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Le 31 janvier 2025, le nouveau gouvernement fédéral dévoile enfin son accord de coalition tant attendu. Dès les premières lignes du préambule, le ton est donné : Bart De Wever, fraîchement nommé Premier ministre sous la bannière de la N-VA, ne cherche pas à cacher la dureté de la politique à venir. Il avertit que le chemin ne sera pas “une promenade de santé” et que les mesures annoncées exigeront “des sacrifices de la part de tous les acteurs de notre société”.
Mais au-delà de cette rhétorique de fermeté, ce texte est nauséabond tant par ses propos que par les justifications avancées.
En effet, à travers les paragraphes de ce document, on perçoit une volonté claire de stigmatiser certaines catégories de la population. Les arguments invoqués par le gouvernement s’appuient notamment sur la prétendue “arrivée massive de migrants” et sur une criminalisation à peine voilée de ces personnes.
Cette approche, loin d’être neutre, alimente les peurs et les divisions, tout en légitimant des mesures restrictives et discriminatoires. Le texte ne se contente pas d’annoncer des réformes : il distille, ligne après ligne, une vision anxiogène, raciste et partiale de la société, qui ne peut qu’inspirer le malaise et l’indignation.
Notre collectif veut un monde sans frontières et sans murs, où chaque personne pourrait vivre et voyager où elle le souhaite. Comme on pouvait s’en douter, c’est loin de ce qui s’annonce pour les prochaines années, tant en Belgique qu’en Europe.
Presque six mois après la publication de l’accord du gouvernement Arizona, nous souhaitons revenir sur les grandes lignes des éléments qui concernent “l’Asile et la Migration”. Pour garder une trace claire du moment historique que nous sommes en train de vivre, du basculement toujours plus profond vers une société alimentée par la peur et la répression.
Nous aborderons quatre grandes parties :
- l’accueil
- l’asile
- le séjour
- la détention et l’expulsion
PARTIE 1 – ACCUEIL
Une opposition à « l’accueil » toujours plus assumée
Bien que les gouvernements précédents n’aient jamais réellement mis en œuvre une politique d’accueil digne de ce nom, le gouvernement Arizona au pouvoir actuellement s’inscrit dans cette continuité restrictive, tout en allant encore plus loin dans la dureté de ses mesures.
L’objectif est clair : réduire drastiquement le nombre d’arrivées sur le territoire belge et le nombre de demandes d’asile, puis, dans un second temps, restreindre sévèrement le nombre de places d’accueil disponibles.
Pour atteindre ce but, le gouvernement joue habilement sur les mots : il attise la peur et justifie par là ses politiques inhumaines. Dans ses discours, il mélange les notions d’« accueil » et de « maîtrise de l’afflux de migrants », affirmant par exemple que « afin que la migration redevienne socialement et économiquement positive et pour offrir un accueil de qualité aux réfugiés qui en ont réellement besoin, nous devons maîtriser l’afflux de migrants. La migration illégale non contrôlée ne peut plus être tolérée et doit cesser. Notre société ne peut plus gérer ce phénomène. »
Le strict minimum, voire pas de minimum du tout
Concrètement, ça signifie la disparition progressive des hébergements provisoires à l’hôtel, puis des logements individuels via le CPAS ou d’autres structures, pour ne laisser pour les personnes que les centres collectifs. Ces centres, déjà surpeuplés et difficiles d’accès, deviennent la seule option pour les personnes en quête de protection, ce qui entraîne une perte d’autonomie, une dégradation des conditions de vie, un manque d’intimité et les tensions interpersonnelles que tout cela peut entraîner.
L’aide apportée aux personnes « accueillies » sera réduite au strict minimum, se limitant à un « lit, bain, pain et accompagnement », sans aucune compensation financière. Les personnes qui demandent l’asile n’auront plus droit au revenu d’intégration sociale du CPAS, même dans des situations exceptionnelles comme l’unité familiale, le statut de mineur·e, ou des problèmes familiaux. Jusqu’à présent, ces personnes se tournaient vers le CPAS, faute de place en centre à cause de la crise de l’accueil : on leur refusera maintenant toute aide, les plongeant dans une précarité extrême et les exposant à la rue.
Aussi, les centres collectifs sont souvent situés loin des villes, ce qui coupe les personnes hébergées de tous leurs réseaux de soutien, des services essentiels et des organisations d’aide. Ce choix de localisation n’est pas anodin : il vise à dissuader les personnes de demander l’asile en Belgique et à rendre leur quotidien encore plus difficile.
Le refus d’accueillir certaines catégories de personnes
L’accès à l’accueil sera refusé à de nombreuses catégories de personnes :
- celles ayant déjà demandé l’asile dans un autre pays de l’Union européenne (dont la demande est encore en attente ou clôturée)
- celles bénéficiant déjà d’une protection dans un autre État membre de l’UE
- les familles avec enfants ayant reçu une décision de refus
- les personnes en demande ultérieure
Aussi, les ressortissant·es des pays qui ont un taux de protection faible se verront appliquer une procédure fast track : ça signifie qu’elles recevront un traitement différent pour l’accueil, avec un focus sur le retour dès leur arrivée.
Conclusions : Vers la fin de l’accueil en Belgique ?
Les conséquences de ces nouvelles politiques sont dramatiques. Privées d’aide financière et de logement, de nombreuses personnes se retrouveront à la rue, sans ressources ni perspectives. L’éloignement géographique des centres collectifs accentuera leur isolement, rendant l’accès à la santé, à l’éducation et à l’accompagnement social quasi impossible.
La limitation de l’accueil à un strict minimum matériel est contraire à la dignité et les droits fondamentaux des personnes migrantes et demandeuses d’asile. Les personnes vulnérables (MENA, femmes, personnes LGBTQIA+, …) ne pourront pas être accompagnées de manière adaptée.
Ces mesures n’apportent aucune solution à la prétendue « crise migratoire » : elles institutionnalisent la précarité, l’exclusion et la stigmatisation, rendant impossibles les valeurs fondamentales d’humanité et de solidarité.
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