En réaction à l’amplification des discours de haine, de la désinformation et d’un algorithme discriminatoire sur la plateforme X (ex-Twitter) depuis son rachat par Elon Musk, de nombreuses personnalités publiques, politiques, médiatiques, des collectifs ou encore des individus quittent X. Plus rarement, mais dans la même idée, des personnes quittent les plateformes de Méta (surtout Instagram et Facebook), au vu du rapprochement politique de Mark Zuckerberg, directeur de Méta, avec les idées réactionnaires de Trump et son allié Elon Musk.

Nous ne sommes pas sur X, mais nous publions sur Instagram et sur Facebook. Nous souhaitons exprimer nos inquiétudes face à la néo-fascisation des réseaux sociaux et rappeler ici les alternatives pour suivre notre contenu.

Peu de temps après l’élection du président Donald Trump, Mark Zuckerberg a annoncé mettre fin au système de fact-checking. Jusqu’ici, ce système était utilisé pour vérifier la veracité des informations qui circulent et pour éviter la publication de contenu haineux et considéré dangereux.

Cette décision intervient, comme un alignement sur la ligne politique d’Elon Musk sur X, soutenue par Trump et les républicains, qui estiment que ce fact-checking représenterait une censure et une menace pour la liberté d’expression. Les fact-checkers sont licenciés par Zuckerberg et remplacés par des notes communautaires, comme sur X.

Le message est clair : moins de modération pour plus de liberté d’expression.

Outre cela, le directeur de Méta a déclaré qu’il mettrait fin à un certain nombre de limites concernant des sujets, tels que l’immigration et le genre, qui, selon lui, ne sont plus à protéger. Zuckerberg a également déclaré vouloir installer sur la plateforme une énergie plus « masculine » .

Le rapprochement entre Zuckerberg et le duo Trump-Musk aura par ailleurs été confirmé par sa présence, à la cérémonie d’investiture de Trump le 20 janvier 2025, cérémonie durant laquelle Musk a fini son discours par un double salut n4zi. Même si Zuckerberg n’est pas intervenu, Trump lui avait accordé une place d’honneur. Qu’il s’agisse de l’opportunisme d’un entrepreneur qui veut maintenir un chiffre d’affaires sans froisser le nouveau président, ou d’un réel alignement politique, le résultat est le même : Zuckerberg se rapproche de plus en plus de l’extrême droite, et met ses plateformes au services d’idéologies réactionnaires.

Sous couvert d’une protection de la liberté d’expression, il s’agit d’une néo-fascisation des plateformes que nous sommes nombreux·ses à utiliser quotidiennement, menaçant les contenus qui viendraient proposer un discours en opposition aux idées réactionnaires.

Bien qu’il soit de plus en plus visible, le tournant réactionnaire de Méta n’est pas nouveau.

Des contenus ont déjà été supprimés par Méta, notamment en 2022, lorsque des informations relatives au droit à l’avortement ont été censurées. C’est encore le cas aujourd’hui : depuis début janvier 2025, des publications qui font la promotion de pilules abortives ont été supprimées.

Des comptes ont déjà été censurés sur Instagram, parfois à plusieurs reprises, parce qu’ils portent une voix dissidente qui vient dénoncer différentes formes de discriminations. C’est notamment le cas du compte sansblancderien, désactivé plus de 5 fois par Méta à cause de signalements orchestrés par l’extrême-droite (forme de censure communautaire).

Plus largement, depuis le 25 août 2023, une loi visant à interdire toute forme de contenu qui appellerait de près ou de loin à la révolte depuis les réseaux sociaux est mise en place à l’échelle européenne. Cette législation permet de supprimer et de censurer tout contenu qui est jugé comme « haineux », parce qu’il appellerait à la révolte ou à la dissidence. En revanche, cette loi ne s’est jusqu’ici pas appliquée aux contenus racistes et sexistes. Ce qui est haineux est laissé à l’appréciation de Méta.

Nous restons pour le moment sur Méta, pour occuper un certain terrain médiatique, mais nous sommes conscient·es des limites de cette plateforme au vu de l’algorithme qui maintient les utilisateur·rices dans une certaine niche idéologique et nous restons vigilant·es face aux changements de politique de Zuckerberg.

Nous vous invitons à suivre notre contenu sur d’autres support, tout en continuant de nous soutenir ici.

Il est possible de lire toutes nos publications sur notre site internet « bruxellesdevie.com ». Au fil de l’évolution de la situation sur les réseaux actuellement dominants, nous aimerions renforcer les bases arrières que nous avons déjà. Notre contenu est depuis longtemps disponible sur Stuut.info et sur Mastodon. Nous envisageons également les alternatives qui prennent en ampleur, comme Pixelfed (alternative à Instagram).

Sources :

• Aux États-Unis, Meta recule sur la modération des contenus en abandonnant le fact-checking
• https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250107-meta-met-fin-%C3%A0-son-programme-de-fact-checking-aux-etats-unis
• https://www.amnesty.be/veux-agir/agir-ligne/petitions/meta-tiktok-censure-avortement
• https://www.nytimes.com/2025/01/23/technology/instagram-facebook-abortion-pill-providers.html