décision du juge de paix est indispensable pour qu’un fournisseur puisse imposer le prépaiement de l’énergie ou pour qu’il puisse mettre fin au contrat avant son terme. Cette nouvelle procédure en justice est considérée comme longue et fastidieuse par des fournisseurs. Il semblerait donc que la résiliation du contrat à durée indéterminée moyennant un préavis de deux mois paraisse être une solution plus facile et rapide pour certains fournisseurs. Recourir à des contrats à durée indéterminée pour pouvoir y mettre fin en cas de non-paiement de facture par des consommateurs semble devenir, en pratique, une manière détournée de couper un client, ou de se séparer d’un client en défaut de paiement3 ». Cette pratique est, malheureusement, légale, mais il est intolérable que cette technique soit utilisée pour obtenir une résiliation de contrat lorsque le client est en retard de paiement. Si on ajoute à ça les erreurs sur les factures, les refus de plan de paiement ou encore les petits caractères au dos des contrats qui jouent en défaveur du client, il y a vraiment de quoi être gonflé, au point d’exploser !
Votre fournisseur d’énergie vous gonfle ?
C’est avec ce message, qui exprime à la fois la colère, le ras-le-bol et la conviction que les choses doivent à présent changer, que nous allons aller à la rencontre des citoyens lors de nos dates de campagne. Sur notre stand, ils pourront découvrir un tout nouveau fournisseur d’électricité, « GlobalEnergies », qui leur proposera un contrat un peu… spécial ! L’occasion de faire passer l’idée que, dans un domaine aussi complexe que l’énergie, les documents donnés par les fournisseurs devraient être clairs, simples et sans mauvaises surprises, afin que s’engager se fasse sans stress. Ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement. Notre proposition ? Que les pouvoirs publics reprennent en main la gestion de ce bien commun, avec la création d’un fournisseur public d’énergie. Avant la libéralisation, la fourniture et la distribution d’énergie étaient à charge des intercommunales. Si la situation n’était pas, à l’époque, idyllique pour la protection des consommateurs, la libéralisation de l’énergie n’a pas modifié l’organisation du secteur d’une façon bénéfique pour le citoyen. Mais, avec de la volonté politique et tout en tenant compte des nouvelles logiques de marché, l’État pourrait tout à fait décider de reprendre la main sur l’énergie, afin de fournir un vrai service public à la population, plutôt que de maximiser les profits des entreprises de fourniture. D’une même voix, avec le Rwadé, nous réclamons un fournisseur public qui fournirait de l’énergie non fossile aux bâtiments publics et aux consommateurs résidentiels, aurait des pratiques commerciales compréhensives, humaines et transparentes, proposerait un service client physique et accessible et tiendrait compte des besoins des ménages plus vulnérables. Ses choix feraient l’objet d’une transparence démocratique, y compris quant aux sources d’approvisionnement privilégiées.
Signez notre pétition !
Dans ce but, nous inviterons les passants à contribuer à ces revendications en signant une pétition, qui sera disponible aussi en ligne, pour la création d’un fournisseur public d’énergie. Nous nous engageons à porter vers le monde politique ces signatures récoltées, car il est primordial de montrer aux hommes et femmes qui gouvernent ce pays qu’il existe des solutions concrètes portées par les citoyens. Nous en profiterons aussi pour écouter et entendre les contraintes des politiciens actifs dans le domaine de l’énergie. En cette année électorale, il nous semble important de sensibiliser le monde politique autant que le grand public, et nous avons déjà commencé puisque, début avril, nous avons rencontré, en compagnie du Rwadé, le ministre Philippe Henry pour lui parler de ce fournisseur public d’énergie. Le but de notre campagne est né du besoin de rendre à l’énergie son rôle premier : permettre à chacun de mener une vie digne.
Les points forts d’un fournisseur public d’énergie
1. Rééquilibrer le rapport de force entre consommateur et fournisseur d’énergie : en passant d’une logique de négociation des prix et de gestion des contentieux individuelle, à une logique collective où l’État achèterait des grosses quantités d’énergie, et où les citoyens seraient de nouveaux des usagers du réseau et non plus des clients qui subissent des contrats complexes et des positions déséquilibrées.
2. Payer le prix juste, avec une transparence des tarifications et des conditions générales. actuellement, trop de personnes n’ont pas le contrat le mieux adapté à leur situation. Les consommateurs résidentiels et les petits professionnels bénéficient très rarement des meilleurs prix. En Wallonie, selon la CREG*, 50% des clients ont opté pour les 10 produits d’électricité les plus chers. Pour le gaz, les 10 produits de gaz naturel les plus chers représentent 57% de l’ensemble du marché. La multiplication des offres et leurs disparités complexifient les comparaisons de tarifs et augmentent le risque d’être confronté à des difficultés de paiement. De plus, les meilleurs contrats sont souvent accessibles via Internet, et tous les citoyens ne sont pas égaux face à l’usage des nouvelles technologies. Un fournisseur public pourrait aussi pratiquer des tarifs sociaux et pratiquer plus d’équité dans la distribution de l’énergie.
3. Avoir un accès garanti à l’énergie, comme bien commun, et un vrai service public de qualité : l’accès à l’énergie doit constituer un droit humain fondamental, et non pas être un sujet de négociation avec un fournisseur. De plus, la qualité du service clientèle de la plupart des fournisseurs a toujours laissé à désirer et s’est encore fortement dégradée ces dernières années. Obtenir une réponse et la bonne information relève parfois du parcours du combattant ! Il est aussi évident que ces fournisseurs n’ont aucun intérêt à proposer des contrats avantageux pour le consommateur, et que cette concurrence est loin de tirer les tarifs vers le bas.
* Commission de régulation de l’Électricité et du gaz (chiffres issus du site du Rwadé).
[1] Définition de Bruxelles Environnement.
[2] Mémorandum du Rwadé.
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