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Propos lesbophobes et transphobes lors de la projection d’un film lesbien au BIFFF

Propos lesbophobes et transphobes lors de la projection d’un film lesbien au BIFFF

Ce samedi 13 avril, le film lesbien « Love Lies Bleeding » était projeté au BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) à Bruxelles. Une occasion rare de voir une relation lesbienne présentée sur grand écran, le film étant très peu diffusé en Europe. Des propos lesbophobes, transphobes, misogynes ont été lancés depuis le public, et des violences physiques ont suivi. Cette lesbophobie ne s’arrête pas aux portes des cinémas et est illustrative des violences quotidiennes et structurelles à l’égard de la communauté LGBTI (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, intersexe). Nous avons choisi de relayer une partie d’une carte blanche écrite par des spectateur·rices présent·es lors de la séance.

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie | Collectif : Bruxelles Dévie

« […]​​​​​​​ Le BIFFF est connu pour son ambiance « bon enfant » pendant les projections, mais ce que nous avons vécu lors de cette séance n’avait rien d’humoristique. C’est derrière cet argumentaire que les organisateur·​​​​​​​ices du festival ont justifié les propos tenus à l’intérieur. Nous savons faire la différence entre des blagues ou bruitages de coutume et des insultes et commentaires fétichisants, lesbophobes.
Lorsque le public applaudit pendant une scène de viol (terme que nous avons choisi afin de mettre en lumière les contraintes matérielles évidentes qui forcent Jackie à accepter ce rapport), fait des allusions au fait de se masturber, siffle lors des plans sur les actrices, crie « à poil », « elle veut de la bite », « dégueulasse », « beurk », « sales gouines » à la moindre scène d’intimité lesbienne, lorsque des spectateur·​​​​​​​ices se lèvent pour partir de la salle ou demandent le respect et se font huer, insulter et agresser physiquement, lorsque des dizaines de lesbiennes sortent en pleurs, salies, dégradées et choquées, on ne peut pas parler d’ambiance « bon enfant ».

Nous tenons à souligner la mauvaise gestion du festival. D’une part, pour ne pas avoir su prévenir ce genre de situation (qui d’après les dires des habitué·​​​​​​​es et bénévoles s’était déjà produite lors de précédentes éditions), et d’autre part pour ne nous avoir répondu qu’avec mépris. Lorsque nous avons interpellé l’organisation sur ce qu’il se passait dans la salle, c’est un discours condescendant, niant la violence et la gravité des actes condamnables qui nous a été donné en retour. Nous avons reçu un florilège de justifications : nous ne comprendrions ni l’ADN, ni l’humour du festival, il ne s’agirait que d’un décalage générationnel et nous serions simplement trop jeunes et trop sensibles. De plus, nous avons également subi de la violence verbale et physique de la part du staff, qui nous a empêché de prendre des vidéos, nous bousculant et menaçant. À l’extérieur, la sécurité et le personnel nous ont bloqué l’accès à la salle alors que nous voulions nous exprimer : plusieurs personnes ont été bousculées et plaquées au mur. La police a également été appelée, non pas pour nous protéger mais pour « éviter tout débordement » de notre part.

Il est important de noter que ce film soulève un enjeu politique essentiel, à savoir une représentation lesbienne pertinente, exempte de l’habituelle fétichisation masculine. Il s’agit d’un film important dans l’histoire des représentations lesbiennes. Force est de constater qu’une bonne partie du public n’était pas en capacité d’en saisir la subtilité et n’y a vu qu’une proposition pornographique créée dans le seul but de les exciter. Nous demandons une meilleure régulation du public. Nous demandons une sécurité prête à emmener hors de la salle toute personne discriminante, et ce dès le premier propos.

Nous demandons que le personnel, les bénévoles et la sécurité soient formés à reconnaître les propos discriminants, comprendre leur impact sur les victimes ainsi qu’à pallier à d’éventuels débordements. Nous demandons à ce que la programmation des films soit effectuée en pleine conscience des enjeux de ceux-ci.

Le public cible, c’était nous. Il est inadmissible que nous ayons dû quitter la salle, nous qui voulions simplement soutenir et apprécier un film qualitatif et attendu. Le communiqué [de l’organisation du BIFF] ​​​​publié ce dimanche après-midi sur les réseaux sociaux du festival est simplement un crachat de plus sur nos vécus et est une honte pour le cinéma, une honte pour la culture. »

Voir en ligne : Bruxelles Dévie

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