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Décès d’Adil : selon une nouvelle contre-expertise, le policier se serait déporté volontairement

Décès d’Adil : selon une nouvelle contre-expertise, le policier se serait déporté volontairement

Le 10 avril 2020, Adil Charrot se balade en scooter dans Anderlecht avec un ami. A 20h57, une patrouille les voit passer place du Conseil et décide de les suivre. Une minute plus tard, une seconde patrouille croise les deux scooters, fait demi-tour et les prend aussi en chasse.

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie | Collectif : Bruxelles Dévie

A 20h59, les deux pilotes se sont séparés. S’ensuit une course poursuite dans laquelle 8 brigades de police seront mobilisées. Peu après 21h, Adil roule sur le Quai de l’industrie. Il est projeté contre les balustrades du canal après une collision avec une voiture de police banalisée roulant en sens inverse, sirène et gyrophares éteints. Il décède de l’accident.

Au lendemain du décès, la version policière est diffusée dans la presse : Adil se serait déporté lui-même sur la bande où roulait la voiture banalisée ; il serait donc l’unique responsable de l’accident. Le parquet de Bruxelles avait d’ailleurs l’intention de classer l’affaire sans même nommer de juge d’instruction. Des émeutes secouent Anderlecht et la justice décide finalement, le 14 avril, d’instruire le dossier, c’est-à-dire de lancer une enquête judiciaire. C’est cette enquête qui est sous le feu des critiques depuis la publication d’une contre-expertise, il y a quelques jours. Soulignons ici que la justice a refusé d’ordonner une contre-expertise, c’est donc la famille d’Adil qui l’a financée par elle-même.

La première expertise automobile, commandée par la justice, conforte la version policière. Elle semble bâclée : « Le document compile 14 pages de simple copier-coller d’auditions et 21 pages de photos » [1], selon Blast. Fin 2020, le parquet de Bruxelles demande d’ailleurs un non-lieu, l’affaire semble close pour la justice. Pourtant, une longue enquête journalistique de « Demorgen », appuyée par des recherches d’experts automobiles, avait déjà avancé que la voiture de la police s’était déportée pour percuter volontairement le scooter d’Adil. Une toute nouvelle contre-enquête va, elle aussi, dans ce sens.

Cette contre-enquête, lancée par la famille d’Adil et son avocat, est réalisée par le bureau d’expertise Clerens, un bureau accrédité auprès des tribunaux bruxellois. Clerens avance que la première expertise n’a utilisé ni certaines vidéos de caméras de surveillance, ni les enregistrement de la communication entre l’inspecteur qui est entré en collision avec Adil et le dispatching … qui accablent l’inspecteur. Selon Clerens, la voiture de l’inspecteur s’est déporté sur la bande d’Adil pour entrer en collision avec son scooter. L’inspecteur a même déclaré « on a essayé de faire un barrage » [2], peu après le choc.

Par ailleurs, les caméras de surveillance révèlent que l’inspecteur a effectué plusieurs freinages dans les secondes qui précèdent l’impact. Tous ces éléments amènent à penser qu’il avait un objectif : faire barrage et entrer en collision avec Adil. Les caméras de surveillance montrent aussi que les phares du scooter étaient allumés et qu’il se trouvait au milieu de la chaussée mais sur sa propre bande au moment de l’impact. La version policière est à nouveau mise à mal. Selon la police, Adil était en train de dépasser une camionnette et n’était pas visible.

Plusieurs autres éléments de la première expertise (et, donc, de la version policière) sont contredits par le rapport de Clerens. D’une part, selon la police, Adil dépassait les 50km/h et était donc en excès de vitesse. Ceci semble impossible parce que son scooter était bridé pour rouler à un maximum de 45km/h. La première expertise n’a d’ailleurs pas effectué les tests qui auraient permis de connaître la vitesse réelle du véhicule. D’autre part, contrairement à ce qu’avance la police, le casque d’Adil semblait bien attaché, conformément aux règles.

L’ami d’Adil affirme que ni lui, ni Adil ne savait qui les suivait au début de la course poursuite. Les analyses de Clerens montrent en tout cas que la voiture de police qui a entamé la poursuite ne s’est pas identifiée : elle n’a utilisé ni le gyrophare, ni la sirène, ni le micro pendant la première moitié de de son trajet. La version policière affirme qu’Adil avait une « conduite agressive » et « un cyclomoteur en mauvais état », raisons pour lesquelles la course poursuite aurait été entamée. Aucune preuve ne permet de confirmer ces éléments.

Quoiqu’il en soit, la police a le devoir de respecter la proportionnalité et l’absolue nécessité en cas de course poursuite, ce qu’elle n’a pas fait en mobilisant 8 brigades pour poursuivre un jeune homme qui n’a a priori commis aucune infraction. Le rapport de Clerens revient d’ailleurs sur le fait qu’Adil, ou tout du moins son scooter, aurait pu être identifié via sa plaque d’immatriculation. Il aurait été possible de ne pas le poursuivre sur le moment, et de le convoquer au poste le lendemain.

Un dernier élément accable l’inspecteur qui conduisait la voiture entrée en collision avec Adil : il est accusé de racisme et de sexisme par plusieurs de ses collègues, et aurait été couvert par sa hiérarchie. Au sujet d’Adil, il aurait tenu des propos racistes et se serait vanté « d’en avoir sorti un de la rue » [3].

Le procureur du roi a requis un non-lieu pour les policiers impliqués dans l’affaire ; il demande donc qu’il n’y ait même pas de procès pour juger de leur responsabilité. Ce 9 janvier, le tribunal correctionnel de Bruxelles va répondre à cette demande et estimer s’il y a lieu ou non d’organiser un procès pour homicide volontaire.

Le rapport d’expertise Clerens a été commandé par la famille d’Adil. Ce rapport a coûté cher. Afin de soutenir les coûts de celle-ci, la famille a lancé une cagnotte pour ne pas faire face aux frais toute seule. Elle en appelle à la solidarité. Retrouvez les informations lié à la cagnotte sur le site de la fondation marius jacob ( http://fondationmariusjacob.org/justice-pour-adil/ )

POUR FAIRE UN DON
IBAN : BE65 5230 8110 3896

Banque : Triodos Bank

Nom : Fondation Marius jacob

Communication : Justice pour Adil


Légende :

  • Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site de @blast pour découvrir l’article complet de @thomashaulotte et Philippe Engels

Sources suplémentaires :

Voir en ligne : BXL Dévie

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