À Bruxelles, 6 personnes sur 10 ne possèdent pas de logement.
Elles louent un appartement, un studio ou une maison.
L’essentiel de ces logements appartient à une masse d’individus, propriétaires de deux à cinq logements en moyenne chacun, qui s’enrichissent en tirant des rentes de ces locations. Les locataires, majoritaires à Bruxelles, tendent de leur coté à s’appauvrir, car les loyers deviennent de plus en plus chers.
Le portrait des propriétaires n’était pas connu avant le travail inédit de compilation de données mené par Hugo Périlleux, chercheur à l’Université libre de Bruxelles.
Cette enquête reprend et vulgarise des éléments de sa thèse, publiée en mai 2023.
En s’interrogeant sur les propriétaires que Bruxelles enrichit, cet article participe à la réflexion sur la régulation des loyers.
Pour une bonne partie de la population bruxelloise, louer un appartement, un studio ou une maison est devenu… impayable. Les loyers gonflent bien plus vite que les revenus, ils plombent le budget mensuel des ménages locataires qui s’appauvrissent petit à petit.
Dès 1985, soit aussi loin que remontent les données disponibles, les loyers bruxellois s’écartent de l’indice santé (qui reflète l’indexation des salaires). Après la crise financière de 2008, le décrochage est complet. « Les loyers ont augmenté de près de 20 % depuis 2004 », calculait l’Observatoire des Loyers en 2018.
Bruxelles a un problème de loyers. Il dure depuis au moins 15 ans et concerne les propriétaires bailleurs qui fixent le prix initial de location de leurs biens sur le marché locatif privé, non régulé. La moitié de Bruxelles est contrainte de s’y loger, faute d’alternative publique structurelle. Tel qu’il fonctionne aujourd’hui, le marché locatif accentue les inégalités sociales à Bruxelles.
Cette enquête décortique la problématique en quatre étapes :
1) Qui doit se loger sur le marché locatif privé ? Beaucoup de locataires
2) Que trouve-t-on sur ce marché non régulé ? Des vieux logements
3) Qui détient ces biens, les met en location et s’enrichit ? Des propriétaires aisé·es
4) Ce qui appauvrit les locataires ? Le montant des loyers
1. LES LOCATAIRES
« Aucune Région n’est autant confrontée au problème des loyers que Bruxelles »
— Nicolas Bernard, professeur de droit à UCLouvain/Saint-Louis
- c’est à Bruxelles que les loyers sont les plus hauts.
- ç’est à Bruxelles que les revenus sont les plus bas. Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
- c’est à Bruxelles qu’il est le plus difficile d’être locataire, puisque les allocations sociales s’attribuent de la même façon partout en Belgique. Un revenu d’intégration sociale ou un revenu de chômage n’est pas augmenté si l’on habite Bruxelles, alors que les loyers y sont plus élevés qu’en Wallonie ou en Flandre. « C’est une forme de discrimination géographique », estime Nicolas Bernard, spécialisé en droit du bail.
- c’est à Bruxelles qu’il y a le plus de locataires, en termes relatifs : 60% de la population, contre 30% de locataires en Wallonie ou en Flandre.
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