Le but de cet article n’est pas de faire une analyse [1] mais de fournir des informations. Des syndicats de personnels soignants, collègues, délégué.es, groupes de gilets jaunes, etc. se font actuellement approcher par des collectifs ou individus d’extrême droite opportunistes et nous ont demandé de les aider à les reconnaître.
Cette liste sera régulièrement mise à jour et nous la compléterons avec des groupes confusionnistes, qui font le jeu de l’extrême droite sans que cela ne soit toujours de manière consciente. Toutes les images utilisées sont publiques.
Vous pouvez déjà retenir les noms suivants (cela va de la droite populiste au néo-nazisme) : Civitas, En Colère, éVeil, L’Éveil du Peuple Belge, Feniks, Indépendants Citoyens (InCi), Project Thule, Nation, Nationale Beweging, PNE (Parti national européen), Réaction 19, Samen Voor Vrijheid / Ensemble pour la Liberté, Schild & Vrienden, Valeurs Nationales, United People, Voorpost, Viruswaanzin + Cédric Zachariou, David Bouillon, Frédéric Baugniet « Fred Panpan », Grégory Bourguignon, Leticia Knevels, Michael Verstraeten, Olivier Leboutte « Être Souverain », Valeria Appeltans.
Samen voor Vrijheid / Ensemble pour la Liberté
Organisation de la manifestation du 21 novembre 2021 à Bruxelles. Les personnes qui se présentent comme figures publiques de Samen voor Vrijheid sont : Sarah Melis, Sacha Vliegen et Ezra Armakye. Ils administrent ensemble le groupe fermé « Protest tegen de coronamaatregelen » sur facebook. La première était déjà impliquée dans les mobilisations confusionnistes de Europeans United, elle est proche de Feniks et de Dries Van Langenhove, qui l’a conseillée sur la façon de parler à la presse. Le deuxième est membre de Feniks et de Schild & Vrienden, ancien du NSV (Nationalistische Studentenvereniging) l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. Pour tenter maladroitement de cacher cela, il utilise les fausses identités de « Stephan Vanderbingen » et « Stephan Patrick » sur facebook. Le troisième est un allumé qui veut nous sauver de l’apocalypse pour nous amener « à la pleine lumière », et ce en s’alliant avec des néo-nazis…
La banderole des organisateurs en tête de manifestation était portée par les membres de Feniks, groupe issu de Schild & Vrienden (voir plus bas). Détails si cela était encore nécessaire : les chasubles bleues et les talkies-walkies des organisateurs. Continuer à nier cette implication de l’extrême droite au cœur de l’organisation et prétendre que sa présence n’aurait été qu’anecdotique n’est plus de la naïveté mais un aveuglement complice.
Feniks
Feniks est un groupe issu de Schild & Vrienden, qui est le nom d’une organisation néo-nazie déjà trop connue pour pouvoir faire de la récupération sur internet et dans la rue de manière efficace. Feniks est né sur les réseaux sociaux en… novembre 2021, probablement à l’occasion de cette marche. C’est la première fois qu’on les voyait en rue. Sur la photo ci-dessous, tous les noms qui apparaissent sont ceux de membres de Schild & Vrienden, les autres n’ont pas encore été reconnus mais le sont probablement aussi.
On ne le répétera jamais assez : l’extrême droite est obligée d’avancer masquée car si elle se présentait de manière trop frontale énormément de personnes seraient repoussées. Elle le sait et s’adapte en fonction des cas. Ces mobilisations sont une aubaine pour elle afin de se légitimer et de banaliser sa présence dans les mouvements sociaux. Si on l’accepte, elle se cachera de moins en moins.
Schild & Vrienden, Dries Van Langenhove
Schild & Vrienden est un des groupes néo-nazis les mieux structurés de Belgique. Comme Génération Identitaire en France, il recrute auprès de jeunes d’extrême droite (principalement des étudiants bourgeois), investit énormément de moyens dans la communication, mène des campagnes de désinformation et de harcèlement, prépare ses recrues au combat et à la « guerre raciale » (sic). Son chef Dries Van Langenhove est député fédéral pour le Vlaams Belang. Il est actuellement poursuivi pour incitation à la haine.
Civitas, Alain Escada
Parti politique de catholiques intégristes, actif en France à la base. Il est présidé par le belge Alain Escada (cofondateur du FNB, ex FN, Nation, …), à qui les organisateurs de la manifestation du 21 novembre n’ont pas hésité à donner la parole ni à faire une place sur l’affiche de l’événement. Vous avez certainement vu passer leurs posters et flyers de désinformation complotiste sur la « dictature sanitaire » (sic) depuis le début de cette année. Comme la plupart des autres groupes présentés ici, mais avec beaucoup plus de moyens et de soutiens financiers, Civitas Belgique utilise la situation pour essayer de sortir de son stade groupusculaire en Belgique. Son logo est le sacré cœur (un cœur surmonté d’une croix catholique), symbole repris à la chouannerie opposée à la Révolution française et à la République. Son slogan sur le « Pays Réel » est une référence explicite à Léon Degrelle, la figure de la collaboration en Wallonie.
ÉVeil, En Colère, Gregory Bourguignon
Nouveau parti politique composé d’anciens paumés de Nation, dont Gregory Bourguignon (ex Agir, L’Assaut, FN, FNB, REF, PNE…). Co-fondateur, avec Nadine Crovatto (« Luna Stenfors », ex Nation elle aussi) du collectif anti-migrants En Colère. Il vient d’annoncer le rapprochement entre ces deux coquilles vides.
Encore une parfaite illustration de groupes composés de néo-nazis qui se présentent comme de simples collectifs « citoyens » défendant la liberté, l’entraide et le fait de lutter « ensemble » main dans la main. Sur cette photo de la manifestation du 1er novembre à Namur Gregory Bourguignon identifie fièrement sur sa page facebook qu’il marchait avec trois anciens membres de Nation bien connus : Stéphane Torré, Jonathan Delvallée « Du Buccy » (tatoué d’une croix gammée sur le cœur, condamné en 2016 pour le tabassage ultra-violent d’une personne sdf d’origine polonaise) et Geoffrey Botton (administrateur du groupe facebook éVeil, condamné pour les mêmes faits).
Belgium United For Freedom, Sarkis Simonjan
Belgium United For Freedom est un des innombrables groupes complotistes créés cette dernière année sur fond de covid19. Il s’est allié à des extrêmes droites et en a fait la promotion bien plus que d’autres : En Colère, Léticia Knevels et ses nervis de Solidarités Nouvelles (ancienne n°2 de Nation, cadre du PNE) qui a quitté BUFF pour créer l’Éveil du peuple belge, Olivier Leboutte « Être Souverain », Marc Bazin, etc. BUFF est mené par Sarkis Simonjan, chrétien orthodoxe intégriste (anti-avortement etc.) grand fan des théories du complot : satanistes tueurs de bébés dans les hautes sphères du pouvoir, le covid n’existe pas c’est un complot des « mondialistes » (sic) afin de pucer la population via les vaccins, etc. Malgré cela, certains estiment que depuis la scission avec Leticia Knevels ce groupe ne serait plus « problématique ». Nous n’avons décidément pas la même vision de ce qui est problématique…
Belgium United For Freedom organise la manifestation de ce dimanche 5 décembre à Bruxelles, tentant de surfer sur le succès de la précédente.
Des participant.es du FAL 2.0
[1]
Concernant la manifestation du 21 novembre 2021, si prétendre que les dizaines de milliers de personnes présentes dans les rues étaient toutes d’extrême droite est ridicule, s’enfoncer dans un déni quant au rôle et à la place de l’extrême droite dans ces mobilisations est dangereux et irresponsable. Si la majorité des manifestant.es n’ont évidemment aucun désir de renforcer l’extrême droite ou le fascisme (antithèses de la liberté), le résultat est là.
Lorsqu’on voit une telle communication, avec de tels slogans, de tels noms et de tels logos, cela nous saute aux yeux que « ça pue », même lorsqu’on ne connaît pas les organisateurs. Mais force est de constater que cette réaction de bon sens n’est pas communément partagée, du moins pas suffisamment.
De nombreuses personnes considèrent s’être faites trompées ce 21 novembre. Pourtant, il y avait des logos d’extrême droite assumée sur l’affiche, et nous étions nombreuses à avoir essayé d’alerter sur ce sujet. Mais il faut bien garder en tête une évidence : Civitas et éVeil sont des groupuscules peu connus du grand public (en Belgique). Il en va autrement de Schild & Vrienden, et c’est pourquoi ce groupe a dû avancer masqué en empruntant le nom et logo de « Feniks ». C’est également pour cette raison que les portes-parole du mouvement ne peuvent pas être ouvertement d’extrême droite – même si ils leur déroulent un tapis rouge.
Maintenant, de deux choses l’une : soit les participant.es à la manifestation et les autres organisations partenaires (celles qui prétendent être contre les idées et les projets de l’extrême droite) se désolidarisent clairement de cette récupération et s’organisent pour ne plus lui laisser de place, soit elles continuent de faire le lit du fascisme en lui donnant la parole, en minimisant le problème, en ne se remettant pas en question, en lui facilitant la tâche.
Accepter de marcher avec l’extrême droite à ses côtés est un point de non retour. Mais, en plus de cela, il y a un monde de différences entre une manifestation où quelques fascistes sont présents et une manifestation organisée par des fascistes.
Il est à ce niveau naïf de croire que toutes les extrêmes droites s’affichent clairement (drapeaux, logos, noms, habits, slogans, etc.) dans ces mobilisations. Elles s’adaptent au contraire selon les contextes, la majorité d’entre elles profitant de la confusion ambiante pour avancer masquée. Plus on leur laisse ou donne de la place plus elles peuvent ensuite se présenter de manière décomplexée. Cela fait partie de leur stratégie : récupérer les mobilisations actuelles petit à petit, se faire des contacts et du réseau, se faire de l’argent via des récoltes de dons, banaliser leur présence, organiser et appeler à des manifestations de manière de plus en plus publique, etc.
Dernier point, et c’est loin d’être un détail : les grands méchants d’extrême droite ne sont pas le seul problème dans ces manifestations. Ce n’est pas un hasard s’ils s’y sentent bienvenus, et il serait temps de se demander pourquoi. Les gens ont plus que raison de se révolter contre la gestion gouvernementale catastrophique, incohérente, hypocrite et injuste de cette pandémie, mais ce n’est pas ça qui est proposé dans les appels à manifester ni dans une grande partie des messages (sous forme de tracts, de banderoles ou de pancartes) qu’on y retrouve. Une grande partie de ce qui y est défendu est malheureusement commun avec la vision du monde de l’extrême droite : rapport « alternatif » à la vérité et aux faits, désinformation de masse, théories du complot, mythes sur les juifs, sur le « mondialisme » (sic), sur les vaccins, sur le virus, poujadisme, mépris envers le reste de la population soi-disant « moutonière », idéologie libertarienne, eugénisme, …
Les « vraies » gauches devraient d’ailleurs arrêter de courir comme des poules sans tête derrière ces thématiques qui nous sont imposées par les autorités et les complotistes. Elles auraient au contraire tout à gagner à se mobiliser sur les réels enjeux que sont les inégalités mises en lumière par la pandémie, la crise du logement abordable (aggravée par les pertes de revenus et les inondations), le prix de l’énergie, la revalorisation des activités essentielles (dont les soins de santé), la lutte contre les désastres écologiques, la levée des brevets sur les vaccins, etc.
Pour lire l’article en entier avec les hyperliens et les images, c’est surle site du front antifasciste liégeois
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