Discussion croisée entre les éditeurs de La Tempête et ceux de Trou noir (certains se recoupent) à partir de la nouvelle sortie de la revue Trou Noir "Aimons-nous le sexe ?" et "Abolir la famille" de M.E.O. Brien.
Aimons-nous le sexe ? Ce numéro de Trou Noir cherche à explorer ce que le sexe et le politique auraient encore à fricoter ensemble, et à articuler nos paroles sans pour autant les faire se confondre. Bien sûr, répondre « oui » ou « non » à cette question ne relève pas de l’évidence et ne permettra pas de se situer sur une quelconque échelle de la dissidence sexuelle, mais y répondre quand même en allant puiser en soi-même, dans la littérature, dans la recherche, dans l’histoire, dans des expériences de groupe, dans toutes formes susceptibles de nous aider à penser le désir sexuel comme une résistance au pouvoir.
Abolir la famille pourrait revenir à généraliser le soin humain dans la communauté humaine réelle du communisme.
(M.E. O’Brien)
Pour les plus chanceux, la famille est une source d’amour et de soutien. Mais pour beaucoup d’autres, elle est un lieu d’horreur privée, de coercition et de domination personnelle. Dans la société capitaliste, la famille doit assumer des exigences impossibles, que ce soit en matière de soins interpersonnels ou de travail social reproductif. Ne pourrions-nous pas imaginer un avenir différent ?
Dans Abolir la famille, M. E. O’Brien retrace la longue histoire des luttes menées pour dépasser le cadre de la famille privée. Elle décrit l’évolution de la politique familiale du capitalisme racial dans les villes industrielles d’Europe, les plantations esclavagistes et la frontière coloniale de l’Amérique du Nord, à travers l’essor et le déclin de la famille construite autour de la femme au foyer. De Marx et Fourier aux révoltes noires et queer, en passant par la commune de Oaxaca, les émeutes contre la police après l’assassinat de George Floyd, les mouvements des places ou les ZAD, O’Brien scrute les mouvements révolutionnaires à la recherche de meilleures façons d’aimer, de s’occuper des autres et de vivre. Abolir la famille nous emmène, à travers le passé et le présent de la politique familiale, vers un avenir spéculatif de la commune, imaginant quelle place tiendrait le soin dans une société libre.
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