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Double rupture du cordon sanitaire en Belgique. Le Vlaams Belang au pouvoir dans deux communes flamandes

Double rupture du cordon sanitaire en Belgique. Le Vlaams Belang au pouvoir dans deux communes flamandes

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Les récentes élections communales ont donné lieu à diverses coalitions. Deux d’entre-elles se démarquent tristement. Dans les communes de Ranst (Anvers) et de Ninove (Flandre Orientale), le Vlaams Belang est désormais au pouvoir pour les 6 années à venir.

En Belgique, nous avons un accord politique particulier qui tend à minimiser l’influence de l’extrême droite : le cordon sanitaire. Le but de ce cordon sanitaire est de rejeter toute collaboration avec les partis d’extrême droite. Aux dernières élections, les communes de Ranst et de Ninove ont rompu ce précieux cordon.

À Ninove, le Vlaams Belang est arrivé en tête aux élections, mais à Ranst, le Vlaams Belang n’est arrivé que troisième parti après le parti local PIT et la N-VA. Les partis qui sont montés au pouvoir avec le Vlaams Belang ont préféré et choisi l’extrême droite à une autre coalition possible.

Notons aussi que dans la commune d’Iseghem, une coalition a failli se former avec le Vlaams Belang. Cependant, des centaines de personnes se sont rassemblées contre la potentielle coalition avec le parti d’extrême-droite, et le Vlaams Belang sera finalement écarté après diverses pressions. Il n’empêche que le cordon sanitaire a failli être rompu une troisième fois.

Le cordon sanitaire se maintient depuis trente ans en Belgique, mais il s’est montré fragile à plusieurs reprises au cours des dernières années. En Flandre, son application est souvent remise en question par des personnalités politiques, en particulier de la N-VA. En effet, après les élections de 2019, des personnalités de la N-VA ont fait allusion à une potentielle alliance avec le Vlaams Belang, pour avoir une majorité flamande. Aujourd’hui, la situation est différente, la N-VA ne parle plus d’alliance avec le Vlaams Belang pour avoir une majorité mais son programme politique d’extrême droite n’a pas grand chose à envier à celui du Vlaams Belang.

En Wallonie, ce cordon s’applique aussi à l’espace médiatique et au débat public. Le cordon médiatique a toutefois été rompu par des personnalités politiques et médias qui ont accepté de s’entretenir avec des représentants du Vlaams Belang. Nous pensons notamment au débat sur la VRT de Georges-Louis Bouchez (MR) et Tom Van Grieken (Vlaaams Belang) en avril 2022.

Par ailleurs, même sans rupture du cordon sanitaire, les programmes et revendications du MR sont de plus en plus à droite, symptomatiques d’une montée progressive des idées l’extrême droite dans le débat public. Le MR semble alors faire un choix stratégique de se positionner davantage à droite pour conquérir une partie de l’électorat d’extrême droite. Récemment encore, sur le plateau de La Première, Georges-Louis-Bouchez affirmait ceci : « On avait senti qu’il se passait quelque chose pendant la campagne. Quand je suis devenu président du MR j’avais déjà évoqué les 30% car j’avais simplement analysé les résultats des élections précédentes.

Et, j’avais vu qu’on avait pas mal de liste à notre droite, qu’on a plus eu, grâce à nos positionnements.

« 

Dans la logique du cordon sanitaire, l’extrême droite est exclue de sphères politiques et médiatiques parce qu’elle refuse se soumettre aux principes démocratiques-libéraux auxquels les autres courants politiques adhèrent.

L’application du cordon sanitaire n’est pas un refus de la démocratie-libérale, mais une façon de la préserver face aux projets de régimes autoritaires qui représentent un danger pour les personnes discriminées (racisées, sexisées, précarisées). Ceci implique d’exclure du jeu démocratique institutionnel les partis ou personnalités pour qui les humains ne seraient pas égaux.

On ne débat pas avec l’extrême-droite. On la combat.

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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