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Réponse publique de l’asbl Garance à Sander Loones

Réponse publique de l’asbl Garance à Sander Loones

« Nous avons été sollicitées directement par Sander Loones, député de la Chambre des représentants de Belgique à l’initiative de la motion appelant à la démission de la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres. Par souci de transparence, nous vous partageons notre réponse. Quant à nous, nous retournons à notre mission : la prévention ! »

Belgique | sur https://stuut.info

"Bonjour Monsieur Loones,

Nous allons évidemment répondre à vos questions.

Dans le cadre de l’appel à projet « Tant qu’il le faudra » et de la subvention qui nous a été accordée, nous sommes en contact direct avec l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Nous n’avons jamais eu le moindre contact direct avec le cabinet de la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, Mme Sarah Schlitz.

Nous ne vous cacherons pas notre surprise quant à cette affaire et au tumulte qu’elle suscite. Néanmoins nous comprenons la légitimité dans le cadre de votre travail parlementaire de veiller à la bonne utilisation de l’argent public. Aussi nous en profitons pour vous interpeller à notre tour à ce propos.

Nous avons répondu à cet appel d’offres qui a permis à de nombreuses autres associations de mener à bien des projets en faveur des droits des femmes. Dans le cas de Garance asbl, il s’agit d’augmenter la participation active des femmes (selon autodéfinition) en situation de handicap au programme de prévention primaire des violences de genre. Les femmes en situation de handicap sont deux à 10 fois plus exposées aux violences sexistes et sexuelles que les femmes valides, il est donc fondamental qu’elles puissent être actrices de leur propre sécurité. La subvention obtenue dans le cadre de « Tant qu’il le faudra » nous en donne les moyens concrets. Nous ne vous apprenons, je pense, rien, en vous rappelant que le secteur non-marchand souffre depuis plusieurs années d’un financement structurel insuffisant par rapport aux besoins réels. Et ce, bien que la prévention primaire soit le moyen le plus efficace et le moins coûteux de lutter contre les violences de genre, bien plus efficace que la répression ou les mesures sécuritaires qui lui sont pourtant largement préférées actuellement par le Gouvernement. Un choix politique qui donne matière à douter de la véritable volonté politique de sortir du patriarcat et de mettre un terme aux violences envers les femmes.

Nous nous réjouissons que des appels à projets nous permettent de mener à bien notre travail. Devons-nous vous rappeler que ce n’était pas le cas sous les précédentes Secrétaires d’État à Égalité, Zuhal Demir et Elke Sleurs, toutes deux également membres du parti nationaliste flamand N-VA ?

Nous ne vous cacherons pas que le fait que la motion appelant à la démission de la secrétaire d’Etat soit une initiative de la NV-A nous interpelle particulièrement. Votre parti n’est pas connu pour son intérêt pour le secteur associatif ni pour les questions féministes, les droits des minorités sexuelles et de genre, ni ceux des personnes racisées ou encore ceux des personnes en situation de handicap.

Zuhal Demir, alors en charge de l’égalité des genres, s’était fermement positionnée pour que le budget accordé à l’Institut ne soit pas augmenté, et ce, en toute connaissance de cause des conséquences du sous-financement du secteur non-marchand à la fois sur les bénéficiaires et à la fois sur les travailleurs et travailleuses, majoritaires dans ce secteur d’activités, dont la précarité augmente tandis que leur santé décline. Ajoutons aussi que les montants actuellement prévus dans les différents plans contre les violences restent insuffisants. En matière de bon usage de l’argent public, il nous semble qu’il s’agit d’une défaillance qui mériterait davantage un tollé que le LogoGate.

Tant qu’il le faudra, nous continuerons également d’alerter le Gouvernement de l’impact direct (et extrêmement négatif) de ses différentes mesures sur nos bénéficiaires, autrement dit les femmes*, avec ou sans-papiers, avec ou sans emploi, des minorités de genre et sexuelles. En augmentant la précarité des femmes via des réformes telles que celles des pensions ou des crédits-temps, vous rendez les femmes plus vulnérables aux violences et c’est plus difficile pour elles d’y faire face. C’est encore pire pour les femmes au croisement de plusieurs oppressions. Vous comprendrez par conséquent que la question de la présence ou pas d’un logo nous semble en comparaison bien insignifiante.

Bien que nous déplorions la mise en concurrence des asbl féministes engendrée par les appels à projets et le temps de travail que nous devons consacrer à la réalisation de ces dossiers, sans garantie ou pour gagner des montants insuffisants, et ce, alors qu’il est courant que nous réalisions à 4 le travail de 8 personnes, force est de constater que mieux vaut une subvention que rien du tout.

Loin de nous l’envie de polémiquer, l’intensité de notre travail de terrain ne nous laisse de toute façon que peu de temps pour ce type d’exercices, mais le travail acharné mené par la N-VA pour obtenir la démission de Sarah Schlitz nous semble s’apparenter davantage à du marchandage politique voire carrément à un backlash contre une femme politique qu’à une réelle question de transparence.

Si une telle énergie était mise au service des publics les plus vulnérables avec lesquels nous travaillons, peut-être que notre travail de prévention deviendrait inutile. Comme ce n’est pas le cas, nous préférons continuer de mobiliser nos forces pour lutter contre les violences de genre et le système patriarcal qui les engendre et contre celles et ceux qui aimeraient imposer un agenda réactionnaire aux luttes féministes.

Par souci de transparence, nous rendrons notre réponse visible sur nos réseaux sociaux.

Bien à vous. "

Voir en ligne : Garance ASBL

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