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Guide de survie aux fêtes en famille à quelques mois des élections

Guide de survie aux fêtes en famille à quelques mois des élections

Ou comment faire face aux discussions sur le vote, quand on n’est pas en accord avec la démocratie représentative, sans avaler sa fourchette, sans perdre le sourire et sans tuer son cousin centriste.

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Ce livret n’est pas une propagande contre le vote. Le vote peut être utile tratégiquement à un moment donné. Mais il est important de le faire en conscience et d’en évaluer les conséquences.
… Il est aussi important de survivre aux fêtes de famille.

Argument : Le sempiternel discours sur la démocratie : « La démocratie, c’est la meilleure solution possible !

Si l’on vous cite la célèbre « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes », il suffit peut-être de restituer cette pensée à son penseur, M. Winston Churchill, pour contrer l’argument.
Pour aller plus loin, le fond de la question est que la démocratie représentative est extrêmement hiérarchique, défectueuse et violente. Réduire la participation politique des citoyenn.e.s à un vote une fois tous les cinq ans est violent. D’autant plus que les votant.e.s ne sont même pas appelé.e.s à exprimer une opinion politique, mais on leur demande de déléguer à d’autres, aux prétendu.e.s « expert.e.s », le pouvoir de décider sur des questions qui n’auront même pas été présentées aux votant.e.s. Rappelons aussi que les ministres ne sont pas toujours élu.e.s (Hadja Lahbib, Frank Vandenbroucke, etc.). Sans compter les remaniements entre un parti et l’autre, les changements de camps, les Conner Rousseau qui se proclament de gauche tout en ayant des propos plus que racistes.
Si au moins la démocratie représentative représentait vraiment le peuple ! Mais la représentation politique est une vaste blague. En 2015, par exemple 95,3% du parlement francophone avait terminé des études supérieures alors qu’il n’y a que 37% de wallon.ne.s à avoir fait ce genre d’études.
La structure démocratique est une expression fortement hiérarchique des rapports de pouvoir, où l’on demande aux citoyen.ne.es de conférer par leur vote le pouvoir qui sera exercé sur iel. Peut-on songer à un système qui ne se base pas sur des structures hiérarchiques ?

Argument : « Il y a des gens qui sont morts pour ça, voter c’est un devoir moral ! »

L’argument des mort.e.s pour la démocratie est un glissement moral qui permet d’éluder le fond de la question. Si des personnes sont mortes pour le suffrage universel :
1) Elles ont été trahies par la démocratie représentative.
2) Les demandes de l’époque ne rencontrent pas forcément celles d’aujourd’hui.
La politique est participation, c’est vrai. Mais pas en mettant un bout de papier dans une boîte. Le devoir moral n’est pas de contribuer à ce système biaisé mais à chercher les façons de le déstabiliser, voire de le renverser. D’ailleurs, les grands changements de société ne viennent jamais des urnes, mais de la rue. Chaque jour des militant.e.s se font un devoir moral de se battre contre le capitalisme, contre les frontières, contre
la destruction du vivant, et ceci, sans s’en remettre aux élu.e.s.

Argument : « Ailleurs ils aimeraient bien pouvoir voter ! »

Les dictatures hors monde occidental sont créées ou maintenues par l’Europe colonisatrice, élue démocratiquement. Nos démocraties sont complices et parfois responsables de ces états de fait.

Argument : « Si tu ne veux pas de système démocratique, c’est que tu préfères un système totalitaire ! »

Beeeeen non !

Argument : « Il faut voter pour faire barrage à l’extrême droite ! »

Face aux gens qui vous reprocheront de participer à la montée de l’extrême droite, réjouissez-vous déjà de ne pas vous trouver face à un facho. Mais prudence. Cela pourrait vite se révéler l’attaque la plus virulente. Voici quelques réflexions collectives pour nourrir le débat avant la guerre en mode sauce cocktail.
Tous les partis sociaux-démocrates et les gouvernements technocrates ont enfermé des migrant.e.s, attaqué la sécurité sociale (acquise par la lutte), appauvri les plus pauvres et enrichi les plus riches. Le mal moins pire fait quand même beaucoup de mal. Le terreau de l’extrême droite se trouve aussi dans les mesures anti-sociales que les gouvernements successifs ont mis en place. Ce n’est pas un barrage mais un toboggan pour l’extrême droite.
L’extrême droite ne se combat pas dans les urnes mais tous les jours. En n’acceptant pas les blagues racistes (n’est-ce pas tonton ?), en empêchant la tenue de meetings d’extrême droite, en soutenant les combats LGBTQIA+, en promouvant un mode de vie plus respectueux des êtres humains et de la nature.
Donc si ce n’est pas ce dimanche-là dans un bureau de vote, que toi et ton intercocuteur.trice vous lutterez ensemble contre le fascisme, il y aura sans doutes d’autres occasions…

Argument : « Arrête avec tes utopies ! »

De vrais systèmes justes et égalitaires ont été testés sur une grande échelle par le passé (la commune de Paris, la Révolution sociale espagnole de 1936, toutes deux écrasées dans le sang) et sont encore testés aujourd’hui (comme au Chiapas et au Rojava). Et de manière plus localisée et ponctuelle dans les collectifs antiautoritaires du monde entier.
Nous ne sommes pas arrivé.e.s à la fin de l’Histoire.

Argument : « Viens pas te plaindre après ! »

Ne pas voter nous permet de ne pas nous sentir responsables des politiques menées. Nous pouvons nous désolidariser de tout ce que le futur gouvernement mettra en place.
Au contraire voter nous lie à notre poulain, en qui on met l’espoir de changer les choses dans notre sens.
Finalement on peut tout à fait retourner cet argument : « Si tu votes, ne viens pas te plaindre après ! ».

Argument : « Y en a des biens ! »

Le système est construit de telle sorte que pour les politicien.ne.s sincères, il est très difficile de se faire entendre, c’est au final une guerre d’égo plus qu’un débat d’idées. Ainsi, les compromis et les alliances sont nécessaires. Ce qui a pour conséquence qu’iels sont obligé.e.s de se corrompre. Ou alors iels se font expulser. Comme Sarah Schlitz, virée après une obscure affaire de logos.

Argument : « Le vote est obligatoire, tu vas recevoir une prune ! »

Si maman s’inquiète pour ça, rassure-la. Ce genre de cas est extrêmement rare. Nous ne connaissons personne ayant reçu des amendes, même après 40 ans d’abstention.

Trousse d’urgence

  • Ayez bien en tête qu’on choisit d’entrer dans une conversation ou pas.
  • L’alcool ne prépare pas forcément à des discussions sereines et constructives.
  • Si votre famille vote à droite. On peut rien faire pour vous. Buvez une bonne bouteille de champagne. Bisous.
  • Identifier des allié.e.s. qui hochent la tête d’un air entendu ou qui ne parlent pas beaucoup. Les prendre à parti : « Et toi qu’est-ce que tu en penses ? ».
  • Autour de la grande table il y a parfois des effets de représentation : on sert de levier pour une personne qui veut se mettre en scène. Il est compliqué d’avoir une vraie conversation quand les enjeux sont autres.
  • Attention à l’égo ! Celui du tonton, par exemple, qui veut montrer que c’est un père de famille, qui veut avoir le dernier mot, qui veut avoir raison, qui veut pas être contredit par une personne plus jeune ou une personne sexisée.
  • Si la conversation s’envenime et que vous voulez éviter les bris de vaisselle et autres claquements de porte : « On en parle plus tard ». Communiquer que la discussion est dans une impasse mais qu’on est partant.e pour la continuer au calme.

Si vous avez des arguments, des retours, des expériences positives ou négatives en ayant suivi ce petit guide, n’hésitez pas à nous contacter à novote@riseup.net.

La dictature, c’est "Ferme tagueule !", la démocratie, c’est "Cause toujours !" (Anonyme, reprise par Coluche, Sempé, Jean-Louis Barrault, etc.)

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