
@@b@@Une vague répressive sans précédent@@/b@@
Depuis quelques mois, les politiques migratoires connaissent un durcissement à travers le monde. Des États-Unis à l’Europe, plusieurs gouvernements ont choisi de restreindre drastiquement l’accueil des personnes réfugiées, invoquant des raisons de sécurité ou de contrôle desdits « flux migratoires ». Ces politiques, en Europe et en Amérique du Nord, témoignent d’un virage sécuritaire et fascisant dans la gestion de l’accueil des personnes réfugiées. @@b@@États-Unis : Guantanamo, déportations de masse et arrestations…@@/b@@
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump applique une politique raciste et inhumaine contre les personnes réfugiées, orchestrant des expulsions de masse qui ciblent en priorité les populations latino-américaines, africaines et haïtiennes. Sa stratégie repose sur la peur et la répression, pour transformer la question de l’immigration en une crise fabriquée et justifier une violence d’État sans précédent.
L’une des mesures les plus choquantes de cette offensive est son projet d’envoyer jusqu’à 30 000 personnes sans papiers, dont des mineurs, à Guantanamo, une prison tristement célèbre pour ses violations des droits humains. Initialement conçue pour détenir des terroristes présumés, cette base militaire située à Cuba devient désormais un outil de détention arbitraire, où des personnes seront enfermées sans autre justification que leur présence sur le sol américain. Cette décision a suscité l’indignation des ONG et des défenseur·euses des droits humains, qui dénoncent une dérive autoritaire dangereuse.
Une autre mesure phare du gouvernement Trump est la déportation massive des personnes réfugiées, avec la promesse de « renvoyer des millions » de personnes. Les images diffusées par le gouvernement montrent des personnes menottées, embarquées de force dans des avions militaires. Trump et ses alliés justifient ces actions en les présentant comme une réponse nécessaire aux « criminels étrangers », un discours qui cherche à diaboliser les réfugié·es et une volonté assumée de criminaliser l’exil.
Dans ce cadre, les arrestations arbitraires aussi sont en hausses. Les responsables de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont reçu des instructions pour intensifier les arrestations, avec un objectif quotidien de 1 200 à 1 500 interpellations. Les forces de l’ordre, elles, ont reçu carte blanche pour intervenir dans les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte, bafouant les principes fondamentaux de protection des individus vulnérables. L’ICE ne se contente plus d’expulsions aériennes : 1 500 militaires sont déployés à la frontière mexicaine pour des reconduites « au sol ». Pendant ce temps, le Salvador a proposé d’accueillir les personnes expulsées, quelle que soit leur nationalité, en les plaçant dans une « méga-prison » de 40 000 places, une offre saluée par l’administration Trump comme « un accord migratoire extraordinaire« .
Les conséquences de ces politiques racistes sont déjà visibles : des familles séparées, des travailleur•euses arrêté•es sur leur lieu de travail, des enfants expulsés de leur école. Les organisations de défense des droits humains alertent sur les violations massives des droits fondamentaux et le climat de peur instauré au sein des communautés immigrées aux Etats Unis.
@@b@@En Allemagne, alliance inquiétante entre la CDU et l’AfD@@/b@@
En Allemagne, un événement politique inédit a secoué le pays : la CDU, le principal parti conservateur, a voté aux côtés de l’extrême droite (AfD) en faveur d’un texte restreignant drastiquement l’immigration. C’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un parti démocratique accepte officiellement le soutien de l’AfD pour faire passer une loi au Bundestag (parlement). Cette initiative intervient dans un contexte politique tendu, marqué par la montée des discours anti-immigration en Allemagne et en Europe, ainsi que par une pression électorale croissante à l’approche des élections fédérales du 23 février. Ce vote marque un tournant politique inquiétant et illustre un durcissement sans précédent de la position de la droite allemande sur les questions migratoires.
Le texte adopté propose un ensemble de mesures drastiques : durcissement du regroupement familial, contrôle accru aux frontières, restriction des conditions d’accueil pour les demandeur•euses d’asile, et accélération des expulsions. Ces dispositions ciblent particulièrement les personnes réfugiées en situation irrégulière et ceux bénéficiant d’une protection subsidiaire. En l’espace de quelques années, l’Allemagne est passée d’une politique « d’ouverture » relative sous Angela Merkel à une logique de fermeture, alimentée par un climat politique de plus en plus hostile aux migrant•es. L’AfD, de son côté, ne cache pas son ambition d’imposer une politique de « tolérance zéro », prônant des renvois massifs et la fermeture quasi complète des frontières. Notons que l’an dernier, un scandale majeur avait éclaté en Allemagne, après que notamment des membres de l’AfD et de la bourgeoisie allemande s’étaient réunis à un lieu symbolique nazi – où le génocide des Juif•ves aurait été décidé – pour y préparer une feuille de route afin d’organiser la déportation de plus d’un million de personnes considérées comme immigrées. Cette alliance entre la CDU et l’AfD s’inscrit donc dans ce contexte de tensions croissantes autour de l’immigration, exacerbées par plusieurs faits divers instrumentalisés par l’extrême droite.
Face à la polémique, Friedrich Merz, chef de la CDU, a tenté de minimiser l’événement, affirmant que le soutien de l’AfD n’était pas recherché. Mais le mal est fait : ce vote symbolique risque d’ouvrir la porte à d’autres collaborations entre la droite conservatrice et l’extrême droite, accentuant encore la pression sur les politiques d’asile et d’immigration en Allemagne. Plus largement, cette évolution reflète une tendance européenne où de nombreux partis « traditionnels », sous pression électorale, adoptent un discours de plus en plus hostile aux personnes réfugiées.
@@b@@Belgique : un accord migratoire cruel et discriminant@@/b@@
En Belgique, la coalition gouvernementale Arizona a annoncé une série de mesures visant à restreindre l’accès aux titres de séjour et à limiter les droits des réfugié·es. Ces mesures ne sont pas toutes nouvelles mais viennent renforcer et intensifier une politique d’accueil minimal, qui a pourtant déjà été mené à la condamnation de l’État belge, à 8 000 reprises, en raison de sa gestion de la crise d’accueil.
Parmi les réformes prévues : Fouille systématique des téléphones portables des demandeur·euses d’asile, une mesure permettant aux autorités d’accéder aux données personnelles pour vérifier les parcours migratoires. Visites domiciliaires (ou perquisitions) pour « identifier et expulser les migrante·s en situation irrégulière », une pratique qui avait été rejetée par la justice en 2018*, mais que le gouvernement entend rétablir en renforçant la coopération entre la police et l’Office dfes Étrangers. Réforme des allocations sociales : les primo-arrivant·es devront attendre cinq ans avant d’y être éligibles, une mesure qui risque d’aggraver la précarité des réfugié·es, en particulier des familles et des mineurs isolé·es. Ce n’est pas le besoin, mais l’endroit où l’on est né qui conditionne l’accès aux aides sociales. Obtention de la nationalité belge plus difficile, avec un test de citoyenneté et de langue facturé 1 000 euros, un tarif prohibitif destiné à empêcher les étranger·es les plus précaires d’accéder à la citoyenneté. Fermeture progressive des centres d’accueil et réduction du nombre de places disponibles, mettant en péril l’hébergement des demandeur·euses d’asile et augmentant les risques de sans-abrisme. Enfermement des réfugié·es dans des centres fermés, où iels seront traité·es comme des criminel·les en attente d’expulsion. Ces centres, déjà saturés, deviennent de véritables prisons où les demandeur·euses d’asile seront entassé·es sans perspective d’avenir, et privé·es de recours légaux. Externalisation de la détention des réfugié·es vers des camps au Kosovo, une mesure inédite qui enverra des exilé·es dans un pays tiers, hors du territoire belge.
Cette politique, revendiquée comme un plan de dissuasion brutal, vise non seulement à réduire drastiquement les demandes d’asile, mais surtout à décourager tout personne désirant poser le pied en Belgique. Le gouvernement Arizona ne cache pas son intention de proposer un accueil strictement matériel, compliquant lourdement l’intégration pourtant déjà difficile. Les personnes étrangères sont criminalisées de manière inédite, que ce soit dans la manière dont elles sont traitées à leur arrivée ou par leur enfermement dans des centres fermés, véritable prisons administratives.
Par ailleurs, cette logique de criminalisation ne se limite pas aux personnes exilées, elle vise également celles et ceux qui leur viennent en aide. Les associations de soutien aux migrant·es, les centres d’accueil et les collectifs de solidarité font déja face à une surveillance accrue et à un risque de criminalisation de leurs actions. La multiplication des intimidations judiciaires, des perquisitions et des restrictions administratives entraveront davantage leur travail. Toutes ces mesures ont un but clair : elles visent à dissuader toute forme de résistance face aux pratiques racistes prévues par l’accord Arizona et son gouvernement. En assimilant la solidarité à une infraction, le gouvernement brise les réseaux d’entraide et isole davantage les exilé·es.
« cette note Arizona asile et migration, c’est un vrai catalogue des horreurs, les personnes migrantes seront criminalisées et leurs droits sociaux clairement rabotés. » Communiqué du co -fondateur de la plateforme d’initiative citoyenne Belrefugees.
L’une des mesures les plus révoltantes est la sous-traitance des expulsions vers des centres au Kosovo, un pays où les garanties en matière de droits humains sont inexistantes. En externalisant la détention et le refoulement des migrants, la Belgique exporte sa responsabilité et cherche à masquer ses violations des droits fondamentaux.
En France, une tendance au durcissement se confirme également. Récemment, une collégienne Burkinabè a été arrêtée en plein cours par la police pour être expulsée avec sa famille. Francois Bayrou parlait même « submersion » migratoire il y a quelques semaines, entretemps, de nombreux experts ont defaits cette fausse polémique. Le droit du sol a également été restreint à Mayotte. La droite, qui en était à l’origine, a obtenu le soutien des macronistes et du Rassemblement national. Les enfants nés dans ce département français devront avoir deux parents en situation régulière depuis trois ans pour prétendre à la nationalité française.
@@b@@Les attaques contre les réfugies, symptomatiques d’un société en pleine fascisation@@/b@@
L’ensemble de ces mesures s’inscrit dans un processus plus large de fascisation de la société. Le fascisme allemand des années 30′ s’est installé au travers des institutions démocratiques, les libéraux leur ont progressivement donné le pouvoir. Comme disait l’historien Johann Chapoutot : « Ce sont les libéraux autoritaires qui ont porté les nazis au pouvoir« . Mais contrairement à cet forme de fascisme historique qui s’imposait par la violence et l’abolition des institutions démocratiques, cette (nouvelle) forme de fascisme se développe progressivement en passant par les mécanismes légaux et bureaucratiques qui normalisent la répression. Nous pouvons retrouver des rapports similaires dans la France et la Belgique aujourd’hui, notamment concernant les alliances du MR avec l’extrême droite flamande et sa rapide transition vers l’extrême droite.
Et c’est tout le principe du post-fascisme, qui repose sur l’idée que les régimes autoritaires d’aujourd’hui ne se présentent plus sous la forme de dictatures militaires ou de gouvernements autoritaires, mais utilisent les outils démocratiques pour justifier des politiques discriminatoires et coercitives. Il ne s’agit pas d’un basculement brutal, mais d’une déconstruction progressive des droits fondamentaux, souvent sous couvert de préoccupations sécuritaires ou économiques.
La criminalisation des personnes réfugiées, la surveillance accrue des populations vulnérables et leur exclusion des aides sociales participent à ce glissement vers le fascisme. Ici, le processus vise à redéfinir la citoyenneté en établissant une distinction entre les personnes qui ont des « droits » et celles qui sont considérées comme des intrus, indésirables ou dangereuses.
Ces politiques répressives visent principalement les populations issues du Sud global et cette dynamique s’inscrit dans une logique raciste structurelle. Mais cela n’est pas étonnant vu la nature du fascisme aujourd’hui, qui a fait du racisme son programme. Cette racialisation des politiques migratoires n’est pas surprenante dans le contexte du post-fascisme, où la gestion des flux migratoires devient un instrument pour réaffirmer une identité nationale basée sur l’exclusion. Le retour à des logiques de séparation, de filtrage et de contrôle systématique révèle une volonté de restreindre l’accès aux droits fondamentaux à ceux qui ne correspondent pas aux critères par les États dominants. Le post-fascisme ne dit pas son nom, mais il façonne déjà nos sociétés. Derrière les discours sur l’identité nationale, la souveraineté et la « menace migratoire », c’est un projet autoritaire qui se dessine.
L’obsession pour la fermeture des frontières et la surveillance des populations migrantes n’est que la continuation d’un projet historique : maintenir l’ordre d’un Nord global qui ne survit que par l’exclusion et la domination.
*Legende :
RFI. « Migrants : examen en Belgique d’un projet de loi controversé. » RFI, 23 janv. 2018, https://www.rfi.fr/fr/europe/20180123-belgique-migrants-gouvernement-papiers .
Sources :
« Accord du gouvernement De Wever sur l’asile et la migration : maîtriser les arrivées, réduire la capacité d’accueil. » La Libre Belgique, 1er fév. 2025.
« Allemagne : la droite et l’extrême droite AfD votent main dans la main un texte contre l’immigration. » Franceinfo, 29 Jan. 2025.
« Asile et migration : la CDU dit regretter le soutien de l’AfD après le vote de son texte anti-immigration. » La Libre Belgique, 29 Jan. 2025.
« Belgium : New Government Presents Strictest Migration Policy Ever ― Highest Number of Asylum Applications for a Decade ― Reception Crisis Continues Amid Decrease in Local Initiatives. » European Council on Refugees and Exiles (ECRE), 6 fév. 2025.
« Donald Trump lance la chasse aux clandestins. » Soir Mag, 6 fév. 2025.
« Donald Trump promulgue une loi prévoyant la détention automatique d’immigrés illégaux ayant été condamnés. » Le Monde, 29 Jan. 2025.
« Donald Trump veut envoyer jusqu’à 30 000 migrants sans-papiers à Guantanamo. » La Libre Belgique, 29 Jan. 2025.
« En Allemagne, Friedrich Merz fait tomber le cordon sanitaire contre l’AfD à trois semaines des élections. » Libération, 29 Jan. 2025.
« États-Unis : les ‘déportations de masse’ d’étrangers ‘illégaux’ ont commencé, et ce n’est qu’un début. » Euronews, 28 Jan. 2025.
« France : une jeune fille originaire du Burkina Faso arrêtée dans son collège pour être expulsée. » InfoMigrants, 29 Jan. 2025.
« France : le droit du sol restreint à Mayotte. » Le Soir, 7 fév. 2025.
« Friedrich Merz promet de ne ‘jamais gouverner avec l’AfD’. » Le Soir, 4 fév. 2025.
« L’Invité de 8h20 du WE du vendredi 31 janvier 2025. » France Inter, 31 Jan. 2025.
« Le Royaume-Uni annonce un plan pour sanctionner les passeurs de migrants. » InfoMigrants, 29 Jan. 2025.
« Les États-Unis ont expulsé un premier groupe de migrants haïtiens en vertu des nouveaux décrets de Trump. » Euronews, 5 fév. 2025.
« With Far-Right Support, German Parliament Passes Motion to Restrict Migration – What Does It Mean ? » InfoMigrants, 30 Jan. 2025.
RFI. « Migrants : examen en Belgique d’un projet de loi controversé. » RFI, 23 janv. 2018, https://www.rfi.fr/fr/europe/20180123-belgique-migrants-gouvernement-papiers . Comprendre l’accord du gouvernement Arizona
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