« S’il est élu bourgmestre [ à Mons ], Bouchez propose un plan de sécurité global incluant la surveillance par caméras, des contrôles routiers hebdomadaires, et des interdictions de rues. Il envisage aussi des couvre-feux dans certains quartiers et l’interdiction de l’alcool en rue. » peut-on lire sur le site du MR.
Dans une publication du 4 août, Georges-Louis Bouchez partage une photo d’un homme couché sur le trottoir, affirmant « Ce que le PS ne veut pas voir et surtout tente de vous cacher…Une scène classique et quotidienne à Mons ». Bouchez critique alors le PS pour son manque de fermeté face à l’alcool et la drogue.
Lors d’une interview à Sudinfo, il déclarait son exaspération envers les « barakis » et les « nuisibles ». Cette approche basée sur des images et des propos choc marque sa stratégie. Toutefois, ses propositions, jugées simplistes par de nombreu·ses·x spécialistes, semblent davantage jouer sur le sentiment d’insécurité pour rallier des voix électorales, au risque de l’amplifier, que sur la réalité. Les acteurs et actrices de terrain nuancent ces accusations et rejettent l’idée d’une réponse répressive à des problématiques aussi complexes.
L’une des mesures phares de Bouchez est l’interdiction de la mendicité, malgré l’annulation à deux reprises par le Conseil d’État d’arrêtés communaux similaires. Selon le Conseil d’Etat, la mendicité, tant qu’elle n’est pas harcelante, est un droit. Plutôt que d’interdire ce phénomène, la question à poser est pourquoi des personnes sont contraintes de vivre dans la rue ? Lysiane Colinet, coordinatrice du relais social urbain de Mons-Borinage, souligne que la solution ne réside pas dans l’enfermement des mendiants, car leurs problèmes d’assuétudes, de précarité et de santé mentale subsisteront à leur sortie. Chaque année, son programme aide environ 60 personnes à sortir de la rue, un travail fastidieux que les acteurs et actrices de terrains appellent à réaliser en équipe. Mais les éducat·rices·eurs et psychologues travaillant dans le social, en sous-effectif, peinent à répondre à la demande.
La dégradation des conditions de vie a pour effet d’augmenter les risques de développer des troubles de la santé mentale ou les risques d’addiction qui peuvent conduire à être sans-abris. Une personne sans-abri sur trois souffre de problèmes de santé mentale. Renforcer le financement et la collaboration entre les services d’aide sociale, de santé mentale et les acteurs et actrices du logement semble plus pertinent que renforcer la répression policière. Sans logement stable, il est presque impossible de résoudre les problèmes de santé mentale. Le sans-abrisme n’est pas une fatalité, mais une conséquence direct des choix politiques.
Bouchez propose également de transformer les gardiens de la paix en agents sanctionnateurs pour libérer du temps aux forces de police. Cette mesure risque de légitimer les contrôles systématiques et violents, ciblant souvent des populations vulnérables, tout en échouant à résoudre les problèmes de fond. Les criminologues sont pourtant unanimes sur la répression policière : elle n’a jamais résolu les problèmes liés à la drogue. Au contraire, nos prisons débordent, avec près de 50 % des détenus incarcérés pour des infractions liées à la drogue, bien au-dessus de la moyenne européenne de 19 % (d’après le Conseil de l’Europe, janvier 2022). Cette répression policière ne fait souvent que déplacer le problème, poussant consommat·rices·eurs et dealeurs à se replier ailleurs. Les discours de « tolérance zéro » sont des réponses faciles à des problématiques complexes, destinées à rassurer l’électorat, sans pour autant traiter les causes profondes de l’addiction ou encore du sans-abrisme.
De plus, l’insécurité est avant tout un sentiment, souvent amplifié par la couverture médiatique et l’exposition à des images violentes. Comme le souligne le criminologue Dieter Burssens, le sentiment d’insécurité peut persister même lorsque la criminalité baisse. Il faut prendre les chiffres concernant la criminalité avec un regard critique. Les statistiques policières ne sont qu’une partie de la réalité, car elles ne reflètent que les délits déclarés à la police. Les crimes dits de « col blanc », commis par des personnes en position de pouvoir, échappent souvent aux chiffres officiels car ils se déroulent hors de l’espace public. Ces chiffres sont également influencés par les priorités et méthodes policières, qui évoluent avec le temps. Les statistiques policières ne comptent donc que les infractions portées à la connaissance de la police, influencés par l’effet « plus on cherche, plus on trouve ».
La vraie insécurité n’est-elle pas surtout vécue par ceux et celles qui n’ont pas de logement, pas de travail, et qui se retrouvent plongé·es dans la drogue, sans opportunité de s’en sortir ?
Les propositions de Bouchez, éphémère et brutales sont centrées sur une approche répressive et ne tiennent pas compte des dynamiques complexes qui sous-tendent les problématiques d’insécurité urbaine. Une véritable réduction des violences et de l’insécurité passerait par des mesures sociales, de santé et de logement, plutôt que par la multiplication des sanctions et des interdictions.
SOURCES :
https://www.mr.be/georges-louis-bouchez-veut-plus-de-securite-a-mons-sil-est-elu-bourgmestre/
https://www.rtbf.be/article/mons-un-toit-pour-permettre-aux-sdf-de-redemarrer-dans-la-vie-10323210
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