Catherine Roisin, secrétaire générale adjointe au SETCa* Charleroi déclarait à propos des franchises lors des mesures prises par Mestdagh « Ça représente 20 à 25% de pouvoir d’achat en moins [pour les travailleur·ses]. Le temps de travail n’est pas le même. On est à 35 heures aujourd’hui. Ce sera 36h30 voir 38h demain et il n’y a pas de statut de délégation syndicale prévu chez les indépendants. Et donc comment vérifier que socialement tout va bien se passer ? » [1].

Ces mesures s’inscrivent dans un contexte où le privé et le public ont de plus en plus recours à la sous-traitance (sociétés de transport (de biens ou de personnes), entreprises de nettoyage, employé·es indépendant·es, …) afin de diminuer les possibilités d’actions syndicales, de rentrer dans des commissions paritaires* moins exigeantes, d’augmenter la flexibilité des employé·es, de diminuer leurs revenus, et, en fin de compte, d’arriver un jour peut-être à un modèle économique avec un salaire à la tâche et non plus à la qualification du poste.

Concernant Delhaize, tout commence en 2016, lors du rachat de Delhaize Belgique par le groupe hollandais Ahold (connu pour sa chaîne « Albert Heijn »). Présenté comme une fusion entre parties égales, le rachat a en réalité mené à la généralisation du modèle managérial hollandais [2]. Ce modèle repose sur une plus grande flexibilité des travailleur·ses, plus d’employé·es indépendant·es et d’étudiant·es ainsi que de très grosses centrales d’achats et de dépôts [3] . Le passage en franchise menace également les sous-traitants habituels de la livraison Delhaize [4]
et touchera les consommateur·trices avec une augmentation des prix.

Cependant, comme souligné plus haut, les employé·es du secteur ne sont pas prêt·es à se laisser faire. Les blocages de magasins et de dépôts vont bon train. Les magasins encore ouverts peinent à alimenter leurs rayons en produits et la chaîne encaisse de fortes pertes malgré sa tentative de contourner la grève en faisant de la livraison à domicile. Pour savoir où rejoindre les blocages, il existe un groupe de soutien organisé sur Facebook « Je soutiens le personnel de chez Delhaize ».

Ce mardi, un deuxième conseil d’entreprise avait lieu. Il n’a duré qu’une heure, tant la direction a campé sur ses positions [5]. Les représentant·es syndicaux·ales ont à nouveau demandé que le plan de franchise soit abandonné. Une véritable pression a été mise sur les représentant·es du personnel qui ont été accueilli·es par la police avant d’être fouillé·es et escorté·es par des agent·es de sécurité. [6], [7] Cependant, les grèvistes restent déterminé·es : l’un d’entre-eux a déclaré « ce sont eux qui vont devoir craquer » à l’issu du conseil d’entreprise.

Ce mardi, plus de la moitié des magasins menacés étaient encore en grève. Un piquet de grève a été mis à mal par une décision d’un huissier de justice, qui menaçait chaque gréviste de 500 euros d’amende par jour, par infraction (une camionnette bloquée par exemple). Les travailleur.ses en grève ne baissent pas les bras ; iels ont saisi qu’il était judicieux de bloquer les entrepôts logistiques de l’enseigne pour empêcher les ravitaillements des magasins. Un Conseil d’Entreprise extraordinaire aura lieu le 28 mars à Zeelik ; le personnel appelle les soutiens à les rejoindre ce jour-là, entre autres.

Lexique :

*La franchise est un modèle où une personne ou un groupe exploite la bannière et les produits d’un autre groupe via un contrat de collaboration. C’est-à-dire que ces magasins franchisés exploiteront la marque Delhaize et vendront ses produits sans faire partie du groupe Delhaize.

*SETCa : c’est l’une des centrales syndicales de la FGTB qui s’occupe des employé·es, technicien·nes et cadres

*Commission paritaire : a pour objectif de regrouper les entreprises exerçant des activités similaires afin de les soumettre à des règlements adaptés aux conditions de travail, elles sont composées en nombre égal de membres du patronat et des syndicats.

Groupe facebook : https://www.facebook.com/groups/1498790017002088

Image : – https://www.gondola.be/fr/news/les-supermarches-touches-par-la-greve-nationale