Ce dimanche 8 juin, une marche blanche était organisée en hommage à Fabian, 11 ans, tué par la police au parc Élisabeth six jours plus tôt. Plus de 1 000 personnes se sont rassemblées sur le lieu du décès avant de marcher vers le commissariat du Comte de Flandre, pour montrer leur colère face à ce nouveau meurtre commis par la police à Bruxelles.
Après plus d’une heure de prises de paroles de membres de la communauté moldave, d’ami·es, de camarades d’école, mais aussi de voisin·es et de parents, le rassemblement a pris la direction du commissariat de la zone Ouest.
Dès le début de la marche, les manifestant·es se sont démarqué·es par leur énergie et leur colère. Un cortège de plusieurs motards a guidé le rassemblement et de nombreux drapeaux moldaves étaient affichés, alors qu’au même moment, les proches et la famille de Fabian étaient en Moldavie pour les funérailles.
Après avoir emprunté le boulevard Léopold II, les manifestant·es ont longé le canal. Au croisement avec la chaussée de Gand, de premières tensions se sont fait sentir entre les manifestant·es et les forces de l’ordre.
Vers 14h, le cortège est arrivé au commissariat de Comte de Flandre, commissariat de la zone de police responsable du meurtre de Fabian lundi dernier. De nombreux manifestant·es y ont déposé des fleurs et des bougies en mémoire à Fabian.
Dans les rues aux alentours, un important dispositif policier a été déployé. Une autopompe, suivie de plusieurs fourgons, se situait à moins de 50 mètres du lieu de commémoration. Au même moment, deux hélicoptères de la police survolaient la zone.
Ce vaste dispositif policier n’a pas manqué de faire ressurgir la colère d’une partie des manifestant·es. Très vite, des chants ont été entonnés contre la police et des œufs ou des bouteilles ont été lancés dans leur direction.
Quelques minutes plus tard, des arrestations particulièrement violentes ont eu lieu. En effet, des membres de la BAB (police anti-banditisme) ont tiré au flash-ball* sur une partie de la foule et arrêté au moins 3 personnes. Les policiers ont ensuite utilisé l’autopompe pour disperser les personnes qui étaient encore présent·es à l’endroit de la commémoration et ont mis en place différentes lignes de police pour contrôler la zone. Ils ont ensuite continué de quadriller le quartier, et se sont même rendus, avec leurs flash-balls, dans le parc situé à côté du commissariat, où de nombreux enfants en bas âge jouaient.
La forte présence policière est dans la lignée de la réaction de nos autorités face aux violences policières et aux meurtres policiers. Cette réaction est devenue tristement habituelle et se décline en différentes étapes. D’abord, les violences sont minimisées et la responsabilité policière est minimisée ou reportée sur la victime (comme lorsque l’on insiste sur le fait que Fabian roulait en trottinette, plutôt que de souligner les dangers d’une poursuite en voiture de police). Ensuite, les formes d’indignation face aux crimes policiers sont silenciées, voire réprimées : on tente d’étouffer la colère populaire.
Certain·es habitant·es du quartier de Simonis subissent de plein fouet cette répression. Plusieurs témoignages font état d’intimidations policières ces derniers jours, avec au moins trois arrestations préventives et plusieurs perquisitions. Des proches de Fabian auraient même été suivi·es par la police après s’être rendu·es au parc pour lui rendre hommage. Cette répression vise clairement à étouffer l’indignation face à l’injustice.
Mais peu importe la répression, comment ne pas ressentir de la colère lorsqu’un enfant de 11 ans meurt entre les mains de la police et que cette police se permet de réprimer la commémoration de sa mort ?
Malgré la violence institutionnelle de la répression policière, la marche de ce dimanche a aussi été le reflet d’un immense élan de solidarité. Plus d’un millier de personnes, venues de tous horizons, se sont réunies pour honorer la mémoire de Fabian et entourer sa famille. Des habitant·es du quartier, des membres de la diaspora moldave, des militant·es, des familles, voisin·es, ami·es, des jeunes, des ancien·nes, toutes et tous ont marché ensemble, unis par une même volonté : celle de ne pas laisser ce crime impuni. Toutes et tous étaient là pour dire que nous n’oublierons pas.
Justice pour Fabian.
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