stuut.info

Enquête : la brigade cycliste de Bruxelles Capitale Ixelles au cœur de nombreuses affaires de violences policières ?

Enquête : la brigade cycliste de Bruxelles Capitale Ixelles au cœur de nombreuses affaires de violences policières ?

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie
PNG - 1.2 Mo

En novembre dernier, nous avons lancé un appel à témoignages sur les violences policières attribuées à la brigade cycliste de la police de Bruxelles Capitale Ixelles. Après une enquête approfondie et de nombreux récits recueillis, nous publions aujourd’hui un article exclusivement consacré à ces abus.

Depuis 2003, la zone de police de Bruxelles Capitale Ixelles s’est munie d’une brigade cycliste. La création de cette brigade a, selon les forces de l’ordre, pour but de renforcer les dynamiques de proximité entre policier·es et habitant·es tout en se consacrant principalement à la réglementation des flux routiers. Cependant, la réalité est toute autre, car il semblerait que la brigade cycliste soit coutumière des violences policières.

De manière générale, il est ressorti des différents témoignages que les membres de la brigade cycliste ont eu un usage particulièrement important et régulier de la violence dans le cadre de manifestations. Les témoignages que nous avons reçus font allusion à des faits qui se sont déroulés dans le cadre de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles le 26 novembre 2023, dans le cadre du mouvement pro-palestinien en face de l’ambassade américaine le 31 mai dernier, à la Grand-Place de Bruxelles le 24 juillet 2024 toujours dans le cadre du mouvement palestinien et finalement lors de la manifestation contre la venue de Jordan Bardella le 13 novembre dernier.

L’ensemble des faits décrits dans cet article se sont déroulés sur la zone de police de Bruxelles Capitale Ixelles, mais il est probable que des brigades cyclistes d’autres zones de police soient venues en renfort lors de diverses manifestations. Elles seraient alors aussi concernées par ces faits de violences policières. Nos vérifications, basées sur les témoignages reçus, confirment que des policiers à vélo de la zone de Police de Bruxelles Capitale Ixelles ont bien été reconnus à la fois lors de la pratique quotidienne de leur fonction de « policier à vélo » et aussi au moment de violences policières lors de manifestations.

Nous pouvons aussi identifier que ces policiers sont bien membres de brigades de police locale par la présence de lignes bleues et bleu clair qui sont présentes à la fois sur leurs uniformes et sur leurs vélos.

Cette brigade, qui serait à minima constitué de 53 policier.es à vélo a, à de nombreuses reprises, été ciblée par des plaintes concernant des violences policières. Parmi les membres de la brigade, les témoignages que nous avons reçus nous ont permis d’identifier une série de policier.es qui ont été violents physiquement lors de l’exercice de leurs fonctions. Un policier avec une corpulence assez forte, une barbe et des cheveux de couleur rousse, a été systématiquement décrit comme étant « particulièrement violent ».

Les méthodes de la brigade cycliste de Bruxelles Capitale Ixelles sont loin du narratif politique et policier

La zone de police de Bruxelles Capitale Ixelles est loin d’être la seule zone de police à être munie d’une brigade cycliste. Depuis quelques années, de nombreuses zones de police souhaitent se doter de ce type d’unité. Des responsables politiques, comme Philippe Close, saluent d’ailleurs leur travail, estimant qu’elles « donnent une image dynamique de la police », désormais moins cloitrée dans ses véhicules, tout en gagnant en efficacité et en réactivité.

De la même manière, l’ancienne ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CDEV) affirmait en 2022 vouloir augmenter le nombre de policier.es à vélo, car ils sont «  très près des citoyens ».

Dans cette optique, les bourgmestres responsables des différentes zones de police ou des brigades cyclistes en activité disent êtres très satisfaits par le travail qu’elles effectuent. Cette confiance s’illustre par une augmentation considérable du nombre de policier.es à vélos depuis les quinze dernières années. Les moyens financiers mis à leurs dispositions sont eux aussi en hausse constante. Par exemple, certaines brigades cyclistes ont depuis peu accès à des nouveaux vélos électriques nommés « Speed pedelec ». L’usage de ceux-ci devrait prochainement se généraliser.

Les premières recherches et vidéos internet autour de cette brigade font référence à des policiers qui allient leur passion pour le vélo avec leur travail et ce dans le but « d’optimiser la proximité entre policier.es et habitant.es ».

Ce narratif est aussi construit autour de la question écologique. Donner des vélos aux policiers leur permettrait donc d’être plus proches de habitant.es tout en luttant contre le réchauffement climatique car ils utiliseraient des moyens de transports plus verts.

Pour féliciter ce travail de terrain, le bourgmestre de la ville de Bruxelles, Philipe Close (PS) a demandé à la star mondiale du cyclisme, Remco Evenepoel, de parrainer la brigade cycliste de la zone de police de Bruxelles Capitale Ixelles. Une photo montre les membres de la brigade au coté de Remco Evenepoel.

JPEG - 459.6 ko

Tant d’arguments et de soutiens extérieurs qui, comme dit précédemment viennent « lisser » l’image de cette brigade cycliste.

Pourtant, les premières phrases qui ressortent des témoignages que nous avons récoltés à propos de cette brigade marquent une opposition claire avec cet imaginaire. La façon dont est perçue la brigade cycliste par des personnes qui sont coutumières des manifestations est en opposition totale avec le narratif qui est construit autour de celle-ci.

« C’est des vraies racailles cette brigade-là !  » ; « Ces vélos-là, c’est pour nasser les gens, pas pour le climat.  » ; « J’ai déjà vu la brigade cycliste en action et j’ai toujours été étonné par la brutalité et les violences de cette brigade.  »

Dans l’ensemble des faits cités dans cette enquête, et dans certainement d’autres manifestations non citées, les membres de la brigade cycliste ont eu un usage singulier de la violence. Il leur est à la fois reproché de violenter sans avoir pour but d’arrêter des individus, d’êtres violents verbalement, d’user de leurs vélos pour nasser des manifestant.es et taper des manifestant.es, …

Violences policières à la manifestation en face de l’ambassade américaine dans le cadre du mouvement palestinien en mai 2024, la brigade cycliste bien présente.

Deux témoignages font allusion à des faits qui se sont déroulés le 31 mai 2024 à la manifestation pro-palestinienne en face de l’ambassade américaine. Cette manifestation était la troisième manifestation de grand ampleur en l’espace de quatre jour à se tenir dans le cadre du mouvement pro-palestinien à Bruxelles. Les deux premières avaient eu lieu devant l’ambassade israélienne et avaient été durement réprimées par les forces de l’ordre. Un peu plus de 500 personnes étaient présent.es devant l’ambassade américaine pour apporter leur soutien au peuple palestinien.

Alors que le rassemblement s’était relativement bien déroulé, dès la fin de celui-ci, les policiers ont demandé aux manifestant.es encore présent.es de quitter les lieux mais une partie des manifestant.es était resté bloquée dans la station de métro Arts-Loi. Une rupture avait alors eu lieu entre des manifestant.es qui étaient attroupés hors de la station et ceux encore coincés dans la station de métro, les deux parties étant séparées par une ligne de police. Après qu’un signal a été donné, les forces de l’ordre ont violemment poussé des manifestant.es à l’intérieur de la station de métro et la brigade cycliste est intervenue pour disperser les personnes présentes autour de la station.

«  C’est là que de manière inattendue et très brusque je pense qu’un signal a été donné, les policiers à vélo ont alors roulé rapidement en file indienne vers les personnes en marge dont nous, qui étions en train de partir donc, cherchant à nous encercler. Ils étaient collés l’un à l’autre pour éviter que l’on passe entre eux. Les gens ont évidemment paniqué et tout le monde a commencé à courir pour tenter de fuir avant qu’ils nous encerclent ».

En s’enfuyant, la personne elle-même à vélo complète : « Deux policiers à vélo n’étaient pas dans la file et ont alors continué de rouler vers nous et d’autres personnes devant qui continuaient de courir, avec l’un des deux qui vociféraient oralement des injures et des insultes. »

« C’est là qu’un des policiers à vélo, celui violent verbalement, est descendu de son vélo et a violenté un manifestant en lui donnant un gros coup au visage en continuant ses insultes. Il l’a ensuite laissé là et rejoint à nouveau ses collègues.  »

« Cette violence était gratuite, je n’ai pas d’autres mots. Contre des personnes qui n’ont manifesté aucun geste, aucune intention de violence. Nous étions majoritairement en marge de la manifestation à ce moment-là, la plupart voulant juste partir avant que la police ne devienne violente, trop conscient·es de ce qu’elle était capable faire et ressentant la tension dans l’air. Nous voulions donc la fuir. »

Un autre manifestant qui a témoigné dans le cadre de cette enquête et qui était aussi présent lors de ces faits à l’ambassade américaine a lui aussi observé la violence gratuite et disproportionnée des policiers à vélo au moment de disperser les manifestant.es encore présents en haut de la station de métro.

« Quand j’ai compris que les policiers allaient commencer à nous disperser je me suis rapidement reculé dans la foule et d’un coup, sans que personne ne les voie venir, beaucoup de policiers à vélo sont arrivés sur place. J’ai à peine eu le temps de les voir arriver qu’un d’entre eux, un homme assez costaud avec une barbe rousse que j’avais déjà vu être violent à d’autres occasions, a mis un coup de poing au visage d’une dame d’une cinquantaine d’année alors qu’elle ne faisait rien et ne présentait pas le moindre danger. »

« J’ai à peine eu le temps de lui venir en aide que d’autres policiers à vélo sont arrivés et m’ont directement poussé et gazé pour le défendre.  »

« La seule chose qu’on pouvait faire pour se protéger était de courir le plus vite qu’on pouvait. J’étais à deux doigts de me faire arrêter, mais j’ai réussi à dévier la trajectoire d’un policier à vélo. Seulement, quand je me suis retournée pour voir où il était, j’ai vu ce même policier drifter en face d’une personne. Cette collision l’a mise à terre. Le policier ne trouvant pas qu’il en avait assez fait, a gazé et matraqué cette même personne. »

Ces différents témoignages illustrent la violence dont certains membres de la brigade cycliste ont fait usage. Il semblerait aussi qu’il était en partie question de faire peur au manifestant.es. En tout, une quarantaine de personnes avaient été arrêtées à ce rassemblement.

Poursuite de manifestant.es par la brigade cycliste dans le centre de Bruxelles, juillet 2024

Le 25 juillet 2024 des images de violences policières commises par des membres de la brigade cycliste dans le centre de Bruxelles ont fait le tour du monde. Ces images montraient des membres de la brigade cycliste étrangler des manifestants palestiniens au sol en plein quartier de la Grand Place de Bruxelles. Mais quelle était les motifs de ces arrestations ô combien violentes ?

A la même période, avait lieu le festival « Tommorow land », à cette occasion des drapeaux ont déployés sur la Grand Place et parmi eux se trouvait le drapeau israélien. Un groupe de personnes palestiniennes avait alors scandé des slogans devant ce drapeau et très peu de temps après, des membres de la brigade cycliste sont intervenus pour leur demander de sortir de la Grand-Place. Le motif de cette demande était le fait qu’une partie d’entre eux avaient des bracelets sur les quels il était écrit « free Palestine ». Cette intervention policière, qui n’a évidemment pas manqué d’indigner les personnes visées, n’a pas tardé à escalader. Après l’avoir poursuivi dans les rues adjacente à la Grand-Place, les membres de la brigade cycliste ont finalement arrêtés le groupe de palestiniens. Cette intervention a abouti à de nombreuses violences policières très marquantes.

À la suite de ces violences policières, un rassemblement a été organisé à deux pas du commissariat où les personnes arrêtées avaient été emmenées. Ce rassemblement de soutien, sans la moindre violence, se tenait Place du Congrès à côté du commissariat de la rue Royale. Une dizaine de minutes à peine après le début du rassemblement, les policiers à vélo sont à nouveau intervenus afin de disperser le rassemblement, qui pourtant ne causait pas le moindre problème.

Une personne qui a accepté de témoigner dans le cadre de cette enquête nous raconte : « Les policiers à vélo sont arrivés et nous ont directement demandé de dégager, on a à peine eu le temps de leur répondre qu’ils nous ont directement gazés. A cause de leurs vélos et du gaz lacrymo ils nous poussent où ils veulent, là on était place du congrès mais ils nous ont fait remonter vers la rue royale. A ce moment on continue de marcher en direction du commissariat pour continuer le rassemblement mais les policiers ne veulent pas qu’on se rassemble à nouveau. Directement après, sans que personne ne s’y attende, un des policiers à vélo a étranglé un de mes amis.  »

La personne qui a témoigné au sujet de ces événements nous a ensuite expliqué les différentes techniques que les policiers à vélo avaient utilisé pour disperser et violenter les manifestant.es ce jour là.

« Une manière pour eux de nous faire reculer était d’utiliser leurs vélos. Y a un des policiers à vélo, le roux un peu plus costaud, qui donnait des ordres à toute la brigade, il criait « STEP, BACK ». Au STEP ils levaient les vélos et au BACK ils frappaient au sol en direction des manifestant.es avec les vélos. »

La·le temoin nous fait ensuite savoir que le niveau d’organisation de la brigade cycliste au moment des faits était vraiment impressionnant et qu’il n’était pas question que d’écarter les manifestant.es mais bien de les blesser un maximum via l’usage des vélos. Après les faits, de nombreux.ses manifestant.es ont eu des hématomes aux jambes à cause des coups de vélos.

« Après qu’on a été dispersés, on ne voyait plus aucun policier.e à vélo, c’était plus que des lignes de policier.es à pied. Il semblerait que la stratégie des flics à vélo était de nous disperser vite et violemment pour nous impressionner au maximum mais de ne pas suivre après, c’était au tour des autres brigades. »

Ces faits nous montrent les différents usages que peuvent avoir les vélos de police et à quel point cette brigade est organisée. Le fait que ces policiers utilisent des commandement distincts pour frapper les manifestant.es avec l’usage de leurs vélos montre une nouvelle fois que leur violence n’est pas anodine et répond à des ordres et à un fonctionnement précis dans cette brigade.

D’innombrables violences policières après la manifestation spontanée contre la venue de Jordan Bardella, des policiers à vélos matraquent à tours de bras :

Ces témoignages d’abus policiers rappellent des faits commis par des membres de la brigade cycliste le 13 novembre dernier à la suite de la manifestation spontanée contre la venue de Jordan Bardella à la maison de Hongrie. La brigade cycliste serait intervenue en toute fin de manifestation au niveau de l’arrêt de métro Maelbeek.

« Lors de cette manif juste avant le pont au-dessus de Maelbeek les policiers ont chargés, mes ami.es et moi étions déjà en train de partir vers la direction du métro quand on a vu tout le monde se mettre à courir. On se met aussi à courir et on comprend que la police est en train de « charger » derrière. En ralentissant un petit peu, j’entends des gens gueuler derrière moi, ils crient de dégager. C’étaient en fait des policiers à vélo mais je ne l’ai compris que quand j’ai vu l’un d’eux apparaitre à ma gauche. Il allait super vite et m’a mis en coup de matraque puis a essayé de m’attraper, ce qui avec la vitesse m’a fait tomber violement au sol.  »

La personne qui a partagé ce témoignage a été fortement blessée à la cheville à la suite de ce coup de matraque et a du être immobilisée pendant plusieurs semaines.

Une autre personne aussi présente au moment des faits a elle-même été choquée par la vitesse à laquelle ces policiers à vélo allaient au moment de matraquer les manifestant.es présent.es et à quel point le but de leur déploiement n’était pas l’arrestation.

« J’étais en bas de la rue de la Loi, déjà prête à m’enfuir par la station de métro quand j’ai vu ces policiers à vélo descendre la rue à toute allure en matraquant toutes les personnes qu’ils avaient devant leur passage. On aurait dit que leur seule intention était de faire mal et de blesser les personnes qu’ils avaient sur leur passage. A aucun moment ils essayaient d’arrêter des gens, j’en suis persuadé.e »

Ces témoignages renforcent la théorie selon la quelle, les membres de la brigades utiliseraient la violence uniquement dans l’optique de faire peur aux manifestant.es qu’ils ont en face d’eux et non dans le but de les arrêter. De plus, notons que l’usage de matraques alors que les policiers étaient déjà à grande vitesse sur leurs vélos, renforce fortement la dangerosité de cet objet.

Une quarantaine d’arrestations administratives avaient eu lieu à la suite de cette manifestation.

Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles en novembre 2023, la brigade cycliste protège des arrestations violentes

Ces faits remontent au mois de novembre 2023 lors de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles. A l’époque de nombreuses colleur.ses féministes et autres militant.es avaient été arrêté.es et violenté.es par les forces de l’ordre. Des arrestations particulièrement violentes avaient eu lieu avant même le début de la manifestation, d’autres pendant et d’autres encore après la fin de la manifestation.

Lors de ces trois moments, des membres de la brigade cycliste de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles ont aidé les autres brigades de police à procéder aux arrestations en les protégeant via l’usage de leurs vélos comme des « murs ». S’ils semblerait qu’ils aient été moins « directement » violents lors de cette manifestation, disons que leur présence a permis les violentes arrestations effectuées par d’autres brigades.

Les membres de la brigade cycliste ont usés de leurs vélos pour se mettre entre les manifestant.es et les autres brigades de polices au moment des arrestations, mais aussi en étant sur leurs vélos pour intercepter plus rapidement des individus qui se situaient dans la foule.

Des images que nous avons reçues montrent la police procéder à des arrestations de colleuses féministes au niveau du Mont des Arts alors que la manifestation n’avait pas encore commencé. Sur ces images, les policiers à vélos entourent les arrestations pour garantir qu’aucun individu ne puisse gêner les arrestations ou ne s’en rapproche de trop près. Ce mur de vélo peut aussi permettre de cacher certaines scènes des caméras ou du regard d’autrui, il empêche donc d’avoir des témoins visuels des violences possibles.

Plus tard, alors que la manifestation était en cours, les policiers à vélo sont intervenus violemment sur des manifestant.es alors qu’une partie de la foule s’indignait suite à l’arrestation d’une personne qui avait commis pour seul délit le fait d’avoir collé un autocollant. Les images montrent à la fois des policiers à vélo gazer et frapper des individus qui s’indignaient contre cette arrestation. Très rapidement, cette scène a créé un mouvement de foule et les membres de la brigade cycliste, dans un second temps, s’en sont pris physiquement à des manifestant.es en les repoussant violement à l’aide de leurs vélos. Ces vélos permettaient une nouvelle fois de faire « bouclier » pour cacher une arrestation mais ont aussi servi de « bélier » afin de pousser les manifestant.es qui se trouvaient sur leur chemin.

En toute fin de manifestation les policiers de la brigade cycliste protégeaient une nouvelles fois des arrestations violentes. Celles-ci avaient lieu en bas du Mont des Arts, contre un mur. Pendant que des policier.es à pied arrêtaient des manifestant.es, les policier.es à vélo faisaient à nouveau tampon entre la foule et les arrestations. Alors que la foule mettait la pression sur les policier.es, certain.es membre de la brigade cycliste ont poussé des manifestant.es, des images ont montré des policier.es donner des coups aux visages des manifestant.es « arrêtés » et entourés par les policiers à vélo.

Que retient on des abus systématiques de cette brigade et quelles entraves à la liberté de manifester ?

Après avoir décrit de nombreux faits de violences policières grâce aux différents témoignages que nous avons reçus, il est désormais certain que les membres la brigade cycliste de Bruxelles Capitale Ixelles ont un usage singulier et au combien fréquent de la violence dans le cadre de manifestations.

Ce qui ressort des interventions citées dans cette enquête, en plus des violences policières répétées, est le fait qu’elle a très rarement pour but d’arrêter les personnes qu’elle poursuit. Dès que des manifestations dégénèrent légèrement et que la brigade cycliste est présente, il n’est ni question pour ses membres d’encadrer les abords de la manifestation ou de procéder à des arrestations mais bien de d’intimider les manifestant.es en leur faisant violence.

Ces nombreuses exactions policières, relatives à de l’intimidation sont une entrave directe au droit de manifester. En agissant de la sorte, les membres de la brigade cycliste de Bruxelles Capitale Ixelles contribuent activement à la peur ambiante qui traverse certaines personnes quand elles se rendent en manifestation. Manifester est un droit essentiel et il ne serait pas acceptable que certain.es individus n’osent un jour plus se rendre en manifestation à cause de brigades aussi violentes.

Il n’a pas été question dans le cadre de cette enquête de la comparer à des brigades de polices comme la BRAV M (brigade de répression de l’action violente motorisée à Paris) ou d’autres brigades de police connues pour être particulièrement violentes mais bien de mettre en lumière sur ses différents fonctionnement qui démontrent aujourd’hui l’ampleur de sa violence.

Il est aussi question en sortant cette enquête de proposer une contre analyse, basée sur les récits de manifestant.es traumatisés, afin de sortir du narratif politique et policier qui tend à lisser l’image de cette brigade.

Il en est de même pour l’usage systématique de ces vélos qui sont en réalité bien plus une arme de dissuasion par laquelle ces policiers rentrent frontalement en collision avec des individus qu’un simple moyen de transport pratique.

Il est alors selon nous nécessaire de sortir du fantasme d’une police apaisée, écologique et plus proche des habitant.es que jamais quand on observe que cette brigade violente systématiquement des individus qui n’ont à chaque occasion pas commis le moindre heurt ou dégradation. De plus, ces mécanismes de violence sont singulièrement les mêmes à chaque nouvelle violence qu’elle entreprend. Quand il n’est pas question d’insulter des manifestant.es, elle les matraque sans les arrêter, leur rentre dedans à l’aide de ses vélos et protège les violences policières d’autres brigades toujours à l’aide de ses vélos.

En vue de l’impunité omniprésente au sein du système policier belge, nous ne pensons pas qu’une enquête sera un jour ouverte en interne pour traiter de ces violences. Il nous semble alors nécessaire de continuer à visibiliser leurs violences et de continuer à mettre en avant une partie de leurs membres afin de protéger un maximum de personnes de leurs abus potentiels. Ces policiers à vélo sont trop régulièrement vus pendant qu’ils commettent des abus sans jamais être démis de leurs fonctions pour que nous restions impassibles face à cela.

Si vous êtes confronté à une violence policière de la brigade cycliste ou à tout type de violence policière, continuez de nous contactez en nous envoyant vos témoignages, photos et vidéos.

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Extrême-droite / Antifascisme

Arrestations à la Pride : la police et la justice veulent faire des « exemples »

Le 18 mai 2025 avait lieu la Pride à Bruxelles. Cet évènement, institutionnalisé par la Ville de Bruxelles, réunit chaque année des dizaines de milliers de personnes, ce qui en fait un des évènements les plus lucratifs pour Bruxelles. Pour dénoncer la récupération politique de la Pride, qui est historiquement un moment de lutte de la communauté queer et LGBTQ+, une action a été menée contre les chars de partis de la NV-A et du MR, qui portent des politiques anti-LGTBQ et anti-féministes. L’action a été revendiquée par un collectif Queer antifasciste. Deux personnes ont été arrêtées judiciairement à l’issue de l’action. Depuis, ces dernières dénoncent un acharnement judiciaire. Une action ciblée contre l’institutionnalisation de la Pride et les politiques LGBTQphobes du MR et de la NV-A : L’action qui a eu lieu vers 17h et près de la place de la Monnaie, visait à bloquer deux chars des partis du gouvernement via une contre-manifestation au sein de la parade. Des personnes ont spontanément rejoint le blocage et la contre-manifestation, générant un attroupement d’une centaine de personnes autour des chars. Plusieurs jets de peinture ont eu lieu contre le char de la NV-A. Les forces de l’ordre sont alors durement intervenues, en nassant le groupe de contre-manifestant·es. Dans un communiqué, le collectif Queer antifasciste explique son action : « À l’origine […], la Pride était une émeute dénonçant les violences policières. C’était en 1969. Il s’agissait d’une révolte contre un système oppresseur et violent, qui marginalisait les communautés LGBT (entre autres), rappellent les activistes. En 1990, en Belgique, le VIH faisait encore des ravages et la Pride n’avait rien de festif soulignent iels encore.«  « Si les conditions de vie des personnes LGBT ont évolué positivement depuis lors, les reculs des droits enregistrés dans plusieurs pays et la diffusion des discours LGBTphobes sur les réseaux et dans les sphères politiques inquiètent. Pour les activistes mobilisé·es ce 17 mai, cela rend ces récupérations de la Pride d’autant plus intolérables. » « [Les militant·es] estiment que la présence de partis politiques, tels que le MR et la NV-A constitue une insulte pour les communautés et les personnes qui souffrent directement de ces discriminations et des violences qu’elles engendrent. En 2024, 136 personnes LGBT ont été discriminées ou violentées en Belgique. Officiellement, car selon une étude européenne (2), en Belgique seules 14% des victimes portent plainte. Ces partis promeuvent des discours voire des lois contre les droits des personnes trans, les travailleur·euses du sexe, sans parler des personnes migrantes ou des allocataires sociaux, dénoncent les auteur·ices des actions. » « [Les militant·es] estiment nécessaire de rappeler qu’encore aujourd’hui la Pride est une lutte et pas une fête, contre un système toujours oppresseur. » Nous avons pu entrer en contact avec une des personnes arrêtées lors de cette action. Cette...

Bruxelles Bruxelles |
Extrême-droite / Antifascisme

(Nadia Geerts/CAL/WBE) VS (Mouhad Reghif/Bruxelles Panthères)

COMMUNIQUÉ – Bruxelles Panthères Le 25 juin 2025, la justice belge a décidé de renvoyer notre frère Mouhad Reghif devant le tribunal correctionnel pour… avoir écrit : « J’emmerde tout ce qui est suprématie blanche ». Pendant ce temps-là, la veille, la même chambre des mises blanchit quatre policiers impliqués dans la mort de Mehdi Bouda, 17 ans, fauché par une voiture de police à 98 km/h. Deux poids, deux mesures. C’est ça, le racisme d’État. Introduction C’est à notre tour de partager notre analyse et nos commentaires sur l’arrêt de la chambre des mises en accusation (CMA) du 25 juin 2025 au sujet de la plainte de Nadia Geerts contre Mouhad Reghif et neuf autres personnes. L’arrêt acte la décision de la chambre de renvoyer six des dix inculpés, dont Mouhad, devant le tribunal correctionnel (TC). Nous ne nous prononçons pas sur les décisions qui concernent les autres inculpés. Nous nous en tenons à la décision de renvoyer l’un de nos fondateurs devant le TC pour « calomnie envers une personne ayant un caractère public » (sic). Nous n’allons pas non plus nous étaler trop longuement sur Nadia Geerts, ersatz belge de Caroline Fourest, la célèbre serial-menteuse islamophobe hexagonale. Chacun sait, ou devrait savoir, qu’elle fait partie d’une nébuleuse de militants et militantes soi-disant laïques et « universalistes ». Une nébuleuse composée de sionistes et d’islamophobes rabiques comme, entre autres, Fadila Maaroufi, de l’observatoire de zinzins, Joël Kotek, professeur à l’ULB, Marcel Selles, influenceur sur X, Viviane Teitelbaum, présidente sioniste du conseil communal d’Ixelles et sénatrice cooptée du MR, le mouvement raciste, Djemila Benhabib et Sam Touzani, deux des cautions arabes des sionistes et des islamophobes et beaucoup d’autres, beaucoup trop. Nous sommes gré à Nadia Geerts pour ses répugnants tweets de ces derniers jours qui prouvent que tout ce que nous avons toujours pensé et dit de ses positions politiques est exact. Voici ce qu’elle a tweeté le 27 juin pour défendre son collègue détraqué sioniste génocidaire qui a dit qu’à Gaza les enfants mangent des crêpes au au nutella. La décision de renvoyer Mouhad devant le TC est incompréhensible et choquante. Nous allons analyser et politiquement commenter plusieurs aspects de cette décision à ce stade et dans ses suites. D’abord l’arrêt lui-même, plein d’erreurs matérielles manifestes et d’interprétations et de décisions pour le moins surprenantes. Nous exposerons ensuite quelques éléments de contexte sur le déroulement des audiences devant la CMA. Si nous n’allons pas jusqu’à dire, comme nous l’avons lu ici et là, qu’il y aurait accointance entre la plaignante, sa défense et la « justice », il y a des faits qui méritent sans aucun doute d’être portés à la connaissance du public. Après cela, nous traiterons de la réaction à l’arrêt de la CMA des avocats de la plaignante et du CAL, qui s’est porté partie civile avec elle, les...

Bruxelles Bruxelles |

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info