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L’ovaire réaction

L’ovaire réaction

Belgique | sur https://stuut.info | Collectif : Front Antifasciste de Liège 2.0 | Collectif : Front Antifasciste de Liège 2.0

Bon, comment dire que mes ovaires ont fait un bond en apprenant la nouvelle. Reprenons les bases : le PS a essayé de faire passer un texte de loi pour prolonger la dépénalisation de l’avortement à 18 semaines et supprimer le délai de réflexion. Là, vous vous dites : « Cool, pourquoi la féministe s’énerve-t-elle encore pour rien ? » Eh bien, parce que ce texte n’est pas passé, et qu’on se retrouve encore avec une attaque contre nos droits reproductifs.

Vous vous demandez qui attaque encore nos droits ? Notre probable prochain gouvernement fédéral, l’Arizona. Alors, que propose cette loi qui divise tant ces vieux réacs sans ovaires ?

Sur le site du PS nous pouvons voir la proposition qui a été faite. Voilà un joli copier-coller (je vois votre flemme d’aller sur le site du PS héhé) :

  • Étendre la possibilité d’avorter jusqu’à 18 semaines après la conception. Actuellement, la limite est fixée à 12 semaines post-conception. Chaque année, près de 800 femmes se rendent à l’étranger pour garantir leur droit à un avortement.
  • Supprimer le délai d’attente obligatoire. Actuellement, avant d’avorter, une femme doit patienter six jours après une première consultation pour confirmer son choix. Ce délai d’attente est infantilisant. Il doit être supprimé.
  • Créer des structures multidisciplinaires dédiées à l’avortement du deuxième trimestre. Les techniques utilisées pour les avortements pratiqués après la douzième semaine post-conception diffèrent des techniques actuellement employées en Belgique. Il convient donc de mettre en place des centres offrant une prise en charge spécialisée et multidisciplinaire (médicale, psychologique et sociale) de l’avortement du deuxième trimestre.
  • Développer la pratique des IVG dans les centres extrahospitaliers.
  • Veiller à l’accessibilité de l’avortement.
  • Renforcer le nombre de prestataires de soins pratiquant l’IVG.
  • Décriminaliser totalement l’IVG pour les femmes. Actuellement, les IVG réalisées en dehors des conditions légales constituent une infraction pénale pour les femmes.

Après ce joli copier-coller, on se demande où est le problème…. Certainement, le fait que ce soit encore des hommes qui ont décidé de l’avenir des femmes et qu’ils n’en porteront pas les conséquences. Je veux dire qu’on sait très bien depuis des années que l’avortement légal permet la survie de nombreuses femmes, car l’avortement ne disparaitra jamais. On pourrait espérer un monde sans avortement (qui reste une épreuve particulièrement difficile), si la charge contraceptive était mieux répartie entre les hommes et les femmes, ou que les violences faites aux femmes étaient une légende, mais ce n’est pas le cas. La femme porte une charge mentale dans notre société, et l’avortement en fait partie. Qui va croire que c’est une partie de plaisir d’aller aux Pays-Bas pour avorter, en sachant que si tu te fais prendre, tu risques d’avoir des soucis judiciaires ? Trop chouette, ce petit road trip avortif entre douleur et peur, on s’enjaille de ouf. Quand on nous prend pour des concombres, je pète un câble !

Mais comme on peut le voir avec les propos de Bart De Wever (N-VA), on a l’impression que c’est plus un jeu politique pour savoir qui va tirer la couverture du gouvernement :

« Je peux vous dire que si des partis donnent le feu vert à une loi que je trouve scandaleuse, ce sera compliqué de faire comme si de rien n’était avec eux le lendemain » – Bart De Wever au micro de la VRT

Et c’est peut-être ça qui dégoûte le plus : le fait que les petits jeux politicards priment sur nos vies et nos droits fondamentaux. En 2019 déjà la même partition avait été jouée : les futurs partis de la Vivaldi (donc Ecolo et PS compris) avaient troqué ces mêmes changements législatifs contre la possibilité de former un gouvernement avec le CD&V. Cette fois-ci c’est le Vooruit, le MR et Les Engagés qui trahissent leurs promesses électorales (de laisser leurs député·es voter selon leurs choix plutôt que de bloquer le projet de loi) pour faire plaisir à la N-VA et au CD&V. Alors qu’il existe une majorité de parlementaires pour…

Voilà qui donne à réfléchir sur notre prochain gouvernement. Mais qu’est-ce qui est scandaleux ? Le fait que des femmes avortent car l’existence de l’enfant à venir primerait (dans leurs petits esprits étroits) sur celui d’une personne déjà existante ? Si les enfants étaient réellement pris en compte ici, les problèmes réels et actuels liés au fait d’avoir un enfant seraient sur la table pour être réglés. On ne parle pas de textes pour augmenter les places en crèche, pour améliorer l’accès aux soins de santé, ni des aides qu’on pourraient donner aux parents solitaires et autres foyers précaires, ni du fait que 1 enfant sur 3 est en situation de mal-logement… Non, on parle encore et toujours du corps des femmes, comme si c’était un objet qu’on peut abuser et utiliser à sa guise pour réarmer démographiquement notre pays.

La question que le gouvernement devrait réellement se poser, c’est pourquoi on ne veut plus avoir d’enfants dans le monde qu’ils nous construisent…

Une participante du FAL

Notes :

Voir en ligne : L’ovaire réaction

Notes

  • le 6 octobre 2024 à 14:56

    Une phrase de ce texte dit : « On pourrait espérer un monde sans avortement (qui reste une épreuve particulièrement difficile) [...] ». La position véhiculée ici est celle que l’avortement serait une épreuve toujours difficile pour laquelle on ne devrait ressentir que des émotions négatives.
    Or, lorsqu’on creuse la question auprès de personnes ayant avorté, les ressentis avant/pendant/après l’avortement sont bien plus divers que ça. De nombreuxses personnes parlent de soulagement, de libération, de délivrance, d’apaisement... mais aussi d’une expérience empouvoirante, permettant de reprendre le contrôle de son corps, d’affirmer ses choix, de s’émanciper, de créer des liens forts avec les personnes ayant apporté du soutien durant le processus ou vécu elleux-mêmes un avortement...
    Sortons de la culpabilité et de la vision négative associée à l’avortement. Il est non seulement un droit nécessaire dans cette société de contrôle, mais surtout et avant tout un choix à pouvoir faire en toute liberté et autodétermination, sans culpabilité imposée ni ingérence de l’Etat/l’Eglise/la Famille...
    Quelques pistes pour creuser cette idée :

    • Le livre « J’ai avorté et je vais bien, merci », par Les filles des 343, aux éditions La ville brûle (issu du blog https://blog.jevaisbienmerci.net/ lancé en 2011 mais qui ne semble plus fonctionner aujourd’hui)
    • Le film « Regarde elle a les yeux grands ouverts » fait par le MLAC et Yann Le Masson en 1980, et toute la lutte du MLAC (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception). Ce film et cette lutte ont inspiré un film français sorti en 2022, « Annie Colère ».
    • De nombreuses brochures sur le thème de l’avortement sur https://infokiosques.net/spip.php?recherche=avortement&page=recherche
    • Par ailleurs, de nombreuxses études confirment le fait qu’accoucher est beaucoup plus dangereux et mortel qu’avorter. Ce qui mérite aussi réflexion sur les sentiments positifs associés à la grossesse et les sentiments négatifs associés à l’avortement.

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