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4 militaires poursuivis pour négationisme sur un groupe facebook célébrant le nazisme. Il y a un problème structurel dans l’armée belge.

4 militaires poursuivis pour négationisme sur un groupe facebook célébrant le nazisme. Il y a un problème structurel dans l’armée belge.

Belgique | sur https://stuut.info
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Quatre militaires belges ont été poursuivis par le tribunal correctionnel de Charleroi, suspectés d’avoir propagé du contenu haineux, raciste, antisémite et négationniste sur des groupes Facebook nommés « Auschwitz » et « Hitler did nothing wrong » [Hitler n’a rien fait de mal]. Ce mercredi 26 juin, le tribunal a acquitté trois militaires et en a condamné un dernier à 75h de travaux généraux. Les quatre militaires étaient déjà suspendus de leurs fonctions avant le rendu du jugement. Une décision ahurissante, à l’image de la fascisation de la société belge.

Selon la presse, les membres de ces deux groupes y diffusaient des contenus appelant à la haine, racistes, islamophobes, antisémites, homophobes et xénophobes. « Pour parvenir à intégrer ce groupe, il fallait envoyer une vidéo gore. Les nouveaux membres recevaient alors, en pseudo, le nom d’un Juif suivi d’un numéro, rappelant les pratiques des camps de concentration. » expliquent Le Soir avec Belga.

Dans sa décision, rapportée par le média SudInfo, le tribunal a estimé que les militaires voulaient partager un contenu « hétéroclite mais trash, sans lien obligatoire avec la deuxième guerre mondiale ou les camps de concentration ». Une explication difficilement compréhensible et qui semble de mauvaise foi, au vu des noms des groupes Facebook et des conditions extrêmement antisémites pour les rejoindre, qui laissent peu de doutes sur l’intention des militaires.

Trois des quatre militaires poursuivis ont été acquittés, le dernier a écopé d’une légère peine, 75 heures de travaux d’intérêts généraux. Le militaire condamné avait envoyé deux images négationnistes et révisionnistes au sujet du génocide des Juif.ves durant la Seconde Guerre mondiale. Comment expliquer autrement que par une certaine complaisance cette décision laxiste du tribunal correctionnel de Charleroi ?

Pourtant, ces cas ne sont pas isolés au sein de l’armée belge. L’année dernière, un militaire namurois néo-nazi, proche de groupes d’extrêmes droites était licencié de l’armée.

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Bataillon d’Istar de Hervelee

Plusieurs perquisitions avaient également été menées dans des casernes au bataillon Istar de Hervelee, également pour des faits d’extrémisme de droite.

En 2021 pendant la pandémie de Covid-19, Jurgen Conings, militaire et militant d’extrême droite (ancien membre du Vlaams Belang) avait volé des armes dans un dépôt militaire et avait annoncé vouloir tuer plusieurs personnalités politiques belges.

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Jurgen Conings

Toujours en 2021, il a été révélé qu’une trentaine de militaires belges étaient surveillés pour leur appartenance à l’extrême droite et que 11 perquisitions avaient été menées sur des personnes et des casernes militaires en raison de leurs appels à commettre des actes terroristes.

L’année dernière encore, 17 personnes étaient poursuivies par la justice belge, car elles étaient suspectées d’avoir formé une milice armée fasciste en 2020, nommée « Project Thule ».

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Thomas Boutens et des membres du « project Thule »

Parmi elles, un ancien militaire et néo-nazi bien connu pour son appartenance à différents groupes fascistes et ses nombreuses condamnations, Tomas Boutens.

Tomas Boutens avait déjà été arrêté et condamné en 2006, après une série de perquisitions visant des groupes fascistes qui préparaient des attentats « Bloed, Bodem, Eer, Trouw », littéralement « Le sang, la terre, l’honneur, l’allégeance », et « Combat 18 » (« 18 » faisant référence à Adolf Hitler, le 1 symbolisant le A et le 8 le H). Ces perquisitions avaient eu lieu dans des casernes militaires, mais également dans des lieux privés. Parmi les 19 personnes arrêtées en 2006, 12 étaient des militaires en fonction. En 2008, 5 autres militaires avaient de nouveau été arrêtées pour leur appartenance au groupe « Bloed, Bodem, Eer, Trouw ».

On remarque donc une présence importante de militants d’extrême droite dans l’armée belge. A la suite de l’affaire de Jurgen Conings et l’échec des services de renseignements de l’armée (SGRS) à prévenir l’évènement, le SGRS a mis en place un nouveau plan de renseignement en 7 points dans le but de prévenir l’extrême droite au sein de l’armée. En parralèle, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) avait assuré que « tout militaire aux idées extrémistes sera renvoyé de l’armée. »

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Ludivine Dedonder, PS, ministre de La Défense

En février 2023, un nouveau projet de loi était également adopté pour augmenter les évaluations de sécurité avant d’obtenir une habilitation pour travailler à la défense en tant que civil. Chaque membre du personnel de la défense, civil ou militaire sera également soumis à une évaluation de sécurité tous les 5 ans.

Trois ans plus tard, on peut questionner l’effectivité de l’affirmation de la ministre et la capacité de la justice belge à prendre des mesures sérieuses face à l’infiltration de l’extrême droite au sein de l’armée belge. Récemment, la ministre de la Défense expliquait que les militaires expulsés de l’armée pourrait également être transférés dans d’autres services des Services Publiques Fédéraux (SPF), et que cela se ferait « au cas par cas ». La ministre explique que l’accès facilité aux armes ainsi qu’à des informations sensibles justifie ces mesures, mais elle ne semble pas prendre un compte sérieusement le caractère idéologique, lorsqu’elle affirme qu’on peut « transférer » ces militaires dans un autre service.

Bien sûr, un militant d’extrême droite est particulièrement dangereux s’il est accrédité à utiliser, ou qu’il a accès à des armes. Mais un néo-nazi dans le reste de l’administration publique, même sans arme, reste extrêmement dangereux pour la société. La normalisation de l’extrémisme de droite et du fascisme au sein de l’administration belge représente un risque de « sécurité nationale » majeur, peut-être encore plus important qu’un accès facilité aux armes, en particulier dans la période historique actuelle

Depuis plusieurs décennies, nous observons une fascisation de la société belge et européenne. Ce qui était inimaginable de dire, ou de penser, il y a 20 ans devient la norme et l’extrême droite, directement héritière du nazisme et de la collaboration, est aux portes du pouvoir. Dans le même temps, on remarque une importante présence d’extrême droite au sein des sections armées de l’Etat, l’armée et la police. Une extrême droite, dont la théorie contemporaine principale est celle d’une guerre civile raciale.

Les militant.es d’extrême droite se préparent sérieusement à cette guerre raciale.

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Image d’illustration

Avant la guerre en Ukraine, de nombreux camps d’entraînement paramilitaires y ont été organisés, réunissant des militant.es d’extrême droite belge, notamment des militaires en service dans l’armée belge. Probablement qu’à l’heure actuelle des militant.es d’extrême droite belges sont également en train de combattre en Ukraine auprès de bataillon néo-nazi comme Azov, des dizaines de résidents belges ont demandé à rejoindre le front depuis le début de la guerre*.

Quel suivi sera mis en place à leur retour si des militants d’extrême droite ont rejoint le front en Ukraine ? La guerre en Ukraine soulève également d’autres problématiques militaires en matière d’extrémisme de droite : le fait d’avoir une guerre de grande envergure en Europe implique un important transite d’armes et de munitions. La situation de chaos de la guerre et l’important ravitaillement d’arme favorise également un marché noir organisé autour des armes destinées à être utilisées sur le front russo-ukrainien.

La circulation des armes lourdes constitue également une problématique sécuritaire importante, car elle pourrait faciliter l’armement des groupes d’extrême droite, dans une séquence où de plus en plus de ces groupes planifient et tentent des attentats (comme récemment en novembre 2023 à Anvers et ou en octobre 2022 dans la province d’Anvers). Nous remarquons donc bien à quel point la problématique de l’extrême droite et de la fascisation ne se limite pas aux processus électoraux et institutionnels. Ceux-ci ne constituent que la face dévoilée de l’iceberg.

Légende :

*Notons néanmoins, qu’a priori, il n’y a pas de militaires en fonction dans l’armée belge qui ait pu rejoindre le front en Ukraine, car ils ne sont pas autorisés de s’engager volontairement au vu de la loi sur la neutralité belge.

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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