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Retour sur le Camp No Border à Rotterdam

Retour sur le Camp No Border à Rotterdam

Le 8 août dernier, une semaine d’actions et d’ateliers contre les politiques répressives en matière de frontières et de migration a eu lieu à Rotterdam.

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Des centaines de militants internationaux se sont réuni.e.s pour des actions, des réunions, des ateliers, des discussions dans le cadre de la lutte pour un monde sans frontières et la liberté de mouvement pour tous. La campagne internationale « Abolish Frontex » [1] est un peu la figure de proue du camp.

Le camp, y compris ses actions et ateliers, avait l’objectif d’attirer l’attention sur les politiques répressives et militarisées des Pays-Bas et de l’UE en matière de frontières et de migration, à un moment où elles atteignent de nouveaux sommets avec les murs, le racisme, la violence et les refoulements aux frontières et au-delà.

Le camp est organisé par une coalition de militants de plusieurs groupes aux Pays-Bas, et fait suite aux précédents camps No Border à Rotterdam (2013) et à Wassenaar (2019). Le camp de 2019 s’était notamment terminé par l’occupation du toit de l’Agence de communication et d’information de l’OTAN à La Haye, afin de protester contre le rôle de l’OTAN qui pousse les gens à fuir et son implication dans la sécurité des frontières en Méditerranée.

Le 9 août, un groupe de personnes du camp No Border a mené une petite action avec des banderoles, des tracts et des discours dans et devant le café Nationale Nederlanden à côté de la gare centrale de Rotterdam. Nationale Nederlanden est une compagnie d’assurance et d’investissement néerlandaise, qui est le deuxième plus grand actionnaire de l’entreprise de construction polonaise Budimex, qui a construit le mur à la frontière entre la Pologne et le Belarus. En détenant près de 10 % des actions de Budimex, Nationale Nederlanden est un grand profiteur de la violence à cette frontière. La section de 105 km du mur dont Budimex est responsable a été achevée le mois dernier. Le groupe a demandé à Nationale Nederlanden de se désengager de Budimex, en informant les personnes visitant le café et les passants de la situation du mur frontalier.

Le 11 août, une manifestation de solidarité a eu lieu devant le centre de détention de Rotterdam (DCR). Dans cette prison, des personnes sont enfermées en attendant leur déportation. Le DCR fait partie du régime cruel, raciste et colonial de détention et de déportation de la Forteresse Europe.

Environ 80 personnes ont marché vers la DCR pour faire du bruit et montrer aux personnes emprisonnées du soutien. À la prison, certaines personnes ont prononcé des discours pour les personnes à l’intérieur et il était clair que notre présence était remarquée car les gens nous saluaient depuis leurs fenêtres. Des slogans ont été scandé, et des balles de tennis portant le numéro de téléphone d’une ligne d’assistance ont été lancées à l’intérieur des murs de la prison.

Pour finir la semaine, le 13 août, une action d’occupation de l’aéroport de Rotterdam a eu lieu. De 12h à 14h, une cinquantaine de participants du No Border Camp 2022 de Rotterdam ont tenu un sit-in dans le terminal de l’aéroport de Rotterdam-La Haye, avec des banderoles, des tracts et des discours. Ils ont protesté contre les vols de déportation qui ont lieu régulièrement depuis cet aéroport, ainsi que contre l’agence de garde-frontières européenne Frontex et son rôle croissant dans la coordination et la stimulation des déportations.

Les expulsions sont un aspect central des politiques frontalières et migratoires de l’Europe, qui visent à faire sortir les réfugiés de l’UE ou à les en empêcher. Une personne du camp a déclaré :

« Par cette action, nous visons le rôle de cet aéroport dans la facilitation des expulsions. Les réfugiés sont violemment expulsés et amenés dans des pays peu sûrs où ils doivent faire face à la guerre, la répression, la pauvreté ou la faim. Nous braquons également les projecteurs sur l’agence européenne de garde-frontières Frontex, qui joue un rôle de plus en plus central dans la stimulation et la coordination des expulsions conjointes des pays de l’UE. L’année dernière, Frontex a soutenu les expulsions de 18 300 personnes. »

L’action à l’aéroport, où des personnes se tiennaient également à l’extérieur avec des banderoles et des tracts pour informer les passagers et les visiteurs, est la dernière activité publique du camp No Border.

Une partie du groupe a poursuivi l’action par une courte manifestation de solidarité au centre de détention situé près de l’aéroport. Deux jours plus tôt, une grande manifestation de solidarité a également eu lieu à cet endroit.

Voir en ligne : No Border Camp 2022

Notes

[1Abolish Frontex est un réseau décentralisé et autonome qui regroupe actuellement quelque 130 groupes et organisations de pays de l’UE et d’ailleurs. L’objectif d’Abolish Frontex n’est pas de réformer ou d’améliorer l’agence européenne de garde-frontières Frontex, ni de la remplacer par une autre agence du même type. Mais plutôt de cibler les politiques et le système qui maintiennent Frontex en place. Abolir Frontex vise à mettre fin au régime frontalier de l’UE, à démanteler le complexe industriel frontalier et à construire une société où les gens sont libres de circuler et de vivre.

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