Intro :
La Meuse montre ouvertement son soutien à des partis spécifiques et à leurs idéologies. Pas seulement à leurs mesures, mais à l’idéologie (de droite) qui les motive. Comme de nombreux•ses économistes ou Le Soir l’ont montré, il s’agit de mesures démagogiques pour la com’ mais impraticables ou inadaptées.
Analyse :
Il s’agit de mesures démagogiques pour la com’ mais impraticables ou inadaptées
Dès les premières lignes l’hypocrisie est flagrante : le but recherché n’est pas que tout le monde ait un emploi, encore moins de qualité, ou que le marché du travail corresponde aux nécessités actuelles de notre société, non le but est de « remettre au boulot » un profil de chômeur•euse spécifique fantasmé (caricaturé écrit l’édito) : la personne vautrée dans son divan du levé au couché. Le but est de punir les supposé•es, les détesté•es, oisif•ves.
Le « chef de l’information » de La Meuse ne part pas d’enquêtes sociologiques pour comprendre et décrire le profil des 224.000 personnes hors emploi en Wallonie, il part de ses représentations stéréotypées, qu’il a les moyens de diffuser et de renforcer auprès d’un large public, ainsi que… d’un classique de la littérature russe 👏. Vive la qualité de l’information.
Dans sa tête, pour occuper leurs journées, les êtres vivant•es que nous sommes ne pouvons qu’être soit employé•es, en intérim, en train de travailler au noir, en train de chercher du travail ou en train de glander. Sa vie doit être triste. Mais il feint ainsi de ne pas savoir qu’une énorme partie des activités vitales de notre société (le soin, le large travail associatif bénévole, tout le travail non rémunéré, les coups de main, l’entraide, la débrouille…) se déroulent hors emploi.
« Pourtant du travail, il y en a. » Et de donner une anecdote pour prouver sa grande déclaration. Nous, nous préférons les faits : il y a 40.000 emplois vacants en Wallonie pour 224.000 « demandeur•euses d’emploi ».
Autre mythe : les chômeur•euses de longue durée le resteraient parce qu’il n’y a pas de limitation des allocations dans le temps en Belgique (c’est une des dernières conquêtes sociales à défendre, et nous sommes en train de la laisser être détruite après que le PS ait commencé le sale boulot il y a une dizaine d’années). Les recherches et enquêtes sur ce sujet montrent que ce sont d’autres facteurs qui expliquent réellement le chômage de longue durée et les « freins à l’emploi », parmi lesquels : l’accès inégal à la formation et à l’éducation, les licenciements massifs de personnes qui ne retrouvent plus de travail ailleurs, ou encore la qualité de plus en plus médiocre des emplois proposés.
Alert spoiler : rendre les gens plus précaires en leur coupant les allocs ne les « ramènent pas au boulot ». Mais ce n’est pas grave, puisque ce qui compte ici pour l’édito de La Meuse c’est l’idéologie avant tout, et non de partir de la réalité pour la transformer dans un sens positif.
Autre mythe mensonger : « À l’heure où la Belgique doit apurer ses finances à hauteur de 28 milliards, [remettre ces gens (sic) au boulot] devient une priorité nationale » 😂. Or, les allocations de chômage « coûtent » +- 6 milliards par an à la sécurité sociale, c’est-à-dire +- 2% des dépenses totales de l’État. En comparaison, les intérêts de la dette publique payés aux banquiers coûtent plus de 15 milliards par an. Autre comparaison, la fraude fiscale s’élève à +- 30 milliards par an (contre +- 250 millions pour la fraude sociale) et l’État n’en récupère que moins d’un demi-milliard… On voit ici les priorités de La Meuse pour atteindre l’équilibre budgétaire… Ridicule.
Le but de ces mesures n’est en rien de se rapprocher de l’équilibre budgétaire, mais bien de forcer les gens à accepter des boulots de plus en plus pourris pour continuer d’enrichir les 10-15% les plus riches.
Le but de ces mesures n’est en rien de se rapprocher de l’équilibre budgétaire, mais bien de forcer les gens à accepter des boulots de plus en plus pourris pour continuer d’enrichir les 10-15% les plus riches. Ce sont ces partis qui ont participé à détruire l’emploi stable sous forme de CDI et qui veulent aller plus loin aujourd’hui : alors que la plupart des chômeur•euses de longue durée que La Meuse a choisi de stigmatiser travaillent régulièrement en précarité intérim ou CDD, le MR et la N-VA veulent étendre les flexijobs au détriment des contrats stables. Tout bénéf’ pour le patronat, une cata pour le chômage, la sécu et les conditions de travail. Voilà leur projet.
L’hypocrisie de cet édito se referme ainsi. Il aurait tout aussi bien pu se pencher sur le « coût » des indemnités maladie, qui représentent plus du double de celles du chômage, s’il prétend réellement le faire (comme le MR ou la N-VA le prétendent) pour des raisons économiques, mais il choisit les chômeur•euses simplement parce que c’est (pour l’instant) plus facile d’en faire des boucs émissaires que les malades.
Enfin, rappelons que ces mêmes partis veulent diminuer les impôts sur les personnes les plus riches alors que toutes les autres couches de la population, qui sont dans ou hors emploi, voient leurs revenus (salaires ou allocations) être de plus en plus insuffisants pour faire face à la vie chère. La part des salaires dans la richesse produite chaque année (dans et hors emploi) est passée de 65% dans les années 1980 à 55% aujourd’hui, tout le reste va aux détenteurs de capitaux (propriétaires, actionnaires). Les partis de droite veulent continuer de faire baisser ce ratio en défaveur des travailleur•euses. Pour cela, rien de tel que monter les salarié•es contre les chômeur•euses plutôt que les pauvres contre les riches, alors que tout le monde peut avoir besoin de ces allocations un jour et que tout le monde devrait y avoir droit inconditionnellement. Les allocations sociales sont une manière très efficace de récupérer une partie de cette richesse produite par la majorité sociale mais accaparée par les plus riches et de les redistribuer collectivement (d’une manière bien plus équitable que la plupart des impôts d’ailleurs). C’est pour cela que la droite veut les détruire.
La part des salaires dans la richesse produite chaque année (dans et hors emploi) est passée de 65% dans les années 1980 à 55% aujourd’hui, tout le reste va aux détenteurs de capitaux (propriétaires, actionnaires).
Après, ils verseront des larmes en analysant la montée des extrêmes droites sur base de mécontentement social et de déclassement généralisé.
#lahonte
Sources :
- StatBel
- BNB
- RWLP
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