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La police porte plainte à l’encontre d’un collectif qui lutte contre les violences policières

La police porte plainte à l’encontre d’un collectif qui lutte contre les violences policières

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie
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Une plainte a été déposée par le secrétaire national du Syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS), Thierry Belin, à l’encontre du Comité Zone-Midi contre les violences policières.

Le Comité Zone-Midi, comme son nom l’indique, est essentiellement actif autour de la zone de police midi. Le comité a à plusieurs reprises interpellé des conseils communaux pour faire porter des revendications citoyennes contre les violences policières racistes. Notamment lors de l’affaire du commissariat Démosthène, qui avait suscité une vive réaction dans l’opinion publique après les révélations de la RTBF (Investigation), parmi d’autres sources, dévoilant plusieurs vidéos de passages à tabac au sein de ce commissariat.

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Dans un communiqué de presse, le Comité Zone-Midi détaille la situation :

« Dans cette séquence [celle des révélations de la RTBF] aux interventions anti-racistes multiples (familles de victimes de violences policières, journalistes, avocats, activistes, conseillers communaux, artistes, citoyens, etc.), le Comité Zone-Midi contre les violences policières a mené plusieurs interpellations au conseil de police de façon à implémenter une politique proactive de tolérance zéro en matière de violence raciste. » Comité Zone-Midi contre les violences policières

« Malgré cette large mobilisation citoyenne, aucun des policiers poursuivis pour des faits de racisme n’a été licencié. Certains ont même été promus alors que d’autres ont obtenu des indemnités de procédures. Les policiers témoignent eux-mêmes du fait que cette culture de l’impunité entretenue fait fuir les bons policiers et transforme la zone midi en la pire des zones du pays. Cette absence de responsabilité des pouvoirs publics, pourtant régulièrement interpellés sur cette question depuis de nombreuses années par des collectifs saint-gillois, forestois et anderlechtois, dégrade durablement l’image de notre police. » Comité Zone-Midi contre les violences policières

« Or, c’est aujourd’hui le Comité Zone-Midi qui se trouve incriminé pour « diffamation » et « calomnie ». La phrase qui nous conduira devant la chambre du conseil est la suivante : « le commissariat de Démosthène va fermer. Un contingent important de policiers néo-nazis va être transféré dans le nouveau commissariat de la Gare du Midi. Il est temps d’exclure de la fonction publique les policiers racistes ». Cette stratégie de criminalisation s’inscrit dans un large mouvement des syndicats policiers et des partis d’extrême droite visant à éteindre, de façon préventive, toute politique transformatrice du statu quo conservateur actuel.« Comité Zone-Midi contre les violences policières

Mais qui est Thierry Belin qui a déposé la plainte avec le syndicat SNPS ? Secrétaire nationale du syndicat des policiers, Belin est connu pour ses positions très réactionnaires, dont sa haine envers les luttes anti-racistes et féministes. Son compte X (anciennement Twitter), regorge de propos pouvant être qualifiés d’extrême droite ainsi que de relais de positions islamophobes et profondément patriarcales.

Thierry Belin est lui-même accusé d’agression sexuelle par une déléguée qui affirme qu’il l’a forcée à l’embrasser en la plaquant contre un mur. Une plainte a été déposée contre lui. À la suite de ces révélations, la déléguée a été suspendue, informe Le Soir.

Pour mieux cerner le personnage, Thierry Belin avait déclaré, lorsqu’on lui avait demandé s’il soutenait la grève des femmes* du 8 mars : « Nous ne nous associons pas à cette journée du 8 mars qui nous concerne en rien. » Il expliquait : « A la police, aucune différence de genre n’est faite au sein du personnel. Excellente journée.« 

Des révélations du Soir évoquent une série de témoignages au sujet de violences sexistes et de comportements discriminants à l’égard des femmes policières au sein du syndicat. Plusieurs femmes indiquent avoir été harcelées de manière sexiste et sexuelle par Thierry Belin. Des avances répétées et insistantes dans le cadre professionnel avec un rapport de pouvoir. Pire, lorsque des policières dénoncent ce harcèlement, Le Soir rapporte qu’elles subissent des lourdes pressions en interne.

Thierry Belin a été rappelé à l’ordre à plusieurs reprises en raison de son comportement sexiste, y compris par la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden. Après avoir été interpellée à la suite d’une déclaration de Belin, celle-ci avait rappelé que « le langage sexiste ou offensant ne peut être toléré, pas même de la part d’un représentant syndical bénéficiant d’une protection spéciale. » À noter que Thierry Belin a passé 22 ans au sein de la section Mœurs de la police namuroise, chargée notamment des enquêtes sur les agressions sexuelles.

Cette plainte s’inscrit clairement dans une volonté d’intimidation des collectifs qui dénoncent le racisme et les violences commises par la police. Cette instrumentalisation de la justice pour faire pression sur les militants anti-racistes n’est pas un cas isolé : elle s’inscrit dans une logique de répression plus large visant à criminaliser toute contestation des violences policières et à dissuader toute mobilisation citoyenne. En effet, le syndicat policier cherche à faire taire les voix critiques et à détourner l’attention des véritables scandales qui touchent ses propres rangs, en portant plainte contre le Comité Zone-Midi.

L’intention derrière cette plainte est claire : faire taire celles et ceux qui se mobilisent pour dénoncer les violences racistes commises par les forces de l’ordre. Face à cette offensive policière au travers de la voie juridique et cette criminalisation de la lutte contre les violences policières le Comité Zone-Midi contre les violences policières appelle à les soutenir
y compris financièrement en faisant un don
à la fondation Marius Jacob, BE65 5230 8110 3896.
avec comme communication « Plainte Comité Zone Midi ».

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15 mars 2024 à Bruxelles.

Légende :
*Grève des femmes du 8 mars : La grève des femmes du 8 mars en Belgique est un mouvement féministe qui s’inscrit dans la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre. Son objectif est de mettre en lumière les inégalités de genre en appelant les femmes et les personnes minorisées à cesser le travail rémunéré, domestique et de soin pendant une journée. Les collectifs féministes, syndicats et associations appellent à une grève internationale afin de montrer l’importance du travail (souvent invisible) effectué par les femmes et minorités de genre dans tous les domaines de la société.

Sources :

  • Observatoire des violences policières (Obspol). « 120.01.2025 – Le Comité Zone-Midi contre les violences policières dans le collimateur d’un syndicat de policiers. » Obspol, 10 Jan. 2025. Disponible ici .
  • Le Soir. « Au sommet du syndicat policier SNPS, une lourde addition de violences et de dérives sexistes. » Le Soir, 23 Nov. 2024. Disponible ici .
  • Bruxelles Dévie. « Violences faites aux femmes : les déclarations outrageuses du secrétaire d’un syndicat national de police. » Bruxelles Dévie, 2 Mar. 2022. Disponible ici .

Voir en ligne : BXL Dévie

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11 juin - journée - La Haye Bruxelles Paris Strasbourg Genève

Convoi de justice 🇵🇸

Konvooi voor justitie 🇵🇸 Convoy for justice 🇵🇸 convoi_de_justice Mobilisation urgente concernant les détenus palestiniens Depuis octobre 2023, Amnesty International dénonce « des actes de torture et d’autres mauvais traitements » infligés aux détenus palestiniens. B’Tselem, ONG israélienne de défense des droits humains, parle de « mauvais traitements systématiques » et de « torture ». L’ONG Addameer déclare que « les détenus palestiniens sont privés de soins médicaux, de nourriture, d’eau, ainsi que de visites familiales et d’avocats. » → En janvier 2025, Addameer recensait 56 Palestiniens morts en détention depuis le début du génocide, en raison de torture, de mauvais traitements ou de privation de soins. Ce chiffre est monté à 63 morts en mars 2025, après la mort d’un adolescent détenu. Une tragédie de plus, un système de violences institutionnalisées. Le silence n’est plus une option. Un convoi citoyen pour la justice partira le 11 juin de La Haye vers Genève, pour dénoncer ces injustices devant l’ONU. Des anciens détenus témoigneront. Leurs récits doivent mener à des résolutions, des sanctions, de la justice. Chaque voix compte. Chaque présence est une conscience citoyenne. Suivez et relayez avec #convoyforjustice #palestine #justice#palestinianlivesmatter#justiceforpalestine #solidarity #humanrightsviolation#humanrights@europalestine @act4palestine_be @palestinian_voiced @middleeasteye@palestinianvideos @europe.palestine.network @urgencepalestine 📣 Appel aux associations et collectifs : Si vous souhaitez apparaître parmi les signataires de notre communiqué de presse, merci de m’envoyer au plus vite votre logo et votre accord de signature. 👉 Dès réception de votre message sur WhatsApp au 06 03 74 88 66, je vous transmettrai les éléments de communication. 🙏 Merci d’avance pour votre réactivité et votre engagement solidaire ! On compte sur vos relais ;) dans vos boucles et aussi de vos partages sur les réseaux . reposter les visuels et les posts en mettant votre musique , tagguez un max de grosse page et tagguez la notre en repost derrière !!!!! C’est important 🙏 Pour Bruxelles, on sera à Place du Luxembourg à 12h Pour trouver les ressources et autres liens : https://taplink.cc/convoy4justice?from=qr

Bruxelles Bruxelles | Santé / Soins |
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Prise de parole devant les bureaux du CGRA

Face au blocage des droits d’asiles des palestinien.nes sur le territoire belge Honorables fonctionnaires, Nous nous tenons devant vous aujourd’hui parce que les mots ne suffisent plus, parce que le silence n’est plus possible, parce que la blessure palestinienne saigne dans les rues d’Europe comme dans les rues de Gaza. Nous, Palestiniens, nous ne sommes pas de simples numéros sur les dossiers de demandes d’asile. Nous ne sommes pas des cas temporaires dans des systèmes d’attente lents. Nous sommes un peuple déplacé depuis plus de sept décennies et qui continue de l’être encore aujourd’hui. Nous sommes les enfants de villages détruits, de quartiers rasés et de familles anéanties sous les décombres. Nous vous demandons aujourd’hui : Comment un Palestinien fuyant la mort peut-il être refoulé ? Par quelle logique dit-on à cette personne : « Tu as un permis de séjour en Grèce, retournes-y » Le génocide se déroule sous nos yeux à tous, vous voyez les images, vous entendez l’horreur, vous avez connaissance de la situation de laquelle nous parlons depuis des semaines, des mois, des dizaines d’année. Nous le disons clairement et d’une voix ferme : Le permis de séjour en Grèce n’est pas une protection. C’est un document qui ne fournit ni abri, ni nourriture, ni soins, ni une vie décente. C’est une acceptation de la personne sur le territoire physique, mais qui maintient les gens en marge, sans espoir, sans stabilité et sans avenir. La Belgique le sait bien. Vous le savez, mais vous refusez de le voir. Ce document met-il fin aux souffrances de ceux qui ont vu leurs enfants être retirés de sous les décombres ? Suffit-il à échapper au souvenir des bombardements, au choc de la survie et à la mort de tous ceux que nous aimons ? Nous offre-t-il une éducation, un emploi digne, ou même un lit dans un abri en sécurité ? Nous ne demandons pas de privilèges. Rien d’extravagant. Nous demandons seulement à être traités comme de véritables victimes de systèmes violents et coloniaux, à être reconnus comme des réfugiés fuyant l’enfer. Aujourd’hui, nous exigeons un certain nombre de droits fondamentaux : 1. Mettre fin au rejet collectif et systématique des demandes d’asile déposées en Belgique par les Palestiniens, notamment ceux de la bande de Gaza. 2. Abolir le recours aux permis de séjour grecs comme prétexte pour rejeter la demande d’asile, tant que ces papiers ne garantissent pas une vie digne ou une véritable stabilité. 3. Accélérer les procédures bureaucratiques qui maintiennent des centaines de familles palestiniennes dans l’incertitude, dans des centres d’accueil inhumains. 4. Ouvrir une véritable enquête sur les raisons du rejet répété et systématique des dossiers palestiniens, et revoir les politiques qui les privent de leurs droits. Aujourd’hui, nous nous adressons à la conscience de l’Europe : Si l’Europe se proclame comme la terre de la liberté, qu’elle commence par le droit à la...

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