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Le Rojava et le Kurdistan irakien sous les feux des missiles turcs

Le Rojava et le Kurdistan irakien sous les feux des missiles turcs

Depuis la nuit du 19 au 20 novembre 2022, les territoires du Rojava (Syrie du Nord) et du Başûrî (Kurdistan irakien) sont bombardés par les forces aériennes turques. Les attaques visent des villes et villages proches de la frontière. On déplore d’importantes pertes humaines et matérielles, à la date du 25 novembre, 125 morts ont été annoncées (à la date du 30 novembre). Des infrastructures de première nécessité ont été visées, comprenant une centrale électrique qui alimentait 65 villages, des installations pétrolières, une école et un hôpital mais aussi des habitations.

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Les frappes aériennes se poursuivent depuis lors et des attaques au sol ont été signalées. Ces attaques seraient une réponse à l’attentat qui a eu lieu à Istanbul le 13 novembre dernier. L’AKP-MHP, coalition de partis fascistes soutenant R. T. Erdoğan, a immédiatement voulu faire passer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme responsable de cet attentat, malgré que le mouvement de libération Kurde et Le PKK ait réfuté toute implication dans cette attaque qui a fait d’importants dégâts civils (6 morts et 81 blessé·e·s).

Le gouvernement turc n’a cependant plus besoin d’un scénario pour justifier ses attaques. Lors de la création de la Turquie moderne en 1923, l’Etat turc a mis en place une politique d’assimilation forcée basée sur le déni de l’existence d’une nation kurde au sein de ses frontières. Des mesures répressives ont été mises en place, comme l’interdiction de l’usage et de l’apprentissage de la langue kurde dans l’espace public. Erdoğan et son gouvernement fasciste n’ont cessé de poursuivre cette guerre contre le peuple kurde et les mouvements de libération présents sur ses territoires.

En témoigne le ministère de la défense turc qui, dans la soirée du 19, a publié sur twitter : « L’heure des comptes a sonné ! Les scélérats sont tenus de rendre compte de leurs attaques perfides ! »

Le peuple kurde est réparti sur un territoire s’étalant sur la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Elles et Ils revendiquent depuis toujours le droit à l’auto-détermination, afin de s’épanouir dans leur langue, leur culture et leurs territoires mais la Turquie (à l’instar de l’Iran) s’acharne à leur refuser ce droit, prétendant que le peuple kurde est une menace à leur sécurité et que l’autonomie kurde « infecterait » le pays.

Le Rojava (« ouest » en kurde), est une région de la taille de la Belgique, située au Nord-Est de la Syrie. Depuis 2012 et le départ des forces de Bachar al Assad, elle est une zone d’administration autonome, fonctionnant sur les principes du confédéralisme démocratique. Cette région et les projets qui s’y développent sont défendus par la guérilla des forces armées du peuple kurde. Le système mis en place au Rojava est inspiré de l’écologie sociale. Le pouvoir se veut décentralisé et non-hiérarchique ; la société se base sur des principes de démocratie directe, de féminisme, d’égalité, d’écologie, de pluralité culturelle, etc ...

Les intentions d’Erdoğan sont claires et la volonté du gouvernement turc d’anéantir la résistance kurde a été démontrée de nombreuses fois. La Turquie a envahi à trois reprises le Rojava (en 2016, 2018, 2019). En mai 2022, le président turc a réaffirmé vouloir mener une incursion militaire majeure dans cette zone. Les attaques turques touchent continuellement les régions kurdes de l’Irak, l’Iran et de la Syrie du Nord-Est mais aucun acteur international majeur ne réagit face aux bombardements transfrontaliers turcs ni face à l’utilisation d’armes chimiques et de bombes dîtes « sales » pourtant considérées comme illégales depuis 199713).

Depuis le début des bombardements ce 19 novembre, de nombreuses mobilisations ont eu lieu en Europe dont notamment à Paris, à Genève et à Bruxelles, pour témoigner un soutien aux victimes et au mouvement de libération kurde ainsi que pour dénoncer l’indifférence des pays occidentaux face aux crimes que perpétue la Turquie envers le peuple kurde et les habitant·e.s· de ces régions. Le mouvement de libération kurde mérite le soutien international en vue de la fin de la répression et de l’impunité du gouvernement fasciste turc.

Vive la résistance du peuple kurde, face à la menace fasciste mobilisons-nous !


SOURCES :

Voir en ligne : Bruxelles Dévie

Notes

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