Sommaire
- Communiqué du 7/02/22 : un toit c’est un droit, même à Calais
- Communiqué du 8/02/22 : Nous ne nous laisserons pas faire !
- Reportage de Street Politics sur le siège policier du 8 février à Calais
- Communiqué du 11/02/22 : Tribune de la part des occupant.e.s de la rue d’Ajaccio
- Reportage de Street Politics du 10/02/22 : Expression populaire du quartier de Fort-Nieulay
- Communiqué du 17/02/22 : 10 jours au squat de la rue Frédéric Sauvage à Calais
Communiqué du 7/02/22 : un toit c’est un droit, même à Calais
Nous sommes un groupe de personnes de différents pays qui se battent pour le droit de chacun et chacune à un logement digne et sûr. Nous occupons actuellement, depuis plus de 48 heures, certains des nombreux bâtiments de la ville de Calais qui restent vides et gaspillés pendant que les gens dorment dans les rues.
Nous occupons ces espaces dans l’espoir de briser le cercle vicieux de la violence et de la déshumanisation de l’État et de la police qui se poursuit à Calais et dans le monde entier pour faire respecter les frontières nationales. Nous voulons créer les espaces ouverts, protégé de la violence de l’Etat et des discriminations, où le statut administratif d’une personne n’a pas d’impact sur sa capacité à satisfaire ses besoins fondamentaux, à faire l’expérience de la solidarité et à vivre dignement.
A Calais, environ 1500 personnes (sur)vivent dans la rue dans des conditions de vie inacceptables. Les personnes exilées occupent des terrains vagues et n’ont pas accès aux services de première nécessité : logement, assainissement, eau, nourriture et soin médiaux. L’Etat impose des conditions d’extrême précarité et d’invisibilisation par des expulsions illégales toutes les 48 heures, des vols d’effets personnels par la police, des démantelements illégaux sans possibilité de se défendre devant un juge, des violences policières récurrentes. Les gouvernements français et britanniques, Natacha Bouchard et tous leurs amis, ont délibérément transformé une questions politique en crise humanitaire, maintenant les personnes qui veulent passer la frontière dans une situation de survie.
De plus, le travail des associations est systématiquement entravé par l’État : contrôles d’identité et fouilles régulières des véhicules, intimidations, pierres bloquant l’accès aux points de distribution de nourriture. Le travail des personnes solidaires à la frontière est soumis à une telle pression que la lutte pour le logement est mise de côté.
Nous rappelons que le logement est un droit fondamental et qu’il ne peut y avoir d’expulsion des espaces que nous habitons sans décision de justice exécutoire et qu’une expulsion ne fait pas partie des actes d’enquête prévus dans le cadre de la flagrance. Nous exigeons l’arrêt de toutes les expulsions à Calais, notamment les expulsions dans le cadre de la flagrance et le démantèlement des lieux de vie par des soi-disant “mises à l’abri” forcés. Nous exigeons la régularisation de tous les squats de la vile. Nous exigeons la fin du harcèlement des personnes bloquées à la frontière, ainsi que les personnes qui les soutiennent, par la police. Enfin, nous exigeons la réquisition immédiate de tous les bâtiments vides à Calais et que des solutions concertées et durables soient proposées à tous les habitants et habitantes, quel que soit leur statut administratif ou leur vulnérabilité.
Nous demandons à une personne solidaire des personnes à la rue et des personnes bloquées à la frontière, à toute personne qui croit au droit au logement à venir nous aider à défendre les bâtiments que nous occupons !
Communiqué du 8/02/22 : Nous ne nous laisserons pas faire !
Depuis le vendredi 4 février, nous occupons un bâtiment rue d’Ajaccio à Calais, inhabité depuis 1 an. Cette occupation est intervenue dans le cadre de la commémoraction, une journée de mobilisation internationale à l’initiative des familles et des proches des personnes décédées aux frontières pour dénoncer les politiques migratoires meurtrières du Royaume-Uni, de la France et de l’UE.
A Calais, environ 1500 personnes (sur)vivent dans la rue dans des conditions de vie inacceptables. Les personnes exilées occupent des terrains vagues et n’ont pas accès aux services de première nécessité : logement, assainissement, eau, nourriture et soins médicaux. L’État impose des conditions d’extrême précarité et d’invisibilisation par des expulsions illégales toutes les 48 heures, des vols d’effets personnels par la police, des démantèlements illégaux sans possibilité de se défendre devant un juge, des violences policières récurrentes. Les gouvernements français et britanniques, Natacha Bouchart et tous leurs amis, ont délibérément transformé une question politique en crise humanitaire, maintenant les personnes qui veulent passer la frontière dans une situation de survie.
Mais les exilé.e.s ne sont pas les seul.e.s à connaître la précarité et l’absence d’accès au logement dans le Calaisis. L’ensemble de la cité auquel le bâtiment appartient est destiné à être expulsé puis détruit. Tandis que certain.e.s dont celles.ceux du bâtiment que nous avons occupé en ont déjà été expulsés, d’autres s’opposent.
Depuis plusieurs jours nous occupons une tour de 10 étages à Calais. En parallèle nous occupons d’autres bâtiments dans la ville. Par cette occupation, nous voulons exprimer notre soutien politique et matériel aux personnes exilées bloquées a la frontière franco-britannique.
En ce moment nous sommes assiégé.es par la police qui a déployé un énorme dispositif répressif : ils tentent de couper l’électricité à l’aide de techniciens d’Enedis, ils interdisent le ravitaillement en eau et nourriture et sont en train de rentrer dans le bâtiment.
Nous appelons à nos camarades à Calais et ailleurs aux habitant.e.s solidaires du quartier Fort Nieulay à venir massivement soutenir l’occupation et à multiplier les occupations de bâtiments vides !
Liberté de circulation pour toustes ! »
Les habitant.e.s des bâtiments occupés en ce moment à Calais
Ajout en fin de journée :
« C’est dans ce contexte que, lorsque lundi 7, les premier.e.s policier.e.s sont venus, de nombreux.euses voisin.e.s sont venu.e.s manifester leur soutien à l’occupation. Nous avons ainsi pu exprimer notre refus du discours de la guerre entre pauvres. Ne nous laissons pas diviser : Français.e.s ou étranger.e.s, avec ou sans papiers, un toit est un droit. Par ailleurs, la police a refusé, a plusieurs reprises, de voir les preuves d’occupation. Depuis 14h aujourd’hui, un dispositif policier disproportionné a encerclé le bâtiment. Les forces de l’ordre ne laissent entrer personne, ni eau, ni nourriture, ni matériel. Comme revendication première, nous exigeons l’arrêt des expulsions de campements toutes les 48h. Plus généralement, nous exigeons la fin du harcèlement des personnes bloquées à la frontière par la police. Nous exigeons la régularisation de tous les squats de la ville. Enfin, nous exigeons la réquisition immédiate de tous les bâtiments vides à Calais et que des solutions concertées et durables soient proposées à tout.e.s les habitant.e.s, quel que soit leur statut administratif ou de vulnérabilité.
Tant que nos revendications ne sont pas satisfaites, nous ne quitterons pas ces lieux. Nous refusons de nous laisser intimider par cette pression policière et rappelons que le délai de flagrance est dépassé, et qu’il ne peut y avoir d’expulsion sans décision de justice exécutoire. Nous ne nous laisserons pas faire ! »
Reportage de Street Politics sur le siège policier du 8 février à Calais
Communiqué du 11/02/22 : Tribune de la part des occupant.e.s de la rue d’Ajaccio
Depuis l’expulsion de la jungle de Calais la police expulse et saccage les campements toutes les 48h, empêche les associations de distribuer eau et nourriture, contrôle et enferme les personnes exilées à la moindre occasion, maintenant une pression continue et mettant ainsi entre 1000 et 1500 personnes dans une précarité extrême.
Les bâtiments ouverts cette dernière semaine l’ont été dans la perspective d’ouvrir des lieux de soins, de soutien et de vie collective pour les personnes à la rue et dans le besoin.
La répression immédiate de ces initiatives par l’expulsion de la tour démontre que l’état refuse toute organisation populaire pour palier aux problématiques qu’il crée.
Cette présence démesurée alimente les tensions dans le quartier, les policiers n’hésitant pas à gazer des familles et les groupes venus soutenir l’occupation enfumant les appartements et exprimant ainsi la réponse de l’état : des moyens extrêmement coûteux et violents pour faire taire des initiatives de solidarité populaire.
Ce matin un hélicoptère du RAID a été déployé pour expulser les occupants de la tour, lançant des grenades assourdissantes dans le bâtiment alors que des gens étaient présents à l’intérieur !
Malgré cela une seule personne a été interpellée et le reste a pu sortir au nez et à la barbe des flics !
Soutien et force aux camarades interpellés tout au long de cette occupation !
Les seuls étrangers sont les flics dans les quartiers !
Les bâtiments vides, souvent publics, sont partout, bien que des dizaines de milliers de personnes ne peuvent avoir accès à un toit dans le pays et ce en plein milieu de l’hiver et alors que le plan grand froid n’a pas été activé cette année à Calais.
Nous affichons notre soutien au voisin.es forcé.es à quitter leur lieu de vie pour des logements beaucoup plus éloignés du centre ville et qui risquent une expulsion.
Les loyers sont chers, les logements sont vides, avec ou sans nous, squats partout !
Nous marquons notre immense gratitude aux habitant.es pour leurs sourires et leurs énergies ainsi qu’à la cantine solidaire qui vient chaque jour devant les bâtiments.
Et merci la chorale, on va s’aimer !
La solidarité n’a pas de frontière, à bas les états et les frontières, liberté pour toustes !
Calais – logement pour toustes
Reportage de Street Politics du 10/02/22 : Expression populaire du quartier de Fort-Nieulay
Communiqué du 17/02/22 : 10 jours au squat de la rue Frédéric Sauvage à Calais
La semaine dernière, de nouveaux squats ont été ouverts à Calais par plus de 100 militant.e.s venu.es de toute l’Europe pour lutter pour le droit au logement, dans un acte de solidarité transfrontalière avec les personnes exilées bloquées à la frontière franco-britannique. Après 4 jours de siège, la tour de la rue d’Ajaccio a été violemment expulsée le 11 février à l’aide d’un hélicoptère de la police, de l’unité du RAID qui est entrée par le toit en utilisant des explosifs, et de nombreux CRS dans les rues. Un militant a été arrêté pendant l’expulsion mais tous.tes les autres ont réussi à s’échapper du bâtiment et à rejoindre nos camarades dans la rue, où les CRS ont tiré une quantité ridicule de gaz lacrymogènes pour vider la zone.
Notre maison de la rue F. Sauvage tient jusqu’à présent, bien que la situation juridique soit floue et que nous attendons toujours l’arrivée de l’huissier. La Mairie et la Préfecture ont fourni des informations incohérentes concernant les procédures légales relatives à cette maison, et nous craignons qu’elles ne cherchent à trouver un à moyen de nous expulser illégalement.
L’état de la maison est bien meilleur que lorsque nous avons emménagé : nous avons commencé à nettoyer, à faire des réparations et à organiser l’espace, mais tout cela est rendu plus difficile par le fait que l’électricité du bâtiment a été coupée par la compagnie d’électricité Enedis en collusion avec la Mairie et la police. Bien que ce soit un outil fréquemment utilisé par les autorités locales pour empêcher les espaces autonomes d’exister, empêcher quiconque d’avoir de l’électricité est illégal.
La maison a commencé ces derniers jours à devenir un espace de vie partagé, et nous travaillons à créer un espace digne, collectif, autonome et sûr. Nous voulons que ce lieu soit un espace ouvert où le statut administratif d’une personne n’a aucun impact sur sa capacité à vivre dignement, à faire l’expérience de la solidarité et à voir ses besoins fondamentaux satisfaits. Plus qu’un simple toit, nous voulons qu’il devienne un foyer, où tous les habitant.e.s ont un lit et peuvent se doucher, peuvent s’organiser politiquement, peuvent se soutenir, peuvent cuisiner pour eux.elles-mêmes et pour les autres, peuvent laver leurs vêtements, peuvent rencontrer des gens et inviter des amis, peuvent accéder à des soins médicaux et à un soutien juridique, peuvent se reposer, grandir, lire, peindre, apprendre, jouer, faire la fête...
Ce qui peut sembler être le quotidien de tant de personnes est un projet politique radical à Calais : une ville frontalière ségréguée où les espaces de vie auto-organisés et horizontaux entre les personnes exilées et les personnes solidaires sont absents.
En ouvrant des squats, nous espérons briser les cycles vicieux de violence, de racisme et de déshumanisation de l’État et de la police qui continuent à Calais, et dans le monde entier, pour faire respecter les frontières nationales. Les politiques violentes et racistes qui ont transformé les questions politiques des frontières et de la libre circulation en une crise humanitaire à Calais ont pour but de diviser les gens entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas, d’exclure et d’isoler davantage les personnes exilées, de limiter les possibilités de solidarité et d’imposer violemment ces distinctions dans nos vies et dans nos sociétés. Cette maison sera un espace partagé entre les personnes sans papiers bloquées à Calais et les personnes avec papiers solidaires, car nous voulons détruire les distinctions artificielles entre nous. Cette maison est le premier de nombreux autres squats qui luttent contre ces dynamiques à la frontière franco-britannique.
Alors que ces actions d’occupation de bâtiments se sont déroulées, l’Etat français poursuit ses politiques violentes et déshumanisantes pour imposer la misère aux personnes bloquées à Calais. Au cours des 10 derniers jours, 65 expulsions d’espaces de vie ont eu lieu et 81 tentes ont été volées par la police, dont beaucoup étaient remplies d’effets personnels. La pression sur les associations travaillant à Calais se poursuit : plus de 1000 € d’amendes ont été infligées à une organisation distribuant de la nourriture sur un seul site d’habitation où, par le biais d’amendes, d’intimidations et de menaces d’arrestation, la police tente de rendre impossible l’accès à la nourriture et à l’eau pour les 650 personnes qui y vivent. Nous condamnons ces politiques violentes et racistes. Nous condamnons les personnes sans cœur qui donnent les ordres et les personnes sans cerveaux qui les exécutent. Nous condamnons les Etats qui font respecter les frontières nationales et un système raciste de liberté de circulation dans le monde, tout exerçant une violence néocoloniale et créant des conflits.
Nous exigeons toujours :
- La fin de toutes les expulsions à Calais
- La régularisation de tous les squats de Calais
- La fin du harcèlement et de la violence de la police envers les personnes bloquées à la frontière et les personnes qui les soutiennent
- La réquisition immédiate de tous les bâtiments vides à Calais pour offrir des solutions d’hébergement à tous ceux qui dorment dehors, quelle que soit leur situation administrative.
Nous sommes reconnaissants pour tout le soutien que nous avons reçu, de la part de voisin.e.s, de camarades, de Calaisien.e.s et d’associations. Il a été bouleversant et nous a rempli de confiance pour continuer la lutte contre les frontières, le racisme, le capitalisme et le patriarcat.
liens utils :
. Twitter : @CalaisLogement
. Cagnotte pour le squat rue Fréderic Sauvage
. Contact : calaislogementpourtoustes[at]riseup.net
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